Années 2000 : 2000-2004

2000-2010 : au Vatican, la Congrégation pour la doctrine de la foi recensera a posteriori 600 cas de pédophilie dus aux prêtres par an, avec un pic de 800 cas en 2004, elle indiquera que ces cas remontent pour l’essentiel à la décennie 1965-1985, et le rapportera au nombre total de prêtres dans le monde estimé à 410 000

2000-2008 : au Maroc, poursuite de la mobilisation de la société civile sur le sida : années 2000 un 1er bus mobile de dépistage est créé par l’ALCS, des liens forts s’engagent avec AIDES (Arnaud Marty-Lavauzelle en particulier, Daniel Defert qui vient aux assises de l’ALCS, Alain Molla et Michel Bourelly), un programme de prévention est lancé à Tanger, Bruno Spire apporte une aide précieuse, les antirétroviraux sont introduit avec l’aide de la fondation GSK ; 2004 le Maroc bénéficie des aides du Fonds mondial  pour le sida, l’ALCS en est le premier bénéficiaire ; 2008 le programme devient national, l’accès au traitement se fait grâce à la collecte des boites entamées des patients décédés ; l’ALCS bénéficie d’un dialogue continu avec les ministres de la santé ; au cours des années qui suivent le traitement baissera à 27€ par mois et par patient, l’ONUSIDA donnera en exemple ce qui se fait au Maroc, l’ALCS travaillera avec l’Algérie et la Mauritanie, mais une inquiétude naitra quand le gouvernement se refusera à prendre le relais du Fonds mondial pour le sida

Années 2000 : développement des associations de transsexuel(le)s marquées par un militantisme « dur », rejetant les équipes hospitalières, exigeant la dépsychiatrisation, menant des actions coup de poing, agissant contre la transphobie, organisant l’auto-support ou promouvant l’intégration et la visibilité : le GAT (groupe activiste Trans) à Paris, STS (support transgenre) à Strasbourg, Trans Aide à Nancy, Sans Contrefaçon à Marseille, Mutatis-Mutandis à Bordeaux, C’est pas mon genre ! à Lille

Années 2000 : développement d’une nouvelle presse gay, en réaction contre Têtu, Advocate ou Out, les fanzines gay et lesbiens : aux Pays-Bas Butt en 2000, puis Kut son pendant lesbien, GLU (Girls like it) deux ans plus tard, en France Kaiserin, en Pologne Dik Fagazine en 2005

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Années 2000-2005 : en Chine, le jeune chercheur Laurent Long poursuit des études, il racontera sa découvert de l’homosexualité masculine dans ce pays dans Notes gaies du monde chinois en 2012 ; il évoquera son 1er séjour, à Taiwan, en 1987-1988, il y a découvert des lieux de drague (le Nouveau Parc, pissotières et toilettes publiques, bars et restaurants, 2 ou 3 cinémas projetant des films polissons hétéros), des boites et des bars gay (le Pavillon rouge, l’Osaka), mais aussi des lectures ; les livres de Bai Xianyong (né en 1937, fils d’un seigneur de guerre, parti étudier aux USA en 1963, 1er écrivain militant gai connu à Taiwan, il a tiré la sonnette d’alarme sur l’état de l’épidémie du sida en Chine) décrivait la vie homo dans son roman 1er roman gay  les Bâtards  1977 (un film en est tiré en 1986, et un feuilleton télévisé à succès en 2003, traduit en anglais et en français sous le nom de Garçons de Cristal en 1995, lié au fait que le mot cristal signifie tante ou pédé depuis les années 1970 à Taiwan), il est aussi l’auteur de Gens de Taipeh 1997, et d’autres livres : Les Hommes qui fuient le mariage 1976 de Guangtai, né en 1950, Le Rêve dans le Pavillon rouge de Li Zhihua 1981, Zhang Zaiahou le 1er historien de la Chine gaie et lesbienne, la sociologue Li Yinhe née en 1952 qui lève le voile sur les amours masculines en Chine et la subculture homosexuelle à travers des livres parus de 1992 à 2003, mais aussi la Recherche sur l’homosexualité de Liu Dalin qui est plutôt homophobe ; il découvrait aussi  le 1er festival du film gai et lesbien se tient à Hong Kong en 1989, et il s’est rendu aux 2èmes états généraux LGBT du monde chinois à Hong Kong en 1998, il découvre certains aspects de l’histoire de la Chine comme celle du fondateur des Ming (1368-1398) qui a interdit aux mandarins la fréquentation des filles de joie ceux-ci se sont alors rabattus sur les jeunes travestis prostitués (les « fleurs »)  ; en 2004-2005 il séjourne en Chine populaire, dans la ville universitaire de Suzhou, dans la province du Jiangshu, où il poursuit ses études, Laurent Long découvre le Bense, établissement sur 3 étages, d’autres bars et boites gay (le 0512, le Café quantique, le Liangzi), il tente de faire connaître la pétition pour la journée mondiale de lutte contre l’homophobie (IDAHO), il découvre en 2004 une information sur le sida dans le mensuel de l’institut de langues étrangère de l’université, malheureusement marquée d’un « ramassis d’absurdités moralisantes de la plus belle orthodoxie » mais remarque en mai 2005 que le groupe local de prévention du sida, animé par le militant Longlong, a organisé 2 journées de tests volontaires dans les bars gay de Suzhou, au Bense et au Liangzi, il se rend aux 5èmes états généraux LGBT à Hong Kong en mai 2004, un groupe national de coordination de l’action LGBT est fondé en décembre 2004 à Shanghai sous l’impulsion de Zhang Beichuan pour coordonner le mouvement à l’échelle nationale et gérer la répartition des fonds de l’étranger, l’organisation compte un bureau de 7 membres élus, dirigé par Anran, Anran habite à Xi’an, dans la province du Shaanxi, il a un projet de revue gaie trimestrielle, il anime un service de santé gaie info service, il lui fait découvrir un lieu gai datant des années 1980 ; Laurent Long se rend à Chengdu, capitale du Sichuan, où il rencontre quelques militants, ainsi qu’un journaliste gay de l’agence Chine nouvelle, et découvre le plus grand bar gay – de Chine apparemment – le Bianzou.

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2000-2005 : mobilisation mondiale contre le sida : juin 2000 cinq industriels réduisent de 80% le prix des médicaments ; février 2001 un industriel indien propose des médications à 600 $ par an et par personne ; juin 2001 l’Assemblée générale de l’ONU pousse à l’accès au traitement ; fin 2003 l’OMS s’engage en faveur du traitement généralisé ; 2005 premières recommandations de l’OMS sur la gratuité généralisée

2000-2005 : à Lille, Patrick Cardon, heureux de revenir sur ses terres d’origine, poursuit ses activités, la maison d’édition GKC et le festival de films QuestionsDeGenre, il crée un centre de documentation le CEREDESPI (centre européen de ressources, de recherches, d’études er de documentation sur les sexualités plurielles et les Interculturalités) avec l’objectif de développer « une mémoire intelligente par des notes, une analyse, une contextualisation »

2000-2004 : Guillaume Dustan réalise dix-neuf films « tournés selon le dogme warholien » en direct et sans montage qui ne seront pas montrés de son vivant, avec pour objectif de « détruire le système, subvertir l’ordre établi, faire que ça change, rétablir la justice, sauver la veuve et l’orphelin », parmi eux Enjoy, back to Ibiza (2000), Pop Life (2000), Songs in the Key of moi (2000),  Film perdu (2000), Nous love no end (2000), Génie Divin (2001), Nietzsche (2002),  Nous 2 (2002), Squat (2002), Pieta (2002), Poubelle (2002), Montre T lèvres (2004)

2000-2004 : à Marseille, les Lesbian and Gay Pride sont organisées par une petite équipe – autour de Eric Séroul en 2000, puis de Jean-Marc Astor 2001-2004, animateurs de l’association AGIS Ibiza – à la suite d’un conflit entre les membres du trio Eric Séroul, Patrick Rogel, Jean-Marc Astor (dont le journal Ibiza News, dont le titre appartient à J-M Astor, semble être l’enjeu) mais sans davantage de concertation avec les associations ;  seules associations présentes Boucle Rouge (dont J-M Astor est président) quelques membres de Marseille-Arc-en-ciel, deux filles isolées, non affiliées à une association lesbienne (Françoise Bayle, et Annick Lépine qui de son côté a créé une association éphémère, concurrente de L’Autre Cercle, un Cercle différent), et le MJS, à la fois distant et fidèle ; le milieu commercial est fidèle ; la fête du soir « phagocyte » la Marche et son contenu militant, il semble que ce qui importe c’est de profiter de la mobilisation de la marche pour équilibrer les comptes de la soirée ; les associations lesbiennes n’ont pas de place ; l’AGE de la LGP de 2002 réduit de 4 à 3 le nombre de postes des associations dans le CA et une « inter-LGBT Marseille » plutôt fantomatique est créée pour parer à un éventuel risque de concurrence à la LGP

2000-2004 : à Marseille, Mémoire des sexualités poursuit ses activités ; participation au CA des UEEH de 2000 à 2004 ; participation à la tribune critique des 6 associations contre l’organisation de la LGP (Lesbian and Gay pride) en juin 2000 ; réception de Pierre Seel en Mairie et participation à la Cérémonie de la Déportation en avril 2003 ; organisation du 1er Salon de l’Homosocialité, cité des associations nombreux stands, films et débats, avec 11 associations représentées les 26-27 janvier 2002 ;  organisation du 2ème Salon de l’Homosocialité, cité des associations nombreux stands, films et débats, avec 36 associations représentées en 24-26 janvier 2003

2000-2002 : à Paris, dans la paroisse de Belleville se crée l’association Torrent de Vie destinée à accueillir et accompagner les homosexuels qui souhaitent (re)devenir  hétérosexuels, à l’image de ce qui se fait aux USA et peu à peu en Europe, avec Exodus International, association d’ex-homosexuels chrétiens adeptes des thérapies de conversion

2000 : à Marseille, Aides sous la présidence de Michel Simon se mobilisations de multiples façons : malades, prisons, prostitution, groupe gay, conférences mensuelles, formation des volontaires, etc. ; mise en place au niveau national d’un Manifeste pour une stratégie contre l’homophobie (avec Act Up-Paris, Centre Gai et Lesbien Paris Ile de France, Prochoix et SOS Homophobie) ; Alain Molla ex-président est devenu responsable de la commission nationale juridique de Aides

2000 : sortie du film La Captive de Chantal Akerman, reprenant l’intrigue de La Prisonnière de Marcel Proust, qui offre à Stanislas Merhar et à Sylvie Testud les plus beaux rôles de leurs carrières ; Chantal Akerman expliquera 5 ans plus tard : « En fait le livre de Proust est fait pour mon cinéma : Albertine est libre, elle aime les femmes, et le narrateur est totalement démuni par rapport à ça. L’homosexualité y est traitée sans aucune explication psychologique ou psychanalytique. Proust est mon demi-frère ! Comme moi, il parle de l’homosexualité, des juifs, de l’autre, cet éternel inconnu ».

2000 : l’abbé Bissey est condamné à 18 ans de réclusion criminelle pour viols et agressions sur mineurs ; son évêque Mgr Pierre Pican, sera quelques mois plus tard condamné à 3 mois de prison avec sursis pour « non-dénonciation de crime » et « non-dénonciation d’atteinte sexuelle sur mineurs de 15 ans »

2000 : plusieurs affaires concernant des couples de même sexe arrivent devant les tribunaux : la cour d’appel de Nancy refuse un agrément d’adoption pour une institutrice lesbienne, il y a l’ « affaire » de Besançon, puis le tribunal de Bressuire reconnait le rôle du « second » auquel il accorde un droit de visite

2000 : Geneviève Pastre, poète, écrivaine, infatigable militante, ancienne présidente de la radio associative Fréquence gaie dès sa fondation en 1982, éditrice (Editions Geneviève Pastre), se lance dans une pré-campagne présidentielle destinée à faire connaître le parti Les Mauves, destiné à s’appuyer d’abord sur les lesbiennes et les homosexuels, afin de « réactualiser notre conception de l’être humain », « pour des êtres d’expression de de création », « pour des êtres solidaires et responsables », « pour un Etat et un gouvernement démocratiques, fondés sur le seul contrat social et sur les droits et devoirs de l’être humain, au service des être humains et de la communauté humaine », « pour une éthique politique », « pour une pensée vivante »

2000 : à Liège, en Belgique, Gérard Goyet, ancien du GLH de Marseille, ouvre son resto-bar d’art Le Casse du siècle, avec Stéphane Demaison, avec comme il sait si bien le faire une multitude d’activités (musique, spectacles, chant, expositions, improvisations et toutes sortes d’expressions artistiques) ; à Marseille il a assuré nombre des spectacles des UEH (de 1979 à 1987), créé le groupe de musique Verte Fontaine en 1976-1979, dirigé le Théâtre Bompard, ouvert de nombreux lieux de restaurant-spectacle, éphémères pour certains et d’autres plus durables  (le Chocolat théâtre en 1980-1989, le Béret volatile 1990-2000, l’Horodateur), créé des spectacles, et donné à de nombreuses jeunes compagnies locales et à de nombreux paroliers de café-théâtre nationaux l’occasion de se faire connaître, il a participé activement à l’ébullition culturelle de la ville ; il créera le prix du roman gay en 2013

