Années 70 : 76-77

1976-1979 : diffusion du bulletin d’information Agence Tasse, édité par l’APPELS (association pour l’éducation et la libération sexuelle) 33 numéros seront réalisés, outil d’information très utile pour les militants homosexuels et les GLH (avec revue de presse, petites annonces, présentation de groupes militants, rubrique internationale) ; la revue Diff/Eros prendra la suite de ce bulletin, avec des signatures comme celles de Françoise d’Eaubonne, Jean-Louis Bory et Pierre Hahn

1976-1979 : à Lyon, le GLH (Groupe de Libération Homosexuel) est créé en 1976, il organise de nombreuses actions : 2 semaines du cinéma au Cinématographe (L’Autre Amour au printemps 1976 avec 3 films sur l’homosexualité : Pink NarcissusUne chose très naturelle et Mis O’ginie et les hommes fleurs ; le Semaine Homosexuelle en juin 1977), parution de 5 numéros de la revue Interlopes à partir du 1er n° de l’automne 1977 et le n° 5 en avril 1979, réunions dans le restaurant autogéré de la Croix-Rousse (Les Tables Rabattues), organisation d’une grande fête Dissidanse Rose en juin 1978 ; le groupe se situe à l’extrême gauche, imprégné par « les années 68, la contestation multiforme, éclatée, polycentrique », Jean-Paul Montanari est proche de la gauche maoïste, Michel du mouvement syndical, Bernard de la LCR, Bruno Hérail des organisations anarchistes, Graham des mouvements gay anglais, Alain soutient les mouvements Larzac et antinucléaires, des liens forts se tissent peu à peu avec la Planning familial ; Interlopes soutient la lutte contre l’installation du sur-générateur Phoenix et la cause palestinienne ; la Croix-Rousse est de 1975 à 1995 un univers de contestation où s’imaginent des expériences alternatives (cf. Mimmo Pucciarelli, 1996), le GLH se réunit un temps au Centre d’expression populaire de Saint-Georges, ancien siège du PSU, qui abrite les réunions de Radio Canut, le comité Larzac de Lyon ou le groupe d’action et de résistance à la militarisation ; le GLH n’a pas de « ligne » politique clairement identifiable, il se nourri d’un ensemble de préoccupations et de réflexions théoriques et pratiques sur l’homosexualité, il refuse la catégorisation « homosexualité » (cf. Guy Hocquenghem : « se déprendre de l’homosexualisme » et l’interview dans Rouge le 18 août 1978 sur la « dissolution de l’homosexualité »), ils refusent de participer à la formation d’une « identité homosexuelle » et la tasse n’est pas un lieu de sexualité choisie, mais un lieu de sexualité imposée ; le journal Libération annonce dans ses pages Rhône-Alpes les activités du GLH ; Jean-Paul Montanari, issu d’un milieu pied-noir plutôt pauvre, était étudiant en mai 1968 à 21 ans, il fréquentait le Secours Rouge animé par Jeannette Colombel, amie de Sartre, Foucault et Deleuze, il s’était présenté aux cantonales pour le PSU, il avait fait du chinois pour lire Mao dans le texte, mais à la lecture de Simon Leys, il a cessé son admiration pour le maoïsme ; Michel syndicaliste CFDT avait été touché par la présence du GLH lors du 1er mai à Paris, il militait au MAN (mouvement d’action non violente) et à la Cimade, refusant l’impôt « pour le Larzac » ; Bruno Hérail, né en 1947 comme Jean-Paul, avait participé à des mouvements associatifs à Paris, venu à Lyon, il a refusé de faire son service militaire, il a été arrêté et condamné à 9 mois de prison, il y a pris conscience de son homosexualité, sorti de prison, il va au Larzac où il ira 6 à 7 mois par an jusqu’en 1981 pour militer contre l’extension du camp militaire, en contact avec la Gueule ouverte, il a fini par écrire des articles sur l’homosexualité et par prendre contact avec le GLH ; au cours des années 1970, la police est omniprésente dans la vie gay lyonnaise, descentes dans les tasses et les bars (comme en novembre 1978 au Gardian, rue Terme), humiliations avec parfois des conséquences dramatiques (cf. le cas de Grégoire, clerc de notaire, terrifié à l’idée que ses parents et son patron soient informés de son arrestation par la police, rentré chez lui, il s’est pendu) ; des liens se sont tissés entre patrons d’établissements et police ce qui fait courir des rumeurs sur la prise en main par « les truands » d’une partie du monde homosexuel de la nuit (cf. le scandale des Ecuries du Roy en 1972) et l’inverse les boites peuvent faire l’objet de racket (cf. l’explosion survenue à la Petite Taverne, racket de la part de la police apparemment) ou les actes de racket dans les 3 boîtes qui marchaient le mieux : les Pieds dans le plat (chez Hervé Morel), à l’Ambigu et au Grillon

1976-1978 : à Paris, pendant 3 étés, le GLH Politique et Quotidien prépare les bases du journal Gai Pied ; depuis 1974 existe dans la capitale le Groupe de Libération Homosexuelle, qui a pris le relais du FHAR, il regroupe Jean le Bitoux, Gérard Vapereau, Frank Arnal, Jacky Fougeray, ils prennent pour exemple The Advocate aux USA et Body Politic au Canada, à l’heure où In est la seule publication française avec des photos de garçons en collants ; l’équipe se retrouve au Mazel en Ardèche, en 1978

1976-1978 : le GLH de Rennes est actif, animé par Jean Blancard qui a pour ami Gilles Barbedette, Jean-Michel Rousseau (Mélanie) y vit l’un de ses premiers engagements, il y a aussi Jacques Ars (Gwen) et Yves Chatelier ; Mélanie découvre la misère sexuelle des homos, Yves Chatelier explique qu’il y a peu de lieux de rencontre, le bar friendly le Rimbaud, le bar tendance Arcadie Le Verlaine, les toilettes publiques et les jardins publics, les espaces extérieurs de la Motte, de la gare et de la salle omnisports, il drague Jean Blancard en octobre 1976, qui vit avec Gilles une relation assez libre, il a un charme ravageur qui attire beaucoup de gens au GLH ; au premier trimestre 1977 le GLH organise une série de rencontres à la MJC La Paillette, avec Gaie Presse en particulier, animé par Audrey Coz, la Mouvance folle lesbienne d’Aix et Lionel Soukaz ; quand Jean et Gilles partent à Paris en 1978, le GLH s’effondrera, l’association GLH de Rennes sera créé à l’été 1978, Patrick Leroy président, Yves Chatelier vice-président, avec une petite dizaine de membres, surtout des étudiants, des échanges cordiaux sont entretenus avec un groupe de lesbiennes, les surnoms sont Alice, Mélanie, Sophie, Clémence, Gertrude, Gwen, tatie Violette de Bragueuse, Margot… on se donnait du « Mes Chéries » se souvient Yves Le Chatelier, influencés par la Mouvance folle lesbienne, on se connaissait entre GLH du Grand Ouest, Nantes, Brest, Caen, Angers, au printemps 1978 ces GLH se rencontreront, à l’été 1978 Patrick Leroy (Alice B. the Queen) réalise un film en super 8 La Rédemption de Méphisto, en forêt de Paimpol (malheureusement le film disparaîtra avec le départ de Leroy à Londres) ; en novembre 1978 plusieurs membres de GLH du Grand Ouest se retrouvent à la rencotre nationale des Lyon (150 personnes, à St Germain au Mont d’Or, avec ses 3 dortoirs)

1976-1978 : en Allemagne, David Bowie (né en 1947 à Londres) et Iggy Pop (né en 1947 dans le Michigan aux USA) vivent au 155 Hauptstrasse dans le quartier Schöneberg à Berlin dans l’appartement où habita Christopher Isherwood en 1925 ; élève en arts graphiques Bowie dessinait dès 1962 des costumes de scène, il voulait échapper à la folie dont souffrait une partie de sa famille (son frère s’est suicidé dans les années 1960), il a eu Lindsay Kemp comme professeur de mime, il cite Kafka, Pinter, Wilde et John Rechy (auteur en 1963 de Cité de la Nuit qui traite de la prostitution homosexuelle de New York et Los Angeles), il produira des spectacles avec le transformiste Joey Arias et le contre-ténor techno pop Klaus Nomi, il peindra des portraits de Iggy Pop et de Yukio Mishima

1976-1977 : parution de Don, lancé par Pierre Hahn et Jean Coquelle ; Pierre Hahn écrivait depuis la disparition du FHAR en 1974, dans des revues spécialisées en sexologie comme Planète et Union, il étudie l’évolution de l’homosexualité à travers les âges et surtout au XIXè siècle ; son livre Nos ancêtres les pervers concernera la période de Louis-Philippe à la fin du XIXè ; à la fin de 1980 l’Université de Paris VIII Vincennes lui décernera le titre de docteur de l’Université de philosophie pour ses recherches sur la naissance de l’homosexualité poursuivies sous la direction de René Schérer avec l’aide Guy Hocquenghem, c’est un doctorat sur travaux attribué par un jury composé outre de René et Guy, de Robert Castel et François Chatelet

1976-1977 : dans Confessions païennes de Claude Loir, né en 1944, racontera sa vie homosexuelle débridée, à Paris en particulier ; il tourne dans la 2è partie des années 1970 dans de nombreux films porno de qualité très moyenne, ils sont alors très demandés, pour Philippe Clair en 1977, pour les lesbiennes Anne-Marie Tensi et Loïs Koenigswerther qui ouvrent les cinémas La Marotte et Le Dragon, puis le TCB (théâtre-cinéma-bar) de la rue Fontaine (bâtiment Art-Déco dans lequel André Breton a créé le mouvement surréaliste) proche des stations de métro Pigalle et Blanche, elles réalisent les films porno gays qui marquent le milieu des années 1970, ce sont les films Carnet rose d’un homosexuel en 1977,  Nelly, pile ou face, La Rabatteuse en 1978, Les Bas de soie noire en 1981 avec Brigitte Lahaie, il tourne une quarantaine de films en 2-3 ans, pas très bien payés en ces premières années du cinéma porno

 1976-1977 : à Aix-en-Provence, c’est le temps du GLH (groupe de libération homosexuelle), avant celui de la Mouvance Folle Lesbienne, Cornélius van Rijkvorsel (hollandais, fils du directeur de la banque de Pais et des Pays-Bas, étudiant aux Beaux-Arts d’Aix, adhérent au mouvement Cobra) est le bras droit de Patrick Cardon , il y a aussi Henry Amouric (futur historien de la Provence), Valdo et Jean-Claude Bouyard (futur conservateur du patrimoine), Grégoire Herpin (qui deviendra avocat), Jean Lam (la chinoise), Jean Rivas (Jeanne de France) ; non loin d’eux, il y a un groupe d’une quinzaine d’étudiantes lesbiennes, avec Evelyne Bellanger et sa copine Dany, ils organisent des piques-niques au Parc Jourdan ; Patrick, avec Jean-Marie Bado, 16 ans, visite de nombreux GLH en 1977 (Montpellier où ils rencontre Patrick Médard dit Collette – futur président de l’AMA, association des motards alternatifs – et Philippe Prêtre, Pau, Angoulême, Strasbourg, Nice, Toulouse, Rennes où ils font la connaissance du gouin celte, Jacques Ars, Gwen), Jean Marie Bado gagne quelques revenus grâce à Cornélius comme modèle à l’Ecole des Beaux-Arts ; Arthurette (Bernard Jouanaud, 16 ans) et Mégalain (le grand Alain, qui aura un long parcours de militant homosexuel à Marseille puis à Paris) se joignent souvent à eux, l’un et l’autre se joindront par la suite au GLH de Marseille ; une rencontre des GLH de France se tient à la Baume-les-Aix en 1977, autour du projet de journal de Jean le Bitoux, les GLH imaginent que chaque numéro du futur journal pourrait être réalisé par une ville différente ; Jean le Bitoux vient alors plusieurs fois à Aix, mais les relations avec les « aixoises » ne sont pas toujours simples (un jour Henri Amouric le recevra en disant tout haut « passez votre chemin ») ; Jacques Poché fait scission et fonde, après avoir pris avec lui les archives du GLH, avec son ami Jeannot, un 2ème GLH ; Donald Suzzoni lui aussi se sépare d’eux en fondant le Groupe des luttes homosexuelles, Marco Lemaire est proche de lui

1976 : au cinéma, sortie du film Sebastiane du britannique Derek Jarman, qui devient un film culte, péplum en latin, pionnier du cinéma queer et gay qui sera très peu vu en France, il fera d’autres films (Jubilee, Edward II) et mourra du sida au milieu des années 1990 ; la même année sort le film L’une chante, l’autre pas dAgnès Varda

1976 : depuis 1958, ce sont 676 mineur-e-s moins de 21 ans qui ont été jugés par les tribunaux pour enfants, pour « actes impudiques ou contre-nature commis avec un individu de son sexe », le chiffre est inférieur à la réalité car les condamnations sont souvent dissimulées sous d’autres incriminations, celle de vagabondage en particulier avant une ordonnance de décembre 1958 ; les mineurs font de mesures éducatives et sont placés en centre d’observation notamment lorsqu’ils sont suspectés de se prostituer

1976 : naissance du GLH d’Orléans, créé par Jacky Fougeray, Jean le Bitoux le contacte et lui proposera de venir participer à la création du futur journal (Gai Pied) ; développement des GLH en Province

1976 : à Lyon, création du Centre lyonnais d’études féministes (CLEF) à l’initiative de 4 universitaires, à l’Université de Lyon II, campus de la Porte des Alpes, parmi elles Annick Houel, professeur de psychologie, et Patricia Mercader, étudiante en psychologie, il coïncidera bientôt avec l’émergence des idéaux et des combats significatifs des années 1970 -1980, il obtiendra en 1983 des financements du FSE (Fonds social européen) pour un programme de recherche du CNRS sur les femmes et les recherches féministes et lancera un appel à des archives liées au mouvement de libération des femmes, c’est le début de la constitution d’un fond documentaire (qui parviendra à 4 500 références dans les années 2010) ; en 2002 le CLEF deviendra le Centre Louise Labé

1976 : à Lyon, Jean-René B. né en 1956, étudiant en sciences humaines, barman dans un établissement de la rue Bellecordière sur la presqu’île et au bar associatif le Cercle dans le quartier Saint-Jean, voit la police entrer dans l’établissement et relever les noms ; à l’Epi Bar rue Bellecordière Grégoire B., clerc de notaire de 25 ou 26 ans, se fait embarquer, il refuse de donner ses papiers, la police les lui prend de force et le dénonce auprès de ses parents et de son patron, le lendemain le notaire le congédie, revenu chez lui il se pend dans son garage, laissant un mot à ses parents « Papa et maman, je vous demande pardon » (ces témoignages sont rapportés au journal Le Monde du 19 janvier 2022, par Antoine Idier)

1976 : constitution  d’une commission nationale homosexuelle à la LCR (ligue communiste révolutionnaire) trotskyste

1976 : le pasteur belge Jacques Doucé (1945-1990) fonde le Centre du Christ Libérateur (CCL) destiné à offrir un lieu d’accueil pour des groupes de paroles sur les minorités sexuelles (transsexuels, travestis, gays sourds et muets, sadomasochistes, lesbiennes, bisexuels, pédophiles), il procèdera à des bénédictions d’amour et d’amitiés pour des personnes de même sexe ; l’espace d’accueil est investi par un militant trans  très actif Tom Reucher et d’autres avec lui, en témoignera le documentaire de Françoise Romand Appelez-moi Madame consacré à Ovidia Delect « résistant, communiste et poète devenu femme »

1976 : 1ère réunion de coordination nationale du mouvement homosexuel en Charente

 1976 : apparition du mot sexisme dans le Petit Larousse : création de SOS femmes par Colette de Marguerye, Michèle Dayras et Marine Le Peron ; à Clichy création du centre pour femmes battues dans l’ancien foyer du Nid ; à Lyon création du Groupe lesbien du Centre des femmes ; à Toulouse création de la Maison des Femmes ; parution du 1er journal lesbien, Journal des lesbiennes féministes

 1976 : parution de La Volonté de savoir (Histoire de la sexualité, vol.1) de Michel Foucault : la psychanalyse, comme la psychologie et les autres « technologies disciplinaires » s’inscrivent dans le prolongement de la confession chrétienne mettant en scène un discours du sexe, en vue de l’expliquer, de le rationaliser, de le contrôler, de façon continue depuis plusieurs siècles et dont la libération sexuelle n’est que l’aboutissement contemporain ; il dénonce le caractère réducteur du terme homosexuel par lequel la société crée des étiquettes pour les isoler et préserver leur pouvoir ; il retient le mot gay avec son irréductibilité et sa dimension créative tournée vers le monde

1976 : René Scherer et Guy Hocquenghem lancent la pétition « Pour une autre législation sur la sexualité des mineurs » qui sera signée par Roland Barthes, Jean-Louis Bory, Patrice Chéreau, Gilles Deleuze, Félix Guattari, Pierre Guyotat, Bernard Kouchner et Jean-Paul Sartre

