40 ans d’histoire du militantisme lesbien en Provence

Sources : Patricia Guillaume

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40 ans de mobilisation associative lesbienne à  Marseille

1976 : procès de militantes du MLAC à Aix-en-Provence, des femmes d’Aix viennent demander le soutien de a Maison des Femmes à Marseille

1977 : manifestation des femmes aux flambeaux à Aix en Provence (Evelyne, Patricia Guillaume) ; Patricia a déjà un long parcours (internée par son père adolescente, rencontre d’autres lesbiennes à la Maison des femmes au cours Julien, participation à la manif du 1er mai de 1977, 1er groupe de lesbiennes à Marseille qui se réunissait tous les 15 jours au local de SOS Femmes battues rue Nationale)

1978 : Evelyne ouvre le restaurant Rue Elles, rue des 3 Rois (ancienne murisserie de banane, rendez-vous des motards, des gauchos, des homos)

1978 : un 1er groupe de lesbienne se constitue (Evelyne, Patricia, Marie-Claude), elles se réunissent Rue Elles, au Perlimpinpin (tenu par Marie-Chantal et Marlène) ou bientôt Chez Clémentine (les 3 restaurants qui ont lancé le Cours Julien)

1979 : inauguration de Chez Clémentine (tenu par Yves, Alex et Patricia, mitoyen de Rue Elles) ; Nouria est heureuse de les retrouver avec toute leur bande de copains, entre temps elle a roulé sa bosse (elle avait des amis dans le milieu de la prostitution masculine, elle a connu les lesbiennes plutôt masculines du 1er étage de l’Odéon, Chez Moon, dans la rue Curiol parmi les trans et les prostituées, elle  a gardé de bons souvenirs du bar Le Petit Duc là où il y aura la librairie Maupetit, et du Cintra fréquenté par des gays et des lesbiennes, puis elle est partie en Italie), lorsqu’ils changeront de restaurant avec Il Caffé sur le cours Julien, Yves et Alex l’embaucheront, elle rentrera en contact alors Evelyne, Sylvie, Filo, Maryline et leur bande

Eté 1979 : rencontre lesbienne féministe en Dordogne (Anita Freud avec sa copine anglaise)

Eté 1980 : Marcevol, Pyrénées Orientales, rencontre des lesbiennes féministes (Anita Freud, Nicole Sergent, Claude S.)

1981-1990 : Ulla, ferronnière, est invitée par une copine dans le restaurant l’Invitée à Aix-en Provence, elle devient son amante, elles vont à l’UEH de Marseille, puis à Genève, puis elle trouve un atelier pour s’installer à Forcalquier, elle y organise un atelier pour mettre en état la maison (avec des allemandes et une plombière de Toulouse), puis pendant 10 ans elle organisera des stages de ferronnerie non-mixte, une écrivaine allemande, vieille militante lesbienne de Berlin,  s’installe pendant 6 mois et organise des salons littéraires, Ulla aime bien aller à la semaine lesbienne de Berlin et organise des rencontres d’artistes lesbiennes, le groupe du 10 novembre rassemble des lesbiennes issues de migrations ou migrantes, Ulla monte une installation contre le racisme, elle fait partie un temps d’un groupe de sports extrêmes (canyoning, via ferrata, escalade), elle organisera des projections de film à Château-Arnoux avec Attac, elle se rapproche de Longo Maï

1981 : le restaurant l’Invitée montée par l’asso Air’Elles à Aix en Provence (Anita donne un coup de main, avec Nicole Sergent)

1981 : Patricia Guillaume vient aux soirées non-mixtes à l’Invitée de l’association Air’Elles à Aix, elle va à la Boulangerie Gay en particulier pour les réunions filles du jeudi soir, mais « pas moyen d’avoir un samedi, alors on a fait scission » dira-t-elle

1981 : Odile Bouchet, infirmière, qui militait au MLAC et découvrait les journaux et les radios libres Odile Bouchet découvre grâce au journal La Criée l’existence de la Boulangerie gay ouverte en avril 1981, un lieu mixte ouvert par le GLH, elle apprécie beaucoup « un moment mythique ! », elle participe aux rencontre de L’Euzières où elle monte un petit atelier mécanique auto, puis s’investit dans la 2ème UEH (le St Georges, ateliers, fêtes, vidéos pendant une semaine), elle participe à l’émission « Cherchez le garçon » sur Radio Soleil, elle écrit des articles dans Homophonies et dans le petit journal de la Boulangerie, elle participera à la 3ème UEH à Luminy (logés sur place, nombreuses salles, ateliers de toutes sortes : sport, yoga, chercheurs, conférences)