2000 : l’Union européenne publie une directive qui concerne l’orientation sexuelle, pour établir un cadre de lutte contre les discriminations pour l’emploi et le travail

2000 : parution des livres de Frédéric Martel Le Rose et le Noir : les homosexuels en France depuis 1968 ; de Florence Tamagne Histoire de l’homosexualité en Europe : Berlin, Londres, Paris 1919-1939 ; et du cofondateur d’Act Up en 1989, Didier Lestrade Act Up. Une histoire

2000 : Emmanuel Goldstein, qui avait succédé à Frédéric Martel à la tête de l’association homosexuelle des grandes écoles (AGE) proche du directeur de Sciences Po, Richard Descoings, organise deux fois par an dans son vaste duplex de grandes fêtes (les Goldy Parties) où se retrouvent les gays du Tout-Paris, et en particulier des énarques et maîtres de conférences de Sciences Po : « Ces soirées sont la preuve rassurante que l’époque n’est plus à la clandestinité » notera la journaliste Raphaëlle Bacqué

2000 : à Marseille, le député Renaud Muselier s’engage dans une campagne nationale contre l’adoption par les homosexuels, 253 parlementaires signent sa pétition

2000 : parution du livret de Christophe Marcq Madame H. à l’Université, regroupant les textes des 5 soirées de gala de l’UEEH de Marseille (24-29 juillet 1999), ni dragqueen, ni travesti, ni femme, ni un homme, elle est « une chose, un personnage imaginaire, si imaginaire qu’il en devient réel… un peu mère à pédé, emmerdeuse étouffante, exaspérante, bourgeoise, honteuse, poil à gratter de l’homosexualité bien pensante », elle est présidente d’Homosexualité & Bourgeoisie

2000 : à Nantes, Claude Besson créée l’association Réflexion et partage qui accueille et soutient des homosexuels souhaitant demeurer dans l’église catholique

2000 : à Marseille, célébration des 10 ans du CEL à l’Alhambra (La partie de carte de Marcel Pagnol en anglais, avec Rose et Corinne) ; Isabelle Moulins se présente au CA du CEL, elle s’occupe du site internet, puis devient co-présidente

2000 : la CLN (coordination lesbienne nationale) tient à Die, dans la Drôme, sa rencontre nationale, après celle de Valence

2000 : le photographe d’origine congolaise, Régis Samba Kounzi, 31 ans, milite à Act Up, il y restera jusqu’en 2009, comme membre de la commission Nord-Sud, constatant le retard de 20 ans dans la prise en compte des LGBT dans son pays d’origine ; il milite aussi à Planet africa et à Arcat sida

2000 : parution de la 1ère thèse de pédopsychiatrie concernant les familles homoparentales, Stéphane Nadaud se penche sur la psychologie du développement et sur le devenir des enfants des familles homoparentales

2000 : Lionel Jospin, 1er ministre, fait voter le texte sur la parité aux élections locales de liste

2000 : aux Pays-Bas, le parlement adopte à une large majorité le mariage homosexuel et l’accès à l’adoption pour 2 parents de même sexe

2000 : au Japon, présentation au festival de Cannes du film de Nagisa Oshima (1932-2013), Tabou, qui aborde de frontle thème de l’homosexualité en mettant en scène des samouraïs à la veille de l’ère Meiji, avec Takeshi Kitano ; il s’était fait connaître en 1976 par l’Empire des sens qui avait déclenché le scandale (les douanes US l’ont saisi et le Japon a exigé de masquer les parties génitales), il a réalisé Furyo avec David Bowie en 1983

24 janvier 2000 : à Caen, le juge d’instruction Antoine Brugère, met en examen Mgr Pican, évêque de Bayeux et de Lisieux pour non-dénonciation de crime et non-dénonciation d’atteinte sexuelle pour avoir couvert le père René Bisset, soupçonné de viols et d’agressions sexuelles sur 12 adolescents entre 1985 et 1996

26 janvier 2000 : à Aix-en-Provence, création de l’association FAG (Fac Aix Gay), elle obtient l’utilisation d’une salle d’accueil à la Faculté de Lettres d’Aix, ses permanences se tiennent le mardi et le jeudi de 12h à 15h

Février 2000 : CQFD-Fierté Lesbienne, association membre de la CLF (coordination lesbienne en France), prend la décision de s’investir financièrement dans le combat contre la lesbophobie en prenant en charge les honoraires d’avocat et autres frais d justice exposés à l’occasion d’actions judiciaires engagées pour soutenir des lesbiennes victimes de lesbophobie

Mars 2000 : Pierre Guyotat (né en 1940) publie Progénitures, 800 pages, livre radical « illisible… système logique, organisme cohérent, avec ses lois propres doué d’une dynamique théâtrale » (écrit Patrick Kechichian dans Le Monde), qui paraît après Tombeau pour 500 000 soldats en 1967, Eden, Eden, Eden en 1970 (interdit par la censure et aussitôt défendu par de nombreux intellectuels), Prostitution en 1975, le Livre en 1984 ; son monde est de sexe et de sang, seins arrachés, gorges tranchées, filles ou garçons violés, pénétrés par des soldats ou des chiens, carnage, prostitués mâles ou femelles livrés au bon plaisir, bataillons de testicules criant haro sur le bidet, combles, bordels, chiottes de bordels, scatologie, salive, larmes, sueur et sang, copulation universelle, le putain, la semence, l’intimité des mouches, des rats, des chiens, des « corbieaux » ; ses verbes sont branler, sucer, foutre, réveiller le membre

Mars 2000 : le Groupe du 6 novembre qui s’est illustré en décembre 1999 par un conflit avec Lesbia Magazine, édite un florilège de textes, parmi leurs auteures : Magali C. Calise, lesbienne métisse féministe qui y écrit deux articles (Le racisme : c’est toujours celui des autres Lyon septembre 1998, et Bell Hooks ou quand le féminisme questionne racisme, classe sociale… déjà paru dans le n°12 de La Griffe en décembre 1998, écrit à partir du livre de Bell Hooks paru en 1981 Ain’t I a woman : black women and feminism) , un article de Paris Féministe n°18 du 15 décembre 1985 (Conseils pour la féministe lesbienne blanche française la première fois qu’elle rencontre une femme noire / juive / immigrée / réfugiée du Tiers-Monde), Elly Bulkin co-auteure de Yours in Struggle : Three Feminist Perspectives on Anti-Semitism and Racism en 1994 (dont est extrait son texte Questions féministes à propos de notre racisme et antisémitisme), Audre Lorde (sa conférence de l’Association nationale des études féministes à Storrs dans le Connecticut de juin 1981 De l’usage de la colère : la réponse des femmes au racisme) parue en 1984 dans Sister Outsider, l’interview d’une lesbienne d’origine algérienne Leïla parue en février 1987 dans Archives lesbiennes (Sexualité et les beurs au féminin) par Souad Benani de l’Association des femmes maghrébines, l’article de Francis White (Racisme et sexisme : la confrontation des féministes noires aux formes conjointes de l’oppression) paru dans Les Temps Modernes en 1986, et un texte de Colette Guillaumin (La confrontation des féministes en particulier au racisme en général : remarques sur les relations du féminisme à ses sociétés) paru en juin 1998 dans le bulletin de l’Association nationale d’études féministes

Mars 2000 : aux USA, la conférence centrale des rabbins américains (CCAR) qui représente 1,5 millions de juifs libéraux, vote une résolution autorisant le mariage entre personnes de même sexe, tout en reconnaissant aux rabbins le droit de refuser de bénir religieusement leur union

Mars 2000 : lancement d’une pétition des gays et lesbiennes de Marseille sur la situation en Autriche, par Christian de Leusse, à l’heure où selon l’HOSI (association des gay et lesbiennes autrichiens) le danger vient d’une alliance entre les conservateurs et l’extrême droite (majorité sexuelle déjà inégalitaire pour les homosexuels et les hétérosexuels, 18 ans et 14 ans, et menaces pour les droits) ; la pétition recueille rapidement des centaines de signatures individuelles et associatives ; des représentants de l’HOSI viendront s’exprimer à l’UEEH de juillet 2000 à Marseille

Mars 2000 : parution de La Lettre n°8 des UEEH qui annonce les 4 forums prévus : l’incidence des politiques sur la persécution des Gais et Lesbiennes (Autriche, Russie, Algérie), Famille et parentalité (Christine Delphy, François Delor, APGL), Lesbiennes et Gais passé, présent et solidarités futures, Sexualité, vie quotidienne Les théories psychanalytiques sur l’homosexualité, quelles expertises, poure quelles fins ? (J. Taboada et J. De Martino), de nombreux séminaires se dérouleront autour de ces thèmes et de nombreux ateliers sont proposés, par Zoo avec Marie-Hélène Bourcier, le réseau interuniversitaire, Cabiria (travailleurs du sexe, travestits, transexualité, transgenre), Bi-cause, les dégouTantes (pédales anarchistes), et les ateliers ludiques, d’écriture avec Guillaume Dustan, de création d’œuvre lyrique, de théâtre lesbien avec J. Chang, d’initiation à la danse (Gai Musettes), le plaisir secret d’équilibre, etc.

Mars 2000 : parution de Journal de Paris 1963-1983 du journaliste et biographe Jean Chalon, né en 1935, journal intréopide, alerte et caustique dans lequel il décrit les grandes séductrrices qu’il a rencontré dans sa vie parisienne, Florence Gould à l’hôtel Meurice ou dans sa propriété de Cannes, Natalie Barney, Renée Vivien, Liane de Pougy, Louise de Vilmorin qui a toujours l’air de s’envoler, dotée d’un besoin de plaire irrépressible, Elisabeth de Gramont, Louise Brooks, Marguerite Yourcenar qui écrirvait à Nalalie Barney en 1963 « Je me suis dit que vous aviez eu de la chance de vivre à une époque où la notion de plaisir restait une notion civilisatrice. Elle ne l’est plus aujourd’hui. », Violette Leduc, Leonor Fini, Coco Chanel mais aussi François Augiéras qu’il s’acharne à faire éditer ; il a publié de 1976 à 1991 des biographies de Natalie Barney, Alexandra David Neel, la reineMarie-Antoinette, George Sand et Colette

Mars 2000 : à Marseille, Michel Simon est président d’AIDES Provence, il signe l’éditorial de Bulletin des Volontaires, celui-ci contient un dossier sur les hépatites (risque de réinfection, l’égalité des soins nécessaire, traitement), un Manifeste pour une stratégie contre l’homophobie (à l’initiative de Aides, Act Up-Paris, Centre Gai et Lesbien Paris Ile de France, Prochoix et SOS Homophobie), un programme d’action en direction de l’Afrique subsaharienne (en particulier le Burkina-Faso) mis en place depuis la fin de 1996, les recommandations du rapport Delfraissy de juillet 1999 sur la prise en charge thérapeutique  des personnes infectées, l’action pour la réduction des risques en milieu carcéral et l’action de Urmed solidarité PACA créé en janvier 1997 en direction des étrangers atteints de pathologies graves, le juriste François Courtray représente Aides Provence dans ce réseau qui regroupe plusieurs associations (Cimade, Médecins du monde, Aides Provence, MRAP et Sida Info Service), le programme Réduction des risques dans le cadre du Technival 2000 en coordination avec le Tipi, ou encore les problèmes financiers des associations évoqués lors des Assises nationales de la vie associatives ; Alain Molla, ancien président d’Aides Provence, continue à être responsable de la Commission nationale juridique de AIDES

30 mars 2000 : mort de la photographe allemande Gisèle Freund (1908-2000), réfugiée à Paris en 1933 elle témoignait des atrocités nazies, elle a vécu avec Adrienne Monnier  de 1936 jusqu’à la guerre – alors que Sylvia Beach, amante d’Adrienne Monnier, propriétaire de la librairie Shakespeare & Company, située en face de sa librairie près de l’Odéon à Paris, est partie aux USA -, elle fait le portrait de tous les écrivains qui fréquentaient sa librairie, Virginia Woolf, James Joyce, Colette, André Malraux, Henri Michaux, Michel Leyris, Marguerite Yourcenar, Jean Coteau, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir ou encore Samuel Beckett ; en 1935 lors du Congrès international des écrivains contre le fascisme elle a photographié André Gide, Aldous Huxley et Boris Pasternak ; Adrienne Monnier l’a aidé à publier sa thèse La Photographie en France au XXème siècle en 1936 ; elle s’est réfugiée en Argentine en 1941, accueillie par l’éditrice Victoria Ocampo, et a ramené de magnifiques paysages de Patagonie et de Terre de Feu ; rentrée en France elle a travaillé de 1947 à 1954 pour l’agence Magnum, reçu en 1980 le grand prix national des Arts de la Photographie et réalisé le portrait officiel de François Mitterrand en 1981