 1976 : parution du livre de Gabriel Matzneff Les moins de 16 ans, ode à l’amour pédophile

1976 : parution du Journal d’un innocent de Tony Duvert, à 26-27 ans l’auteur travaille et réside dans une ville ibérique, il n’est attiré que pare les garçons pubères et prépubères, il en reçoit beaucoup et tisse avec eux des relations affectives et sexuelles, il est très attentif à leur misère et subvient à leurs besoins autant qu’il le peut ; le livre est déroutant, il éveille les enfants à la sexualité, il vit sa sexualité avec eux, les garçons ont un plaisir évident à vivre leurs désirs sexuels avec lui, la liberté de ces enfants est désarmante, leur plaisir est partagé avec celui de l’auteur ;  ce livre choc révèle un monde de l’enfance où le sexe est la vie, sans tabou, c’est le témoignage et le vécu par un adulte qui lui donne cette évidence ; le livre paraît aux Editions de minuit, la critique est élogieuse, René Schérer dans Les Nouvelles Littéraires pose la question « Persistera-t-on  longtemps encore à appeler perversion ce point de lucidité où l’acceptation de l’enfance en soi, notre profondeur, et le désir de l’enfant hors de nous se rejoignent et se complètent ? », Madeleine Chapsal dans L’Express considère que « Cet écrivain ‘sexuel’ se situe dans la lignée des grands classiques français, de Rousseau à Colette, de Fénelon à Proust. Une écriture à la fois gaie, sensuelle et moraliste… C’est le risque pris sur tous les plans, personnel, social, qui, plus encore que son sujet, donne au livre son pouvoir de choc », Bertrand Poirot-Delpech dans Le Monde écrit « Le journal de cette dévotion compose une oeuvre authentique, où passe, élégante et glacée sur fond de chambre close, l’ombre savante de Sade, sans un gros ni un grand mot… La ligne de partage n’est pas entre homosexuels et hétérosexuels, mais bien entre l’humanité et les cafards, ceux qui aiment le plaisir et les autres », Le Canard enchaîné considère que « Duvert est fou de talent. Son livre est cru, comme une salade. Un de nos grands ‘maudits’ « , et la revue Lire célèbre « L’un des plus doués des jeunes écrivains… L’écriture séduit par sa grâce et sa virtuosité. On pense à Jean Genet, ce Journal d’un innocent pouvant se placer à côté du Journal du voleur. Inutile de préciser qu’il n’est pas à mettre entre toures les mains »

1976 : soutenue par René Schérer et Guy Hocquenghem, Hélène Hazera est la 1ère femme trans qui donne des cours à l’université Paris VIII Vincennes ; elle consulte à la Bibliothèque nationale les Mémoires du chevalier de Fréminville habillé en femme et les pamphlets de la chevalière d’Eon contre Beaumarchais, prenant plaisir à voir la tête de Michel Foucault lorsque ses talons cliquètent sur le plancher ; grâce à sa carte universitaire qui ne mentionne pas son sexe, elle peut éviter de présenter sa carte d’identité qui contraint à une concordance entre photo et sexe mentionné ; 10 ans plus tard elle obtiendra de s’appeler Claude et lorsqu’elle demandera un passeport c’est la femme du guichet qui, au vu de son apparence, mettra elle-même le F, lui permettant désormais de voyager aux USA ou à Alger, et lorsqu’elle sera contrainte de demander une fiche d’état-civil pour renouveler ses papiers elle sera rétrocédée au M (elle attendra 40 ans et plus – 2013 ?- que la loi l’autorise à arborer un F sur ses papiers…)

1976 : plusieurs figures homosexuelles font leur entrée au journal Libération, Guy Hocquenghem, Hélène Hazera, ancienne des Gazolines, et Michel Cressole ; puis bientôt le dessinateur Copi

1976 : à partir de cette année-là les tribunaux français accordent des changement d’état-civil, en province d’abord (Dijon, Toulouse, Rouen, Caen, Saint-Etienne, Créteil, Lyon), puis à Paris à partir de 1980 ; pourtant le 22 novembre 1979 le tribunal de Libourne jugera que la demande de changement d’état civil de Norbert B, une patiente du Dr Burou, ne peut être acceptée, jugement confirmé par la cour d’appel de Bordeaux le 30 mai 1985, confirmé encore par la cour de cassation le 31 mars 1987 car il n’y a pas de « nécessité thérapeutique », mais la Cour européenne des droits de l’homme rendra un arrêt contre la France, après la mort du Dr Burou…

1976 : à Lyon création du Groupe des Lesbiennes

1976 : à Paris création du GLH-PQ (le GLH Politique et Quotidien) que Jean le Bitoux animera de 1976 à 1979, en rupture avec le GLH, pas assez militant pour eux, qui se dénomme Groupe de Base, plus réformiste, et avec le GLH du 14 décembre opposé à l’alliance avec les féministes (en vive opposition en particulier avec les Pétroleuses, groupe de femmes; 1ère ouverture de cinémas gays à Paris

1976 : la majorité des GLH affirme des positions pro-féministes et revendique une mixité, à Aix, Bordeaux ou en Alsace ; à Paris le GLH PQ dit, en août 1976, vouloir mener un débat et créer un rapport de force afin que la lutte contre l’oppression de l’homosexualité, comme celle des femmes, devienne partie intégrante de la lutte anti-capitaliste du mouvement ouvrier » ; en même temps les GLH s’interrogent sur la présence de si peu de filles dans le mouvement homosexuel, même si le GLH PQ a une commission lesbienne les Pétroleuses et  le groupe de Montpellier est compos é en majorité de femmes ; le GLH de Lille est l’un des seuls à être véritablement mixte et le discours antiféministe est porté par les lesbiennes du GLH qui se sentent proches du discours de Monique Wittig (« les lesbiennes ne sont pas des femmes »), pour elles « la lutte des femmes ne vise qu’à un aménagement de l’hétérosexualité (avortement, contraception, etc. », elle écrivent dans un article de Libération du 14 juin 1976 que le féminisme n’est « qu’un avatar de la division des classes sexuelles, alors que justement c’est cette différenciation sociale qui est à la base de notre exploitation, de notre oppression. » et la non-mixité n’aboutit qu’à une nouvelle forme de ghetto, assumé et revendiqué, mais elle critiquent les GLH qui se prétendent mixte et pro-féministes, alors qu’ils ne regroupent « que des mecs » et échouent dans leurs « velléités de mixité« , « ce n’est qu’un ghetto pédérastique de plus qui renforce le cloison gouine/pédé. » ; Thierry Vœltzel, membre d’un GLH de Paris, décrit  dans son livre Vingt ans et après les difficultés relationnelles avec les mouvements féministes : « Les femmes, en réalité, nous ont acceptés parce que nous étions peut-être un peu moins oppresseurs ou moins emmerdants que les groupes politiques mecs : a priori elles n’étaient pas tellement intéressées par notre truc. De toutes manières, il y avait déjà dans le MLF une tendance des femmes lesbiennes qui marchait beaucoup mieux. »

1976 : dans le n°4 d’Autrement Alain Jaubert livre son enquête sur la lobotomie (introduite aux USA par Freeman et Wath) dans la presse des années 1950 il a dénombré dans laquelle 12 000 cas de lobotomie, l’introduction des neuroleptiques et autres médicaments (de camisole chimique) pour traiter « l’anormalité » a réduit l’usage de la lobotomie jusqu’en 1968, année où très peu de cas sont recensés, mais le discours médical classant l’homosexualité dans les cas pathologiques jouent encore un rôle important, et les années 1970 voient renaître le nombre de lobotomies, Jaubert avance le chiffre de 200 à 300 lobotomies en France en 1975

1976 : aux USA, Susan Sontag, 43 ans, est célèbre, elle a eu un fils d’un mariage éphémère, en 1952 (David Rieff), elle a une compagne Nicole Stéphane, une productrice qui vit à Paris, elle voudrait que le poète russe Joseph Brodsky l’épouse

1976 : aux USA, dans le San Francisco Chronicle, début de la parution des Chroniques de San Francisco d’Armistead Maupin, dont 6 millions de livres seront vendues dans le monde ; Maupin sudiste de Caroline du Nord, militariste mobilisé au Viet-Nam en 1969, réactionnaire issu d’un milieu de petit blancs racistes, et vierge jusqu’à son service militaire dans la Navy, devient à 40 ans porte-parole littéraire de la communauté libertaire gay aux USA ; il a couché avec Rock Hudson et Christopher Isherwod ; il vit dans le quartier de Castro à San Francisco ; dans les années 2000 il tournera plusieurs volets de sa série des Chroniques

1976 : en Grande Bretagne, mort du musicien Benjamin Britten (1913-1976) , amant du ténor Peter Pears (1910-1986), auteur de 6 opéras de 1945 à 1973, le dernier étant Mort à Venise, de plusieurs œuvres musicales, chorales, orchestrales, instrumentales et de musique de chambre, de 1934 à 1975 ; « outsider, il a mis son courage, sa fierté à demeurer marginal, malgré la reconnaissance publique qui lui venait » , homme aux « indomptables indépendances : de goût, d’humeur et, par-dessus tout, de convictions » dira l’un de ses biographes

1976 : le Parti Socialiste diffuse en document Libertés, Liberté rédigé sous la direction de Robert Badinter qui déclare : « L’homosexualité est un comportement sexuel comme les autres »

1976 : à l’occasion de l’inauguration de la boutique Kenzo, Pierre Commoy, photographe né à la Roche sur Yon en 1950 rencontre Gilles Blanchard, jeune peintre havrais né en 1953, ils tombent amoureux et coproduiront des œuvres sous le nom de Pierre et Gilles, ils s’installeront à Paris, rue des Blancs-Manteaux, puis à la Bastille, et enfin au Pré-Saint-Gervais, tout est créé chez eux et fait maison

1976 : enseignante de 52 ans Geneviève Pastre (1924-2012) écrira : « 1976, je me lève, mon combat commence »

1976 : aux USA, les Témoins de Jéhovah à travers leur ouvrage Votre Jeunesse, imprimé en français, en République Fédérale d’Allemagne, mettent en garde les adolescents ; pour eux, si le vol, le mensonge ou la masturbation sont pratiques courantes, ils ne sont pas pour autant convenables, selon eux,  en disant « faites donc mourir les membres de votre corps » l’apôtre Paul disait aux Colossiens « n’excitez pas les membres de votre corps », il précisait dans sa Lettre aux Ephésiens « la fornication, l’impureté, l’appétit sexuel, le désir mauvais et la convoitise » et stigmatisait ceux qui « se sont livrés à l’inconduite, pour pratiquer avec avidité toutes sortes d’impureté », ils précisent pour coller aux propos de Saint Paul que « la masturbation est un acte de convoitise et d’avidité, celui qui se masturbe désire se procurer quelque chose auquel il n’a pas droit, car Dieu a prévu que seules les personnes mariées goûtent au plaisir sexuel » ; puis ils font le lien entre masturbation et homosexualité : « En fait, la masturbation peut être le premier pas qui conduit à l’homosexualité. En effet, ne se contentant plus de se livrer seul à la masturbation, des jeunes ont cherché un partenaire » d’autant que « Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, on ne naît pas homosexuel, on le devient », or selon eux la parole de Dieu est très claire à ce sujet « ceux qui se rendent coupables d’adultère ou de perversions homosexuelles ne possèderont pas le royaume de Dieu » (St Paul aux Corinthiens) ; suivent de nombreuses recommandations pour « Dominer ses Passions » (choix des lectures, exercice physique, prière, partager la chambre avec un membre de la famille, vêtement pas trop serrés, hygiène intime, nourriture équilibrée)

1976 : en Italie, mort du cinéaste Luchino Visconti di Modrone (1906-1976), auteur de grand films « homosensuels » dont Rocco et ses frères, Le Guépard, Mort à Venise, Ludwig : le crépuscule des dieux ; communiste, catholique, aristocrate, homosexuel, il a vécu entre 3 palais la villa maternelle néo-renaissance de Cernobbio sur le lac de Côme (avec ses 10 ha, où il a vécu une bonne partie de sa vie), le palais de Milan, via Cerva, et le château médiéval paternel de Grazzano, près de Plaisance ; ses films font revivre ces traditions et ces cadres majestueux

Début 1976 : lors d’un congrès départemental des Bouches du Rhône de la LCR (ligue communiste révolutionnaire), André Jacquemart, avec l’aide de Jacques Fortin, intervient sur la question homosexuelle, c’est la 1ère fois que la question est posée à Marseille (et l’une des toutes 1ères fois au niveau national), Yves Salesse (officiellement Boris) envoyé par la direction nationale pour réorganiser la fédération des Bouches du Rhône, marque le coup, il est toutefois de ceux qui sauront développer le débat sur militantisme et vie personnelle

Janvier 1976 : parution du n°1 de Sorcières, Les femmes vivent, revue littéraire et artistique, dirigée par Xavière Gauthier

 Janvier 1976 : la CFDT et le Planning Familial organisent une rencontre pour mettre au point des objectifs communs (cf. « sexualité et lutte des classes » Syndicalismes, janvier 1976)

Janvier 1976 : le Document sur certaines questions d’éthique sexuelle diffusé par la Congrégation romaine pour la doctrine de la Foi du Vatican fait l’objet d’étude de la part de David et Jonathan

Janvier 1976 : à Rouen, ouverture du local du GLH ; les membres du GLH distribueront un tract à 3000 exemplaires dans les rues piétonnes Pourquoi avez-vous peur des homosexuels , pourquoi avez-vous peur de votre homosexualité ?

16 janvier 1976 : dans un texte de l’Humanité plusieurs cellules entendent organiser une tribune de discussion lors du XXIIème Congrès du PCF (du 4-8 février 1976) sur le thème « Oui nous sommes contre l’immoralité ! » contre les tenants de la libération sexuelle et la notion de perversion justifiable « les perversions ne relèvent ni de la politique, ni de la police, mais de la science médicale », contre le libre droit à l’exhibitionnisme, aux ballets bleus ou aux ballets roses, cette liberté débridée « ce serait un retour aux mœurs des aristocrates de la cour sous la Régence », ils stigmatisent en même temps le libéralisme amoral de la présidence de Giscard d’Estaing avec la multiplication des films pornographiques à l’affiche ; Guy Poussy écrit : « Il y a des limites. Allons-nous nous prononcer pour le déballage de toutes les fantaisies, la reconnaissance en droit de toutes les perversions ? » ; à partir de là le courrier des lecteurs devient lieu d’un âpre débat ; le GLH 14 décembre (en désaccord avec le GLH PQ animé entre autres par Jean le Bitoux), réagira durement « ni réviso, ni trotskard : on est pédé », ils viseront particulièrement les propos de Pierre Juquin et de Roland Leroy qui dans l’Humanité du 15 mai 1972, avaient  durement tancé les homosexuels d’être venus perturber les manifestations du 1er mai : »notre 1er mai c’est l’imposition à la bourgeoisie, à l’idéologie bourgeoise de notre homosexualité interdite, réprimée, condamnée. »

26 janvier 1976 : parution dans Libération de la pétition « Pour une autre législation sur la sexualité des mineurs »

28 janvier 1976 : l’émission Rencontres de France-Culture est boycottée par le GLH-PQ car elle invite aussi 2 sexologues jugés rétrogrades, Tordjman président de la Société française de sexologie clinique, et Gellman secrétaire général de cette Société (Jean le Bitoux en rendra compte dans le Quotidien de Paris en janvier 1978)

29 janvier 1976 : dans le Monde, le journaliste Pierre Georges se fait l’écho dans « L’enfant, l’amour, l’adulte » du procès qui vise MM. Dejager, Buckhart et Gallien en Cour d’assises des Yvelines pour avoir eu des relations sexuelles avec des enfants, consentants, en 1973, ils sont emprisonnés préventivement depuis cette date ; en janvier 1977 dans le Monde Jean-Luc Hennig rendra compte de leur condamnation pour « attentat à la pudeur sans violences sur mineurs de moins de 15 ans » ; Philippe Verdon soulignera alors dans Rouge l’absurdité et « l’hypocrisie tranquille » qui a laissé en prison « des petits bourgeois sans relations pour les protéger »

Février 1976 : un article « Homosexualité et politique » publié dans La Canaille voit l’homosexualité comme un moyen de lutter contre l’ordre familial bourgeois « l’homosexualité, c’est la négation de la cellule familiale classique, cette cellule si utile pour faire rentrer dans nos petites têtes l’idéologie dominante »

Février 1976 : parution dans le Nouvel Observateur de l’article Naissance d’une autre Histoire de l’homosexualité sur le procès à Aix-en-Provence de 2 policiers soupçonnés d’avoir introduit une matraque dans l’anus de 2 jeunes garçons afin d’obtenir d’eux des aveux à Marseille, dans lequel le Parquet a tenté de dessaisir le juge de cette affaire

Février 1976 : la revue Front Libertaire déclare « la sexualité partie prenante de tout combat politique », et publie un article signé du GLH intitulé « 1975 année de la femme, 19.. année de l’homosexuel ? »