4 avril 1981 : grande manifestation à Paris pour la dépénalisation, organisée par le CUARH, et ses 1 000 personnes à la salle Wagram le soir ; Sylvie Gaume, 20 ans, dira combien c’est pour elle un moment marquant (elle y est montée en moto avec Gomina), elle crée alors une association lesbienne à Nancy, avec Maryline, puis toutes les deux viennent à Marseille pour la 2ème UEH, où « il y avait toutes les sensibilités du milieu homo, c’était intéressant » dit Sylvie, convaincue par le midi, elle ira terminer ses études d’infirmières à Nancy et reviendra à Marseille (à poil sur les plages au petit matin, LSD, amphétamines, « les bons délires du milieu lesbien »), à la Boulangerie Gay Sylvie rencontre Rosa et Evelyne, après négociation les soirées du jeudi sont réservées aux filles, mais c’est un échec et elles demandent d’avoir parfois le samedi soir, elles ne l’obtiennent pas, ce sera la raison de l’ouverture de la Douce Amère

Eté 1981 : le camp de vacances organisé par les filles de Nantes L’Euzières, dans l’Hérault, 250 lesbiennes (au total par roulement 600 lesbiennes) de partout en France et d’Europe (Suède, Norvège) « un grand moment historique dans l’histoire lesbienne, un électrochoc, entre nirvana, hystérie et liberté » dira Patricia ; Sylvie Gaume et Maryline s’y rendent, Sylvie se souvient « j’avais jamais fait de naturisme… ça se massait, ça se tripotait dans tous les sens, ça délirait, ça discutait, incroyable !!! »

Eté 1982 : 2ème rencontre lesbienne (de Marcevol ?) (Anita Freud rencontre Chloé-Martine) ateliers, musique, jeux

1983 : la Douce-Amère avec Claude S., Patricia Guillaume, etc. est ouverte, elle s’installe dans les locaux de la maison des femmes qui ne tourne plus assez bien, rue Benoit Malon, à proximité de la Boulangerie gay, une ancienne boulangerie aussi ; il y a des fêtes, des permanences 2 ou 3 fois par semaine, des débats, des soirées cool, un atelier de dessin, des cours de avec Wendo (autodéfense et casser des planches donnés par Nicole R. à la maison de quartier de Bonneveine (Nadia L. directrice), Maryline et Javotte se battent ; Isabelle M. fait la DJ pour les fêtes (elle le fait pour les Universités d’été aussi), elle tient des permanences avec Marie-Christine L., sert pour les repas, les fêtes on beaucoup de succès, Martine S. joue lors de soirées guitare, belle soirée au Conservatoire de musique en juillet (dans le cadre d’une UEH), Isabelle fait la connaissance d’Anita Freund au Wendo ; la Douce Amère se terminera faute de participantes (avec la gauche au pouvoir et la dépénalisation de 1982, les gens se démobiliseront peu à peu)

1983 : Odile Bouchet devient correspondante de Lesbia, animé par Catherine Marjollet et Christiane Jouve, elle couvre les UEH, les infos de la Boulangerie gay, la vie homosexuelle de Marseille, la Douce-Amère tout à côté non mixte (mais un jour les gays, dont Nounours, viennent défendre les filles agressées par des gens à leur porte), les lieux associatifs, elle parle de la santé, du sida ; Odile participera à l’UEH de 1985, un boulot de réparation très riche avec Christian de Leusse, Jacques Fortin, Theresa, etc., Geneviève Pastre participe à cette UEH, Odile favorable à la mixité elle se dit regardée un peu comme « le mouton noir » par les lesbiennes en général (Andrée sera aussi vue comme cela dit-elle) ; en 1988-1989, le GLH a disparu mais les émissions de radio continuent, mais c’est très dur à cause du sida dira-t-elle, mort de Patrick, maladie de Nounours qu’on a aidé pendant 8 ans, mort en 1985 et son copain en 1986, etc. « au moins une quinzaine de personnes de la Boulangerie étaient concernées », beaucoup de copines étaient là (Agnès, Chantal, Nathalie…), Odile participe un peu à Sida-Info Service, elle travaillera à l’hôpital Ste-Marguerite au service des maladies infectieuses et du sida, elle participera aux manifestations d’Act-Up et aux Gay Prides, elle sera motarde à l’AMA (asso des motards alternatifs, avec Régis comme président) qui avait des sections dans d’autres villes (Toulouse, Lyon, Perpignan, Montpellier, « on ouvrait les Gay Prides ») et qui s’est affilée à la Fédération des Motards en Colère, elle deviendra quelque temps présidente de l’AMA, et des fois il y avait plus de 50 motards chez elle à la Cadière (chez elle)