4 avril 2020 : mort de la journaliste britannique Evelyn Irons (1900-2000), devenue rédactrice en chef de l’Evening Standard en 1931 après ses études à Oxford et après avoir travaillé au Daily Mail, elle a rencontré Vita Sackville-West à l’occasion d’une interview pour la page féminine de la revue, Vita adresse des poèmes à Evelyn et leur liaison devient bien connue à la rédaction, ; en 1935 Evelyn est décorée de la Médaille d’or par la Royal Human Society pour avoit courageusement sauvé une femme de la noyade, c’est la première fois qu’une femme reçoit cette médaille ; grâce au soutien du général de Lattre de Tassigny, elle devient la première femme journaliste correspondante de guerre à entrer dans Paris libéré et à monter au nid d’aigle de Hitler

Mai-juin 2000 : parution de deux livres sur l’homosexualité au Japon ; le premier, Le grand miroir de l’amour mâle de Ihara Saikaku (1642-1693), paru en 1687, comédie humaine sur la société bourgeoise du XVIIème siècle, où la nouvelle culture urbaine apparaît avec le développement du capitalisme marchand, avec l’argent et le plaisir, en l’occurrence les liaisons homosexuelles ; l’érotisme est un élément fondamental de la culture, entre la satisfaction sexuelle la plus banale et les formes les plus élaborées de la séduction, il traite des relations entre des adultes et des adolescents, des amours des samouraïs er de quelques moines gaillards lutinant leurs bonzillons, des acteurs et travestis prostitués ; en 1629 les autorités avaient interdit la scène du théâtre aux femmes afin de le moraliser, mais leur remplacement par de jeunes éphèbes avait abouti aus mêmes pratiques ; le second Promesse de l’été de la japonaise transsexuelle Chiya Fujino, qui a obtenu le prestigieux prix Akutagawa 2000,  elle retrace avec humour la vie quotidienne d’un petit cercle d’amis dont une femme écrivain, sans succès, une employée de bureau nonchalante, un transsexuel et un couple homosexuel ; on y voit que depuis la restauration de Meiji en 1868 et l’adoption par le Japon des normes victoriennes pour paraître civilisé au yeux de l’Occident, les communautés marginales se sont faites silencieuses, et les travestis ou les transsexuels n’ont plus eu pour espace que le monde de la nuit, des bars ou du spectacle ; la tradition de l’amour homosexuel  a suscité le livre La Voie des éphèbes, Histoires des homosexualités au Japon de Tsuneo Watanabe et Junichi Iwata, concernant le tournant du XIXème et du XXème siècle au Japon ; en 1995 est paru Male Colors, the Construction of Homosexuality in Tokugawa Japan de l’historien américain Gary P. Leupp ; en 1999 Cartographies of Desire : male-male sexuality in Japanese discourse 1600-1950 de Gregory M. Plugfelder , qui sont de larges analyses sur l’histoire de l’homosexualité depuis l’époque des Han (206 av JC à 220 ap JC), suscitant l’ire du jésuite future Saint François-Xavier dans les années 1500, et sur la tradition littéraire homosexuelle ; en 1949 dans Confession d’un masque Yokio Mishima a traité de l’homosexualité dans son roman à succès

Mai 2000 : parution du livre Act Up, une histoire de l’ancien cofondateur et président d’Act Up, Didier Lestrade, « témoignage de premier plan sur un des engagements politiques et sociaux majeurs de ces dernières décennies » écrit Eric Lamien dans Le Monde

Mai 2000 : parution du livre Les lunettes d’or et autres histoires de Ferrare de l’auteur italien Giorgio Bassani, selon René de Ceccatty « premier grand roman italien non pas sur le désir homosexuel, mais sur le mensonge social entourant cette réalité, connue de tous, mais déformée, étouffée ou tue, et renversée en véritable lynchage »

Mai 2000 : parution du livre Monsieur Clive & monsieur Page de l’écrivain anglais Neil Bartlett,  au cours des 50 années qui précèdent l’amorce de leurs revendications, suspense psychologique, atmosphère sensuelle, érotisme puissant, l’apologie du désir est le vrai sujet du livre, Page est le double raté de Clive qui choisit d’être libre et heureux avec son amant balte

13-14 mai 2000 : à Toulouse, Bagdam Espace Lesbien (qui a succédé à Bagdam Cafée 1989-1999) organise son 1er colloque international « Mémoires, langages, sexualités » avec 13 invitées à l’occasion du week-end de Pâques ; les Actes du colloque paraitront en octobre 2000, avec le n°1 d’Espace Lesbien

13 mai 2000 : les sœurs de la Perpétuelle indulgence, couvent des Chênaies d’Aix en Provence, se retrouvent au prieuré de Valbonne pour accueillir en leur sein Benoît qui souhaite devenir garde-cuisse, il prend pour nom Cybercocks.com ; le 30 juin 2000 le discours de son élévation sera prononcé au Must à Nîmes, par le garde cuisse XXL ; le 22 juillet 2000 les sœurs donneront leur bénédiction  lors de l’ouverture des UEEH,  la pétition de Renaud Muselier sera citée comme étant une « insulte » à notre communauté ; le 6 août 2000 mère Marie-God célèbrera la consécration de l’abbaye de la Cham en pays cévenol, fille du couvent des Chênaies, destinée au couvent des Aubépines, et élèvera Michel comme chanoine de cette abbaye, après que sœur Maria Innocenta aux Mains pleines ait élevé, la veille, la postulante Y.V.G. au rang de novice

21 mai 2000 : mort du comédien britannique John Gielgud (1904-2000), dont la carrière au théâtre et au cinéma a duré 80 ans, il a été arrêté en 1953 dans des toilettes publiques, mais le soutien de son public a incité le tribunal à la clémence, pour autant il a eu une forte amende à payer ; il a fait des dons à des associations gays mais n’a jamais avoué publiquement son homosexualité ; il est président de l’Académie royale d’art dramatique de 1977 à 1989 et sera annobli par la reine

16 mai 2000 : un colloque Peuple de l’abime : la prostitution aujourd’hui est organisé au siège de l’Unesco afin de lancer « un cri d’alarme », à l’heure où croît en France le flot de prostituées venues d’Europe de l’Est  ; avant de commencer le colloque est interrompu par les cris et sifflets d’une trentaine de prostitué(e)s des deux sexes et de militants d’Act Up, de Aides et de Pastt (Prévention action santé au travail pour les trannssexuels) aux cris de « Unesco=prohibition » et « Abolition=hypocrisie »

Juin 2000 : sortie du film choc de Virginie Despentes Baise-moi, réalisé par Virginie Despentes et Coralie Trinh Thi, film écrit par des femmes pour mettre en scène des femmes et notamment des femmes pratiquant une sexualité affranchie de le domination masculine ; il est classé X car le visa d’exploitation lui est retiré par le Conseil d’Etat après qu’une association de « défense de la famille » ait protesté contre sa distribution en salle ; à partir de son livre paru en 1993, elle avait 25 ans, et de son site qui a bénéficié de 400 000 connexions en 2 mois ; la journaliste Aude Lancelin parle de  « Copulations frénétiques et fellations tous les deux plans, holocaustes d’innocents filmés au ralenti le plus souvent même en boucle, le tout servi dans une nuée de viscères explosées, de rails de coke, de junk food, de vomi et de traînées de sang menstruel… », les actrices (Karen Bach et Raffaëla Anderson) anciennes actrices de film porno qui ont elles-mêmes été choquées au début du tournage, ont finalement accepté le projet de Virginie Despentes, elles parlent d’un « film ras-le bol extrême, d’une révolte contre la manière dont les femmes sont traitées, bafouées, ignorées dans notre société… C’est parce qu’on partage ce sentiment d’injustice et ce besoin de révolte qu’on a toutes les deux accepté de faire ce film. Je voudrais qu’en sortant de la projection les femmes réalisent combien elles ont été souillées et que -on peut toujours rêver – les hommes changent » (et Raffaëla Anderson conclut par son souhait de participer sur un char à la Gay Pride du 24 juin à Paris)

Juin 2000 : parution de deux livres sur Jean Genet, Jean Genet, le poète travesti de Marie Redonnet et Une enfance abandonnée, Jean Genet à Alligny-en-Morvan de Jean-Pierre Renault

Juin 2000 : parution de Un mouvement gai dans la lutte contre le sida. Les Sœurs de la Perpétuelle indulgence de Jean-Yves Le Talec, Sylvie Tomolillo et Daniel Weltzer-Lang, dans lequel est présenté ce mouvement créé en 1979 aux USA et en France en 1990, les Sœurs de la Perpétuelle indulgence (SPI) se définissent comme un mouvement radical gai, mixte, engagé dans cette luttte

Juin 2000 : à Port-Leucate les 11 et 12 juin, l’assemblée générale de la CLF (Coordination lesbienne en France) approuve à l’unanimité les travaux réalisés par la commission lesbophobie ; le 24 juin à la salle Wagram à Paris au Forum des initiatives lesbiennes et féministes organisé par CQFD-Fierté Lesbienne à l’occasion de la Marche des fiertés lesbiennes, gay, bi et trans, se tient un grand débat sur la lesbophobie « Quelles stratégies adopter en cas d’atteinte lesbophobe dans notre vie privée ou publique ? » , il est décidé de consacrer les excédents des fêtes Fiertés lesbiennes au financement d’actions contre la lesbophobie

5-6 juin 2000 : le Sidaction dure 48h, il est lancé sur TF1 par ECS (ensemble contre le sida), il ne recueille que 14 millions de francs, 43 000 donateurs répondent à l’appel, c’est un bilan médiocre, depuis 4 ans les sommes collectées par dons privés ne cessent de baisser ; en novembre 1998 le Sidaction (avec Canal+, M6? TF1, France 2 et France 3) avait permis de récolter 99 millions de francs, et les tout premiers Sidaction avaient permis de récolter plus de 200 millions de francs

8 juin 2000 : à Bordeaux, inauguration de l’exposition « Présumés innocents » qui marquera durablement le monde de l’art parce que deux commissaires et le directeur du CAPC (Musée d’art contemporain) seront mis en examen pour « diffusion de message violents, pornographique ou contraire à la dignité, accessible à un mineur » et « diffusion de l’image d’un mineur présentant un caractère pornographique » ; l’affaire – considérée comme à la limite de la pédophilie par certains dont l’association La Mouette qui a déposé plainte – se terminera par un non-lieu en 2011 mais elle restera comme l’avènement d’un climat de censure pour les uns, d’un nouveau regard éthique pour les autres, elle rebondira en particulier en 2021 lorsque Claude Lévêque, l’un des exposants parmi 80 artistes, sera inquiété

24 juin 2000 : à Paris la Gay Pride rassemble environ 250 000 personnes (100 000 défilent et 130 000 y assistent), avec environ 60 chars, en tête Bertrand Delanoë (candidat PS à la mairie), Patrick Bloche (PS), Michela Frigiolini (PCF), Alain Krivine (LCR), Yves Contassot (les Verts) et des élus proches de Philippe Seguin, candidat à la mairie de Paris, et le slogan « L’homophobie est un fléau social », Jack Lang, ministre, y participe, ainsi que Jean-Luc Roméro et Pierre Bergé ; Act Up a pour slogan « 20 pilules par jour, ça vous fait bander ? », l’APGL milite pour le droit à l’adoption et à l’insémination artificielle

24 juin 2000 : à Paris, lors de la Marche de la Lesbian & Gay Pride, le char Fierté Lesbienne affirme la lesbophobie est un fléau social puis à la salle Wagram un débat très suivi aborde ce thème sous un angle pratique avec les associations lesbiennes et féministes ; le collectif Lesbienne Rage issu du lieu culturel et politique lesbien féminin non-mixte, effectue des collages sur le parcours de la Lesbian & Gay Pride Paris : Les femmes ont leurs maris, les lesbiennes ont leurs gays, les prisons sont bien gardées (signé Lesbiennes en liberté), Le Lesbianisme n’est pas un produit de consommation (Lesbiennes anticapitalistes), Pour les lesbien, rien ne vaut les lesbiennes. Non mixité, autonomie pour construire nos utopies (signé Autonomie Lesbienne), Publicitaires gays ou hétéros, on vous fera la peau (signé Fureur lesbienne), Ni inséminées, ni assimilées, nous ne reproduirons pas le système (signé Lesbiennes en liberté), Nous ne porterons pas les enfants dont les gays rêvent pour s’intégrer (signé Lesbiennes contre la maternité), Bite et bar et boîte et fric. A bas l’hégémonie gay (signé Lesbiennes anticapitalistes), Misogyne, on te coupera la pine (signé Promesse lesbienne), Tant les lesbiennes ramaient et payaient, que les gays empochaient la monnaie (signé Lesbiennes réalistes), Portons nos paroles lesbiennes plutôt que les enfants des gays (signé Lesbiennes contre la maternité), Lesbienne, je t’aime (signé Lesbienne optimiste), l’action a été suivie d’un piquenique politique le lendemain pour l’organisation future d’une manifestation autonome des lesbiennes