Février 1976 : à Lyon, un groupe non mixte de lesbiennes se crée au sein du Centre des femmes créé en 1975, ce groupe prendra une grande place dans les mouvements lesbiens français jusqu’en 1980, avec en particulier le journal Quand les femmes s’aiment

Janvier 1976 : le GLH-PQ intervient dans les lycées, ainsi un débat sur l’homosexualité se tient au lycée de Sarcelles (Rouge en rend compte en février 1976 )

Février 1976 : à Lyon, le groupe de lesbiennes se réunit au domicile de participantes, puis se rapproche du GLH, au cours de l’année 1977 elles choisiront de se réunir au Centre des femmes « parce que être lesbienne c’est avant tout être femme »

17 mars 1976 : à Marseille, dans le journal alternatif La Criée, parait un article annonçant la fondation d’un Groupe de Libération Homosexuelle (GLH) depuis la fin de 1975 : « Lesbiennes, pédés, arrêtons de raser les murs… Il faut s’organiser pour : rompre l’isolement, combattre honte et angoisse, riposter à la répression, mener la lutte contre l’oppression (brimade, mépris), affirmer ouvertement ce que nous sommes et vivre tels, commencer à refaire la société contre celle-ci et réinventer aussi la vie, contre les tabous, les normes, à notre façon… Le GLH une organisation pour toi, pour nous », l’article conclut « prendre contact avec le journal qui se charge de faire suivre » ; selon certaines informations un 1er dépôt de statuts du GLH, sous ce nom-là, s’est fait en préfecture avec comme membres du bureau Alain Julien, Roland Thélu et Jacques Fortin, on faisait alors parfois des repas chez Alain Julien qui connaissait un couple d’adhérents d’Arcadie, Bibi (Alain Abignoli) est membre d’Arcadie ; le GLH de Marseille déposera des statuts sous le nom de CORPS (centre ouvert de recherche populaire sur la sexualité), il s’installera au 41 rue de la Palud dans le 1er arr. à côté de l’église de la Palud, Jean Rossignol en est le secrétaire ; le GLH existe de façon informelle dans les locaux du journal La Criée (dont Jean a été à un moment directeur de la publication), d’abord groupe regroupant des homosexuels et des hétérosexuels sur la question des tabous sexuels ; quelques beaux moments de cette période resteront dans les mémoires, comme cette sortie à la baie des singes, après les Goudes, face à l’île Maïre, où les deux Jacques, alors amants, Fortin et Girard, Jean-Pierre Léonetti et bientôt d’autres « fondateurs » (Alain Abignoli, Marco Lemaire) sont étendus sur les rochers en écoutant les airs d’opéra chantés par Marie-Pierre (sœur aînée de celui que le GLH appellera Arthurette) ; le 24 mars dans le même journal, l’existence d’un GLH est annoncé à Aix-en-Provence, il se réunit tous les jeudis de 18h à 19h à la Faculté de Lettres ; la Criée du 28 mars annonce un débat dans les locaux du journal, allées Gambetta, le dimanche 2 mai à 20h30 sur le thème Le sexe qu’est-ce que c’est ?

Mars 1976 : le père Riquet écrit dans le Figaro que c’est à sa demande de président d’honneur de l’Union nationale des Déportés qu’une grille a été installée autour du mémorial de l’Ile de la Cité (un an auparavant une délégation du GLH était venue déposer une gerbe pour les déportés au triangle rose)

Mars 1976 : Libération publie un article de Marie-Jo Bonnet « Vivre et s’aimer entre femmes »

Mars 1976 : en Belgique, un tribunal international pour les crimes contre les femmes est instauré à Bruxelles, il réunit pendant 5 jours plus de 2 000 femmes venus de 46 pays, il donne lieu à des témoignages de femmes abusées sexuellement qui témoignent des crimes qu’elles ont vécus ; toutes les séances, ainsi que les conclusions sont réservées aux femmes, ce qui est mal perçu et joue en leur défaveur pour la publicité de leurs débats

15 mars 1976 : interrogé par Claude Courouve qui diffuse le bulletin de l’ALEPH, le Dr Sadoun, directeur de l’unité 110 de l’INSERM, responsable à ce titre de la Classification française des Troubles mentaux et membre de la commission pour la 9ème révision de la Classification internationale des maladies de l’OMS, qui, l’une et l’autre, classent l’homosexualité parmi les « troubles mentaux« , répond que : « L’homosexualité doit rester mentionnée dans la classification comme l’occasion pour laquelle les malades consultent. C’est l’homosexualité qui est la cause de la souffrance amenant à consulter. », il poursuit cependant par : « Personne de sérieux ne prétend que l’homosexualité soit une maladie mentale chronique. »

17 mars 1976 : mort du metteur en scène italien Luchino Visconti (1906-1976), il assume dès sa jeunesse son amour des garçons, il aura quelques liaisons avec des femmes célèbres, à 29 ans son père veut le marier il refuse, il est à Paris assistant de Renoir, Coco Chanel lui présente Horst P. Horst, photographe de Vogue, dont il devient l’amant ; l’homosexualité sera constamment présente dans son oeuvre depuis Les Amants diaboliques (Ossessione) en 1942, Senso en 1954, Rocco et ses frères en 1960, Le Guépard en 1963, Les Damnés en 1969, Mort à Venise en 1971, Ludwig en 1973, Violence et passion en 1974, il choisit des hommes beaux pour les premiers rôles Faerley Granger dans Senso, Renato Salvadori dans Rocco et ses frères, Alain Delon dans Rocco et ses frères et dans Le Guépard, Helmut Berger dans Les Damnés et dans Violence et passion, dans Senso son amant déclaré est son assistant Franco Zeffirelli, pour Alain Delon il montera au Théâtre de Paris Dommage qu’elle soit une putain de John Ford en 1961 et tournera Le Guépard, son dernier film L’Innocente en 1976 est inspiré de Gabrielle d’Annunzio ; il a mis en scène plus de 10 opéras et près de 50 pièces de théâtre ; après sa mort Helmut Berger publiera les lettres d’amour qu’il a reçues de Visconti

Avril 1976 : Philippe Verdon dans Rouge dénonce le terrorisme quotidien de la lobotomie (15 000 personnes amputés ainsi du cerveau depuis la guerre), et le journal rapporte les propos du Pr Mazars, de l’hôpital Sainte-Anne à Paris selon lequel « il y a un certain nombre d’individus qui sont à tout jamais des plantes… qu’il faudrait supprimer… à la naissance » ; Rouge cite le nom de médecins qui pratiquent a lobotomie : Pr le Beau à la Salpêtrière, Guy Lazorthes et J. la Boucarie à Toulouse, le Pr T. Lemperière à Colombes, et d’autres services médicaux ; un autre article de Rouge « la bisexualité sous le bistouri » indiquera que certains psycho-chirurgiens préconisent une intervention systématique sur les homosexuels, les pédophiles et les hétérosexuels atteints d’hypersexualité (masturbation fréquente, grande activité sexuelle), et précise que certains médecins comme le Pr Müller de Hambourg présentait en 1974 ce traitement comme une castration

5 avril 1976 : aux USA, mort de la plus grosse fortune du pays Howard Hughes (1905-1976), fils de l’inventeur d’un procédé de forage pour le pétrole, installé à Hollywood il devient producteur de films à succès (Hell’s Anger, Scarface, The Outlaw), il a quelques beaux acteurs pour amants, comme Tyrone Power ; passionné d’aviation il fonde sa compagnie aérienne et devient le champion des pilotes avec le record de vitesse autour du monde en 1938, mais il connait un échec retentissant avec son projet d’hydravion géant, ne parvenant pas à le faire décoller ; il se marie et divorce à deux reprises, puis le play-boy mondain adulé devient un loup solitaire, obsédé par les microbes

6 avril 1976 : sur France-Culture, émission sur le droit d’être homosexuel avec André Baudry et le pasteur Dumas ; les anciens du groupe jeune expulsés d’Arcadie qui ont fondé Philandros, viennent perturber l’émission

15 avril 1976 : à Bordeaux, les GLH profite d’une mobilisation étudiante pour organiser une réunion où sont présentes plus de 50 personnes

20 avril 1976 : parution du n°1 de l’Agence Tasse à 600 exemplaires, le 2ème n° sera tiré à plus de 1 000 exemplaires (il fera appel à tous les groupes homosexuels en gestation pour s’y exprimer) et le 3ème à 1 300, diffusé par abonnement, bimensuel artisanal, sous pli fermé, réalisé par 7 rédacteurs bénévoles dont Alain Huet (qui appartient à la tendance GLH 14 décembre) l’un des seuls à signer de son vrai nom, tout lecteur peut envoyer des textes, l’équipe ne faisant que les centraliser et les répercuter, sur la base de la « contestation de la norme, de l’ordre et de l’organisation de la société » ; 35 numéros verront le jour jusqu’au printemps 1979 ; en avril 1977 ses rédacteurs lanceront une revue intitulée Diff/Eros

22 avril 1976 : décès de la peintre allemande Jeanne Mammen (1890-1976), dans ses aquarelles des années 1920-1930 elle représente des lesbiennes en costumes androgines,  dans le cadre de l’Eldorado; ses caricatures des garçonnes en costumes d’hommes dans la revue Simplissimuss sont restées célèbres, elle doit illustrer par des lithographies La Chanson de Bilitis de Pierre Louÿs, mais l’arrivée des nazis au pouvoir bloque la publication et entraine la destruction des ébauches, quelques dessins survivent qui montrent des scènes de tendresse entre deux amantes ; elle surmonte la persécution et recommence à dessiner après la guerre

24 avril 1976 : Libération analyse le meurtre de Pasolini, en novembre 1975, et considère que le discours prononcé régulièrement par le pape est un discours criminel, consacrant la violence exercée quotidiennement contre les homosexuels

25 avril 1976 : le GLH-GB se rend au Mémorial de la Déportation, à l’occasion de la Journée du Souvenir,  accompagné de lesbiennes du GLF (groupe de lesbiennes féministes) ; leur gerbe est piétinée par un représentant d’une association de déportés car elle « salit » la mémoire de millions de martyrs du nazisme

Mai 1976-mai 1977 : parution bimensuelle de la revue Diff/Eros, réalisé par l’équipe de l’APPELS qui réalise déjà le bulletin Agence Tasse, le bulletin est au début intégré dans la revue ; le n°35 de l’Agence Tasse sera la dernière parution de l’APPELS

Mai 1976 : création de la coordination des femmes noires antillaises et africaines en France, une brochure paraîtra en juillet

Mai 1976 : parution du n°1 de L’information des femmes, journal de liaison des groupes de femmes, dirigé par Michèle Baron, le journal sera absorbé en janvier 1979 par Des femmes en mouvements

Mai 1976 : à Lyon, le GLH organise la Quinzaine homosexuelle au Cinématographe

Mai 1976 : le GLH de Bordeaux, soutenu par le GLH PQ parisien, fait paraître le 1er bulletin des GLH de province, il fera paraître en janvier 1977 le  2ème numéro ; en avril 1977 c’est le GLH de Mulhouse qui réalisera ce Bulletin national ; et 2 documents de juillet et octobre 1976 ayant pour titre Réflexions, bulletin intérieur pour le débat d’orientation seront diffusés par le GLH PQ (avec ses militants expérimentés comme Jean Nicolas et Jean Le Bitoux) qui réalise aussi un Dossier de presse sur l’homosexualité ; à Rouen le GLH distribue un tract en 3 000 exemplaires dans les rues piétonnes, les marchés et l’université ; à Lyon le GLH organise une quinzaine homosexuelle au Cinématographe ; le GLH-GB lance une pétition contre la discrimination des homosexuels par l’intermédiaire du MES (mouvement pour l’égalité sexuelle) ; le manifeste du GLH de Rennes indique que son but est de »lutter efficacement contre l’oppression en construisant un mouvement fort et structuré », le GLH (groupe de libération homosexuel) tient ses permanences les mercredis et samedis (26 rue Saint-James), il diffuse un tract : « Non à la répression quotidienne et légale de l’homosexualité, homosexuels et homosexuelles, sortons du silence, organisons-nous », dans une circulaire à destination de tous les GLH indique que « suite à une rencontre des copains d’Aix, Bordeaux, Rouen, Strasbourg à la dernière AG du GLH-PQ, on a pensé qu’un premier as vers le développement d’une liaison plus directe entre les groupes serait la création d’un bulletin province » et invite le différents groupe à répondre à un certain nombre de questions

1er mai 1976 : à Paris, lors du défilé traditionnel du 1er mai, homosexuels et lesbiennes défilent derrière le cortège du MLF ; le cortège des femmes est pris à partie par des syndicalistes CGT : insultes, injures, violences physiques ; les lesbiennes du GLF reprochent aux homosexuels leur phallocratisme et leur sexisme ; un article du journal lesbien Quand le femmes s’aiment a déploré une « fixation sur la bite » de la part des hommes, et leurs préoccupations très masculines sur les lieux de drague dans les pissotières ; la CGT s’exprimera ainsi dans Libération  du 15 mai 1976 « les mots d’ordre des homosexuels, des lesbiennes… n’ont rien à voir avec la lutte des classes et les revendications ouvrières »,  ce sont les mêmes propos que tient Pierre Juquin du PCF dans le Nouvel Observateur (c’est lui qui institue toutefois une commission homosexualité auprès de la direction du parti), tandis que Jacques Duclos, dirigeant historique du PCF, affirme « la classe ouvrière n’aime pas les pédés »

14-16 mai 1976 : l’Agence Tasse tient un stand à la fête de Politique hebdo de Lyon, ; elle participera aussi quelques mois plus tard aux Etats généraux du PSU ; le GLH de Bordeaux de son côté entreprend des contacts avec les partis politiques de gauche et d’extrême gauche  (PCF, LCR, PS, PSU)

19 mai 1976 : sortie en France du film de Pier Paolo Pasolini Salo ou les 120 Journées de Sodome, Pasolini transpose dans la République de Salo en septembre 1943 en Italie – près du Lac de Garde où les nazis avaient installé Mussolini Les 120 journées de Sodome du marquis de Sade dont l’action se passe à la fin du règne de Louis XIV (vers 1710-1715) ; le film sort quelques mois après la mort tragique de Pasolini

22-23 mai 1976 : rencontre nationale des Lesbiennes organisée par les lesbiennes de Paris et d’Orléans sur le thème « Quelle mixité possible du mouvement homosexuel et quelle parole des femmes lesbiennes dans le mouvement des femmes ? »

Juin 1976 : parution du n°1 du Bulletin du GLF (groupe des lesbiennes féministes)

Juin 1976 : dans Rouge, le GLH-PQ déclare nous voulons « intégrer l’homosexualité dans le corps social comme une composante à part entière de la sexualité humaine »

9 juin 1976 : à Marseille, dans le journal alternatif La Criée, parait un article intitulé « Les luttes de désir » réclamant « la liberté la plus élémentaire celle d’être soi-même » se référant aux docteurs F. Guattari, R. Gentis, J. Carpentier « Nous sommes tous semblables avec nos problèmes d’hommes, toujours les mêmes. Et chaque fois qu’on veut en parler ouvertement on se fait taper dessus. C’est que le désir est révolutionnaire… Ton désir que tu crois inexprimable et qui te lamente, il faut l’exprimer, le gueuler, le faire comprendre…. A partir de la semaine prochaine nous publierons toutes vos lettres… Nous commencerons par une interview du Dr Elise Salem, inculpée pour avoir prescrit des hormones femelles à un travesti mineur.» ; le journal publie un autre article sue l’interrogatoire très long qu’ont du subir six femmes du MLAC d’Aix inculpées pour avortement, et confrontée à la jeune mineure Chantal dont les parents ont porté plainte

16 juin 1976 : à Marseille, le journal alternatif La Criée publie une interview du Dr Elise Salem : « Une plainte a été déposée par la mère d’un mineur travesti de 17 ans qui se prostitue depuis l’âge de 12 ans. Le Dr Salem ne recevait que des travestis qui avaient déjà pris des hormones et les suivait surtout d’un point de vue médical… 12 travestis sur les 85 officiellement recensés par les services de la DDASS consultaient le Dr Salem. » ; installée rue Curiol, le Dr Salem reçoit des garçons qui se prostituent dans la quartier entre La Plaine, la Canebière, bd Garibaldi et cour Lieutaud, mais aussi sur le Prado, nombre d’entre eux la sollicite pour obtenir des hormones de féminisation ; l’affaire fait grand bruit, elle marque le début d’un long chemin vers le choix de transition sexuelle et de transition de genre

19 juin 1976 : dans Libération paraît la lettre anonyme d’un pédophile, Paul « Je ne veux pas jouer à l’adulte » qui évoque son désir à la lecture du n° spécial de Recherches, 3 milliards de pervers en 1973 : « Quand pourrais-je, enfant nu, promener sur ton corps mes doigts tremblants, m’attarder sur la courbe de tes reins, au pli de l’aine… Pourtant rien n’est plus beau au monde que les fesses d’un garçon de 12 ans »

19 juin 1976 : l’artiste Michel Journiac réalise une performance, macabre et poétique, Rituel pour un autre, d’art corporel sur un cercueil d’enfant marqué de son propre nom faisant jaillir du « sang », mimant la liturgie catholique, la transmutation et la mort

