Cérémonie de la déportation 2008

Appel en faveur de la reconnaissance officielle par la République Française de la déportation pour motif d’homosexualité durant la seconde guerre mondiale

 

Pendant la seconde guerre mondiale, les nazis ont déporté des hommes et des femmes parce qu’ils ou elles étaient homosexuelLEs. Les hommes étaient soumis au paragraphe 175 du droit allemand qui pénalisait l’homosexualité masculine seulement, et portaient un triangle rose dans les camps. Les femmes étaient souvent considérées comme asociales, certaines ont été arrêtées et déportées.

La journée nationale du souvenir des héros et des victimes de la déportation a lieu chaque année le dernier dimanche d’avril. A cette occasion, des cérémonies officielles de commémoration sont organisées un peu partout en France. Les associations homosexuelles sont désormais officiellement invitées à certaines de ces cérémonies, mais cela n’est pas le cas partout. De plus, même lorsqu’elles sont invitées, ces associations ne sont pas toujours bien acceptées par l’ensemble des autres participants.

En 2001, le Premier Ministre Lionel Jospin déclarait :  » Il est important que notre pays reconnaisse pleinement les persécutions perpétrées durant l’occupation contre certaines minorités – les réfugiés espagnols, les tziganes ou les homosexuels. »

En 2005, le Président de la République Jacques Chirac déclarait :  » En Allemagne, mais aussi sur notre territoire, celles et ceux que leur vie personnelle distinguait, je pense aux homosexuels, étaient poursuivis, arrêtés et déportés. »

Ces deux déclarations d’éminents représentants de l’Etat sont des actes politiques d’importance ; elles ne sauraient toutefois constituer à elles seules les actes officiels par lesquels la République Française reconnaîtrait la déportation pour motif d’homosexualité.

Nous attendons toujours de tels actes. C’est pourquoi nous formulons les demandes suivantes en ce qui concerne les cérémonies de commémoration organisées à l’occasion de la journée nationale du souvenir des héros et des victimes de la déportation :

Nous demandons que partout en France les associations portant le souvenir de la déportation pour motif d’homosexualité soient officiellement invitées en tant que telles à ces cérémonies.

Nous demandons qu’un discours officiel, lu pendant les cérémonies partout en France, rende explicitement hommage à toutes les catégories de déportéEs, avec citation des différents motifs de déportation dont l’homosexualité. Cela pourrait être l’objet d’un discours rédigé par le Ministre des Anciens Combattants en concertation avec les associations portant le souvenir de la déportation.

Nous demandons que les associations portant le souvenir de la déportation pour motif d’homosexualité soient associées à la préparation de ces cérémonies, dans un esprit de dialogue, de respect et de compréhension mutuels. Cela pourrait contribuer de plus au dialogue entre les générations et à la transmission de la mémoire. Nous rappelons ici que nous sommes très attachéEs à l’unité du souvenir de la déportation. C’est la raison pour laquelle, par exemple, nous demandons aux associations d’anciens Combattants, Résistants et Déportés d’accepter notre participation pour l’achat de la gerbe commune qu’elles déposent traditionnellement lors de chaque cérémonie en hommage à toutes les déportations.

Nous appelons le Président de la République, Le Premier Ministre, le Gouvernement et les Parlementaires à s’engager afin que la République Française reconnaisse officiellement la déportation pour motif d’homosexualité durant la seconde guerre mondiale.

Nous invitons toutes les personnes et les associations concernées par le souvenir de la déportation pour motif d’homosexualité à se joindre à notre appel.

 

En particulier, nous invitons toutes les associations LGBT de Marseille et leurs sympathisantEs à nous rejoindre lors de la cérémonie du souvenir à Marseille (Place Daviel, derrière l’Hôtel de Ville), le dimanche 27 avril 2008 à 10h.

Mémoire des Sexualités Marseille et Mémorial de la Déportation Homosexuelle

INVITATION

POUR NE PAS OUBLIER

Vous êtes cordialement invités à vous rassembler

pour le dépôt de la gerbe en Mémoire des Homosexuel-le-s déporté-e-s après la cérémonie officielle

 Dimanche 27 avril 2008 Journée du Souvenir au Monument de la Déportation à Marseille

(Place Daviel, derrière l’Hôtel de Ville) à 10 h

L’Europe des libertés ne peut se construire sans reconnaître tous les crimes d’un passé qu’elle voudrait à jamais aboli

 

La Cérémonie de la Déportation de Marseille 27 avril 2008

Pour la 12ème année, si nous remontons au 1er dépôt de gerbe de Mémoire des Sexualités avec le Collectif gai et lesbien Marseille Provence en 1995, nous avons déposé la gerbe des Déportés pour homosexualité à Marseille.

Nous sommes passés peu à peu de la marginalité à la visibilité, grâce à l’obstination et l’interpellation continue, des autorités, de la presse, des associations de déportés, etc.

Il y a eu des années difficiles, soit parce que le milieu homosexuel était très absent, soit parce que les interlocuteurs fuyaient tout dialogue.

En 2003, grâce à la venue de Pierre Seel est venu à Marseille, qui a été bien reçu en mairie, par la presse et le public, cette année a été un peu particulière.

En 2007 – effet de l’année électorale (présidentielles et législatives) ? maturation nouvelle ? effet de la 1ère invitation en préfecture pour la préparation de cette cérémonie ? effet de la première vraie réponse, négative, des associations de déportés ? – nous avons senti une forte mobilisation pour le dépôt de gerbe spécifique des homosexuels, après la cérémonie officielle. La presse n’était plus aussi présente que pendant les années pionnières, mais un vrai public était là, issu du milieu LGBT ou non, élus issus de toutes les tendances politiques, membres parfois importants d’associations d’anciens combattants ou de déportés, implication forte du protocole de la ville permettant micro et sono, présence de porte-drapeaux, etc.

2008 a confirmé cela de façon étonnante. Il y a eu beaucoup de monde, y compris la délégation de collégiens. Il y a eu surtout la prise de parole publique de M. Tardivel, remarquable figure historique de résistant déporté à Marseille, en début de cérémonie, qui a parlé de la déportation des homosexuels et qui a mis l’homophobie au même niveau que le racisme, après avoir stigmatisé les propos ignobles réitérés de JM le Pen sur le « détail ». Et les élus de droite venus, pour l’essentiel, pour la 1ère fois en 2007 étaient là, plus nombreux encore.

Pour nous ce dépôt de gerbe a été l’occasion de rappeler les prises de positions de L. Jospin en 2001, et J. Chirac en 2005, le long combat de Pierre Seel, enfin notre regret de l’impossible dépôt commun à ce jour avec les associations de Déportés, lors de la cérémonie officielle.

La déléguée régionale de la Fondation du Mémorial de la Déportation nous a laissé entendre que le moment où nous aurions toute notre place dans cette cérémonie n’était pas loin, mais – en substance – « patience, il faut encore attendre quelques disparitions »…

Christian de Leusse

Mémoire des Sexualités

délégué du Mémorial de la Déportation Homosexuelle