26 juin 2000 : à Marseille, six associations organisent une conférence de presse pour expliquer pourquoi elles contestent l’organisation de la Gay Pride (Les 3G, le CEL, Les Grues libérées, Mémoire des sexualités, les Sœurs de la perpétuelle indulgence et AIDES Provence), elles font état d’une pétition signée par plus de cent personnes ; dans un texte intitulé « Pourquoi nous nous insurgeons ? », elles disent leur lassitude en 10 points : « la Marche homosexuelle appartient à tous et toutes elle n’appartient pas à quelques uns, la crédibilité de l’équipe organisatrice est très limitée, la LGP n’est pas démocratique, l’association LGP que nous voulons est organisatrice de la Marche et pas de la Nuit, la priorité donnée à la Nuit condamne la Marche à n’avoir qu’un but commercial, les associations mixtes sont largement exclues de la préparation de la Marche et les associations lesbiennes en sont écartées, aucun texte commun de référence n’est adopté par l’ensemble des associations, les statuts de la LGP concernant la mixité associative ne sont pas respectés, l’ordre de marche proposé faisant la part belle aux commerces est inacceptable, enfin la mixité des prises de parole en fin de Marche n’est pas garantie »; en charge de la communication de la LGP, Patrick Rogel interrogé par Fred Kahn du journal alternatif Le Pavé répond « Le malaise n’est pas nouveau, il date de 1996. Ces voix sont minoritaires. Et nous avons bien proiis note des réclamations. Certains points seront réglés en septembre lors de l’assemblée générale. Mais la LGP n’a pas pour vocation des réunir les associations, c’est juste une structure technique. Quand aux attaques sur la dimension mercantile, sachez que ce sont les comerciaux qui font vivre l’association et que la soirée finance la marche » ; Michel Simon, président de Aides Provence s’interroge : « Si la plupart des associations homosexuelles se désolidarisent de la LGP, quelle légitimité lui reste-t-il ? » ; les Grues Libérées sont alors correspondants marseillais de la revue Pro-Choix (créée par Caroline Fourest et Fiametta Venner) et rédigent un papier sur cette situation de Marseille

Juillet 2000 : parution du supplément Têtu(,)Madame n°1, du journal Têtu, avec un article sur Palm Spings ; c’est la seule fois que paraîtra ce supplément

Juillet 2000 : à Lyon, l’association Cabiria, action de santé communautaire avec les personnes prostituées, publie le Manifeste des travailleuses du sexe de Calcutta 1997, rédigé par le comité Mahila Samanwaya réunissant des travailleuses/rs du sexe des deux sexes, né d’un programme de prévention HIV/MST né à Sonagachi en 1992

1er juillet 2000 : à Marseille, marche de Lesbian and Gay Pride, « contre l’homophobie, le sexisme et le racisme » au départ de la place Castellane, s’appuyant sur le succès de 1999 avec les 6 000 participants, avec pause au Chaperon Rouge, rue Colbert, et nuit au Docks et after au Cancan ; plusieurs associations marseillaises se disent écœurées par les divisions au sein du monde associatif, le CEL et les 3G renoncent à appeler à la marche ; de 2000 à 2004, les Lesbian and Gay Pride sont organisées par une petite équipe – autour de Eric Séroul en 2000, puis de Jean-Marc Astor 2001-2004, animateurs de l’association Agis Ibiza – à la suite d’un conflit entre les membres du trio Eric Séroul, Patrick Rogel, Jean-Marc Astor (dont le journal Ibiza News, dont le titre appartient à J-M Astor, semble être l’enjeu) mais sans davantage de concertation avec les associations ; le journal alternatif Le Pavé rend compte de ces dissenssions, Patrick Faver des Grues libérées parle d’attribution illégitime du label LGP à un petit groupe à vocation commerciale et par son document-programme de l’appropriation par la LGP des actions lancées par les autres, Christian de Leusse de Mémoire des sexualités d’attitude antidémocratique et sexiste de la LGP, d’exclusion des associations à la préparation de la marche, Michel Simon d’Aides Provence note le manque de légitimité, Marie-Louise Baldacci du CEL souligne l’incapacité de fédérer les sensibilités, Patrick Rogel chargé de communication de la LGP rétorque qu’il ne s’agit que de voix minoritaires, d’une offre d’une structure technique aux associations et défend « les commerciaux qui font vivre l’association » et la soirée qui finance la marche ; de son côté Christian de Leusse, initiateur de la pétition, a invité au titre de l’association Mémoire des sexualités, Jacques Fortin à la librairie Païdos autour de son livre Homosexualités l’adieu aux normes et autour du thème Lesbophobie, homophobie, vers une loi  Alain Piriou (co-responsable de la commission nationale gaie et lesbienne des Verts) et François Vauglin (président d’Homosexualités et socialisme) ; lors de la soirée officielle du lendemain, Christian de Leusse est violemment interdit d’accès à la fête de la LGP (pris en poids et expulsé par le service de sécurité de la LGP), et par solidarité avec lui, Alain Piriou et François Vauglin renoncent à cette soirée

8 juillet 2000 : en Italie, se déroule à Rome la World Gay Pride, organisée par le Cercle Mario Mieli, avec Andrea Giuliani, 29 ans, comme général manager, dans un contexte particulièrement piquant car le Vatican fête son Jubilée à l’initiative du pape Jean-Paul II qui a fait de l’an 2000 une année sainte  ; l’Eglise a tenté de contrecarrer l’initiative, la cardinal Angelo Sodano, secrétaire d’Etat, a déclaré dès de 28 janvier que le « bon sens » était de déplacer la manifestation à une autre date, « loin des églises », considérant Rome comme « sacrée », les slogans des pèlerins ont fusé « Non à la Gay Pride », « Non à l’homosexualité », « Non à la fête foraine des pervertis », Mgr Rino Fisichella, évêque auxiliaire de Rome,  en appelle à l’Etat qui « doit savoir protéger ces citoyens, qui sont majoritaires dans la nation et à Rome en particulier » (ce qui est contredit par les sociologues qui parle de 18% de croyants-observants dans le pays) ; aussi la mairie de Rome qui avait promis 350 millions de lires retire sa subvention ; l’affrontement a des répercussions dans le clergé qui à sa base déclare n’avoir pas de problème avec l’homosexualité et un certain nombre de prêtres gays qui s’expriment alors ; le défilé a été précédé par une âpre bataille à propos du Colisée; Imacolata Battaglia, présidente du Cercle Mario Mieli, a rappelé que celui-ci est un symbole contre la peine de mort encore appliquée aux homosexuels  dans certains pays, alors que la préfecture en interdisait l’accès et que les néofacistes de  Forza Nuova – soutenus par le président de la région Latium, Francesco Storace, ancien néofaciste de Alliance nationale, a annoncé bien avant son intention de défiler  au nom de la « défense de la civilisation romaine », que le président du Conseil, Giuliano Amato, embarrassé a parlé de son souci de défendre la liberté d’expression, que le maire de Rome, Francesco Rutelli, a retiré son parrainage, qu’une personnalité comme Franco Zeffirelli s’est insurgée contre cette Gay Pride, qu’un groupe d’avocats napolitains a convoqué à Ischia une « hétéreo pride », et qu’Alliance nationale a soutenu la retraite aux flambeaux « en solidarité avec le souverain pontife »

22-29 juillet 2000 : à Marseille, 2ème UEEH (université d’été euroméditerranéenne des homosexualités) à Luminy, il y a 550 participant-es  (soit 65% de plus qu’en 1999) dont 450 résident sur place, 58% d’hommes et 42% de femmes (30% de moins de 30 ans, 36% de 30 à 40 ans), il y a 78 étrangers (les plus nombreux sont italiens, anglais et espagnols), 1 900 repas sont servis et 1 600 nuités en cité U ; les participants viennent parfois de loin, parmi eux Irène Kaufer (Bruxelles), Patrice Triboux, Fabien Rouilly, Jean-Baptiste Coursano, Lionel Povert ou François Lepoutre (Paris), Keiwan Fakhr-Soltani (Genève), Pierre Etienne Burte (Lyon) ou Alessandra Casini (Bologne) ; les partenaires importants sont Aides Provence, Contact Provence, les associations marseillaises, la DRASS Paca (autour de la vidéo jeunes), plus d’une vingtaine d’associations interrégionales et internationales, Sida-info-service, la commission homo d’Amnesty International, un réseau d’intellectuels et d’universitaires, des forces syndicales et politiques ; le budget est de 805 595 francs (soit une augmentation de 68% par rapport à 1999) ; la presse locale donne une grande résonnance à l’événement ; le conseil d’administration – au moins celui qui est présenté aux financeurs – s’est étoffé, et en particulier féminisé, Christophe Adam, Jean-Marc Astor (pour l’Interpride), Marylou Baldacci Pascale Berthault, Marie-Hélène Bourcier, Philippe Crévisy (dit Pépito), Jacques Fortin (président), Elyane Galan, Muriel Guigue, Gérard Goyet (secrétaire), Pascal Janvier, Jean-Pierre Léonetti (trésorier), Christian de Leusse, Christophe Marcq, Maïté Maillet, Bruno Pommier, Agnès Royon-Le Mée, Jean-Luc Van Haesebrouck ; plusieurs média communautaires répercutent l’information (Illico, Lesbia Magazine, Ibiza News, Le Chevalier à la Rose, Tabloïd)

Septembre 2000 : à Paris, en mairie du 6ème arr. , exposition sur « la peinture hors du temps d’un écrivain maudit », François Augiéras, « présentation soignée, aérée, délicate, émouvante, dit l’arcadien Christian Gury, sur le thème d’adolescents et d’anges écartelés, le décor stylisé, les couleurs or et deuil, les tableaux tiennent de l’icône et des mystères de l’ancienne Egypte » ; Gury rappelle qu’Augiéras a fait l’objet d’un n° d’Arcadie en 1955 et d’un n° de Masques en 1982

Septembre 2000 : à Bourges, des patrons de bar protestent contre « des mesures antihomos et antijeunes », les patrons et serveurs (Sophiane Terchag – patron de L’Interdit parle d’homophobie -, Patrice Boucher -patron de L’Iguana – , Olivier Rivet – serveur de L’Interdit, par ailleurs responsable de l’association homosexuelle Différent – , Manu, Jérémy et Neness, occupent la cathédrale de Bourges) s’insurgent contre les nouvelles heures de fermeture de leurs établissements (les bars L’Iguana et L’Interdit) fixés par arrêtés préfectoraux de Philippe de Gestas, sous-préfet du Cher, non plus à 3h du matin mais à minuit ;  le chanoine Joël Massip a négocié pour qu’ils ne soient pas plus de 6 à dormir dans la cathédrale, il refuse de réclamer leur expulsion ; Karine de l’association culturelle alternative Emmetrop considère que la promotion du patrimoine passe avant les jeunes ; le préfet Bernard Tomasini s’estime insulté à cause du slogan des responsables de L’Interdit  « Tomasini, petit zizi » repris en cœur pas les  400 personnes rassemblées devant la préfecture ; les manifestants ont le soutien des Verts, du MJS et des associations culturelles, ils appellent à une nouvelle manifestation le 13 septembre à 19h devant la cathédrale

Septembre 2000 : à Marseille, AG des 3G, Laure présidente déclare vouloir arrêter avec les 3G à cause de son manque de mobilisation militante, Henriette Pécoult se présente au CA des 3G, puis élue présidente des 3G, elle le restera jusqu’en 2013

Septembre 2000 : en Espagne, le magazine homosexuel Zero présente en couverture la photo du premier militaire gay le lieutenant-colonel Sanchez Silva, 49 ans, militaire sur-décoré de médailles, juriste, grand amateur de Shakespeare, il est lassé des histoires de corps de garde et des plaisanteries sur les maricones (pédés) ; il s’est dit encouragé par la sentence du tribunal européen pour les droits de l’homme, à l’automne 1999, qui condamnait le Royaume-Uni parce que ses forces armées avaient expulsé une lesbienne et 3 gays  en raison de leur inclination homosexuelle ; en 1985 le code de justice militaire qui affirmait qu’en Espagne « l’homosexualité est contraire à l’honneur militaire » a été aboli

Septembre 2000 : au Vatican, le pape Jean-Paul II envisage de béatifier le pape très conservateur de la 2ème partie du XIXème siècle, Pie IX (1846-1878) –  le pape antisémite, tenant de la rigueur morale qui a promu l’infaillibilité pontificale – provoquant de forts mouvements de réprobation