Juillet 1983 : l’UEH est scindée en deux, Lesbos et Mykonos, pour permettre aux femmes de se retrouver, la partie non mixte se tient au Conservatoire de musique où « le mouvement radical est au plus fort et ça donne des débats houleux » dira Patricia, il y a de nombreux autres lieux pour faire des ateliers et des fêtes, et une fête qui a suivi à la Douce-Amère s’est terminée à l’aube, « un moment assez porteur, assez extraordinaire et riche » dira Sylvie

Juillet 1983 : 3ème UEH, Sylvie Guillaume se souvient des longues discussions avec les femmes de Lesbia (sur pouvoir-contre-pouvoir, femmes fontaines, ou encore le plaisir de la fessée, dans le cadre d’une expo sur le Vieux-Port), « parole libre et corps libres, pas de tabou » ; elle ira à Bagdam Café avec les Belladonna, et après un an à Paris elle « redescendra » avec Laurence Chanfreau

1984 : Isabelle M. qui a déposé une annonce dans Gai Pied découvre la Boulangerie gay grâce à son émission de radio, elle découvre les jeudis des femmes et rencontre Sylvie Gaume, Gomina, Agnès Royon le Mée, elles l’invitent à venir à la Douce-Amère

1984 : Marylou Baldacci découvre la Boulangerie gay, ce n’est qu’à la 3ème fois qu’elle ose y entrer, quand elle cherche la Douce-Amère celle-ci vient de fermer

1984 : arrivée d’Anne V. au CEL, elle fréquente la Chimère à 20 ans, elle est terrorisée par les 400 femmes lors d’une soirée, ce n’est qu’à la 4ème fois qu’elle a assez de courage pour franchir la porte

1986 : Henriette découvre le Bateau Ivre lieu ouvert par le GLH

1986 : Maïté, prof de sport, arrive à Avignon ; elle fait la connaissance à Marseille des soirées resto organisées par Laurence, Suzanne et Dominique, puis de 2 lesbiennes restauratrices qui organisent des dimanche après-midi dans leur grand camping en hiver (boules, badminton, thés dansant) et puis prendront en gérance le motel 7 à Bédarrides (restaurant hôtel avec piscine) avec une fois par mois soirée dansante, repas et hôtellerie, pour lesquelles les lesbiennes venaient d’assez loin (St Etienne, Lyon, Montpellier, Ardèche), seul lieu de fête avant les soirées du CEL

1987-1990 : après la fermeture du Bateau Ivre tenu par le GLH, c’est la « traversée du désert à Marseille » dira Patricia qui en profite pour poursuivre ses contacts avec les amies lesbiennes à Paris, en particulier Nicole M.  qui a ouvert le Scandalo, près de la Bastille

1989 : Nouria ouvre le restaurant Le Scalino, un lieu qu’elle gèrera pendant 10 ans, elle rencontre le militantisme à travers Sylvie Matteo, Patricia Guillaume, Christian de Leusse (animateurs du Collectif gay et lesbien Marseille Provence), Odile et d’autres, elle apporte dès lors son concours pour organiser des grandes soirées, grands événements et grosses manif, autour du PACS par exemple, puis avec Act-Up Sud Est (un die-in devant le Virgin, où elles ne sont que 2 filles, elle et Dominique Deleau, « on s’est enchainés » à la Conception pour ne pas retirer les plateaux repas aux malades qui n’avaient pas mangé) (si Nouria restera en contact avec Pascal et Georges animateurs d’Act-Up Sud Est, partis vivre Paris, elle gardera la mémoire vive de plusieurs de ces garçons qui sont partis à cause du sida), le Scalino est devenu un lieu de réunion et d’organisation (comme lors de la manif contre le FN), c’est aussi le lieu où se discutera la création des 3G (entre Laurence, Agnès, Sylvie et Patricia), une superbe soirée dans une salle rue Fort Notre Dame permettra de réunir des fonds pour ouvrir les 3G ; Nouria ira aux soirées du CEL au Palace Longchamp, au Floride Palace ou au Château des Fleurs, mais elle apprécie davantage la mixité