21 juin 1976 : dans Libération, Jean-Luc Hennig analyse les mobilisations homosexuelles : « ce qui compte pour l’instant, c’est peut-être plus de mesurer leurs forces, de constituer un vaste mouvement (comme outre-atlantique) qui puisse mettre en échec dans l’immédiat le système répressif qui les mutile, les humilie »

25-26 juin 1976 : fête du GLH-GB et du GLF à Vincennes, qui rassemble plusieurs centaines de personnes en mémoire de Stonewall ; c’est le « 1er grand rassemblement des homosexuels en plein air » selon Jean-Luc Hennig dans Libération

26 juin 1976 : à Paris, à la Mutualité 10 h contre le viol, des milliers de femmes y participent, meeting consécutif aux violences sexistes apparues lors du cortège du 1er mai, sur le thème « Viol de droite, viol de gauche, même combat »

26 juin 1976 : mort du photographe américain Minor White (1908-1976), sa première exposition se tient au musée d’art de Portland, il crée un monde de rêve autour de paysages et d’objets abstraits ; il devient professeur à l’Art Institute oif San Francisco, il dissilule son homosexualité qui apparaît plus tard en 1947  dans ses études du corps masculin ; en 1953 il fonde le magazine d’art Aperture qui est très apprécié des lecteurs anglo-saxons

27 juin 1976 : à Marseille, décès du travesti Daniel Grosso, 23 ans ; une controverse suit pour savoir s’il est décédé des suites d’un traitement hormonal féminisant, comme le dit la police, ou d’injection d’un mélange de talc, de quinine et d’un médicament à base de morphine ; une soixantaine de travestis s’adonnent, comme il le faisait, à la prostitution et ont recours à la chirurgie plastique pour se donner une apparence féminine, ce qui est aussi mis en cause ; le Dr Geller, hormonologue, affirme que des ingestions d’hormones oestrogènes n’aurait pas pu le tuer, des hormones thyroïdiennes en revanche pour un traitement amaigrissant sont beaucoup plus dangereuses selon plusieurs médecins, le Dr Elise Salem accusée par ailleurs d’avoir prescrit des injections massives d’hormones à un mineur de 16 ans,  est mise en cause par la partie civile et par l’Ordre des médecins des Bouches du Rhône

Juillet 1976 : constitution d’un groupe homosexuel à Orléans

Août 1976 : première petite annonce « Chéri(e) » dans Libération. Pour ce type d’annonce, Libération passera en correctionnelle en mars 1979

Septembre 1976 : le GLH de Mulhouse indique qu’il a accueilli 79 hommes et 6 femmes depuis sa création en mars 1975

9 septembre 1976 : en Chine, mort du président Mao-Tsé-Toung (1893-1976), son médecin rapportera qu’il avait de nombreuses concubines mais aussi de jeunes serviteurs beaux et vigoureux, ils le massaient pour l’aider à s’endormir, y compris au niveau du bas ventre, jusqu’au jour, en 1960, où l’un de ses garde refusa de s’y conformer « C’est un travail pour femme, pas pour moi ! » dit-il, et qu’en 1966, à 73 ans, Mao entièrement dévêtu attira un autre jeune dans son lit ; Mao poursuivait la tradition antérieure à la Révolution qui faisait qu’il y avait beaucoup d’homosexualité à la cour comme dans le peuple ; pour autant Mao ordonna la persécution des homosexuels et instaura la peine de mort pour sodomie

Octobre 1976 : création du Centre du Christ Libérateur (CCL) par le pasteur Joseph Doucé ; peu après parution du n°1 de Ilia (Il libère, il aime), bulletin d’information du CCL directeurs de publication Joseph Doucé et A. Barault ; le pasteur baptiste, homosexuel, Joseph Doucé, présente l’association comme un lieu d’accueil pour les minorités sexuelles ; le CCL prend le statut d’association en 1977, il met en place des permanences téléphoniques, colloques, conférences-débats, pétitions ; le CCL est alors la 1ère structure d’accueil et d’aide aux transsexuels

Octobre 1976 : à Marseille, au GLH qui tient depuis quelques mois ses 1ères réunions dans les locaux du journal la Criée, avenue Léon Gambetta, Jean-Marie Bado, 17 ans et demi arrive (il s’impliquera bientôt dans la Mouvance Folle Lesbienne d’Aix-en-Provence en devenant l’amant de Patrick Cardon), il y a alors Jean Rossignol (Arthur), Jacques Fortin (la présidente), Jean-Pierre Léonetti (Léon), Alain Abignoli (Bibi), Jacques Girard (la grande Zoa), Bernard Jouaneau (Arthurette) et Marco Lemaire qui a 18 ans ; le groupe rassemble déjà peu ou prou une vingtaine de garçons, les activités se développent, internes et externes

Octobre 1976 : à Tours, le GLH mixte diffuse un texte conclu par « Pour en finir avec les rôles masculin et féminin, pour arriver un jour à investir nos énergies ailleurs que dans la lutte homosexuelle », avec deux objectifs affiché « un GLH révolutionnaire » (face à l’oppression idéologique et institutionnelle, face à la répression et l’exploitation, aux rapports qui lient le capitalisme, la phallocratie et la répression de la sexualité, pour établir un lien avec le mouvement révolutionnaire) et un « GLH mixte » (pour construire une lutte commune avec les femmes face à la phallocratie) ; le GLH diffuse un tract « Pourquoi un groupe des homosexuels à Tours ? » et annonce une permanence tous les vendredis de 18h à 20h

Octobre 1976 : le journal de la LCR, Rouge rapporte que des membres du GLH-PQ ont créé une commission sur l’homosexualité pendant la semaine de l’Ecole émancipée dans les Landes

Octobre 1976 : le PCF exprime de sévères critiques à l’égard des homosexuels, Pierre Juquin déclare au Nouvel Observateur « l’homosexualité et la drogue n’ont rien à voir avec le mouvement ouvrier » et Jacques Duclos affirme « la classe ouvrière n’aime pas les pédés » (comme le rapporte le Dossier sur l’homosexualité du journal de l’OCT Révolution !), et en 1977 Pierre Juquin sera chargé de la commission homosexualité du PCF mais celle-ci n’aura pas de fonctionnement véritable ; en revanche les organes de presse gauchistes s’ouvrent peu à peu à l’homosexualité, sous l’impulsion des luttes féministes en particulier, ainsi des articles paraissent dans Point noir, Front Libertaire (des anarchistes de ORA), Crosse en l’air (des comités de soldats du CDA), Rouge (des trotskystes de la LCR), Tribune socialiste (du PSU), Révolution ! et l’Outil-Révolution (des trotskystes de l’OCT)

5 octobre 1976 : le n° 10 de l’Agence Tasse récapitule les poursuites dont ont été victimes les homosexuels au cours des années 70 en vertu de l’article 330 al.1 du code Pénal, concernant le seul délit d’homosexualité : 306 personnes poursuivies en 1971, 297 en 1972, 251 en 1973, 147 en 1974, 179 en 1975 et 117 en 1976 soit 1 291 personnes poursuivies en 6 années, mais 424 personnes avaient été condamnées en 1966

15 octobre 1976 : le GLH-PQ déclare dans Révolution ! qu’il entend favoriser le rapprochement des mouvements politiques de gauche et d’extrême gauche et des mouvements homosexuels en tentant de casser le mythe du « tous des malades » ou du « tous des bourgeois »

21 octobre 1976 : le journaliste de Libération, Georges Marbeck s’insurge dans « Les mineurs, le cul, le pouvoir » contre l’interdiction aux mineurs de 18 ans, génératrice de refoulement et de frustration, de nombreux films (dont Salo, ou les 120 jours de Sodome, Spermula, J’ai le droit au plaisir, 1900, L’Empire des sens, Hommes entre eux)

31 octobre 1976 : mort de l’architecte et designer irlandaise Eileen Gray (1878-1976), elle créé à Paris dans les années 1922-1930 le temple du mobilier Art déco et s’est rendue célèbre par ses villas édifiées à Roquebrune-Cap Martin et à Menton entre 1927 et 1934, en particulier la villa E-1027 (pour Eileen-Jean Badovici Gray, 10ème, 2ème et 7ème lettre de l’alphabet) réalisée avec Jean Badovici sur la commune de Roquebrune-Cap-Martin, ou la villa Tempe a Pailla à Menton ; elle affichait fièrement son amante Damia, fréquentant les lesbiennes célèbres d’Europe Romaine Brooks, Natalie Barney, Gabrielle Bloch et son amante Loïe Fuller

10 novembre 1976 : mort du poète suisse romand Gustave Roud (1897-1976), son Journal qui paraîtra en 2022, permettra de mieux comprendre que le désir de sa vie portait sur ses amis paysans, son homosexualité n’a jamais été nommée, elle est allée d’un désir secret à un autre,il exalte son désir érotique dans sa poésie, il a désiré une douzaine d’hommes tout au long de sa vie, il parle de la beauté des visages, du lisse de leurs torses, des bras gonflés, il aimerait pouvoir toucher ces épaules, ces mains mais ne le peut pas, il les photographie, il a appris de son père le maniement des appareils, il laisse 13 000 photos qu’il a développé lui-même et agrandies ; dans son recueil Campagne perdue il dit son désarroi devant la modernisation de l’agriculture qui tue les gestes ancestraux ; il vivait avec sa soeur Madeleine, à Carrouge, où de jeunes écrivains comme Jacques Chessex et Maurice Chappaz venaient le voir

Décembre 1976 : Jean Le Bitoux, du GLH P-Q, dresse un état des lieux des GLH, à Paris et en France ; il explique le contexte de Paris où des anciens du FHAR et des membres exclus de la commission jeunes d’Arcadie avaient fondé le premier GLH autour du manifeste en 7 points de l’association Philandros issue d’Arcadie, mais le 2ème week-end de décembre 1975, 3 groupes se sont distingués, la tendance Groupe de base qui refuse le débat d’orientation » (le texte de Philandros leur suffit et ils partent de l’oppression spécifique des seuls homosexuels), la tendance Politique et Quotidien (« qui se veut d’un impact plus global et en liaison avec le mouvement des femmes et le mouvement ouvrier, sans mettre de côté l’oppression spécifique des homosexuels »), ce jour-là il « quitte la salle des débats après la présentation d’un texte misogyne et antiféministe » qui regroupait la future tendance du 14 décembre (qui « revendique autant de discours que d’individus ») soit « 3 types différents d’actions, de débats et de recrutement » ; à travers la France il dénombre 20 GLH ; enfin il annonce qu’une rencontre nationale doit se tenir dans le courant de l’année 1977

Décembre 1976 : le n°11 de Critique Communiste consacre un dossier à l’homosexualité joignant défense de l’homosexualité et analyse politique marxiste, Jean Nicolas journaliste à Rouge en est l’un des auteurs

Décembre 1976 : le GLH de Mulhouse établit une liste des 28 groupes homosexuels – ou projet de GLH – qui se sont constitués en France (mais certains ne sont parfois qu’un nom ou qu’une adresse, comme le GLH de Brest) ; à Montpellier, les membres du groupe homosexuel qui s’était constitué en 1975 se dispersent « pour différentes raisons » ; les milieux intellectuels et étudiants caractérisent ces groupes bien davantage que les milieux ouvriers, le contexte est à la discrimination intense et à la discrétion, certains groupes se réunissent dans des arrière-boutiques (la librairie Lib 33 à Bordeaux, le restaurant les Tables Rabattues à Lyon, le journal alternatif La Criée à Marseille), d’autres dans des locaux mis à disposition par une association (un club de science-fiction à Rouen) ; le 10 décembre le GLH d’Orléans organise un événement

4 décembre 1976 : mort du grand compositeur britannique Benjamin Britten (1913-1976), il était hanté par l’idée de culpabilité et d’innocence ; il a connu les plus grands musiciens du siècle et fondé le festival d’Aldeburgh, un centre de formation musicale, un orchestre et une Fondation, sa production lyrique et symphonique en fait l’un des classiques du XXème siècle ; son intimité avec le ténor Peter Pears, rencontré en 1936 aux USA et avec lequel il a vécu toute sa vie, sera immortalisée à la National Portrait Gallery ; W.H. Auden l’a encouragé à ne pas dissimuler son homosexualité, il a composé de nombreux choeurs d’enfant et créé des rôles d’adolescents chantés par des hautes-contre, et choisi l’homosexualité comme sujet de plusieurs opéras depuis 1945 (Peter Grimes, The Turn of the Screw, Billy Budd, Mort à Venise) ; dans Peter Grimes, riche de toutes les ambiguïtés, l’ogre est accusé d’avoir tué son apprenti mort en mer, il est fou de tristesse et le mystère de la faute sexuelle entoure le personnage

10 décembre 1976 : à Orléans, le GLH  organise un débat public

14 décembre 1976 : dans Libération, Alain Dugrand médiatise les amitiés particulières de 2 adolescents de 16 ans et 17 ans dont le plus jeune a été renvoyé du collège des Guarrigues pour homosexualité après avoir tenté d’organiser l’évasion de son ami, alors que la presse locale et les gendarmes ont passé l’affaire sous silence

 

Fin des années 1970 : parution de nombreux textes féministes sur le plaisir, de Luce Irigaray, Hélène Cixous, Julia Kristeva ou Monique Wittig, à la faveur des combats pour la contraception et pour l’avortement, c’est aussi l’essor des journaux féminins pour que la jouissance des femmes acquière droit de cité

 

1977-1987 : Hervé Guibert échange une correspondance suivie avec Eugène Savitzkaya qui commence lorsqu’ils ont l’un et l’autre 22 ans, ils sont « frères d’écriture », dans leur Correspondance qui paraîtra en 2012 désir, sexe et écriture sont profondément liés

1977-1978 : apparition des premières vidéos lesbiennes, dont le sujet est lesbien et réalisés en majorité par des militantes lesbiennes, comme Charades de Catherine Lafourcade (désormais perdu) et Manifestation contre la répression de l’homosexualité réalisé par Cathereine Lafourcade et Dominique Poggi dans le cadre du groupe Lézard et péril mauve

1977 : Cinéma : « Une journée particulière«  avec Marcello Mastroianni et Sophie Loren, d’Ettore Scola, « La Conséquence » de Wolfgang Petersen. Variétés : Joan Baez (The Alter Boy and the Thief), Village People (San Francisco), Rod Stewart (The Killing of Georgie). Sex Pistols (New York), Starmania (opéra rock de Michel Berger, avec le titre vedette Un garçon pas comme les autres, Ziggy, chanté par Fabienne Thibeault)

1977 : le Dictionnaire encyclopédique Quillet définit « Inversion sexuelle : déviation pathologique qui fait qu’un être homme ou femme n’éprouve de désirs sexuels que pour un être de son sexe » ; le Petit Robert définit le mot Inverti : « personne atteinte d’inversion sexuelle »

1977 : la sphère de la culture et du show-business devient perméable à la question homosexuelle, Michel Berger et Fabienne Thibault dans Starmania avec Un garçon pas comme les autres (Ziggy), Patrick Juvet avec « les rêves immoraux des garçons enlacés » ou encore les sous-entendus de Charles Trenet en 1978 avec L’Abbé à l’harmonium et La flûte du maire

1977 : parution de Le Bal des folles de Copi, la topograghie parisiennes apparaît avec les nombreux clubs de St Germain des Près et les pissotières du Bd Magenta, le club Pimm’s, le bar-restaurant Le Fiacre, le sauna Continental Opéra, au FHAR Copi s’est rallié aux travestis radicaux des Gazolines, il fait de Marylin une figure qui se produit à l’Alcazar, prostituée sado-masochiste

1977 : en France, luttes et manifestations contre les mutilations sexuelles ; dans la presse chasse aux sorcières stigmatisant les féministes ; qu’elles soient ouvertement ou secrètement féministes, elles sont qualifiées de terroristes ; parution du n°1 de la revue du courant féministe du parti socialiste Mignonnes allons voir si la rose, dirigée par Mireille Bourgat ; parution du livre de Mmes Pisan et Tristan Histoire du MLF