Septembre 2000 : en Norvège, l’Eglise protestante s’ouvre aux homosexuels, le ministre travailliste des affaires ecclésiastiques, Trond Giske, a entériné en août, l’ordination de Jens Torstein Olsen, un homosexuel de 51 ans vivant en concubinage avec un partenaire de même sexe et qui a défilé lors de la Gay pride d’Oslo, pour la première fois dans l’histoire de l’Eglise luthérienne ; 7 évêques – sur les 12 évêques du pays – avaient fait appel du choix du diocèse concerné craignant que le cas Olsen ne fasse jurisprudence et mette en péril les grands principes directeurs formulés lors d’un synode en 1997, ils pouvaient admettre les homosexuels non visibles dans des tâches administratives mais leur refusait l’accès à la prêtrise, l’évêque porte-drapeau des traditionnaliste, Odd Bondevik, déclare que « le gouvernement aurait du respecter les règles » ; avant son ordination en 1996 Siri Sunde avait promis qu’elle ne se marierait pas avec sa partenaire, mais elle avait convolé avec son amie, l’année suivante, ce qui avait provoqué sa suspension, puis son évêque, une femme, l’avait réintégrée provoquant une levée de bouclier

12 septembre 2000 : aux Pays-Bas, la Chambre des députés vote à une large majorité (109 voix contre 33) une loi qui ouvre le mariage aux homosexuels ; le pays dispose depuis janvier 1999 du partenariat (sorte de pacs) ; le mariage apporte des éléments nouveaux, il n’est dissous que par un juge et il ouvre le droit à l’adoption, le partenaire pourra adopter l’enfant de l’autre et il aura sur lui l’autorité parentale ; si le Sénat confirme le vote, la loi pourra entrer en vigueur en 2001

28 septembre 2000 : à Marseille, Marseille l’Hebdo parle de la reprise du restaurant Les Danaïdes, en haut de la Canebière, par le couple Alex et Yves, aidé de Serge, le 1er janvier 1999, ils quittent leur « QG » de La Plaine et du cours Julien, où ils ont ouvert Clémentine en 1980, puis Il Caffé, bar-restaurant stylé et chaleureux, jusquen 1988 (suivi d’une parenthèse dans un hôtel de St Jean Cap-Ferrat)

Octobre 2000 : sortie du livre L’Homme marié d’Edmund White, retour sur son histoire d’amour, jalonée par Un jeune Américain et La Symphonie des adieux en 1998, sur la rencontre de Julien au bord d’une piscine municipale parisiennre, jeune homme marié, relation intense, fusionelle, la maladie de Julien jusqu’à son décès lors d’un ultime voyage au Maroc et sa crémation au cimetière du Père-Lachaise

4 novembre 2000 : les sœurs de laukltime voyaghe au Maroc Perpétuelle indulgence, couvent des Chênaies d’Aix en Provence, fêtent la soirée d’Halloween dans les locaux d’Aides Provence à Aix, elles soulignent que le Sida n’est pas vaincu sous prétexte qu’il y a les multi-thérapies et conclue, invoquant le nom de ceux qui sont décédés (Pascal, Dominique, Magalie, Abdel) « Continuez à vous protégez…! » ; elles reçoivent deux sœurs du couvent d’Oc (Marie des Maudites et Marie Qu’on fesse) ; le 13 janvier 2001 la postulante au rang de novice, Yann, prononcera un discours au couvent de PanameParis)

5 novembre 2000 : mort de l’écrivain diplomate Roger Peyrefitte (1907-2000), fils unique, licencié en lettres à Toulouse, issus de l’Ecole libre des sciences politiques, major en section diplomatique, à 24 ans il réussit le concours du Quai d’Orsay et devient le plus jeune attaché à Athènes ; il est rappelé à la suite d’un incident avec un groom du Premier Cercle d’Athènes, une deuxième mésaventure en France à Vichy amène sa révocation pour « collaboration spéciale avec la jeunesse », il est réintégré en 1943 à la Délégation générale du gouvernement dans les territoires occupés, il vient en aide à de nombreux Juifs ; il rédige Les Amitiés particulières en 1944-1945, livre phare de l’homosexualité, il obtient le prix Renaudot malgré un contexte plutôt homophobe (Jean Delannoy en tirera un film en 1964) ; il se lie avec Henry de Montherlant en 1939, ils échangent durant la guerre une correspondance pédérastique, il est avec André Baudry un des fondateurs d’Arcadie ; son non conformisme continue de s’affirmer Les Amours singulières (1949), Les Amours de Lucien Samosate traduit du grec (1954), L’Exilé de Capri (1950), Jeunes proies (1966), Notre amour (1967), La Muse garçonnière (1973), L’Enfant de Cœur (1978) – l’histoire du gigolo qui faillit le ruiner -, Les Clés de Saint-Pierre (1955), le cardinal Tisserand doyen du Sacré Collège, membre de l’Académie française fait alors son éloge, les Chevaliers de Malte – qui va empêcher le Vatican de s’emparer des richesses de l’Ordre de Malte – , La Fin des ambassades qui coûte la présidence de la République à Georges Bidault, alors président du Conseil ; entre 1977 et 1981 il compose une œuvre monumentale Alexandre le Grand en 3 volumes où Alexandre et son amant Ephestion apparaissent comme des êtres de chair et de sang, en 1977 et 1980 il écrit Propos secrets dans leqs quels il arrache les masques de la société bien pensante, en 1976 il « révèle » dans Lui les amitiés particulières du cardinal Montini, archevêque de Milan, futur Paul VI qui répondra indirectement « sur les choses horribles qui sont dites sur (s)on compte », et le Vatican le fera suivre par la police italienne ; en 1959 le quotidien communiste Paese Sera publiera des photos de cette filature, preuve de collusion entre la Vatican et le gouvernement qui provoquera une crise au sein du gouvernement ; Peyrefitte demandera à Alexandre de Villiers, son exécuteur testamentaire, d’attendre son décès pour publier les confessions de deux gardes suisses qui font une description détaillée des pratiques homosexuelles de quelques princes de l’Eglise ; en mai 1964, à François Mauriac l’insulte dans son Bloc-Notes à propos des Amitiés particulières, il répond par un pamphlet littéraire dans lequel il dénonce l’homosexualité de celui-ci, sa dissimulation et son pharisianisme, ces échanges coûtent à l’un l’accès espéré à l’Académie française et à l’autre d’éventuelles funérailles nationales ; Peyrefiite écrit L’Innominato (1989) mais il est boudé par le monde littéraire ; il croule sous les distinctions et décorations étrangères ; en 1997 la plus belle promenade du village d’Alet dans l’Aude portera son nom, près du cimetière où il est inhumé

7 novembre 2000  : Act Up Paris organise l’AG des pédés, Emmanuelle Cosse, présidente, fait une introduction forte : 35 000 à 38 000 décès depuis le début de l’épidémie dont environ 25 000 homos, 120 000 à 140 000 séropositifs, 3 000 à 5000 nouvelles contaminations par an, le nombre de gonorrhées rectales s’accroît comme le nombre d’homos vivant avec le VIH ; Christophe Martet ajoute : le plus gros facteur de risques concerne les couples quand la sérologie du partenaire n’est pas connue ; l’AG est tendue, tension avec le SNEG qui n’en fait pas assez pour sensibiliser les clients et mettre à leur disposition des préservatifs et du gel, avec le ministère qui n’en fait pas assez à l’heure du relapse (la baisse de vigilance des gays), entre Act Up et le duo Guillaume Dustan-Erik Rémès partisans de la liberté de baiser et du bareback ; Philippe Mangeot d’Act Up Paris, se dit séropo depuis 16 ans, il souligne que 40% des sidas déclarés chez les pédés ce sont des gens qui ignorent leur statut sérologique ; René Paul Leraton de la Ligne Azur de Sida Info Service souligne que les jeunes pédés doivent se démerder avec leur souffrance et leur solitude ; Jean-François Chassagne du SNEG souligne que les campagnes de prévention du SNG existent depuis1993 ainsi qu’une centrale d’achat des préservatifs financée par les annonceurs ; le CRIPS annonce l’ouverture d’une permanence gay rue Ste Croix de la Bretonnerie à partir du 1er décembre prochain ; Yves Souteyrand de l’ANRS rappelle que tous les 2 ans une enquête est effectuée par la DGS par le biais des média gays

27 novembre 2000 : une directive communautaire porte création d’un cadre général en faveur de l’égalité de traitement en matière d’emploi et de travail ; cette directive sera une base utile pour autoriser des droits semblables pour les pacsés et les mariés (cf l’arrêt de la Cour de cassation du 23 mai 2012)

Décembre 2000 : au cours de l’année les télévisions françaises ont diffusé 551 émissions traitant de l’homosexualité (contraste saisissant avec les années 1970 ou 1980)

 

2001-2009 : Patrice Chéreau remarqué pour sa Reine Margot en 1994 sort 4 films : Intimité (2001), Ours d’Or à Berlin, mise en scène brutale, naturaliste, de la passion physique entre 2 amants en rupture de couple ; Son frère (2003) récit de l’agonie d’un jeune homme qu’accompagne son frère ; Gabrielle (2005) qui dresse un champ de bataille conjugal ; Persécution (2009) sur une passion malheureuse et paranoïaque

2001-2005 : la série américaine Six Feet Under créée par Alan Ball est diffusée en France, elle raconte le quotidien de la famille Fischer, à la tête d’une société de pompes funèbres à Los Angeles, David Fisher est gay, on suit son coming out et son évolution

2001 : parution du livre La Confusion des sexes, le travestissement de la Renaissance à la Révolution de Sylvie Steinberg, de nombreux témoignages font émerger le sentiment étouffant de contrainte des corps sociale, politique, médicale et judiciaire à une époque où l’intimité n’existait pas, le travestissement contrevenait à la religion et à la différence des sexes telle que Dieu l’a voulue et mise en œuvre; avec la Révolution, les femmes sont entrée dans la sphère publique pour réclamer l’égal accès à la citoyenneté

2001 : Patrick Bloche et Jean-Pierre Michel remettent un rapport bilan sur le PACS et posent la question du statut du beau parent pour les couples pacsés et des discriminations au regard de l’adoption

2001 : l’étude de 30 manuels de l’enseignement élémentaires parus de 1900 à 1997 permet de montrer l’ostracisme obstiné que subit la femme dans la représentation nationale (Histoire des femmes publiques contée aux enfants de Françoise et Claude Lelièvre)

2001 : parution du livre de Florence Tamagne Mauvais genre ? Une histoire des représentations de l’homosexualité

2001 : parution de Trajectoires d’engagement Aides et Act Up de Christophe Broqua et Olivier Filleule

2001: parution du tome 2 de l’Ennemi principal, Penser le genre de Christine Delphy, il sera réédité en 2009 et en 2013

2001 : réédition de en France de La pensée straight de Monique Wittig, recueil d’articles parus dans la collection Questions Féministes en 1980 ; pour l’auteure le terme désigne un système politique. L’hétérosexualité en tant que système politique désigne un fonctionnement social fondé sur la répartition binaire des êtres humains en classes de sexes (femmes et hommes) selon des critères biologiques et l’utilisation des organes génitaux (mâles et femelles) comme marqueurs de l’identité sexuelle. À ces deux sexes sont attribués deux genres(féminin et masculin), auxquels correspondent des caractéristiques (douceur / force, l’intuition / raison, tempérance / initiative, etc.), des rôles sociaux (division socio-sexuelle du travail, répartition des tâches domestiques , appropriation des fonctions directives par la classe des hommes), une orientation sexuelle (l’attirance pour le sexe opposé) et un destin (être une mère ou un père et fournir des citoyens à la nation) : « Les femmes ont le choix entre être des fugitives ou essayer d’échapper à leur ‘classe’ (comme le font les lesbiennes), et/ou de renégocier quotidiennement, terme à terme, le contrat social. Il n’y a pas d’autres moyens de s’évader (car il n’y a pas de territoire, d’autre rive du Mississipi, de Palestine, de Libéria, pour les femmes). La seule chose à faire est donc de se considérer ici même comme une fugitive, une esclave en fuite, une lesbienne. »

2001 : reconnaissance officielle de la déportation des homosexuels pendant la 2nde Guerre mondiale

2001 : création de l’association de fonctionnaires lesbiennes et gays LEFH (liberté egalité fraternité homosexuelle), Pascal Richard-Masson en est le fondateur, vice président, membre de l’UNSA Ville de Paris, Sylvain Genty s’occupe des relations Presse

2001 : deux textes de loi sont adoptés, l’un contre les discriminations au travail, le mot mœurs disparaît au profit de celui d’orientation sexuelle et la protection s’étend au-delà du recrutement et du licenciement à l’ensemble de la carrière professionnelle, avec aménagement de la la charge de la preuve et protection des témoins ; l’autre concerne les discriminations en matière de location d’appartement

2001 : parution du livre La vie sexuelle de Catherine M. de la critique d’art Catherine Millet, « le livre le plus explicite à propos du sexe jamais écrit par une femme » dira Edmund White, vendu à plus de 600 000 exemplaires en France (et à 2 millions dans le monde) ; découvrant L’amant de Lady Chatterley quelques années plus tard, elle écrira en 2017 Aimer Lawrence et dira à propos de D.H. Lawrence « Je suis jalouse de la façon extraordinairement précise dont il décrit, pas exemple, l’orgasme féminin ! » et regrettera que le « féminisme généralisé ait forcé les hommes à abdiquer, les ait dévirilisés à force de les culpabiliser, et que l’une des conséquences soit qu’un homme dévirilisé ne satisfait plus une femme. »

2001 : parution de Attirances : Lesbiennes fems/les lesbiennes butchs de Christine Lemoine et Ingrid Renard, la présentation  de ce livre raseemblant témoignages, textes théoriques ou historiques, aux Archives Lesbiennes de Paris, donne lieu à la création du groupe de réflexion Archilesb! 