1990 : création du CEL (Centre Evolutif Lilith) d’abord asso de femmes, culturelle et de loisir : convivial, tarot, repas, sorties théâtre, astrologie, visites de Marseille (avec Nicole), cours d’anglais (avec Anita Freund), mais aussi Chantal, Patricia L., Muriel et Maïté ; Patricia Guillaume expliquera que l’association d’astrologie et de numérologie que créait par Mireille G. a été le démarrage du CEL (elle se réunissait dans un local mis  disposition par un élu de droite rue Paradis) ; Beatrice (copine d’Andrée) rencontre le CEL (elle fait ses études à Aix), elle va à une fête du CE à Longchamp, mais déçue se replie sur son travail ; Henriette découvre le CEL (près de la rue Paradis, Dali présidente) elle entre au CA et rend beaucoup de services (permanences, fêtes), elle participe au journal Esprit de CEL, au projet santé dépistage des cancers gynécologiques (avec Marylou), une ligne d’écoute se met en place (puis Henriette quittera le CA elle y reviendra quand Marie-Claude sera présidente en 2003-2005, elle plaidera pour un travail commun avec les 3G) ; Patricia L. arrive au CEL au moment où le CA démissionne, alors qu’il y a de gros « problèmes » note-t-elle, elle entre au CA en même temps que Dali et Patricia, son amie, que Chantal et Muriel ; Isabelle M. adhère au CEL pour les fêtes surtout, mais aussi les activités (équitation, randonnées, anglais) ; Marylou, pédiatre, participe aux activités, bénévole pour les fêtes, puis elle entrera au CA, elle en deviendra présidente, elle deviendra coprésidente des Université d’été Euroméditerraénne des homosexualités en 1999, et sera même présidente de la Coordination lesbienne nationale, elle se souviendra de la belle convivialité qu’il y avait eu CEL « avec beaucoup de femmes extraordinaires », d’une soirée de photo sur des motos au CEL (avec une dizaine de motos prêtées par un copain gay motard), de fêtes déguisées masquées, de week-ends militants et festifs à Forcalquier, des défilés contre Le Pen (tee-shirts « Lesbiennes contre le FN ») avec le collectif gay et lesbien Marseille-Provence, elle s’est occupée des 1ères demandes de subvention sur la santé lesbienne et pour les permanences d’écoute (pour aider des femmes en détresse) ; Michèle Philibert fraichement arrivée à Marseille, fait connaissance du CEL (les soirées du bd Longchamp, etc.), très malade elle se mettra en retrait pendant 2 ans ; Sylvie M., Maïté, Patricia L. et quelques autres organisent le débat 20 ans de féminisme, avec Nicole Sergent et Dominique (qui faisait partie de SOS femmes battues à Aix) ; Patricia Guillaume est au CA, elle s’investit dans l’organisation des fêtes et dans les permanences, Patricia Guillaume va assister à Aix à la conférence de Nicole Sergent sur les années de l’Invitée organisée par Air’Elles

1991 (?) : 1ère fête avec les Belladonna et le Collectif Gay et lesbien (Anne V.), le CEL participe ; plein de lesbiennes lors d’une soirée cinéma au César

1992 : Chantal G. rencontre le CEL, sportive, elle monte une équipe de volley ; elles vont aux Gay Games de Vancouver ; Sylvie Matteo qui connait le milieu lesbien parisien (les journaux, les lieux, les restaurants, les librairies et les boites, comme le Katmandou 1ère boite lesbienne, tenue par Elula Perin), découvre le CEL au bd Longchamp, elle pousse l’association à s’abonner à Lesbia, à Questions féministes et à d’autres revues, elle organise un 1er débat qui a beaucoup de succès sur le féminisme et le lesbianisme, y participent Maïté Maillet, Nicole S., Dominique P. et Chantal Girard, 3 semaines plus tard il y a un autre débat sur droits des femmes et droits des lesbiennes, Ulla, la ferronnière, vient de Forcalquier pour y participer

1992 : à Avignon création de l’asso Les Asphod’elles, avec activités culturelles, conviviales, thés dansants, cinéma, à Avignon, à Jonquières, etc. et un peu militantes, avec Maïté (sur le CUS et le PACS en particulier) ; l’asso s’arrête en 1994

1993 : AG du CEL, tout le monde démissionne du CA, avec le nouveau CA l’association n’est plus seulement une association de femmes, elle devient une association « lesbienne et féministe » ; Chantal entre au CA, elle en devient la présidente pour 5 ans 1994-1999, et donne une dimension plus militante, réunions à 20 ou 40 personnes, conférences, fêtes 200 à 600 personnes « de la folie, les femmes viennent de toute la France aux fêtes du CEL » dit Chantal, période militante et de loisir (cartes, randos, etc.), participation à la 1ère semaine de la Gay Pride ; participation à la création d’une coordination lesbienne nationale, d’abord en discussion à Cineffable, puis une 1ère réunion de femmes à Marseille, puis à Valence pour rédiger les statuts