1977 : parution du livre de Guy Hocquenghem La dérive homosexuelle « Notre homosexualité n’est pas une valeur révolutionnaire qu’il s’agirait d’étendre au monde entier, mais une situation permanente de remise en question. L’univers où se réalise la liberté du désir à construire »… « Notre trou du cul est révolutionnaire » : l’amour entre deux hommes permet de dépasser les identités de genre dans la relation sexuelle et la pratique sexuelle (la sodomie) est une pratique réversible qui permet le dépassement infini des rôles ; l’homosexualité « politique » a perdu son pouvoir de subversion des normes et des institutions sociales, il raille l’importation du modèle américain qui a créé une sorte de communauté qui se tourne vers l’Etat et les institutions pour obtenir un certain nombre de droits ; il critique les « mouvements contestataires » qui deviennent « assez puissants pour devenir à leur tour fondateurs de répressions nouvelles », « la chance de l’homosexualité réside, même pour un combat de libération, dans le fait qu’elle est perçue comme délinquante »  ; « L’apparente libéralisation dont on glorifie l’homosexualité, sa reconnaissance, presque sa prise de pouvoir, se traduisant par un déplacement des marges répressives – nomade, j’ai suivi comme un pillard les armées en marche – et une épuration des contenus homosexuels. La pensée juridique s’apprête à baliser, sanctionner ce déplacement – recentrement – : les représentations du fait homosexuel, pourraient disparaître du code, à condition que l’homosexuel présente désormais une définition sexuelle acceptable » ; « Nommée il y a un siècle par la psychiatrie, avouée-revendiquée il y a 10 ans aux USA, puis en Europe, l’homosexualité est peut-être à la veille de s’achever aux deux sens du terme dans une société sexuellement organisée où elle ne serait plus ni ferment de discorde ni court-circuit » ; il stigmatise la figure de l’Educastreur » contre laquelle il faut lutter et s’insurge contre « l’idéologie sexuelle régnante qui affirme que la seule maturité sexuelle est la génitalité » et souligne que l’article 331-3 du code pénal est « presque le seul point sur lequel la loi réprime l’homosexualité » ; le livre cite une phrase du psychiatre André Morali-Daninos auteur de Sociologie des relations sexuelles (Que sais-je ?) : « Si l’homosexualité recevait, même en théorie, un semblant d’approbation, si on lui permettait de sortir ne fut-ce que partiellement du cadre de la pathologie, on arriverait à l’abolition du couple hétérosexuel et de la famille qui sont les bases de la civilisation occidentale dans laquelle nous vivons » ; et parution de livre coécrit par Jean-Louis Bory et Guy Hocquenghem Comment nous appelez-vous déjà ? ces hommes que l’in dit homosexuels, Bory y expose la nécessité d’accepter l’homosexualité comme elle est (tendance plutôt réformatrice d’égalité et d’intégration), Hocquenghem prône une éthique et une esthétique de la subversion dans sa nouvelle Oiseau de nuit) (tendance plutôt révolutionnaire)

1977 : parution du livre de Daniel Guérin Le Feu du sang, autobiographie politique et charnelle dans lequel Daniel Guérin fait un lien étroit entre libération sexuelle et révolution politique ; en 1970 Daniel Guérin avait reçu une lettre de Michel Bouy van Helzie qui allait dans son sens « Je ne peux pas concevoir personnellement et affectivement l’homosexualité autrement que comme le seul comportement amoureux possible découlant de l’attitude révolutionnaire » ;  l’extrême gauche est incapable d’entendre de tels propos, entre Jacques Duclos du PCF qui a déclaré en 1971, lors d’une intervention de membres du FHAR à la Mutualité : « Allez vous faire soigner bande de pédérastes, le PCF est sain » et Lutte ouvrière qui déclare au milieu des années 1970  « L’homosexualité est un vice bourgeois absent de la classe ouvrière »

1977 : parution du livre de Yves Navarre le Petit galopin de nos corps, il a évoqué le monde des folles dans Lady Black, en 1971, et « l’homosexualité noire » de New-York dans les Loukoums, en 1973, avec une vision pessimiste de l’homosexualité, il n’est préoccupé ni par une éventuelle écriture homosexuelle à laquelle il ne croit pas (« je ne me suis jamais préoccupé d’écrire homosexuel » dira-t-il en 1980 au congrès d’Arcadie), ni par une capacité de l’homosexualité de transcender les identités, les classes ou les générations, il célèbre pourtant l’homosexualité franche, il recevra le prix Goncourt pour le Jardin d’acclimatation, son dernier livre posthume sera Dernier dimanche avant la fin du siècle en 1994

1977 : parution du livre de Jean-Louis Bory Le Pied, il avait écrit La Peau de zèbres en 1969, le récit autobiographique Ma moitié d’orange en 1973, il se fait connaître par ses articles dans le Nouvel Observateur et par sa participation à l’émission radio Le Masque et la plume, il dit sa difficulté de vivre son homosexualité dans une société qui la rejette, il plaide la cause de l’homosexualité avec humour et vivacité, avec courage et ténacité, comme dans l’émission avec le Docteur Amoroso (qui le traite de « dégénéré » et publiera en octobre 1977 Le Contre-Pied), animée par Philippe Bouvard, ou en janvier 1975 aux Dossiers de l’écran : « Je ne dis pas que je suis homosexuel, parce que j’en ai honte. Je ne dis pas que je suis homosexuel parce que j’en suis fier. Je dis que je suis homosexuel parce que cela est »

1977 : parution de Les passions schismatiques de Gabriel Matzneff, il écrit « Mes amis pédophiles peuvent témoigner que ce n’est qu’exceptionnellement que j’utilise les réseaux de notre secte où on se refile les gosses et où l’unique séduction est celle du portefeuille » ; on apprendra plus tard que le 5 octobre 1977 il dédicace « en signe de fidèle amitié » son livre aux parents d’une fillette qu’il fréquente depuis ses 4 ans et continuera à fréquenter jusqu’à ses 13 ans, et chez qui il est souvent convié dans un hôtel particulier, il est ami intime du père adoptif de cette fillette (devenue adulte, ce n’est qu’en 2023 que celle-ci révèlera les faits et portera plainte, son frère contresignera ces faits mais ne se mêlera pas à son action judiciaire « pour ne pas replonger dans un passé douloureux »)

1977 : à Marseille, Patricia Guillaume entreprend à 21 ans des études aux Beaux-Arts à Luminy et intègre le Groupe femmes, un groupe de parole des différentes facultés du site, après une adolescence particulièrement douloureuse car ses parents l’avaient internée en psychiatrie parce qu’elle était lesbienne, « J’ai eu besoin de rencontrer des femmes qui avaient vécu la même chose que moi » dira-t-elle ; elle est de toutes les luttes, participe à une marche de nuit aux flambeaux dans les rues d’Aix-en-Provence avec le mot d’ordre Viol de nuit, terre des hommes « On devait être 400. j’en garde un souvenir incroyable ! Ces femmes qui redressaient la tête et disaient non à la soumission et à une vision dégradante de nos corprs, c’était de l’oxygène pour nous » ; elle est féministe, elle se dira bientôt lesbienne et féministe ; « Les lesbiennes ont souvent le courage de faire ce que les femmes hétérosexuelles, plus timorées, n’osent pas faire. A l’époque, il arrivait que les femmes hétéros, par peur de se faire traiter de gouines, préfèrent se ranger du côté de l’oppresseur » dira-t-elle ; après 2 mois passés dans le Groupe femmes, elle s’impatiente, « J’avais besoin de parler de questions qui me concernaient », elle rejoint le Groupe femmes de la Plaine au 11 rue Pastoret (siège de la LCR) « Elles étaient plus conscientes et plus politisées » mais les membres du groupe rechignent quand elle parle d’homosexualité ; en 1978 elle décidera de participer à la création du Groupe femmes lesbiennes de Marseille qui se réunira toutes les 2 semaines au local de SOS femmes battues, 30 rue Nationale, à Belsunce, grâce à Framboise permanente de cette association « On était une quinzaine. On défrichait tout le schéma pyramidal qu’induit le patriarcat et le sexisme, l’hétérosexualité, l’exclusivité du couple » ; une partie des militantes rejoindront le mouvement féministe, d’autres se rapprocheront du GLH de Marseille avec lequel elle manifesteront lors du 1er mai, certains de membres du GLH porteront des masques, Patricia décidera de l’enlever

1977 : à Rennes se tient le 1er festival de cinéma homosexuel, avec Lionel Soukaz, s’y retrouvent Jean Blancard (1951-1986) futur fondateur de Aides avec son ami l’écrivain Gilles Barbedette, ainsi que Yves Chatelier futur journaliste à Télérama, Jacques Ars (Gwen) et Patrick Cardon et Jean-Marie Bado des Folles lesbiennes d’Aix-en-Provence, Patrick Labarthe (Nans) du GLH de Marseille

1977 : en Italie, parution de Eléments de critique homosexuelle de Mario Mieli (1952-1983), dans une période où l’effervescence sociale approche un seuil insurrectionnel, pour lui l’hétérosexualité comme norme est pathologique, c’est le contraire de l’universalité du désir homoérotique « le désir homosexuel est présent en tout être humain », il considère que le capitalisme encourage la monosexualité « je veux progresser dans ma libération pour faire exploser tout ce que j’ai refoulé… me changer moi-même et n’être ni homosexuel ni hétérosexuel, être ce que nous ne savons pas encore, patrce que c’est réprimé » (dit-il dans le journal Lambda n°2) ; il avance l’idée du communisme gay, « le machisme est la plus grave entrave à la réalisation de la révolution communiste » ; replié sur l’écriture et le mysticisme il se suicidera à 31 ans

1977 : parution du livre de Roland Barthes (1915-1980) Fragments d’un discours amoureux par lequel il accède à la notoriété médiatique ; il fait alors la connaissance d’Hervé Guibert avec qui il entretient une relation épistolaire ; sa relation avec Guibert se rompra quelques mois plus tard, lorsque Roland Barthes, 62 ans, signera une préface au livre de Guibert La Mort propagande posant comme condition qu’Hervé Guibert, 21 ans, couche avec lui, ce que Guibert refusera : « Pour moi, ce n’était pas possible à cette époque, je n’aurais pas pu avoir un rapport avec un homme de cet âge »

1977 : parution des Entretiens avec Michelle Porte de Marguerite Duras dans lequel elle parle du regard spécifique des femmes : « Une femme, c’est autre chose, il y a une sorte de regard extatique, de regard en soi de la femme sur la maison, et sur sa demeure, et sur les choses, qui sont évidemment le contenant de sa vie, sa raison d’être, pratiquement, même, pour la plupart d’entre elles, que l’homme ne peut pas partager. »

1977 : la LCR (Ligue communiste révolutionnaire) crée une « commission nationale de l’homosexualité », cela marque une évolution radicale du discours sur la question de l’acceptation de l’homosexualité ; la CNH (commission nationale homosexuelle) issue de la CHP (commission homosexuelle parisienne) passe sous le contrôle du Comité central (le CC), organe dirigeant du parti, elle regroupe 6 militant-es régulier-es pouvant réunir jusqu’à une vingtaine de militan-es regulier-es

1977 : parution du livre de Luce Irigaray Ce sexe qui n’en est pas un dans lequel elle parle de la jouissance de la femme : « La femme jouit plus du toucher que du regard, et son entrée dans une économie scopique dominante signifie, encore, une assignation pour elle à la passivité : elle sera le bel objet à regarder. »

1977 : mort de Jacqueline Audry (1908-1977) cinéaste, féministe, elle a réalisé 3 films inspirés de Colette entre 1940 et 1950 (Gigi, Mine, Mitsou) puis La Garçonne en 1957, Le Secret du Chevalier d’Eon et Olivia d’après un roman de Dorothy Bussy (une histoire d’amour entre une écolière et sa directrice de pensionnat), une des 1ères évocations du lesbianisme, censuré en Grande-Bretagne et aux USA ; elle a donné à Arletty le rôle de la lesbienne prédatrice dans l’enfer de Huis-Clos (1944) d’après la pièce de Jean-Paul Sartre

1977 : fermeture judiciaire, pour des raisons fiscales, de la maison de prostitution de Mme Claude, ouverte depuis 1957, bordel parisien de haut vol – rappelant le Chabanais ou le Sphinx – qui a reçu de nombreuses personnalités ; ouverte malgré la loi Marthe Richard de 1946 qui avait mis fin aux bordels légaux (178 maisons closes fermées, mais 500 clandestins ouverts dira Alphonse Boudard) ; elle a fait figurer dans son catalogue 500 prostituées et quelques hommes, n’hésitant pas à faire « remodeler » (chirurgicalement) ses filles ; elle se réfugie aux USA, et reprendra du service en France, mais elle sera dénoncée à 65 ans par une candidate virée du casting, en 1992, et sera condamnée pour proxénétisme (et fraude fiscal de 17 MF)

1977 : l’Aleph (association pour la liberté d’expression des pédérastes et homosexuels) fondée par Claude Courouve et Louis Mallet, devient CIDH (centre d’information et de documentation sur l’homosexualité) dont le but est de « constituer un centre d’information et d’étude concernant les divers modes de répression et de normalisation qui visent le comportement homosexuel »; Claude Courouve qui rassemble une documentation importante a à cœur de diffuser son bulletin pour aider les homosexuels dans leurs mobilisations, c’est lui qui rédigera l’article « Homosexualité » dans l’Encyclopédia Universalis

1977 : en Allemagne, sortie du film La Conséquence de Wolfgang Pertersen tirée du roman autobiographique de Alexander Ziegler, tableau très sombre de l’intolérance individuelle et collective, dans le milieu familial comme dans le système judiciaire, entre la souffrance impuissante de Marin et l’aliénation de Thomas, victime de la violence des machistes et des prédateurs sexuels

1977 : aux USA, un comté de Floride (celui de Dade) promulgue une ordonnance interdisant toute discrimination sur des critères d’orientation sexuelle ; ce qui déclenche une campagne de chasse aux homosexuels appelant clairement au meurtre « tuez un homosexuel pour l’amour de Dieu », activement soutenue par la chanteuse Anita Bryant qui réclame l’abrogation des lois interdisant les discriminations contre les homosexuels, elle crée l’organisation Save our Children et déclare « Si l’homosexualité était la voie normale. Dieu aurait créé Adam et Bruce » ; le 17 juin 1977 l’ordonnance est abrogée ; les activistes gay organisent un boycott du jus d’orange de Floride dont elle a fait la publicité, ils sont soutenus par Barbara Streisand, Bette Midler, Paul Williams et Jane Fonda ; en 1978 David Allan Coe écrira la chanson Fuck Anita Bryant dénonçant ses préjugés homophobes ; son mouvement s’essouflera en 1980 et elle se montrera plus tolérante à l’égard de l’homosexualité en disant « Simplement ne l’affichez pas et ne cherchez pas à la légaliser »

1977 : aux USA, ouverture à New York dans la 54ème rue du club Studio 24 (dans une ancienne salle d’opéra onstruite en 1927) par Steve Rubell, 33 ans, et Ian Schrager, 31 ans, ils possèdent déjà des restaurants et les 2 premiers club disco, l’un dans le Queens, l’autre à Boston ; leur critère unique pour l’accueil est la beauté (ainsi un soir Frank Sinatra et Warren Beatty n’y sont pas acceptés), Carmen d’Alessio convainc Andy Warhol et son entourage de s’y rendre, ainsi de Calvin Klein et de Fiorucci avec leurs hordes de mannequins ; selon Rubell, pour être délirante la piste doit être composée de 20% de gays, 5 à 10% de lesbiennes et de travestis, et pour le reste d’un mélange de célébrités, de Latinos multi-millionnaires et d’Eurotrash en visite ; les serveurs sont torses nus, des éphèbes dansent en légionnaires romains ou en chérubins ; en mai 1977, pour son aniversaire Bianca Jagger apparaît sur un cheval blanc avec les Rolling Stones ; parmi les habitués il y aura Michael Jackson, John Belushi et sa bande du Saturday Night Live, Elton John, Gloria Gaynor, Patti Smith, et Debbie Harry, Margaux Hemingway, Cher, Liza Minelli, Rudolf Noureev, Diana Ross, William Burroughs, Grace Jones, Truman Capote ; en 1978, Rubell déclare 7 millions $ de bénéfices pour sa 1ère année, il sera entendu par la police et condamné à 2,5 millions de $ ; le photographe suédois Hasse Persson immortalise les folles nuits  du Studio 24 ; le 4 février 1980, à la veille de leur départ en prison pour fraude fiscale, Steve Rubell et Ian Schrager organiseront une dernière fête « La Fin de la Gomorrhe moderne« , Diana Ross, Richard Gere et Jack Nicholson seront là, et Silvester Stallone paiera la dernière tournée ; le Studio 54 fermera définitivement en 1986

1977 : aux USA, dans le quartier Castro à San Francisco Harvey Milk – chassé de l’armée pour homosexualité – qui s’était déjà présenté sans succès en 1973 devient le 1er élu ouvertement gay, en janvier 1978 lorsqu’il se rendra à la mairie pour occuper ses fonctions des milliers de supporters l’accompagneront ; Sylvester, gay noir avec l’aide duquel Harvey Milk a remporté l’élection, devient alors un DJ gay très connu