2001 : à l’hôpital de St Germain en Laye, le Dr Pierre Folles est le 1er urologue à effectuer une clitoridoplastie, opération de réparation chirurgicale auprès des femmes excisées

2001 : à Marseille, Areski devient présidente des 3G, pour 3 ans, elle est pour que ce soit un bar affiché comme lesbien et n’est pas particulièrement favorable à la mixité du lieu, afin de pouvoir parler plus librement (du viol, du harcèlement sexuel, des femmes battues, de l’inceste, etc.) ; Laetitia entre au CA en 2001 et 2002 ; des liens se nouent avec les UEEH, les Panthères Roses, la participation à une marche des Fiertés est montée en une semaine, en se mettant 50m derrière la Gay Pride (militantisme subversif et festif)

2001 : en Allemagne, vote de la légalisation de la prostitution par un gouvernement de gauche, les Verts préconisent l’organisation d’une formation avec diplôme à la clef

2001 : en Allemagne, vote de la législation sur l’union civile

2001 : au Vatican, le cardinal Ratzinger, au nom de la Congrégation pour la doctrine de la foi, pousse à faire sortir toutes les plaintes pour abus sexuel

2001 : en Italie, Danilo Giuffrida, étudiant en philosophie à Catane, est convoqué pour une visite médicale en vue de son incorporation militaire, il déclare son homosexualité, il lui est répondu « Qu’est-ce qui me le prouve ? Inscrivez-vous au moins à l’Arcigay », il s’exécute ; il reçoit plus tard une convocation pour une visite médicale en vue de passer le permis de conduire, il sera entouré d’handicapés et on lui donnera « une sorte d’autorisation provisoire » à « renouveler chaque année en fonction de l’avancée de (sa) guérison » ; il portera plainte pour violation de la vie privée et discrimination, le tribunal administratif lui accordera 100 000 €, réduit en appel à 20 000 €, les juges de cassation seront appelés à trancher en janvier 2015…

2001 : en Pologne, création de l’association Kampania Przeciw Homophobil (KPH) animée par Robert Biedron – qui créera en 2019 son parti politique The Spring est entrera en politique, présentant une liste pour les élections européennes – il agira activement pour mobiliser les LGBT, avec Mitroslawa Makuchowska en particulier

2001 : aux USA, David Jay, 19 ans, fonde le site internet Aven (Asexual Visibility and Education Network), un réseau pour la visibilité et l’éducation asexuelle, le futur militant se rend compte que des sincères et intenses, y compris faites de « câlins et de marques d’affection physique » peuvent être nouées sans passer par le sexe ; 20 ans plus tard le site Aven sera une sorte de Wikipédia de l’asexualité ; Aven sera fondé en France en 2010 ; en Australie ACT Aces sera fondé à Canberra

Janvier 2001 : parution en France de Lettres de Venise de l’écrivain Australien Robert Dessaix (né en 1944), il traduit ses relations avec le sida et la mort (non pas comme souffrance mais comme destin), de sa façon de percevoir le monde ; sa mère avec laquelle il reprend contact à l’âge de 45 ans « aurait préféré que je ne soit pas homosexuel » dit-il

Janvier 2001 : l’écrivain américain Armistead Maupin effectue une tournée d’une semaine en France (Bruxelles, Strasbourg, Paris, Toulouse, Montpellier Bordeaux, Marseille), son feuilleton hebdomadaire paru dans le San Francisco Chronicle qui a duré 12 ans depuis 1976 a été édité en livres Chroniques de San Francisco (6 tomes), et il vient de publier Une voix dans la nuit, « tendre, rieur, popote » il est davantage adepte de « la caresse » que de « la pénétration » et son succès aux USA va bien au-delà des milieux homosexuels, « il réconcilie l’homosexualité avec le reste de l’humanité » écrit Didier Jacob

Février 2001 : parution de plusieurs livres En l’absence des hommes de Philippe Besson où Vincent de l’Etoile, 16 ans en 1916, fréquente Marcel Proust et a une relation brûlante pendant sa courte permission de soldat avec Arthur le fils (bâtard) de la gouvernante, « roman subtil à l’ombre du grand roman de toutes les sexualités et de tous les amours » dit le critique Hugo Marsan ; Des lendemains de fêtes de Pascal Sevran, après La Vie sans lui paru en 2000 décrivant sa vie avec le garçon aimé pendant 20 ans, Sevran, inconsolé, raconte son désir de continuer à vivre ; Les choses communes de Nicolas Pages, l’ami de Guillaume Dustan à qui celui-ci a consacré un livre ; Etre un homme d’Olivier Charneux paru après son beau premier roman La Grande Vie, il se remémore la première partie de sa vie et sa rencontre avec celui qui partage sa vie, entre l’âge de 13 ans et l’âge de 37 ans

Février 2001 : au Brésil, le gouvernement se trouve confronté à une plainte américaine devant l’OMC contre les médicaments brésiliens, alors que l’épidémie de sida fait des ravages (95 000 morts, plus de 500 000 séropositifs) ; et à une critique sévère de la Conférence nationale des évêques qui au nom des valeurs chrétiennes jette l’anathème sur la campagne de prévention lancée à l’approche du carnaval ; le ministre de la santé, M. Serra, annonce le 14 février que des copies de 2 médicaments dont les brevets sont détenus par les firmes DuPont et Roche – dont l’importation coûte 105 millions de $ par an, soit 36% des fonds engagés dans la lutte contre le sida – , seront bientôt fabriqués au Brésil en vertu de la loi de 1996 sur « l’abus de pouvoir économique »

15 février 2001 : à Marseille, Gérard Goyet, fondateur du groupe de pink jazz Verte Fontaine, ouvre la (B)oite pour une nuit rue Aldebert, après bien d’autres lieux faits de galerie cabaret, cinéma expérimental, restaurant ou piano bar ; après ses années 1970-1980 ( GLH et animation atrtistique des UEH), il avait ouvert son resto-clando rue de Préssensé puis son restaurant à la Place Thiars avec sa fontaine qui collait bien au nom de son groupe (alors que cette place était encore déserte), ouvert l’Horodateur, le (B)érêt volatile, créé la Nuit des Ives (pastiche de la nuit des Molières), il a créé le Chocolat-Théâtre à la rue du Chantier où sont venus s’exercer de nombreux espoirs (comme Elie Kakou) et organisé à la fin une performance de vente aux enchères de chaises pour sauver le lieu de la faillite ; chanteur et professeur de chant, créateur de spectacles et de festivals de théâtre, il se pasionne pour les gestes gratuits qui font se rencontrer les différentes formes de créations (comme Erik Lagrange dans la danse), avec l’aide de Jean-Georges de l’Agence Tartar(e)

19 février 2001 : décès de Charles Trenet (1913-2001), à 7 ans après le divorce de ses parents il souffre d’être pensionnaiure, il souhhre de la thypohoïde et sa lmère le ramène à la maison où il joue du piano sans arrêt, il apprend la musique à l’oreille ; à Perpignan il rencotre Albert Bausil, 50 ans, poète, comédien, directeur de journal, qui devient son Pygmalion, expose ses premières toiles, lui ouvre sa bibilothèque et lui fait découvrir la musique et les poètes ; à 15 ans il fuit l’autorité pateenelle qui lui reproche « ses mauvaises fréquentations », il partage alors l’appartement d’Albert, ce qui entraine des commentaires malveillants ; Albert convainc Lucien Trenet de laissef son fils voler de ses proprex ailes à l’Ecole des Arts décoratifs de Paris, Charles profite de la pension parternelle poir prendre sa liberté, en 1930 il est assistant aux studios Pathé de Joinville, il raconte ses amours multiples à Bausil qui continue à l’aider financièrement, sa vie sexuelle débridée lui attrire des ennuis ; en été 1931 Charles est vu avec son amiu Max nus s’étreignant dans les jardins du Casino de Vernet, près de Perpignan, ils sont dénoncés et condamnés à 3 jours de prison pour « attentat à la pudeur » ; Charles s’introduit dans les milieux homosexuels de la capitale, ses premiers poèmes défiés à Montherlant sont  publiés par Paul Léautaud, à 18 ans il fréquente quotidiennement Max Jacob qui lui conseille de ne pas publier ses poèmes mais de chanter, Jean Cocteau va le convaincre de les mettre en musique, ses premières compositions sont très influenczées par Mireille ; il rencontre le pianiste suisse Johnny Hess qui partage les mêmes passions ; il spont engagés par Henri Varna au Palace, ils se produisent au Fiacre, rue ND de Lorette, qui restera un rendez-vous des homosexuels jusque dans les années 1950 ; en 1936 Maurice Chevalier interprète Y’a dela joie au Casino de Paris et incite Charles à chanter sur scène, le compositeur Wall-Berg l’écoute et orchestre ses chansons, il fait ses débuts à Marseille ; Cocteau le compare à Villon, Rimbaud, Verlaine, Apollinaire dans le journal Ce Soir, il triomphe à l’ABC et obtient le grand prix du disque avec Boum ; en 1938 il a les moyens de se faire construire une maison hollywoodienne ; il chante après la défaite, il parvient à se faire démobiliser, mais l’odre moral sugit avec Vichy, les collaborateurs le jugent trop zazou et ses chansons décadentes; en 1943 il refuse une tournée en Allemagne avec Edith Piaf ; il chante pour dstraire les prisonniers, à la Libération il est condamné à 18 mois d’interdiction de travail ; la France le boude, il se rend en 1946 aux USA puis retrouve son public salle Pleyel ; en 1948 au cours d’un voyage aux USA il a un rapport sexuel avec son secrétaire, dénoncé par les passazgers, il est détenu à Ellis-Island pendant un mois « soupçonné » d’être homosexuel ; à partir de 1950 ses chansons font la nique à la censure, les homosexuels comprennent leur sens érotique ; il fera ses adieux à l’Olympia en 1955 ; le fou chantant est l’auteur de près de mille chansons, La Mer, Y’a de la joie, l’Ame des poètes, Douce France ont été parmi ses plus grand succès, ou encore Je chante, La Romance de Paris, le Soleil et la Lune, Fleur bleue, Le Jardin extraordinaire, Que reste-t-il de nos amours ? Boum !, Route nationale 7, l’Abbé à l’harmonium (« Qu’il pédalait bien l’abbé »), etc. ; il a joué dans une quinzaine de films ; le journaliste Pierre Bénichou fait sa nécrologie, ce « personnage politiquement et sexuellement incorrect (qui) a servi de lien entre trois générations réputées irréconciliables » ; Serge Hureau parle de sa tristesse joyeuse, porte ouverte sur une France pesante, qui l’étouffa et fit de lui un personnage à la fois attachant et détestable, prisonnier de son éducation religieuse, de ses folies catalanes il a gardé le culte de la jeunesse éternelle, petit provincial monté à Paris il a courtisé avant-guerre Max Jacob et Jean Cocteau, Papa pique et maman coud révèle le drame d’un jeune homme poursuivi par sa mère jusque dans sa nuit de noces, ses chansons si simples d’apparence deviennent le livre ouvert des souffrances du petit pensionnaire, il décrit la perte inéluctable de la jeunesse dans Au bal de la nuit et les massacres de l’enfance dans Les Petits punis ; en 2010 l’écrivain Olivier Charneux dans le Prix de la joie racontera ses terribles 28 jours passés à la prison d’Aix-en-Provence à 50 ans à l’été 1963 avec amende de 5 000 francs, pour actes impudiques et contre-nature sur mineurs de moins de 21 ans en vertu de la loi de Vichy de 1942 reconduite en 1945, ils mettront de fait fin à sa carrière de chanteur ; il meurt à 87 ans, Georges El Assidi, son fils spirituel de puuis 20 ans est son héritier

24 février 2001 : à Marseille, débat au Chocolat Théâtre sur le thème Les homosexuels et les lesbiennes interrogent les candidats de la gauche plurielle

Mars 2001 : parution de 2 livres de François Augiéras, Lettre à Paul Placet, son amant rencontré en juin 1950 en Tunisie, Une adolescence au temps du maréchal et de multiples aventures et de Augiéras le peintre de Claude-Michel Cluny et Paul Placet

1er mars 2001 : les statuts de l’Académie Gay et Lesbienne, association d’entraide sociale pour le développement de la culture et la sauvegarde du patrimoine, sont déposés à la préfecture du Val de Marne, par Hoang Phan Bigotte, une petite campagne de communication est alors lancée, un document de présentation est distribué en 500 exemplaires dans le quartier du Marais

