Essai de description du mouvement militant marseillais 1977-2021

 Essai de description du mouvement militant marseillais

1977-2021

« Pour faire un homme, … c’est long » dit la chanson ? Pour construire un mouvement social c’est long aussi, surtout quand il s’agit de construire un mouvement homosexuel dans une ville aussi dépourvue et dans un contexte aussi difficile avec de forts tiraillements entre garçons et entre garçons et filles, puis avec le temps de plus en plus de tendances ou plus exactement de formes de militantisme.

Il y a eu à Marseille une première dynamique associative avec le GLH de 1977 à 1987, 10 ans d’un beau dynamisme militant porteur d’Universités d’été homosexuelles importantes au niveau national. Ben sûr d’autres couleurs homosexuelles existaient, du côté du club cuir FSMC par exemple, du côté des femmes qui ne se sentaient pas assez représentées ni acceptées, du côté du milieu commercial encore discret, mais le GLH ne leur faisait pas d’ombre.

De 1990 à 1996 une dynamique inter-associative s’est créée avec le Collectif gay et lesbien Marseille Provence, lieu de coordination et d’information réciproque bien utile et surtout lieu d’organisation des premières lesbian and gay pride, dont celle de 1995 qui est un fantastique succès. Les gays et les lesbiennes développent leurs différents réseaux mais sont capables de travailler ensemble dans de nombreux domaines (événements festifs, débats, mobilisations contre le sida, etc. et bientôt cérémonies de la Déportation)

1997 est l’année de la fracture, de la première grande fracture (la deuxième sera l’Europride de 2013). Une dynamique externe du collectif gay et lesbien s’approprie alors l’organisation de la Lesbian and Gay Pride  et prétend créer son propre centre Gay et Lesbien, tandis que le Collectif gay et lesbien ne supporte pas d’avoir été dépossédé de l’organisation de la Pride en accusant de tous les maux ces nouveaux homos qui prétendent contourner la démarche militante, accuse le milieu commercial et des gays isolés de créer une dynamique homosexuelle non militante, non respectueuse des associations de femmes et proche de la municipalité de droite (de Jean-Claude Gaudin) arrivée au pouvoir en 1995 (1). Tout cela alors que le Collectif Gay et lesbien se fixait pour tâche d’ouvrir un CGL (centre gay et lesbien) qu’il ouvrira simultanément.

Ce dualisme du mouvement homosexuel se raidit sous l’effet d’un double acte de violence lors de la Pride de 1997. Une dirigeante du CEL (2) qui veut imposer la présence des femmes en tête de la marche, est repoussée violemment, et l’ex-président du Collectif gay et lesbien (3) qui a été à l’initiative d’une pétition réclamant une Lesbian and Gay Pride organisée de façon démocratique et refusant la confiscation par un petit groupe, se fait violemment expulser lorsqu’il veut participer au bal de la soirée. Le bar associatif 3G créé par trois lesbiennes (4) participe à cette fronde contre la LGP.

A partir de là, deux tendances largement irréconciliables sont à l’œuvre de 1998 à 2010.

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