Juin 1993 : semaine de Gay Pride, 300 lesbiennes se retrouvent bd Longchamp

1994 ( ?) : création des 3G par les 4 filles Laurence Chanfreau, Agnès, Sylvie Gaume et Dominique la trésorière, le CEL apporte un soutien financier, beaucoup de filles apportent un soutien matériel et financier, ainsi que les Bigoudies et le Collectif gay et lesbien, il a fallu faire la chape de ciment ; elles se sont rencontrée à Act-Up sud est, toutes concernées par le sida à des titres divers ; Sylvie dira « comme disait Michelle, l’inconscience, l’envie, la folie, on s’est dit On va faire notre bar à nous qui nous manque, on voulait un bar le soir, avec un flipper, on avait comme ça un certain nombre de critères qui seraient de gauche parce que c’étaient vraiment des valeurs anti Front National… sans Laurence le lieu n’aurait pas existé, c’st elle qui a initié es choses » ; Anne V. dit « on étouffe au CEL », elle rencontre Agnès R le M., Laurence Chanfreau, Sylvie Gaume et les 3G c’est une bouffée d’oxygène, elle participe à la décoration, sa copine Elisabeth refait l’électricité ; pendant 6 mois et 1 ans il y a des fêtes « terribles » (fâcherie aves les filles restées au CEL), « soirées explosives et soirées intimes » dit Agnès, expo de Laurence sur le sexe de la femme, jumelage avec Bagdam Café de Toulouse ; à la demande de Laurence, Patricia L. avec six autres filles font des cadavres exquis et ça tombe sur « les sirènes claquent dans le pré », elles vont faire une soirée « vaches folles » sur la plage de l’Abri Côtier, après la Pointe-Rouge, pour taguer des sigles lesbiens partout, le petit journal Le cri de la gouine parle de tous ces événements, il y aura 5 n° ; Robie R. dira combien elle a apprécié l’ouverture des 3G comme lieu identitaire, après des années passées dans les mouvements de femmes « avec une chape de plomb pour ce qui concernait le corps… les femmes ne s’aimaient pas, comment pouvaient-elles s’aimer ? » ; Sylvie Gaume qui a eu en 1990 un fils par insémination artificielle (« la SS a remboursé les paillettes »), fonde un groupe de mères lesbiennes, elles font des piques niques et des sorties avec leurs enfants, elle aime aussi les soirées des 3G organisées contre le racisme et le Front National ; il y aura la grande fête des Docks des Sud avec ses 800 personnes, celle des Salons de la Réale

1994 : il y a les fêtes du Collectif G et L et celles du CEL ; soirée de l’Alhambra 500 à 600 personnes ; Beatrice va à une fête du CEL à l’Alhambra attirée par les activités (bowling, etc.), Rolande lui demande d’adhérer

1994 : naissance des Bigoudies, Christine D., Louisa, Patricia Guillaume, etc. : expression artistique et créative, beauté convulsive, belle subjectivité, anar et subversif, thés dansant mensuels au Balthazar, le dimanche, place ND du Mont, avec des thèmes (les Bigoudies au couvent) et l’organisation (buffet, spectacles, costumes, DJs) pendant plus d’un an, tableaux vivants, soirée érotique (films porno et buffet érotique), « drôle, créatif, inventif et politique, mon meilleur souvenir de militance » dira Patricia Guillaume

1994 : à Avignon création de l’association les Inform’elles par Maïté en particulier, rencontres mensuelles dans un resto tenu par des gays (les femmes viennent du Gard, de la Drôme ou d’Ardèche), stages de danse de salon, musique, théâtre, contenu culturel, festif, convivial et militant (droits des femmes)

1er trimestre 1994 : le Collectif gay et lesbien Marseille Provence se réunit au Mistral, bd Voltaire ; les réunions de préparation de la Pride se font dans la backroom du MP Bar rue Beauvau (le local du CEL refusant de l’accueillir) ; implication en faveur du CUC (dans le cadre du Climacus) avec venue de Jan-Paul Pouliquen

Janvier 1994 : le CEL devient une association lesbienne en même temps que s’ouvre le local du CEL (Patricia Guillaume et Andrée Raoux entrent au CA, Anita donne des cours d’anglais et organise des balades dans les Calanques, Maïté, vice-présidente, s’occupe de la mobilisation militante)

