États Généraux Homosexualité et Sida, Paris, 8-9 avril 1995

Affiche annonçant les États généraux homosexualité et sida de 1995

Discours d’ouverture (annoté) de Jean Le Bitoux

 

“Mobilisation gay en temps de sida”, 1998, article d’Olivier Fillieule, Université de Lausanne

« Au début des années quatre-vingts, les organisations homosexuelles françaises entrent en léthargie (Duyvendak, 1994, 1995). Toutefois, s’il est vrai qu’une certaine fraction du mouvement a échoué, au même titre que les autres mouvements gauchistes issus de 68, à révolutionner la société et à mettre à bas l’ordre capitaliste, il n’en demeure pas moins que toutes les revendications portées par les mobilisations de la décennie précédente sont satisfaites, les gais ont conquis leur droit à l’indifférence et, en toute logique, c’est vers le plaisir de goûter à cette nouvelle liberté que chacun s’oriente. C’est dans ce contexte d’un mouvement instrumental relativement faible (parce qu’ayant réussi) et d’une subculture de plus en plus clairement tournée vers le sexe que le virus HIV commence à circuler. »

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Articles de presse et documentaire :

Arnaud Marty-Lavauzelle et Gwen Fauchois. Sacrés «gay et lesbienne de l’année 1995»

Libération, publié le 29 janvier 1996 à 23h21

Pour la première édition d’un prix créé par le Centre gay et lesbien de Paris (1), les lauréats ont été choisis à la tête des deux grandes associations françaises de lutte contre le sida. Arnaud Marty-Lavauzelle, médecin-psychiatre, est président de Aides depuis octobre 1991. Gwen Fauchois, seule lesbienne membre du comité de pilotage des Etats généraux homosexualité et sida en 1995, est vice-présidente d’Act-Up, chargée de la communication.

Le choix de ces deux personnalités dans une liste d’une vingtaine de noms établis par différentes associations gays est «révélateur», selon l’un des membres du centre gay et lesbien, «des préoccupations de la communauté homosexuelle aujourd’hui». Mais l’objectif de ce prix n’est pas spécifiquement destiné à honorer une action en faveur de la lutte contre le sida. Il est plutôt, dans l’esprit de ses initiateurs qui espèrent le répéter chaque année, de «faire émerger des figures emblématiques de cette communauté, dans un pays où, contrairement aux Etats-Unis, il y a peu de personnalités qui affichent leur homosexualité». Et ce dans tous les domaines: droits des homos, culture, social” Ce prix est donc avant tout conçu comme une opération de communication. «Il faut, explique-t-on au Centre gai et lesbien, le voir comme un message à la fois ferme et ironique à toutes nos personnalités publiques françaises qui, par leur silence et leur détachement feints à l’égard de notre communauté, sont aussi la cause des réticences que nous rencontrons pour faire avancer nos revendications.» (1) Près d’une centaine d’associations homosexuelles et de lutte contre le sida adhèrent à ce centre ouvert pour accueillir et soutenir les homosexuels et leurs proches.

 

Pourquoi. Homosexuels en campagne

Libération par Erik Rémès, publié le 21 février 1995 à 0h58

Homosexuels en campagne

– En 1994, sur près de 400.000 cas de sida déclarés depuis le début de l’épidémie, 50% concernent des hommes ayant des pratiques homosexuelles ou bisexuelles. A Paris, le sida est la première cause de mortalité pour les hommes âgés de 25 à 44 ans. Les premiers états généraux homosexualité et sida, co-organisés par Aides et un collectif d’associations de lutte contre le sida (1), se tiendront les 8 et 9 avril prochains à l’hôtel Pullman Saint-Jacques à Paris, autour des questions «comment vivez-vous l’homosexualité, comment vivez-vous le problème du sida et quels changements désirez-vous pour vous et pour les homosexuel/les dans la société?». Au sein de forums d’échanges et de réflexion, les quelque 400 participants attendus mettront au point une plate-forme de propositions et de revendications notamment destinées aux candidats aux élections présidentielle et municipales. Hétéro, homo, proche, parent, ami(e) ou amant(e) peuvent envoyer lettres de soutien et témoignages, en vue de la constitution d’un livre blanc qui répondra à toutes les questions relatives à «homosexualité et sida». Ecrire pour rompre le silence et l’isolement ou pour s’engager (2). Plusieurs thématiques sont proposées: la reconnaissance sociale des homosexuel/les (sont-ils des citoyens à part entière?); les façons d’être homosexuel/le (approche identitaire, double identité et double vulnérabilité); leur confrontation au sida (double discrimination, vers une meilleure prévention, solidarité interne et externe). La volonté première de ces états généraux est une «meilleure visibilité de l’homosexualité car mal vivre son homosexualité est un facteur de vulnérabilité à l’épidémie, estime Francis Nock de l’association Aides à l’origine du projet. L’inégalité des droits civiques et sociaux, l’absence de visibilité des homosexuels dans les campagnes de prévention, l’incidence de l’infection à VIH dans nos rangs, le poids des deuils répétés, la récurrence des discriminations liées à l’affirmation de l’homosexualité (famille, travail, école, armée”) sont autant de facteurs de vulnérabilité et d’exclusion: obstacles à la prévention, entraves à la solidarité, dénis, culpabilisations et sentiments de culpabilité». Le but de ces états généraux est donc la reconnaissance sociale des homosexuel/les, le respect de leurs différents modes de vie, l’affirmation par les pouvoirs publics de l’impact de l’épidémie chez les homosexuel/les et la prise en compte de leurs besoins et de leurs attentes en termes de prévention, de prise en charge sociale, médicale et psychologique. «Depuis quatorze ans que l’épidémie de sida dure, s’amplifie et tue, il est temps d’affirmer que la communauté homosexuelle a été la première à mettre en place des réseaux de solidarité concrets, par la création d’associations auxquelles ont toujours pu s’adresser toutes les personnes affectées», ajoute Francis Nock. Erik Rémès

(1) Act-up Paris, Aides fédération nationale, Arcat-sida, Centre gai et lesbien, David et Jonathan, Lesbian gay pride, Santé et plaisir gai, Sida info service. (2) Etats généraux homosexualité et sida c/o Aides fédération nationale, 247, rue de Belleville, 75019 Paris. Tél.: (16.1) 44.52.00.00.

 

 

Le bonheur que les gens ont… – États généraux “Homosexualité et Sida”, Paris, 1995

Documentaire, Réalisé par Ludovic Vieuille • Écrit par Ludovic Vieuille, France • 1997 • 35 minutes • 3/4 Umatic • Couleur

Ces témoignages ont été enregistrés à la demande de AIDES Fédération lors des États généraux “Homosexualité et Sida” à Paris, en 1995. On y découvrira des sensibilités, parfois des dénonciations à travers des sujets tels que l’homosexualité et la religion, la séropositivité et le couple ou la famille, la validité fragile du “safer-sex”, la maladie.
https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/3765_0

 

Éléments de contexte

“Quand les associations coproduisent l’action publique : enjeux et tensions autour des campagnes grand public de prévention du sida”, Jean-Philippe De Oliveira, dans Les Mondes de la communication publique, 2014
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L’assistance Publique Hôpitaux de Paris s’adapte à la lutte contre le VIH : Circulaire DGS n° 92 du 27 octobre 1995 relative à l’adaptation de l’organisation du dispositif de lutte contre l’infection à VIH
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Congrès 1995. Sexualités aux Etats-Unis : Expression et Répression. Programme
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