1977 : affaire du Manhattan, une dizaine de « sodomites » arrêtés dans l’une des 1ères back-room parisiennes pour « outrage public à la pudeur » (OPP), à la suite d’une provocation policière, trois d’entre eux se battront jusqu’à la Cour de Cassation ; Michel Chomarat qui deviendra un documentaliste très actif à Lyon, fait parti des « sodomites » arrêtés, il racontera qu’à cette époque il se rendait souvent le week-end au Manhattan – et aussi aux Tuileries et au Palace – vêtu à la Village People, sans la moustache, avec du poppers « la lumière s’est éclairée » quelqu’un criant « Police ! », il subodore que des policiers ont sans doute « participé aux ébats »… « Nous étions une quinzaine de personnes, et nous avons été transférés, dans plusieurs fourgon, en pleine nuit au Quai des Orfèvres, au siège de la police Judiciaire », il pense alors aux émeutes de Stonewall en 1969, il découvert « une véritable solidarité entre nous » ; le procès aura lieu en 1978 au TGI de Paris, il y aura alors un monde fou avec distribution de tracts, plusieurs de journaux de gauche seront présents et feront des articles (dont Le Monde, Libération, Le Matin, Rouge) et un appel sera lancé dans Libé par des intellectuels de Chéreau à Duras, les 12 clients et les patrons seront condamnés à 500 francs d’amende, Chomarat décidera de faire appel, un soutien important se manifestera à nouveau mais la peine de 500 francs d’amende sera confirmée ; sur les conseils du CUARH il seront 3 à avoir recours à la Cour de Cassation, avec pour avocat Me Arnaud Lyon-Caen, ce sera en 1980, mais, le contexte politique aidant, la Cour préferera ne pas juger sur le fond et maintiendra la condamnation

1977 : création du Beit Haverim, groupe juif gay et lesbien de France ; les membres de l’association rejettent la religion en bloc parce qu’ils ne sont pas acceptés, peu à peu ils assumeront une vie spirituelle avec de plus en plus de personnes pratiquantes

1977 : création de l’AMA (association motocycliste alternative) regroupant les motards gay et lesbiennes du sud de la France ; elle aura peu à peu 4 délégations régionales : Grand Ouest, Côte d’Azur, Provence-Languedoc et Rhône-Alpes-Auvergne

1977 : journée d’études de David et Jonathan sur le thème l’unité dans la diversité

1977 : à Paris, le GLH-PQ tente de souder l’homosexualité comme projet politique et de d’unifier les différentes associations, il réuni de nombreux documents et articles (issus du Monde, de Libération, du Nouvel Observateur, mais aussi de Rouge, Front libertaire, la Canaille) dans un ouvrage collectif le Dossier de presse sur l’homosexualité intitulé « Entre élections et révolutions ; ce vice bourgeois »; ce Dossier de Presse recense plusieurs GLH : Aix en Provence, Rouen, Bordeaux, Lille, Marseille, Mulhouse, Rennes, Tours, Poitiers, Strasbourg, Orléans ; il relate les informations collectées par Gilles Santis dans son « entretien avec le GLH » de Paris de 1975 sur les interventions policières dans les lieux de drague (les témoignages de Christian F. et de Raymond L.), ainsi que d’autres cas évoqués par Libération ou par Jean Nicolas dans Rouge : Serge Doff à Digne accusé de pervertir la jeunesse, Michel Couvert détenu isolé des autres détenus à Fresnes qui a fait une tentative de suicide ; Jean, militant du GLH-PQ, considère que le « temps de l’hostilité vis-à-vis du FHAR et des collectifs homosexuels de la part de la gauche et de l’extrême gauche » commence à évoluer

1977 : à Marseille, le 1er groupe de lesbiennes se réunit tous les 15 jours dans les locaux de SOS femmes battues, rue Nationale, grâce à Framboise (Framboise Cherbit qui travaille dans cette association) ; il organise une procession des femmes aux flambeaux à Aix et participation à la manif du 1er mai

1977 : évolution des partis de gauche : le programme du PS de 1976 Libertés, Libertés demande l’abrogation de l’amendement Mirguet, élément de sa charte des libertés; le PCF propose de créer une commission d’étude sous la direction du Pr Muldworf et Ellenstein, candidat PCF à la mairie du Vème, va jusqu’à crier « Liberté totale ! », le PCF crée au sein du CERM (comité d’études et de recherche marxiste) une commission homosexualité, il diffusera un texte en faveur de l’abolition des articles anti-homosexuels en juillet 1977 ; le PSU soutiendra les initiatives du GLH aux lélgislatives de Paris en 1978, et le PSU de Marseille soutiendra la liste de Partick Cardon aux législatives d’Aix en 1978 ; en avril 1979, le n°1 de Gai pied fera état d’une liste PD écolo proposition d’Europe-Ecologie (collectif parisien « voix des sans voix »)

1977 : Michel Foucault envoie une Lettre ouverte à la commission de révision du Code Pénal il faut « un changement radical et audacieux du fondement du Droit en matière sexuelle et de la législation de l’enfance : cesser de considérer la sexualité comme mauvaise ou dangereuse en soi, la traiter, non sous l’angle de la simple tolérance, mais selon les valeurs positives qu’elle est capable de développer ; surtout, envisager l’enfant, le mineur, comme un être capable de consentement, de pouvoir décider par lui-même, et en dernier ressort, de ce qu’il désire ou aime »

1977 : Claude Courouve fonde l’ALEPH (association laïque pour l’Etude du Problème de l’Homosexualité) qui met en place un centre d’information sur l’homosexualité qui récapitule les abus policiers en matière de répression de l’homosexualité : les flagrants délits d’outrages publics à la pudeur et leur « récidives » ; en 1978 il publiera une brochure sur la recrudescence de la répression (Contre nature ? Sur la répression judiciaire de l’homosexualité) ; les faits de répression sont aussi dénoncés par l’Antinorm et le Fléau social, puis plus tard par Gai Pied

1977 : Arcadie lance une enquête auprès de ses adhérents de province et obtient 500 réponses, 50% des enquété-es vivent seul-es, 25% vivent chez leurs parents et 9% sont marié-es ; 15% déclarent vivre avec un-e ami-e, 25% n’ont aucune vie sexuelle et près de 26%  n’ont aucun contact avec le milieu homosexuel ; 45% déclarent fréquenter d’autres homosexuel-les, mais 40% ne connaissent pas d’autres arcadien-nes

1977 : en Belgique, le SIPS (service d’information psycho-sexuelle) qui s’adresse aux jeunes des lycées et de l’enseignement supérieur invite Daniel Guérin qui fait une conférence sur Fourier et son dernier ouvrage Vers la liberté en amour

1977 : en Espagne, fin de la dictature franquiste (1939-1977), les recherches de Geoffroy Huard (diffusées en 20016) établiront que la survalorisation du modèle militaro-viril, la dénonciation de la féminisation des régimes républicains, l’obsession nataliste et l’exaltation de la famille, ont entrainé la seule acceptation de la sexualité procréatrice; la loi de 1954 a déclaré asociale les vagabonds, les délinquants et les homosexuels, ceux-ci ont été interdit de manifestation, de réunion, d’enseignement en école primaire, en prison ils étaient incarcérés dans des secteurs réservés où se pratiquaient parfois des expérimentations médico-psychologiques, l’œuvre de protection des mineurs les déclarait dangereux pour les mineurs (menant au suicide de l’espèce et entretenant à ce titre une relation consubstantielle avec le communisme, accusé lui de provoquer le suicide de la société) ; la persécution n’a cependant pas atteint la vie homosexuelle très développée qu’il y avait à Barcelone et les opérations de changement de sexe pouvaient s’effectuer à l’étranger, à partir de 1970 un mouvement homosexuel (MELH) a pu compter sur la solidarité homophile internationale, à travers Arcadie en particulier

Janvier 1977 : dans la revue Sexpol, Marc Roy signe le texte « Homosexualités » : « le stéréotype de l’homosexuel unique doit être à tout prix évité pour laisser éclater la pluralité du désir homosexuel afin que la société ne le contrôle pas en le renfermant dans une identité névrotique »… « Les mouvements de libération homosexuels doivent contribuer à remettre en cause l’idéal viril – fasciste ou italien – et battre en brèche la notion actuelle de la masculinité dont les prototypes sont Delon, Halliday, Belmondo »  ; Franck (Arnal ?) un militant du GLH-PQ fait la critique du modèle américain : à observer la normalisation des rapports des communautés gays avec le reste de la société suite aux promesses de Jimmy Carter le mouvement risque de se dissoudre dans un consensus qui va se geler dans une vision communautariste figée sans alternative révolutionnaire

Janvier 1977 : trois hommes en attente de procès qui sont accusés dans l’affaire du Coral d’avoir eu des relations sexuelles avec des enfants de 13 à 14 ans reçoivent le soutien de plusieurs intellectuels : Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Louis Aragon, Catherine Millet, André Gluksmann, Jack Lang et Bernard Kouchner publient une lettre ouverte dans le Monde et Libération

Janvier 1977 : parution du n°1 de La lune Rousse, journal de la maison des femmes de Toulouse

Janvier 1977 : à Rennes, le GLH (Groupe de Libération Homosexuelle) diffuse son bulletin n°2, 10 pages recto verso, il prône « pour un rassemblement national des GLH », critique le Parti communiste révolutionnaire marxiste léniniste chinois qui refuse les « éléments dégénérés » (et par ce eétour les maoïstes français), formule un éloge de textes de Proust sur la question homosexuelle, présente le Manifeste du GLH de Rennes rédigé en avril 1976 contre « le ghetto faussement sécurisant où les pouvoirs publics relèguent les homosexuel(les)… nos actions seront aussi publiques que possible », refuse ceux qui ont toujours affirmé « que le désir n’a rien à voir avec la révolution !!! », présente un long texte sur Révolution et Homosexualité contre les organisations réformiste, yc le PCF, qui font dans « l’hystérie anti-gauchiste et anti-féministe », considère que les évolutions récentes de la LCR et de Révolution ne font pas oublier leurs propos anti-homosexuels antérieurs

 21 janvier 1977 : en Italie, mort du poète Sandro Penna (1906-1977), à travers ses œuvres Appunti (1950), Arrivo al mare (1955), Une étrange joie de vivre (1956), Croix et délices (1958), Toute la poésie (1970), Penna chante sa passion pour les enfants des classes humbles, son œuvre est un hymne à la vie, saluée par Pier-Paolo Pasolini, traduit par Dominique Fenandez ou René de Ceccaty ; il est l’un des plus importants poètes italiens du XXème siècle

23 janvier 1977 : au Mexique, inauguration du club privé gay El Nueve à Mexico par Henri Donnadieu, Manolo Fernandez et 2 autres associés, sur 200 m², inspiré du Sept de Paris, facilement comparé au Studio 24 d’Andy Warhol à New York pour son côté festif, ses clients très beaux et sa magie de la nuit, les anniversaires pourront rassembler plus de 1 000 personnes ; en janvier 1979 en gardant l’essence du club gay il s’ouvrira à tout le monde à condition de respecter les autres, cela créera un melting pot exceptionnel comme aimera à le souligner Henri Donnadieu qui dira « Il faut que je meure chaque soir pour renaître le jour suivant », le club deviendra un haut lieu de la communauté LGBT+°, boite de nuit et centre culturel rassemblant fashions victimes, punks, artistes en tout genre

26 janvier 1977 : dans Le Monde, 69 intellectuels français signent une tribune destinée à défendre 3 hommes en détention préventive depuis 3 ans, accusés d’attentats à la pudeur contre des enfants de 13 et 14 ans ;  » Aujourd’hui, ils risquent d’être condamnés à une grave peine de réclusion criminelle soit pour avoir eu des relations avec ces mineurs , garçons et filles, soit pour avoir favorisé et photographié leurs jeux sexuels. Nous considérons qu’il y a une disproportion manifeste, d’une part entre la qualification de crime qui justifie une telle sévérité, et la nature des faits reprochés ; d’autre part entre le caractère désuet de la loi et la réalité quotidienne d’une société qui tend à reconnaître chez les enfants et les adolescents l’existence d’une vie sexuelle (si une fille de 13 ans a droit à la pilule, c’est pour quoi faire ? » parmi les signataires Louis Aragon, Jean-Paul Sartre, Bernard Kouchner, Jack Lang, Philippe Sollers, Danièle Sallenave ; le fait que Françoise Dolto, célèbre psychanalyste d’enfants, fasse partie des signataires lui sera – plus tard – reproché, elle considère qu’il y a parfois consentement et même incitation de la part de l’enfant, mais elle condamne aussi clairement la pédophilie « l’initiation sexuelle des adolescents et des enfants pas un adulte… est toujours un traumatisme psychologique profond »

Février 1977 : le journal Libération annonce la création du FLDP (Front de libération des pédophiles) critiquant la famille et l’école et s’associant à la « lutte des enfants désireux de changer leur mode de vie » afin de développer une « culture pédérastique » tout en manifestant une solidarité avec des pédophiles victimes de la psychiatrie

Février 1977 : à Marseille, Jean-Louis Garcia du Mouvement homosexuel chrétien de France – qui édite le bulletin Nouvelle Cité – diffuse une lettre ouverte à Mgr Etchegaray, archevêque, à l’occasion du 1er anniversaire du texte publié par le Vatican Persona humana sur la morale sexuelle, il indique que « les homosexuels chrétiens rejettent formellement et dans son ensemble l’enseignement d’une Eglise dont le premier théologien est saint Paul » en contradiction selon lui avec les Evangiles

4 février 1977 : le journal le Provençal parle d’un ton irrité du projet de présentation d’une liste homosexuelle aux municipales d’Aix en Provence « Ce qui jusqu’ici n’avait fait que la matière de quelques échos allusifs dans les rubriques locales, est devenu par la voix des ondes, un événement national. Comme s’il n’y avait pas d’autres sujets de conversation »

5 février 1977 : le journal Libération titre « Une liste municipale de 41 homosexuels » sur un article de pleine page, et quelques jours après Jean-Luc Hennig signe un texte intitulé « la société homosexuelle »

Mars 1977 : à Aix en Provence, le Groupe de Libération Homosexuel se constitue officiellement , « le 1er GLH français » en déposant les statuts sous ce nom là « ce ne fut pas un mince problème »  dira Patrick Cardon, il regroupe 15 à 20 personnes, celui-ci se présente, avec une équipe, aux élections municipales, pour la 1ère fois une liste homosexuelle annonce sa participation à des élections locales, l’un de leurs slogans « Votez folles lesbiennes », sans craindre l’outrance ils affirment vouloir détruire le monde hétérosexuel pour le remplacer par le monde homosexuel ; le Provençal du 4 février s’interrogeait sur « l’homosexualité présentée comme une idéologie conquérante »raillant ces candidats qui « doivent bien être une quarantaine l’un dans l’autre », Libération fait une page entière titrée « La société sera homosexuelle ou ne sera pas » ; Jean Le Bitoux vient le soutenir, accompagné de quelques membres – dont Franck Arnal – du GLH-PQ (le GLH Politique et Quotidien) qui critique les tracts trop anarchiques de la Mouvance Folle Lesbienne, il préconise des textes plus pédagogiques (un tract destiné à la bourgeoisie aixoise intitulé « Mon Grand Lou » signé Marie-Chantal et l’autre rappelant comment on décervelait les homosexuels en les trépanant) ; Patrick Cardon écrira que se dessine alors clairement l’opposition entre  » un mouvement gay, réformiste, politique, circonscrivant les folles à la périphérie  » et  » une mouvance folle anti-autoritaire, culturelle et féministe lesbien « , il dira « avec Frank Arnal nous défendions les folles, les autres défendaient les pédés« , il verra dans la Mouvance gouine Celte de Jacques Ars, de Rennes, qui publie  » Comment être femme du monde chez les gauchistes « , un allié précieux face aux CHA (comité homosexuels d’arrondissement à Paris) et aux GLH (dont celui de Marseille, bientôt), face à Jean Le Bitoux aussi qu’il accuse d’avoir une position  » lutte des classes  » : c’est le temps de l’opposition entre « pédés ouvriéristes  » et  » folles bourgeoises  » pour les uns, de l’opposition entre « militants, réformistes mettant l’accent sur la souffrance et les discriminations  » et  » les folles, provocatrices, mettant l’accent sur le plaisir  » et la dérision ; Patrick Cardon qui est né à Roubaix, avait choisi le titre de comtesse des Flandres, il sentait en Pablo Rouy – ami de Franck Arnal, il collaborera à Gai Pied après le départ de Jean Le Bitoux – un allié, Pablo qui répondra par provocation à Jean le Bitoux, au CGL de la rue Keller, pour lui signifier qu’on ne pouvait pas réduire le combat des gays à ses martyrs « si les camps de concentration n’avaient pas existé, tu les aurais souhaités ! » ; dans Rouge, le journal de la LCR, Jean Nicolas du GLH PQ leur reproche une inversion des valeurs, leur confusion entre candidat ouvrier et candidat de la droite, entre les hétérosexuels et le système qui aliène, il accuse le GLH d’Aix-en-Provence de faire une « diversion par rapport à la lutte des classes » ; dans l’Agence Tasse, des membres du GLH-PQ et du GLH de Bordeaux répondent à Rouge « On en a marre de se faire sodomiser par votre ligne de classe. On n’y peut rien si vous ne voulez rien comprendre » ; la liste ne sera finalement pas déposée et le GLH d’Aix change de nom en devenant GLH (Groupe de libération de l’hétérosexualité)-Tendance homosexuelle affichant une volonté de se démarquer ainsi des autres GLH à la fois réformistes et gauchistes, contre le socialisme et pour un monde homosexuel, pour un « spontanéisme réfléchi » (rappelant les orientations du FHAR) ; sur la Une, Jean-Pierre Pernaut, présentateur du Journal télévisé, annonce « Pour la première fois en France, une liste d’homosexuels se présente à Aix-en-Provence. Des hommes, des femmes se présentent officiellement sous ce terme. C’rst nouveau pour notre pays. Ont-ils un programme ? », Patrick Cardon répond « On n’a pas un programme municipal très précis. De toute façon, notre programme, c’est plutôt un programme de vie… tout détruire, mettre de la verdure partout… de toute façon l’homosexualité c’est politique »; en 1978 le GLH connaitra un schisme et Patrick Cardon fondera l’association Mouvance Folle Lesbienne « C’rst simple, nous on étaiut des anarchistes. Anarchistes et efféminés. Les aures étaient des socialistes, des syndicalistes, des travailleurs. Nous on n’en avait rien à foutre. Et puis on était situationnistes »