Juin 1994 : défilé de la Gay Pride (400 personnes) avec en tête Agnès Royon le Mée des Belladonna (cornemuse) et Ch de Leusse, des Réformés au Vieux-Port ; au CEL il y a beaucoup des discussions pour savoir si les femmes participent à la Gay Pride de 1994 (dominées par la crainte d’être reconnues, certaines défileront masquées) ; des femmes du CEL mangent avec des femmes algériennes, Chez Alex (restaurant de la rue Curiol, fréquenté par les homosexuels du GLH) ; Sylvie Gaume y participe en tant qu’Act-Up Sud Est ; Sylvie Mattéo qui a intégré le Collectif gay et lesbien Marseille Provence participe  la Lesbian & Gay Pride « un moment extraordinaire » (elle se souvient de Patricia Guillaume, d’Agnès Royon Le Mée dans le défilé avec son biniou, et de Christian de Leusse), Sylvie suit assidument le festival Cineffable à Paris «  on attend ces 5 jours avec impatience » où les lesbiennes de différents courants discutent et réfléchissent entre elles, « plein » de Marseillaises se rendent à Cineffable

Octobre 1994 : parution du n°1 du journal du CEL Esprit de CEL, bien utile pour joindre toutes les adhérentes, y participent Patricia L., Nicole, Anne-Marie, Cécile, Laurence la graphiste, Michèle P. et Hélène B. aussi dont l’expérience à Lesbia est très utile ;  le numéro suivant ne paraîtra que plusieurs mois après

31 décembre 1994 : 2ème réveillon des Bigoudies au Portail, c’est un échec

1995 : une fête par mois au CEL, alternaient les fêtes des 3G (thématiques) ; Patricia L. qui comme stagiaire au musée d’art moderne de la ville de Paris a participé à l’organisation de la 1ère rétrospective sur Claude Cahun, est sollicitée pour organiser au Cargo une exposition sur « L’art est-il genré ? », elle écrit des articles signés du CEL dans Lesbia sur les femmes artistes

Juin 1995 : Gay Pride, avec les 1ères affiches Lesbian & Gay Pride, avec l’implication des filles du CEL, de Patricia Guillaume, Sylvie M, André Raoux, Bechir Chemsa (21 ans, asso Comme ça) ; Béatrice suit Andrée, elle ramène des sardines de Port de Bouc pour la sardinade de la Gay Pride au Château Fallet, et elle beaucoup les 3G, les CEL, les Bigoudies, toutes les manifs contre le FN, 1er mai, 8 mars, et les 15 jours d’activités non-stop de la Gay Pride, elle filmera la CLN à Paris lors de sa création en 1996, l’Europride en 1997, Toulouse, Nîmes, Montreuil, etc., elle fera un montage sur les 10 ans du CEL en 2000 ; le film Go Fish est présenté au César, « occasion pour les filles de libérer leur parole » dira Sylvie Matteo, c’est suivi par une manifestation spontanée, puis un Tea dance le dimanche, avec Agnès avec les Bigoudies, Laurence, Michèle et Sarah

1995 : compte tenu de la conférence mondiale des femmes à Pékin (exempte de représentantes des lesbiennes), Maïté a mobilisé les Inform’elles et le CEL, ainsi que les Voies d’Elles  de Grenoble, pour lancer l’idée d’une rencontre interrégionale dans le Vaucluse, et ces 3 associations seront mandatées par les autres associations de France pour organiser une rencontre nationale à Valence, Maïté y fait un discours de proposition des bases d’une coordination

Juin 1995 : les femmes du CEL participent à la 2ème Gay Pride, une semaine d’animation riche (spectacles, expositions…)  beaucoup de lieux culturels ont ouvert leurs portes, la semaine est suivie par le journal culturel gratuit Tak-Tik, elle se termine par une très grosse soirée aux Salons de Vaufrèges (« 500 personnes qui n’ont pas pu rentrer » dira Patricia Guillaume « notre triomphe et notre perte, les milieux commerciaux ont compris la manne que représentait la Gay Pride, et ont voulu nous décharger de cette tache. La guerre a été déclarée et la Lesbian & Gay Pride nous a échappé… »)

1996 : Filo (coiffeuse qui a lancé Alibi, une boutique de fringues près du Cours d’Estienne d’Orves) découvre les 3G (après avoir fait le tour très rapidement de la Boulangerie gaie, et plus souvent du Cancan et de la Chimère), elle organise des défilés de mode aux soirées du CEL au château des Fleurs et à l’Alhambra, puis aux autres soirées du CEL et des 3G (5 ou 6 ans d’affilée) avec chaque fois un thème, à la Gay Pride de 1996 et aux suivantes, puis à Toulouse la Luna Loca (thème de soirée masculin-féminin), les mannequins qui défilent apprennent à se tenir grâce à Fred de la troupe de théâtre des Cartoons Sardines

1996 : Laetitia, artiste, arrive aux 3G, elle apprécie les créatrices (Laurence, Agnès, Sylvie et Dominique)