5 mars 2001 : en Afrique du Sud, devant la Haute Cour de Pretoria ouverture du procès que l’Association des industries pharmaceutiques – représentante des plus grands laboratoires européens et américains – intente au gouvernement sud-africain ; elle veut faire déclarer inconstitutionnelle la législation du pays de 1997 permettant au gouvernement de faire appel à des produits génériques dans la lutte contre le sida et violant ainsi la loi sur les brevets protégée par l’OMC ; dans ce pays 4,2 millions de personnes sont séropositives, près de 10% de la population, chiffre le plus élevé dans le monde, or les traitements sont trop chers (20 000 à 30 000 $ par an aux USA et en Europe) tandis que l’Afrique du Sud, le Brésil et l’Inde peuvent produire copies de médicaments génériques permettant un traitement à moins de 400 $ ; le président sud-africain de Treatment Action Campaign, Zackie Achmat, dénonce un « holocauste contre les pauvres » ; le procès, à peine ouvert, est reporté au 18 avril afin de prendre le temps d’auditionner les arguments des ONG plaignantes de lutte contre le sida (dont MSF, Oxfam, Act Up)

18 mars 2001 : à Paris, élection de Bertrand Delanoë à la mairie

30 mars 2001 : les Sœurs de la Perpétuelle indulgence, couvent des Chênaies d’Aix en Provence, fêtent la semaine Lesbigay aixoise, la bénédiction de Marie-God se termine par : « Attention, le bareback nous guette… répétons-le inlassablement on meurt toujours du sida »; le lendemain deux cousines du couvent d’Oc sont attendues à la soirée au Spartacus à Aix (mère Marie des Maux Dites et sœur Marie des bégonias, gardienne des Vespasiennes) ; le 14 avril 2001 elles fêteront la Saint Valentin, invoquant outre Saint Latex et Saint Gel Aqueux pour les Valentins, Saint Fémidon et Sainte Digne Dentaire pour les Valentines ; le 19 mai 2001 le Must à Nîmes accueillera le couvent, à l’occasion des 32 ans de Stonewall, sur les terres du couvent d’Oc (il y a là sœur Adrénaline, sœur Marie des Bégonias et novice des Anges Hantées) ; le 24 août 2001 le prieuré de l’Hubac sera consacré, fils du couvent des Chênaies, dirigé par l’abbesse Monica, chanoinesse du couvent des Aubépines

Avril-août 2001 : liquidation judiciaire de « l’empire » Gai Pied

Avril 2001 : à l’Hôtel de ville de Paris, création de l’association 3HVP par quelques jeunes homosexuels (dont Sébastien, Jean-Nicolas et Jérôme) ; à l’image des premières associations homosexuelles professionnelles comme C Gay (à Canal+), Gare (à la SNCF, qui a déjà trois cents adhérents, avec Jean-François Fievet comme président) et l’AHTP (à la RATP) ; l’élection de Bertrand Delanoë à la mairie de Paris en mars 2001 les a encouragé, mais elle a aussi ravivé une homophobie virulente, ils auront rapidement une vingtaine d’adhérents

Avril 2001 : le séminaire de Sociologie des homosexualités animé par Françoise Gaspard et Didier Eribon à l’EHESS reçoit Edith Butler, parmi les assistants Sandrine Sanos, Michael Lucey, Jean-Louis Servan-Schreiber, Laure Murat, Beatriz-Paul Preciado

Avril 2001 : parution de Les Derniers Eunuques, en Inde avec les hijras de Zia Jaffrey, sur les « eunuques » en Inde, ils sont vêtus de saris en lambeaux, ce sont des hijras – ni hommes, ni femmes -, ils surviennent lors des célébrations de naissance ou de mariages, sans avoir été invités, vivant en ùmarge de la société, l’un d’entre eux a rang de gourou ; ils étaient conseillers des princes ou chef de harem (parfois dotés de pouvoirs politiques ou militaires importants), à l’histoire ancrée dans la tradition hindoue et musulmane, l’abolition du système féodal a entrainé leur déchance mais pas leur disparition, ils seraient entre 500 000 et 1,5 millions ; mais ils sont désormais réduits à la prostitution et à la mendicité, soupçonnés d’enlever des enfants des classes les plus pauvres, car ils recueillent les enfants sexuellement mal formés que les familles abandonnent, ou des adolscents homosexuels et transsexuels

Avril 2001 : en Suisse, parution à Genève du n°4 de l’association Bang Bang Coming Out, sous-titré 100% pur pédé, de couleur rose, Nuit gravement à l’hétéronormalité,  les pseudonymes dominent (Tante Jeanne, Nutella de Linio, Mary Long, Fiottina Nalle, M. de B., Arlette des Jeunes Rives, Lady Di-Les-Tantes, Sissy Impératrice du Désert, Marc B., le p’tit Punk à la crête rose fluo, Inferna K., Funky Punky Boy, Alain Piriou, Lady Strass Taroute, Gloria de la Jaquette, Uranistasia Aporinosis, Self Bambino, Alexis Noche, Gaëtan Thouse des Ste-Hybrides, etc.), parmi les articles une invitation au séjour du 5 au 13 mai est lancé (la Croisière VI), ce séjour se déroule 2 fois par an  dans une maison de campagne (la Hitte, à Lacave dans les Pyrénées ariégeoises, à 80 km de Toulouse), un dossier sur le coming out, les squats anarcolibertaires, l’école de la diversité, les impressions sur la Croisière V de l’automne 2000, un texte du Fhar de 1971 (Adresse à ceux qui se croient normaux)

1er avril 2001 : entrée en vigueur de la loi du 21 décembre 2000 aux Pays-Bas autorisant le mariage homosexuel, 1er pays du monde à le légaliser (après un vote en septembre à la seconde Chambre de 109 députés contre 33) ; à l’Hôtel de Ville d’Amsterdam se marie le premier couple juste après minuit Hélène Faasen et Anne-Marie Thus, vêtues de la robe traditionnelle, puis d’autres couples (Ton 72 ans et Louis 63 ans, Peter et Frank, et d’autres)  ; Henk Hillenaar sera le 1er prêtre homosexuel – ancien jésuite – à se marier ; 1 355 mariages auront été célébrés en 2001

12 avril 2001 : dans le Bas Rhin, à Zittersheim, un instituteur, Paul Jacquin, accusé de pédophilie, se suicide ; le 1er juge d’instruction de Saverne expliquera qu’il avait mêlé « séduction, perversion et passage à l’acte », identifiant 4 victimes et découvrant chez lui un fichier de photos pédophiles

23 avril 2001 : à Paris, Christophe Girard, adjoint Vert à la Cuture depuis mars 2001, annonce à l’AFP vouloir transformer le Théâtre de la Gaïté-Lyrique – fermé depuis 1963 – en bibliothèque, en proposant qu’y soit installée « comme à San Francisco, une section gays et lesbiennes dont Paris manque actuellement »; le projet ne pourra pas prospérer, les critiques viennent de divers côtés (dont Eric Zemmour dans le Figaro, Delfeil de Ton dans le Nouvel Observateur) ; le 2 mars 2001 le maire Bertrand Delanoë s’était dit favorable à la création d’un lieu de documentation, d’information et de recherche autour de la mémoire du mouvement homosexuel, le 13 juin 2001 l’adjointe chargé du monde combattant, de la mémoire et des Archives, Odette Christienne, recevra les promoteurs du Centre d’arhives et de documentation homosexuelles de Paris (CADHP) et 80 associations seront reçus à l’Hôtel de ville, les représentants du CADHP (Christopher Miles, futur président, et Jean Le Bitoux, salarié en 2002-2004) remettront alors à Christophe Girard un mémorandum le 18 juin 2001 ; ces projets, celui du CADHP comme celui de la Ville de Paris, arrivent dans un contexte où le réseau associatif homosexuel a considérablement évolué, création de l’association Bi’cause en décembre 1995, séminaire Q de Zoo à partir de 1996, première Existrans et apparition de la Coordination lesbienne nationale en 1997 et où le CGL de Paris (qui deviendra centre LGBT en 2005) construit son propre espace documentaire

1er mai 2001 : à Paris, pour la 1ère fois, dépôt de gerbe en mémoire des anciens déportés homosexuels à l’Arc de Triomphe

11 mai 2001 : en Egypte, au Caire 52 hommes sont raflés et arrêtés sur le Queen Boat amarré sur le Nil, ils sont entassés dans une cage, le visage caché par des masques de fortune en papier ou en chiffon, et seront poursuivis devant la Haute Cour de Sûreté de l’Etat ; cinquante seront accusés de « débauche invétérée » et de « comportement obscène » sous l’article 9c de la loi no 10 de 1961 sur la lutte contre la prostitution, deux autres seront été accusés de « mépris de la religion » sous l’article 98f du code pénal ; les cinquante-deux accusés plaideront l’innocence ; 21 des 52 écoperont de peines de prison ferme sans possibilité d’appel ; mais en mai 2002 le président Moubarak annulera le jugement du tribunal d’exception – sauf les 2 accusés de d’outrage à la religion – quelques jours avabnt la visite du raïs aux USA ; le directeur du centre Hisham-Moubarak, l’ancien avocat Ahmed Seif, a pris ouvertement la défense des accusés, dans un contexte très hostile à l’homosexualité  ; mais en juillet 2002 un nouveau procès s’ouvrira et 29 hommes seront rejugés et une nouvelle audience se tiendra en septembre 2002, leurs photos largement diffusées les marquera pour longtemps, ils perdront leur emploi et leur réputation

Juin 2001 : à Paris Fierté lesbienne très festive et politique, l’espace Wagram abrite un espace artiste, la lutte contre la lesbophobie demeure au 1er plan avec une table ronde où des responsables institutionnelles (députées européennes, syndicalistes, responsables associatives) apportent des réponses concrètes à des situations de discrimination, et char, cinéma fête

Juin 2001 : parmi les les boites de nuits gay parisiennes recherchées, le Dépôt, rue aux Ours, à côté des Bains, et le Scorp Bd Poissonnière, alors que le Queen est en déclin

Juin 2001 : le TGI de Paris permet pour la 1ère fois l’adoption, par Carla, des enfants de la compagne d’une homosexuelle Marie-Laure ; la cour Européenne des Droits de l’Homme déclare recevable la requête contre la France suite à un refus d’agrément en vue d’une adoption au motif de l’orientation sexuelle : cette décision fait suite au refus en 1993 du Conseil de Paris d’accorder l’agrément préalable d’adoption à Philippe Fretté, en invoquant son « choix de vie », le TA de Paris avait annulé cette décision en 1995 mais le Conseil d’Etat avait confirmé le refus d’agrément en 1996

Juin 2001 : à Caen, procès pour non dénonciation d’actes pédophiles de Mgr Pican, évêque de Bayeux et Lisieux, du fait des agissements de l’abbé René Bissey (condamné en octobre 2000 à 18 ans de réclusion criminelle) ; il est rappelé qu’il a été informé dès 1996 par une mère de ce que l’abbé avait eu des relations sexuelles avec son fils une quinzaine d’années auparavant, puis que d’autres enfants ont été concernés  ; « Après deux jours de procès, j’ai mieux perçu d’une manière profonde la dimension extrêmement dramatique de ce qu’est la pédophilie » déclare Mrg Pican ; Mgr Louis-Marie Billé président de la conférence épiscopale, cardinal-archevêque de Lyon, cité comme témoin, s’en prend aux « terroristes intellectuels » qui n’ont que cette question : « Est-ce que vous dénonceriez, oui ou non ?… J’ai le devoir d’inclure cette question dans un ensemble de questions pour opérer le discernement dont je suis responsable » et met en garde contre « les réponses trop simples » ; Mgr Jacques Fihey, évêque de Coutances, insiste sur la relation particulière, spirituelle, qui unit le prêtre à son évêque, tout à le fois empreinte « de fraternité et de paternité… si je dénonce, je perds la confiance de mes hommes, je les enferme dans l’incapacité de s’en sortir » ;  il est à noter qu’une jurisprudence de 1891 reconnait la faculté aux ministres du culte d’exciper du secret professionnel leur accordant « l’option de conscience » ; la Conférence des évêques de France indique que 19 prêtres sont actuellement mis en examen pour viols ou agressions sexuelles sur mineur de moins de 15 ans, et 7 d’entre eux attendent leur procès en détention, par ailleurs 30 prêtres auraient fait l’objet d’une condamnation récente, dont 11 à une peine de prison ferme et 17 à des peines avec sursis (à noter que l’Eglise de France compte actuellement 25 000 prêtres)

Juin 2001 : à Nevers, procès de Jacques Kaisersmetz, ancien instituteur et entraineur de gym bénévole de Cosne-sur-Loire, accusé de pédophilie sur ses anciens élèves de 1967 à 1986, il usait alors des punitions et de la violence, malgré des plaintes des parents concernant son comportement d’instituteur son directeur d’école évitait le conflit avec lui ; Jacques Kaisersmetz reconnait un comportement pédophile à l’égard de 72 élèves et dit avoir été lui-même violé par son père lorsqu’il était enfant, en 1945