1er mars 1977 : en RFA, 1ère manifestation de plus de 1 500 femmes contre la violence envers les femmes dans le quartier de Charlottenburg à Berlin, après que Susanne Schmidtke, 26 ans, soit morte quelques jours auparavant après avoir été enlevée ; les 5-6 mars 1977 une manifestation sera organisée par le congrès national des femmes à Munich ; et désormais une nuit des Walpurgis sera organisée chaque année dans plusieurs villes d’Allemagne contre les violences faites aux femmes le 1er mai, jusqu’à ce que l’ONU décrète en 1999 la date du 25 novembre pour cette journée

 8 Mars 1977 : Libération consacre une page aux élections municipales d’Aix en Provence auxquelles se présente une liste homosexuelle ; le Provençal titre « Ils doivent bien être une quarantaine l’un dans l’autre »

18 mars 1977 et 1er avril 1977 : à Lyon, le Cercle Lautréamont (défini comme Ligue contre le racisme homosexuel) pour « leather boy » organise des soirées au 3 rue St Georges – rive ouest de la Saône en face du quartier d’Ainay et de la place Bellecour – dénommées Manhattan et La Vilette , d’autres fois ce sera Nuit des longs couteaux ou Greenwich village ; le Cercle est ouvert depuis 1969 par Bernard, qui a tenu ou tiendra une quinzaine de boites gay (Chez Swann,Oncle Charlie, l’Ourse Verte, le HLM, etc.) des années 1970 aux années 1990 ; c’est au Cercle que la 1ère backroom de Lyon est apparue ; le Cercle s’est successivement appelé Lautréamont, Villa-Lobos, Marcel Proust, Oscar Wilde, André Gide, Boris Vian, Tennesse Williams, etc. ; Jean-René dira que c’est un « endroit de sexe et de culture »

 23 mars 1977 : dans Rouge Jean Nicolas rapporte l’information et souligne l’importance symbolique de l’événement et publie en tribune libre le programme de la liste homosexuelle aux municipales dont la position est « l’homosexualité est un mode de vie, elle est prohibée pour que se perpétue la structure, le pouvoir et l’aliénation de cette société » ; mais en avril Rouge publiera un article considérant la candidature du GLH d’Aix-en-Provence aux élections comme une « diversion par rapport à la lutte des classes » et sommant les candidats d’introduire « une ligne de classe » dans l’homosexualité, le GLH d’Aix-en-Provence répondra : « Le club bourgeois homosexuel Arcadie a fait plus pour les homos que vos baratins de solidarité dont on cherche partout la pratique… On en a marre de se faire sodomiser par votre ligne de classe. On y peut rien si vous ne voulez as comprendre. »

Avril 1977 : aux USA, à New York ouverture du Studio 54, temple branché de la nuit, par Steve Rubell ; ce lieu mythique qui marquera des générations, durera 3 ans

Avril 1977 : à l’initiative des rédacteurs du bulletin l’Agence Tasse, parution du n°1 de la revue Diff / Eros destinée à développer des analyses et des discours que le bulletin ne permet pas ; le manque de moyens financiers et la faiblesse de l’équipe rédactionnelle a retardé sa parution, dans un  1er temps cette revue devait s’appeler Interdits, il est destiné à être « l’instrument de rassemblement des groupes et individus qui refusent de se résigner »  ; peu à peu le rédaction de l’Agence Tasse et de Diff / Eros prennent leur indépendance par rapport au GLH unitaire parisien d’origine, mais en reste assez proche ; dans ce n° Pierre Hahn se rapproche du point de vue de Foucault sur l’utilisation du mot homosexuel tout en notant que le mot gay aboutit lui aussi à une pratique communautaire, avec la répétition permanente du discours normatif

Avril 1977 : René Scherer et Guy Hocquenghem publient Co-Ire, album systématique de l’enfance, n° spécial de la revue Recherches de Félix Guattari, parsemé de photographies d’enfants, parfois nus et dans des positions suggestives : « Ce livre est écrit en marge du Système qui a créé l’enfance moderne, l’a définie, compartimentée, et la maintient dans un état de suggestion et de contrainte, de consentement et de torpeur » , le livre fait l’apologie de la figure littéraire du rapt en exaltant les personnages de Zeus et Ganymède, de Gilles de Rais, de Barbe-bleue : « L’enfant est fait pour être enlevé, nul n’endoute. Sa petitesse, sa faiblesse, sa joliesse y invitente. Nul n’en doute, à commencer par lui-même », éloge poétique de l’enfant, enfant sauvage, enfant-loup, contemplation oétique du corps de l’enfant ; le style litrtéraire et poétique du livre expliquera les criques laudatives de François Chatelet (Les Nouvelles littéraires), Roger-Paul Droit (le Monde), ou Michel Foucault (Le Nouvel Observateur)

1er avril 1977 : en RFA, ouverture à Berlin ouest de Anderes Ufer dans le quartier Schöneberg, le 1er bar gay et lesbien ouvert sur la rue

4 avril 1977 : au Japon, dans le quartier ancien Kawasaki au sud de Tokyo, le petit temple shintoïste Kanayama d’ordinaire interdit aux curieux, recommence à fêter la célébration annuelle des divinité locales, le jour du matsuri, c’est le festival de Kanamara en particulier, fête disparue depuis l‘ère Meiji (1868-1912) qui voulait imiter le puritanisme occidental ; la fête attirera de plus en plus de public au fur et à mesure des années (60 000 personnes en 2019), les vedettes du jour sont des statuettes phalliques en fer et en bois d’environ 1,30 m chacune, la dimension coquine et commerciale (sucreries en forme de pénis, etc.) de cette parade ne cessera de s’accentuer, au désespoir des plus pieux ; pour les japonais la représentation du sexe n’a rien de scabreux, c’est dans le visage et l’expression du plaisir que se loge la véritable transgression, vénérer le phallus et sa semence divine était une manière de prier pour des récoltes fructueuses ; à partir de 2012 la dimension homosexuelle de cette fête se développera lorsque les animateurs de la communauté LGBT se l’approprieront

15 avril 1977 : Macha Béranger créée sur France Inter avec un large public une grande plage d’intimité « Allo Macha », elle devient confidente de la nuit pour les homosexuels, qui confient angoisses et révoltes en toute libeerté, ainsi toute une génération de coming out se niche dans cette intimité à mi-voix qui inspirera les radios militantes libres

18 avril 1977 : l’émission Huile sur le feu animée par Philippe Bouvard est consavcrée à l’homosexualité, avec Alexandre Tarta comme réalisateur, opposant Jean-Louis Bory et le neuropsychiatre Henri Amoroso

 20-26 avril 1977 : 1er festival du cinéma homosexuel organisé par le GLH PQ de Paris et plus particulièrement Lionel Soukaz, au cinéma Olympic de Frédéric Mitterrand : « Une culture gaie ? », autour des thèmes comme le travestisme, l’homosexualité féminine, les luttes homosexuelles ou encore la pédérastie et la sexualité des enfants ; des groupes sont venus de province ; l’Agence Tasse et Diff/Eros sont assez critiques mais l’initiative est un succès avec 5 000 personnes participantes, très diverses et mélangées, Libération lui consacre une page quotidienne sous la plume de Jean Le Bitoux ;  la résonnance conséquente de cet événement renforcera l’idée et la consistance d’un mouvement homosexuel

23-24 avril 1977 : 3ème colloque national d’Arcadie à Reims, l’article de Christian Colombani dans le Monde titre « Les homophiles d’Arcadie veulent retrouver le bonheur », pour lui depuis l’amendement Mirguet de 1960 l’homosexualité a retrouvé « droit de cité » ; Arcadie a lancé une enquête auprès de ses abonnés de province, les quelques 500 réponses donnent une image sombre de leur vie, 50% d’entre eux vivent seuls, 25% vivent en famille et 9% sont mariés, ils ne sont que 15% à avoir un ou une amie avec lequel ou laquelle ils vivent, 25% n’ont aucune vie sexuelle et près de 26% ne disposent d’aucun contact avec le milieu homosexuel, quand ce contact existe il passe pour 8% d’entre eux par Arcadie, 45% déclarent fréquenter d’autres homosexuels mais 40% des personnes interrogées ne connaissent même pas un autre Arcadien, dans 25% des cas ni la famille ni les amis ne sont au courant de leur homosexualité, la moitié se sont confiés à quelques personnes et le dernier quart affirme ne pas se cacher, et dans le cadre professionnel dans les 2/3 des cas personne n’est au courant ; dans le n° 76 d’Arcadie, André Baudry affirmait que « la masse homophile doit vivre dans un tel silence, confondue dans la société, que rien ne pourra la faire remarquer« , il apporte aussi son soutien à l’ordre moral et à la famille traditionnelle, il veut plutôt participer à l’élévation de la moralité publique, souhaitant préserver « la Famille, l’esprit de Famille et la stabilité familiale », dans le n°273 il s’adressera à toutes les formes d’homosexualité qu’il considère comme déviantes ; « Pourquoi ne connait-on de vous que vos excès, vos délires, vos tapages, vos excentricités, votre obsession du sexe et rien que le sexe ? Puisque vous désirez – exigez – être admis par la société… pourquoi alors donnez-vous de votre personnalité cette image misérable, triste, nauséabonde parfois, peu ragoutante souvent, pourquoi faites-vous peur ?« … « Pourquoi depuis des siècles avons-nous toujours donné une si piètre image de ce que nous sommes ? », Baudry est très préoccupé par les élites, l’opinion et e public hétérosexuel au sens large ; à Reims, Marc Daniel, rappelle les 2 thèmes du combat mené par Arcadie en dehors de toute revendication politique : « l’évolution des mentalités dans la société et la modification de certains textes de loi en vigueur dans le pays et stigmatisant les homophiles »

Mai 1977 : parution du n°1 de La Revue d’en face, revue de politique féministe, dirigée par Catherine Lapierre, revue théorique inscrite dans la lutte des classes

Mai 1977 : le GLH-PQ « boycotte » une conférence de la Ligue de Santé faisant intervenir le dr France Paramelle auteur de La Femme homosexuelle, Daniel Guérin s’empare du micro pour parler de l’insuffisance du discours médical pour réellement améliorer la souffrance des homosexuels « Depuis ma jeunesse, rien n’a pu atténuer ma souffrance. Je crois de toutes mes forces à la liberté, à la révolution, mais je mets au-dessus de tout ce qui fait ma raison de vivre : l’amour des garçons »

Mai 1977 : dans le Loiret se tient la première rencontre lesbienne nationale

Mai 1977 : lancement de l’appel pour la révision du code pénal (art 331-3) à propos des relations mineurs-adultes signé par 80 personnalités dont Louis Althusser, Jean-Paul Aron, Roland Barthes, André Baudry, Jean-Louis Bory, Gilles Deleuze, Jacques Derrida, Françoise Dolto, Félix Guattari, Gabriel Matzneff, B. Muldworf, Jean-Paul Sartre, Alain Robbe-Grillet ou Philippe Sollers ; Michel Foucalt lira le texte devant la commision de révision du code pénal

1° mai 1977 : à Tours, le GLH manifeste « nous défilons aujourd’hui en tant que syndiqués-ées (CGT, CFDT, FEN) » et lance un appel aux « travailleurs homosexuels » signé « des syndiqués homosexuels des GLH »

7 mai 1977 : mort de Jeanne Galzy (Louise-Jeanne Baraduc, 1883-1977), de famille protestante, élève de l »Ecole normale supérieure, son livre Les Allongés a reçu le prix Fémina en 1923, son roman L’initiatrice aux mains vides concernant une relation professseur-élève est sans doute autobiographique, de même Jeunes filles en serre chaude paru en 1934 ; La Surprise de vivre peint le milieu protestant du Midi, entre désir lesbien et morale bougeoise ; elle a été membre du jury du prix Fémina de 1964 à 1977

10 mai 1977 : mort de l’actrice américaine Joan Crawford (Lucille Fay Le Sueur 1904-1977), , d’abord danseuse de revues à Chicago, puis actrice de films muets, puis parlants, elle est devenue une légende du cinéma rivale de Greta Garbo, divorcée de Douglas Faibanrks en 1933 ; son côté ambigu apparait dans de nombreux films, mais bisexuelle, elle avait l’obligation de cacher ses goûts (dans son livre The Girls : Sappho Goes to Hollywood en 2001, Diana McLellan afirmera qu’elle a eu des relations avec Marilyn Monroe)

25-26 mai 1977 : descente des forces publiques, dix inspecteurs dont l’inspecteur Duval est spécialisé dans « l’outrage public à la pudeur », et un commissaire divisionnaire, équipés de lampes torche, dans le club cuir Le Manhattan à Paris, rue des Anglais, où des hommes ont été surpris en séances de masturbations et fellations, neuf personnes dont Michel Chomarat, 28 ans, sont arrêtés, emmenés quai des Orfèvres, dans des fourgonnettes (les « paniers à salade ») et soumis à force questions (que faisiez-vous ? avec qui ?) ; Chomarat sera traduit en justice le 3 octobre 1978, il y aura un monde fou avec des militants qui distribuent des tracts, les journaux de gauche seront présents, le matin du procès des intellectuels (dont Michel Foucault, Gilles Deleuze, André Glucksmann, Guy Hocquenghem, Marguerite Duras, Patrice Chéreau, Jean-Louis Bory) feront paraître un texte de soutien, il est défendu bénévolement par Me Alexandre Rozier – membre d’un groupe de réflexion sur la sexualité (avec Michel Foucault, René Schérer, Guy Hocquenghem et Gabriel Matzneff) – qui plaidera comment peut-il y avoir outrage public à la pudeur dans l’obscurité d’un sous-sol ? ; membre de la Ligue du droit des femmes, Me Claudette Eleini défendra un autre inculpé, insistera sur le fait que les policiers savaient où ils mettaient les pieds et s’étaient déguisés pour constater « l’outrage à la pudeur »,  elle parlera d’un procès de rupture qui marque le décalage de la justice sur la question des moeurs, elle convoquera comme grand témoin le sénateur radical de gauche Henri Caillavet ; Chomarat fera appel et en janvier 1980 la mobilisation s’intensifiera avec le soutien du CUARH (comité d’urgence anti-répression homosexuelle) créé à l’été 1979 qui paie ses frais d’avocat, et du journal Gai Pied créé en février 1979 ; puis avec deux autres hommes, il se pourvoiront en cassation, la Cour de cassation rejettera leur pourvoi le 28 février 1981 et maintiendra l’amende de 500 francs, sans inscription au casier judiciaire ; Chomarat comprendra alors que l’enjeu politique est l’abrogation des articles du Code pénal, il fera parti des fondateurs du GILH (groupe d’information de libération homosexuelle) de Lyon, il mobilisera pour la grande marche nationale du 4 avril 1981 des droits et des libertés des homosexuels à Paris, appelant à voter pour François Mitterrand aux élections présidentielles ; et il créera le premier fonds LGBT d’une institution publique française à la bibliothèque municipale de La Part-Dieu ; les gérants du Manhattan sont poursuivis comme complices ; à Paris en 1977, il y a 86 lieux de rencontre gay et 65 saunas, d’autres bars cuirs existent le Daytona rue ND de Lorette et le Keller à la Bastille, le Manhattan a été inauguré en 1974, Chomarat est fasciné par l’extraordinaire éclectisme racial et social de sa clientèle ; l’avocat Alexandre Rozier protagoniste du procès de 1978 est l’un des modèles de l’écrivain ouvertement pédophile Gabriel Matzneff dans Ivre du vin perdu, sera mystérieusement assassiné au Sri Lanka en 1984

28-29-30 mai 1977 : à l’occasion du week-end de la Pentecôte, 1ère rencontre nationale des GLH organisée par le GLH d’Aix-en-Provence à la Baume-les-Aix, précédé de réunions de coordinations en février et mars 1977, elle se tient dans une certaine confusion, avec une trentaine de personnes issues de Paris et d’Aix principalement, la trop grande diversité ne permet pas de débat de fond, il s’agit surtout de se connaître et de « s’aimer » comme le souligne Alain Huet