1997 : Anne V. parle du grand combat contre le FN (affichage sauvage) aux 3G, elles se voient chez Christine, chez Sylvie et Patricia ; la constitution du groupe des Franches plombières (Christine B ; Sylvie M., Patricia G. et Laure M.) colle des affiches contre le FN

1997 : création des Ladies Pirates du XXème siècle qui colle des plaques de rues avec des noms de femmes dans la nuit du 7-8 mars dans le quartier de la Plaine ; constitution d’un groupe de DragKings pour voir ce que ça pouvait faire d’être dans la peau d’un homme

1997 : mise en place des statuts de la coordination lesbienne nationale (intégrant des associations déclarées ou non et des individuelles), l’association nationale est déclarée, statuts déposés à Paris, le CEL, avec Nicole S. et Maïté, en prend la 1ère présidence, elles en organisent le fonctionnement et laissent la place à d’autres au bout d’une année

1998 : Michèle Philibert est redevenue très active au CEL depuis 1996, elle s’occupe en particulier du journal mensuel Esprit de CEL avec 7 ou 8 rédactrices (politique, social, littérature) et propose la rubrique Culture’elles, il y a alors 250 adhérentes au CEL, il y a beaucoup plus de femmes aux soirées, jusqu’à 500 filles qui arrivent d’Avignon, de Forcalquier, de Nice ou d’ailleurs (Alhambra, château des Fleurs), les soirées du CEL sont des références importantes pour les lesbiennes du Sud, il y a 37 bénévoles pour les animées il y a aussi des spectacles, du cinéma et les ateliers (Badminton, bridge, bowling, billard, sorties, les randonnées avec Anita, l’œnologie avec Marie-Pierre), la coordination se fait bien avec les  3G et ses fêtes, les 2 associations travaillent en synergie, ainsi qu’avec le collectif Stonewall (ex-collectif gay et lesbien Marseille-Provence) mixte en particulier pour l’interpellation des politiques lors des municipales, ou avec les Bigoudies et les Belladonna, il y  aussi les week-end de fêtes et de balades à Forcalquier (les Magnans à Pierrerue), et un rallye de 4 jours auquel 50 filles ont participé

1998 : participation de 38 femmes du CEL aux Gay Games d’Amsterdam (en canotier pour représenter la France dit Anita), 8 groupes répartis badminton, natation, semi-marathon, tennis de table, bridge, billard avec Chris, course féminine Nike Women

Mars 1998 : Michèle Philibert crée l’association MPPM (Mouving Project-Projets en Mouvement) pour une mission confiée par la ville de Marseille de « Femmes et mondialisation » avec plusieurs intervenants arabes (expositions de photos, musique, débats, etc.), puis elle se lancera pendant 5 ans, a production de spectacles vivants (photo, danse, théâtre, arts plastiques, vidéo)

Septembre 1998 : assemblée générale houleuse du CEL, mais la remobilisation se fait

1999 : reprise des UEEH, le CEL y participe à travers un stand, des expositions, des photographies

Juin 1999 : le CEL participe aux animations de la Fierté lesbienne au théâtre du merlan, séances de cinéma, spectacles au cours Julien, et aux mobilisations pour le PACS

2000 : fête de 10 ans du CEL à l’Alhambra (la partie de carte de Pagnol en anglais (avec Rose et Corinne) ; Isabelle M. se présente au CA du CEL, elle s’occupe du site internet, puis devient co-présidente

2000 : Coordination lesbienne nationale, puis Coord lesbienne en France ; rencontre à Valence, puis à Die sur les dérives de la mondialisation

Septembre 2000 : AG des 3G, Laure présidente déclare vouloir arrêter avec les 3G à cause de son manque de mobilisation militante, Henriette se présente au CA des 3G, puis élue présidente des 3G, elle le restera jusqu’en 2013

2001-2002 : le journal du CEL Esprit de CEL cesse de paraître par manque de forces pour s’en occuper

2001 : Nad V. et Areski arrivent aux 3G, Muriel et Martine leur proposent d’entrer au CA

2001 : Areski devient présidente des 3G, pour 3 ans, elle est pour que ce soit un bar affiché comme lesbien et n’est pas particulièrement favorable à la mixité du lieu, afin de pouvoir parler plus librement (du viol, du harcèlement sexuel, des femmes battues, de l’inceste, etc.) ; Laetitia entre au CA en 2001 et 2002, puis y reviendra à la demande d’Henriette ; des liens se nouent avec les UEEH, les Panthères Roses, la participation à la marche des Fiertés est montée en une semaine, en se mettant 50m derrière la Gay Pride (militantisme subversif et festif)

2002 : Michèle Philibert forte de ses rencontres avec le Festival du film des femmes qui deviendra Festival de Créteil, et de la scission qui a crée Cineffable festival de films lesbiens,  crée, avec l’aide de Florence Fradelizi (qui s’occupe du festival gay et lesbien de Paris), un festival de films gay et lesbiens à Marseille sous le nom de festival Reflets, des films pour aujourd’hui et pour demain, en s’appuyant sur François Da Silva qui dirige le cinéma le César, puis sur Patrick Gracian qui deviendra directeur du César et de Variétés, au Variétés le festival de films (accompagné de plasticiens, poésie, écriture, photographies, performances) a attiré pendant 4 jours au total 800 personnes

2003 : le festival Reflets travaille avec la Cabaret aléatoire de la Friche Belle de Mai pour organiser concert et cinéma ; les années suivantes attirent bien des artistes : Jeanne Balibar, la DJ Miss Anacor, Oshen (future Océane Rose Marie, la lesbienne invisible)

2005 : Patricia Guillaume reprend la présidence des 3G qui connait des problèmes financiers, en faisant de la diffusion de communication et de l’organisation de soirées, puis laisse la place 6 mois après

2005 : Anita et Isabelle M. « remontent » le CEL « qui a un petit creux » avec la fermeture du local, elles succèdent à Marie-Claude ; Anne V. rentre au CA des 3G, avec Robie

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L’aventure des Poulettes :

Mai 2005 : spectacle des Poulettes (Dominique) au café de Jess (les Drôles de dames), café d’Agnès et Peguy en juillet, le Baraka le 9 juillet et en octobre

1er juin 2006 : à la Gay Pride de Lille spectacle des Poulettes (Dominique et 3 ou 4 autres filles)

21 juin 2007 : spectacle des Poulettes rue Montgrand

2 juillet 2011 : Gay Pride de Marseille spectacle des Poulettes

8 mars 2012 : 1er concert des Poulettes (Dominique chanteuse et Karine l’accordéoniste)

23 février 2013 : spectacle des Poulettes pour le café de Jess Le Moby Dyke

16 Juin 2013 : 3 spectacles des Poulettes pour l’Amical du Nid (femmes prostituées en souffrance)

Juillet 2013 : soirée concert des Poulettes pour l’EuroLesboPpride

11 juillet 2013 : spectacle des Poulettes pour les 20 ans de Forum Femmes Méditerranée

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2006 : au colloque lesbien à Toulouse, Cathy Peylan organise un studio photo filles à la Luna Loca, puis l’expo est présentée à Cineffable à Paris

2007 : Isabelle M. revient au CA du CEL

2007 : rencontre de la coordination lesbienne nationale à Port-Leucate

2009 : au CEL, Marie-Claude propose à Isabelle M. de la remplacer à la présidence, Anita vient au CA, elle relève l’association qui était tombée à 35 adhérentes (au lieu des 300 de quelques années avant) le problème principal c’est qu’il y a un local il y a beaucoup d’activités et que les fêtes ne rapportaient plus assez d’argent pour payer le loyer, elle relance les fêtes, une fête par an autour du 8 mars, et réussit en 2011 une grande fête au château des Fleurs

2010 : Municigays animés par Sylvie Gaume et Evelyne B. (faire avancer les droits des LGBT à la mairie)

2011 : dernière année du festival Reflets, après dix années de travail administratif et artistique (les 2 dernières portées seule par Michèle Philibert), en liaison avec les associations LGBT, en particulier le CEL et les 3G, mais aussi les Jeunes Gays, Aides, Sos Homophobie, mais aussi le Festival de Marseille, le Théâtre du Merlan, le Ballet national de Marseille ; le festival sera repris en partie en 2012 par l’association Polychromes de Nice sous le nom de Ze Festival

2012 : rencontre de la CLF à Saint-Nazaire

2012 : participation des 3G à la Marche pour l’Egalité

2013 : rencontre de la CLF en Alsace

2013 : Eurolesbopride, largement impulsée par Isabelle, soutien de Martine Angles et Hélène de Caix (de Rambures) sur 8/10 jours de rencontres internationales avec les associations d’Europe et de Méditerranée, avec ses débats organisés par Maïté, Nicole, Anita, etc. ; grande réussite, marche de nuit mémorable (1ère marche de nuit lesbienne de France) ; avec en soutien de la Coordination lesbienne en France et de Bagdam de Toulouse (Brigitte et Jacqueline)

2014 : mariage de Martine et Hélène (l’adjointe au maire coupe la parole de la fille qui raconte l’historique des droits des homos)

9-11 oct. 2014 : rencontre de la CLF à la Roque d’Anthéron