29 mai 1977 : à Orange, Gustave Arlès est sauvagement assassiné de 67 coups de couteau, sa famille, femme et enfants, découvre alors sa double vie, le choc est considérable, suivi d’années de déni et de tabous ; sa petite-fille Charlotte qui naitra 15 jours après se lancera dans un travail de mémoire en 2023, sur ce grand-père, notable, PDG de la société Renaudin, fleuron industriel marseillais, très impliqué dans la vie de son quartier à Mazargues, à Marseille, juge aux Affaires maritimes du Tribunal de commerce ; un agresseur poursuivi sera condamné à 5 ans de prison dont 30 mois avec sursis, ce qui fait qu’il sera libéré 4 mois après le procès qui aura lieu en 1979, soit seulement 2 ans et demi de prison effective

Juin 1977 : création du GLH de Clermont-Ferrand qui publie son bulletin Homovergnats et diffuse de nombreux tracts, en 1976 ses membres ont distribué un tract plaidant pour la libération de l’homosexualité et de toutes les étiquettes négatives que la société lui appose

Juin 1977 : parution du n°1 d’Alternatives, Face-à-femmes, édité par les Librairies Alternatives et Parallèles

2 juin 1977 : en Espagne, première manifestation pour la dépénalisation de l’homosexualité à Barcelone, l’ensemble des forces politiques et syndicales de gauche défile aux côtés du FAGC (Front de libération gaie de Catalogne)

11 juin 1977 : mariage de Thadée Klossowki de Rola, fils de Balthus (1908-2001) et de Antoinette de Watteville, issue d’une vieille famille bernoise, incarnation du glamour seventies, neveu de l’écrivain Pierre Klossowski (1905-2001), avec Loulou de la Falaise, mannequin star de la maison Saint-Laurent, qu’il a rencontré en 1968 ; la fête légendaire est organisée par Yves Saint-Laurent, leurs amis sont alors Pierre Bergé, Andy Warhol et son compagnon Jed, Karl Lagerfeld, Michel Simon, Bianca Jagger, Pablo Picasso ou encore Françoise Sagan, Dominique de Roux, François-Marie Banier et Pierre-André Boutang, ils fréquentent le Sept, rue Sainte-Anne, de Fabrice Emaer ; ils ont une fille ; à l’été 2012 Thadée Klossowki passera ses vacances chez la duchesse de Westminster en Ecosse

22 juin 1977 : mort de la cinéaste Jacqueline Audry (1908-1977), une des rares réalisatrices française de la première partie du XXè siècle à partir de 1938, grande admiratrice de Colette, elle a adapté plusieurs de ses romans entre 1949 et 1956 : Gigi, L’Ingénue et Mitsou ; elle a filmé également une troisième adaptation cinématographique de La Garçonne en 1958

25 juin 1977 : 1ère manifestation autonome des homosexuels, c’est la 1èreGay Pride française, manifestation du GLHPQ, organisée en particulier par Jean Le Bitoux et appelée par le MLF qui a rassemblé 300 personnes, en majorité des femmes diront Marie-Jo Bonnet et Anne-Marie Faure-Fraisse, de la place de la République à la place des Fêtes, contre la répression de l’homosexualité (contre les « hétéro-flics ») et en solidarité contre la campagne anti-homo d’Anita Briant aux USA, 300 personnes y participent ; les nombreuses lesbiennes présentent crient : Phallocratie, virilité y en a marre, Je suis lesbienne, ai-je l’air d’avoir des chromosomes en moins ? J’ai choisi d’être lesbienne, avez-vous choisi d’être hétérosexuelle ? Des féministes distribuent le tract La répression de l’homosexualité touche toutes les femmes ; Jean Le Bitoux parvient à faire publier en une dans Libération un article sur la commémoration des émeutes de Stonewall  et signe en une un article intitulé La Colère gai

Eté 1977 : dans le Quercy se déroule le 1ère rencontre homosexuelle européenne, organisée par le groupe hollandais des Rooie Flikkers (les pédés rouges) où se retrouvent 80 personnes venant des Pays-Bas, de Belgique, du Royaume-Uni, de Suède, de RF d’Allemagne, et de France, les anglo-saxons apparaissent plutôt réformistes et communautaires tandis que les Français plus révolutionnaires se veulent ancrés dans les luttes sociales ; Gert Hekma (1952-2022), son amant Mattias Duyves  – qui seront l’un et l’autre professeurs d’université initiateurs de cours sur les questions gaies – et Hans Nugteren ont été les initiateurs de ce camp d’été au « Mont des Tantes » à Montaigu  qui a rassemblé des homosexuels venus de nombreux pays d’Europe dans une soif d’être entièrement libres « Soyez vous-même et faites ce que vous aimez »

Eté 1977 : l’écrivain Hervé Guibert, 22 ans, découvre l’ile d’Elbe qu’il décrira dans Aventures singulières en 1982, il découvre cette terre gorgée de soleil, il est en compagnie de Christine, qui deviendra sa femme, de son amant Thierry Jouno, époux de Christine, du photographe Hans Georg Berger, de Mathieu Lindon et Eugène Savitzkaya, « on s’amusait comme des fous, c’était une vie communautaire estivale » écrira-t-il, Hervé Guibert est le plus souvent à sa table de travail ; ils font de la plongée sous-marine avec Jacques Mayol (inspirateur du film Grand Bleu)

7 juillet 1977 : le PCF publie un document en faveur de l’abrogation des alinéas antihomosexuels du Code pénal

11 juillet 1977 : l’émission Huile sur le feu animée par Philippe Bouvard est consavcrée à l’homosexualité féminine, avec Alexandre Tarta comme réalisateur, opposant Elula Perrin et le neuropsychiatre Henri Amoroso

30 juillet 1977 : le GLH de Lyon participe à Montalieu à la marche contre le surgénérateur nucléaire de Creys-Malville, avec leur propre banderole, puis il participe au rassemblement du Larzac contre l’extension du camp militaire, le journal du GLH Interlopes expliquera sa démarche écologiste et lutte de classe au regard de l’oppression que subissent les homosexuels

Août 1977 : diverses rencontres de lesbiennes se produisent à Exoudun, Deux-Sèvres et à Toulouse

Septembre-octobre 1977 : parution du n°3 de la revue Diff/Eros sur « la sexualité en province », avec l’article L’homosexualité comme misère, l’homosexualité comme projet rédigé par l’équipe de la Mouvance Folle Lesbienne d’Aix-en-Provence, les 2 Patrick (dont Cardon), Françoise, Dany, Jean Marie (Bado) et Henri (Amouric) qui stigmatise l’article au titre « scandaleux »de Libération à propos de la liste homosexuelle présentée aux élections municipales à Aix, intitulé La société sera homosexuelle ou ne sera pas ! et rend compte d’une semaine organisée par le GLH-PQ à Paris qui a donné lieu à des moments houleux (avec « blocage des débats par les hétérosexuels »), l’article considère que « échapper à l’hétérosexualité voilà le douloureux problème et la seule issue »; Diff/Eros diffuse en même temps le dossier rassemblé par la Mouvance Folle Lesbienne (MFL) intitulé Chuis pas folle, « 1er organe d’information à tendance Marxo-Trosko-Ecolo-boum-boum de la Mouvance Flle-Lesbienne », avec plusieurs affirmations fortes  » On en a marre d’attendre un journal pédé qui ne vient jamais. On fonce les mecs et on en sort un, bordel », « Maintenant je me dis folle, Féminine, Efféministe, parce que le désir m’emmerde et je veux vivre dès à présent mon envie d’être avec des pédés », « Patricia Cardon » conclut par un « extrait de l’opéra hétérosexuel en qutre actes » : « Comment peut-on s’imaginer de leur (les hétéros) faire prendre partie pour la guerre anti-phallocrate en leur avançant que c’est aussi bon d’être sujet qu’objet, et de quelquefois, on se lasse d’être le maître pour jouïr d’être esclave »

Septembre 1977 : ouverture de la 1ère Maison des Femmes à Paris, rue Saint-Sabin, elle fermera en 1980

1° septembre 1977 : mort de Ethel Waters (1896-1977), chanteuse afro-américaine, mariée à 13 ans, se sépare de son mari violent et se prostitue pour vivre, elle a des amours masculines et lesbiennes,  ; elle débute une brillante carrioère dans le style sentimental et pop et domine la première génération de vraies chanteuses de jazz ; en 1933 elle est la première femme noire qui tient la vedette dans la revue musicale d’Irving Berling où tous les acteurs sont blancs ; elle triomphe sur les scène do Cotton Club dans la chanson Stormy Weather ; elle est recrutée par l’orchestre de Chuck Webb et lui succède à la direction en 1939 ; elle est alors considérée comme la meilleure chanteuse de jazz, elle a influencé Billy Holliday et Ella Fitzgerald

9 septembre 1977 : Andy Warhol, pape du Pop Art, répond à Paris à une interwiev d’Alain Pacadis dans Libération : « Je vais bientôt exposer à Venise, une nouvelle série de tableaux… juste de grands dessins de bites, des anus, des choses comme ça ! »… «  Le sexe est une des choses les plus importantes. Les gens me demandent toujours si je préfère faire l’amour avec une fille ou un garçon. En fait je préfère me branler. Il n’y a que moi qui sache exactement comment la louissance peut-être au maximu, alors pourquoi demander à quelqu’un d’autre d’aller plus loin ? »… « Il y a un fait qui est certain, la plupart des gens qui font quelque chose à Neuw-York sont homosexuels »… «  Le phénomène SM a tendance à prendre de l’importance. A New-York, il ne se passe pas une semaine sans qu’on ouvre un nouveau leather bar. Il faut vivre avec son époque, les gens évoluent, les mœurs aussi » ; Andy Warhol mourra 10 ans plus tard le 23 février 1987d’une crise cardiaque consécutive à une intervention chirurgicale bénigne.

25 septembre 1977 : mort du chroniqueur et dessinateur Philippe Jullian (Philippe Simounet 1919-1977), après une enfance marquée par la pauvreté, il a soif de mondanité, dans son son Journal de 1941 il « succombe aux charmes des beaux soldats allemands » ; à Londres en 1947 il a du mal à vendre ses dessins et drague dans les parcs, il est amoureux de deux jeunes hommes, Kot le polonais et Knut le danois, et joue au guide de voyage pour des amis fortunés en Italie, en Grèce, en Egypte, au Maroc et en Inde, il y monnaye se rencontres sexuelles et en fait le cadre de ses romans ; il écrit les biographies d’Edouard VII, d’Annunzio, Jean lorrain, Oscar Wilde et Sarah Bernhardt, ainsi qyu’un Dictionnaire du snobisme, il exerce son talent de caricaturiste, passe des journées entières à Drouot pour enrichir ses collections, héberge ses nombreux amants « domestiques » dans son appartement de la rue de Miromesnil ; lorsque son amant marocain est assassiné, le moulin où il habite brûle avec toutes ses collections et il se suicide

Octobre 1977 : création du Collectif des femmes contre le viol et les violences sexuelles lors d’une coordination parisienne des groupes femmes à Orsay, il fonctionnera jusqu’en 1981 ; de dson côté le groupe femmes du XVè diffuse un tract dans lequel elles s’interrogent  sur une « alliance objective » avec le mouvement homosexuel, en particulier lors des élections municipales avec le GLH-PQ

Novembre-décembre 1977 : parution du n°1 de Histoire d’Elles, dirigé par Evelyne le Garrec

Novembre 1977 : parution du n°1 des Cahiers du féminisme, instrument militant de la LCR au service des femmes, lieu de débat et d’échange d’expériences, dirigés par Isabelle Alleton ; parution du n°1 de Questions féministes, directrice de publication Simone de Beauvoir

Novembre 1977 : à Metz, ville du député Mirguet, tenue du colloque d’Arcadie sur le thème du « bonheur » avec 400 participants

4 novembre 1977 : mort du peintre britannique Keith Vaugham (1912-1977), il est âgé de 10 ans quand son père quitte le foyer, au Christ’s Hospital le professeur de dessin découvre ses dons de peintre et les eencourage, à sa majorité il travaille dans une agence de publicité ; il sert pendant le seconde guerre mondiale dans une unité non combattante ; il entretient une correspondance avec l’écrivain Edward Morgan Forster ; sa peinture du nu masculin évolue vers le non figuratif, mais dans ses dessins il donne libre courrs à ses fantaisies érotiques

11 novembre 1977 : rencontre des Groupes lesbiennes à Lyon (au Centre des femmes) organisée par les groupes de Paris et de Lyon, les groupes sont issus de Valence, Marseille, Rouen, Caen, Paris Centre et Banlieue Nord, Rennes, Tours, Angers ; création du groupe des lesbiennes de Paris (GLP) après la réunion d’Orsay, il crée des commissions de réflexion sur diverses questions, il se réunit à la maison des femmes du XIIIème arr. quai de la Gare, à l’image de celui qui existe à Lyon

12 novembre 1977 : en Espagne, manifestation contre la législation anti-homosexuelle (la loi de danger social de 1970) qui n’a pas été changée depuis la mort de Franco, soutenue par des militants homosexuels de la LCR (ligue communiste révolutionnaire) et des militants comme Félix Guattari

22 novembre 1977 : à Marseille, le tout nouveau GLH tient une conférence de presse, il annonce qu’il a décidé de se battre pour obtenir le droit à la dignité, en particulier « L’abrogation des articles 330 et 331 du code pénal, la suppression de l’amendement Mirguet qui introduisent la criminalisation de l’homosexualité et son assimilation scandaleuse à un fléau social, ainsi que des discriminations arbitraires à l’égard des deux sexes » , le GLH annonce qu’il existe depuis 3 ans (la fin 1975 en fait), qu’il regroupe une trentaine de membres de 18 à 35 ans, issus de la gauche (PS, PC, LCR, OCT) et des chrétiens, qui vont aller vers les différents partis politiques pour les associer à leurs revendications, l’idée d’organiser une coopération des différents GLH de France est lancée et pour éviter d’être accusé « d’incitation à la débauche », un nom sybillin a été trouvé « centre ouvert de recherche sur la sexualité (CORPS)» qui permet de trouver un local, lieu de rencontre, de paroles et de fête, peremanence juridique et médicale aussi pour sortir du « ghetto », situé au 41 rue de la Palud;il organise des activités multiples (festival cinéma, débats, bals, etc.) ; suite à cette conférence de presse un article signé Monique Glasberg parait dans Libération le 24 novembre ; ; Michel Richardot est venu au cours de l’année gonfler les rang du GLH, il citera parmi les présents à ce moment là, outre les précédents, Emile, instituteur à Arles, Jean-Pierre, puis viendront Georges Fernandez, Raymond Martinez, Jean-Luc Van Hasebrouck, Pierre Jolivet de Thorey, Philippe Deville-Cavelin, Vincent Tardieu et Franck Vinissio, et quelques mois plus tard Christian de Leusse (qui arrivera au début de 1978)

30 novembre 1977 : mort de l’auteur dramatique anglais Terence Rattigan (1911-1977), il écrit la pièce First Episode en 1933, puis French without tears en 1936   qui lui donne la notoriété, comédies légères et plaisantes, suves de pièces plus réalistes et profondes ; il meurt d’un cancer en présence de son amant fidèle Michaël Franklin en 1949

Décembre 1977 : parution du mensuel Des femmes en mouvements, faisant suite à la publication du Quotidien des femmes (créé en 1974), magazine du groupe Politique et Psychanalyse, directrice Anne Grugnardi ; parution du n°1 de Marie-Colère à Grenoble, durera jusqu’en 1979

Décembre 1977 : lors de la rencontre nationale homosexuelle organisée par la CNH (commission nationale homosexuelle) de la LCR (ligue communiste révolutionnaire) une parie des échanges touche à l’homosexualité féminine et la question de la mixité ou non des GLH ; à partir d’août 1976 plusieurs textes critiques, émanant de femmes (Triton-Robichon, Villon) ont conduit la CNH a mettre en avant une politique de mixité

20 décembre 1977 : à Rennes se tient une conférence nationale sur l’homosexualité, elle n’a pas été bien préparée si bien que sur les 100 à 300 camarades attendus, seuls 25 sont présents, les sujets sont l’homosexualité et l’oppression spécifique des homosexuels (oppression légale, oppression culturelle, oppression quotidienne), un bilan du vécu homosexuel dans l’organisation, un bilan de l’intervention de l’organisation en direction des homosexuels, les GLH de Amiens (10 personnes actives et AG de 40 personnes) créé il y a 3-4 mois, Bordeaux (20 à 25 participants) créé il y a 8 ans, Marseille (GLH issu du journal La Criée et de la commission homosexualité de la LCR, il y a un an 10-15 participants, aujourd’hui 30 participants, un article de La Marseillaise du 24 novembre 1977 présente ses objectifs l’obtention de droits démocratiques, créer un lieu de rencontre aussi) s’expriment, Paris et Rouen (non venus), quelles perspectives nationales ? avancer la lutte pour des droits démocratiques, pétition nationale contre l’amendement Mirguet et les discriminations (travail, logement, etc.), nécessité d’une démarche unitaire à partiur de la commission nationale de la LCR à laquelle participe les 5 GLH d’aujourd’hui ou sinon la recherche de liens avec le mouvement ouvrier, se méfier des apparences ultra-gauche et avant-gardistes, organisation d’une coiordination entre ces GLH (rôle du quotidien Rouge et le la LCR, création de commissions)