Juin 2001 : à Lyon, Michel Chomarat publie le 1er numéro de Mémoire Gaie, bulletin d’information sur l’histoire des gays à Lyon, il rappelle la mémoire de Jean-Jacques Rousseau qui s’est fait accoster à 19 ans sur la place Bellecour en 1731, du professeur à l’école des Beaux-Arts, Joseph-Jean-Pascal Gay que le maire de Lyon, marquis d’Albon, a fait destituer de son enseignement en 1813, pour sa « pédérastie », et souligne l’intérêt des éditions GayKitschCamp, de Patrick Cardon, avec sa collection Mémoires, de certains travaux des UEEH de Marseille et des Archives Gaies du Québec

16-17 juin 2001 : un colloque est organisé par Suzette Robichon Parce que les lesbiennes ne sont pas des femmes : Autour de l’oeuvre politique , théorique et littéraire de Monique Wittig

21 juin 2001 : l’hebdomadaire l’Express publie un dossier sur Le pouvoir gay, il s’attarde sur des membres de l’association L’Autre Cercle, Marc PDG d’une centrale d’achat, Claude Roullet n°2 du Ritz, Henri cadre chez Paribas, et Patrick Boulet ; constituée il y a 4 ans, à l’initiative d’un jeune patron parisien Alain Dro, L’Autre Cercle est avec le SNEG (syndicat national des entreprises gays), l’un des relais de l’Egma (European gay managers association) ; le contexte est plus favorable, 60% des français jugent désormais l’homosexualité acceptable, selon la Sofres, pour 24% en 1973, 29% en 1981 et 41% en 1984, et si 49% des français étaient favorables à un projet de loi sur les couples du même sexe en 1998, le taux est passé à 64% en juin 1999 et à 70% en septembre 2000, date où 55% des Français ont estimé que le Pacs a largement contribué à mieux faire accepter l’homosexualité dans la société ; mais plusieurs club select refusent toute incursion de l’homosexualité dans leur cercle (Rotary, Lions Club, Jockey Club), mais une fraternelle franc-maçonne Cambacérès s’est créée en 1999, présidée par Jean-Paul Potard, PDG de la société Jean-Paul Gaultier, et la GLNF a préféré la notion de « gens respectables et de bonne renommée » à celle de « gens de bonnes mœurs » pour qualifier les impétrants ; en 2000 les télévisions ont diffusé 551 émissions abordant le thème de l’homosexualité ; selon certaines évaluations le marché gay est estimé à 100 milliards de francs en Grande-Bretagne, 4 000 milliards de francs aux USA, et entre 15 et 20 milliards de francs en France où de grandes entreprises  sponsorisent la Gay Pride (Kronenbourg, Ratp, Virgin Cola, mais aussi Dior, Maif, Dim, Renault, l’Oréal, Piper Heidsick, Bouygues télécom, Axe, Fabergé, Jean-Paul Gaultier ou la petite chaine d’hôtel haut de gamme Big Rubys) ; l’association des homos de l’Hôtel de Ville (HHVP) avec Philippe Lasnier s’est constituée à la faveur de l’arrivée de Bertrand Delanoë à la mairie de Paris ; les Mélomen, chorale de 80 membres, a pu obtenir une subvention ; Jan-Paul Pouliquen ardent défenseur du Pacs note qu’à la faveur des négociations sur les 35h les pacsés  acquièrent une place dans les entreprises ; d’autres associations gays apparaissent dans les entreprises, Gare ! à la SNCF présidée par Jean-Paul Fiévet, C.Gay à Canal+ avec Anne Maurice, AHTP à la RATP avec Cyril Girard (et son journal L’HoMobus), dans la fonction publique se crée la Lefh, et en mai 2001 l’Association française des directions des ressources humaines a noué des contacts avec les associations gays ; en Allemagne, le Völkinger Kreis joue en rôle important avec 700 membres (issus des entreprises, des administrations ou de la politique), ses séminaires de réflexion et de formation destinés aux cadre des grands groupes industriels , il décerne chaque année un prix, le Max Spohr Preis à une entreprise particulièrement homophile (Ford Cologne en 2001) ; en Grande-Bretagne, la banque JP Morgan a établi un 1er classement des entreprises installées dans le pays en fonction de leur attitude face à la question homosexuelle

25 juin 2001 : à l’ONU, le secrétaire général, Kofi Annan, lance un appel à la guerre contre le sida qui a déjà fait 22 millions de morts dans le monde ; après des semaines de préparation d’un texte commun, les nations islamiques s’oposent à ce que les homosexuels et les drogués figurent parmi les groupes présentés comme « vulnérables » ; la mise en place d’un fonds financier de 7 milliards de $ (8,13 milliards €) pose problème ; l’administrateur général du PNUD (programme des nations unies pour le développement), Mark Malloh Brown, l’un des organisateurs de la conférence, note que 25 millions d’Africains seraient séroposifs, sur les 35 millions à travers le monde, et que ce continent est maintenant entré dans une stratégie de traitement

27 juin 2001 : mort de l’écrivaine et illustratrice finlandaise Tove Jansson (1914-2001), elle a créé Les Moumines, bande déssinée inspirée par sa jeunesse et obtenu une audience internationale ; elle a reçu les prix Nils Holgersson en 1953, Hans-Christan Endersen en 1966 et le prix Finlande en 1993 ; elle travaille aussi pour la presse (le London Evening News et Ny Tid), elle a passé toute sa vie avec sa copmpagne Tuulikki Pietilä, avant de mourir d’un cancer

30 juin 2001 : à Marseille, marche de la Lesbian & Gay Pride ; Marseille l’Hebdo titre « Fiers d’être homos, la communauté homosexuelle marseillaise ne se cache plus » et consacre 3 pages à la Lesbian & Gay Pride, l’hebdomadaire alternatif Le Pavé interroge plusieurs militants (Jacques Fortin qui évoque le « flic moral » qu’est le sida, Gérard du Chaperon rouge, Christian de Leusse et Jean-Marc Astor, président de la LGP ainsi que Marylou Baldacci, présidente du CEL, qui souligne l’importane des moments de non mixité pour les lesbiennes) ; Jean-Marc Astor rapelle les 7 000 personnes rassemblées lors de la marche de 2000, MarseilleArc-en-Ciel qui gère le bar associatif le Chaperon Rouge  parle de ses 513 adhérents ; le CEL qui appelle au boycott de la LGP parle de ses 280 adhérentes (« Aller chez eux pour faire de la figuration, à quoi bon ? Ce que nous réclamons, c’est de la démocratrie, du respect… et de la parité » dit Marylou Baldacci) ; l’APGL (association des parents gays et lesbiennes) réclame le droit à la parentalité et Caroline Gréco dont le fils est mort du sida dont elle parle dans Julien, toi qui préfère les hommes, qui a créé de Contact Provence en 1996, accueille les parents d’homosexuels ; le 28 juin 2001 Cécile Dumas et Cy Jung viennent débattre de la question de l’écriture lesbienne à la librairie Païdos à partir de leurs livres Taille unique et Cul nul publiés aux éditions KTM

30 juin 2001 : en Autriche où se déroule l’Europride depuis le début du mois se tient, à Vienne, la parade arc-en-ciel attend 200 000 personnes, avec concerts, colloques et festival de films ; la veille l’exposition a été consacrée à la persécution des homosexuels par les nazis sur la Place des héros a été endommagée ; le code pénal autrichien avec son § 209, adopté en 1971, est discriminatoire à l’égard des homosexuels, il prévoit une peine de 6 mois à 5 ans de prison pour les hommes adultes qui ont des rapports sexuels consentants avec un garçon âgé de 14 à 18 ans, au moment où les relations hétérosexuelles étaient abaissées à 14 ans (le chancelier socialiste Bruno Kreisky avait concédé cette inégalité aux franges rétrogrades du catholicisme) ; dans la petite ville de Dornbirn, à la frontière suisse, le militant homosexuel Jogy Wolfmeyer, 32 ans, qui a présenté une liste aux élections municipales qui a recueilli  1,7 % des voix, a été condamné en janvier par le tribunal de grande instance de Feldkirch, en vertu d’une loi régionale, dans une région très catholique, mais en appel la cour d’Innsbruck, au Tyrol, a refusé de confirmer la sentence et saisi la Cour constitutionnelle ; alors que 6 hommes sont actuellement détenus en vertu de ce délit, l’avocat Helmut Graupner fondateur de la Plateforme contre le § 209 et le Comité Lambda se battent pour l’adoption d’une loi antidiscriminatoire et pour la reconnaissance des unions homosexuelles ; 75% des Autrichiens en 1996 souhaitaient que l’âge du consentement homosexuel soit le même pour tous ; le taux de suicide des adolescents homosexuels est élevé ; pourtant, en 1787 sous la monarchie des Habsbourg la peine de mort pour sodomie avait été abolie

Eté 2001 : à Marseille, un transsexuel est poignardé, rue Plumier près de la Joliette, l’agresseur, Abdel, sera identifié, il invoquera une affaire de drogue

Juillet 2001 : l’UNAF refuse d’intégrer l’APGL ; la ministre Ségolène Royal (à la famille et à l’enfance) s’était déclarée favorable à cette adhésion, en avril 2001 ; une pétition recueille des milliers de signatures en faveur de l’adoption par les gays et les lesbiennes à l’occasion de la Gay Pride (elle est signée. par Noël Mamère, Robert Hue, Yvette Roudy, etc.)

4 juillet 2001 : la loi relative à l’IVG précise qu’une « information et éducation à la sexualité » doivent être « dispensés dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins 3 séances annuelles »

21-28 juillet 2001 : à Marseille, la 3ème UEEH (université d’été euroméditerranéenne des homosexualités)  se déroule dans les locaux de l’Ecole d’architecture de Luminy (le succès est grandissant, près de 400 personnes lors de sa refondation en 1999, plus de 500 en 2000), les coprésident-e-s Marylou Baldacci et Jacques Fortin ont fait appel à la poursuite de la refondation des universités d’été après 30 ans d’affirmation, avec Jérémie Chambon comme emploi-jeune au secrétariat, et annoncé les 4 forums : persécutions (Autriche, Russie, Algérie, etc.), famille et parentalité (Christine Delphy, François Delor, APGL), passé, présent et solidarités futures, psychanalyse et homosexualité ;  le CEL, avec la CLN (commission lesbienne nationale), souligne que les UEEH sont un lieu d’échanges internationaux, souhaite un lieu de travail non mixte, un  lieu de réflexion pour les femmes (accueil lesbien, groupe de parole, ateliers ludiques, librairie, spectacles) et organise de nombreux ateliers ; le colloque qui se tient au Palais des Congrès du Parc Chanot, sur le thème « Jeunes, homosexualités, santé, éducation » est un grand succès, il marque le point de départ d’une nouvelle association LGBT Formation (qui sera présidée par Jacques Fortin et destinée à sensibiliser les adultes en charge de jeunes) ; le documentaire « Etre et se vivre homo » est pésenté, il a été tourné lors de l’UEEH 2000 autour « De la difficulté d’être soi-même quand on se sent différent, à l’annonce à soi-même et aux autres de son homosexualité (coming out) en passant par le rejet social (homophobie) et la surdité voire l’hostilité des familles, de l’école et des institutions auxquelles sont confrontés les jeunes, ce film réalisé lors de l’université d’été euro-méditerranéenne des homosexualités, en juillet 2000, raconte les parcours de 3 jeunes lesbiennes et de 3 jeunes gais » ; un livret d’utilisation et de présentation du film sera réalisé (avec le contribution de sociologues, psychologues et psychiatres, des écoutants et des acteurs sanitaires et sociaux)

Août 2001 : parution du livre La Confusion des sexes. Le travestissement, de la Renaissance à la Révolution de Sylvie Steinberg, les critères de signalement de l’ « identité » sexuée sont flous, ce qui explique les nombreux cas de travestissement et de confusion

9 septembre 2001 : création de l’association des policiers homosexuels FLAG! par Mickaël Bucheron et son ami, à la suite d’une réunion des associations d’Homoboulot au CLGBT Ile de France, en commençant par une annonce sur un site de rencontre gay ; au printemps 2002 l’association défilera lors de la marche des Fiertés, avec une vieille voiture de police en guise de char, ils seront reçu avec un tonnerre d’applaudissements Place de la Bastille, mais ce soutien ne sera pas toujours le même lors des différentes marches ; le 6 décembre 2004 FLAG! deviendra FLAG! association de policiers gay et lesbiens, le 1er mars 2010 FLAG! (Policiers et gendarmes LGBT), elle accueille les pompiers et les polices municipales, puis en 2018 l’association s’étendra aux personnels du ministère de la Justice ; le nom était en référence au rainbow flag et au flagrant délit, le point d’exclamation étant inspiré du nom de l’association Gare ! 

Octobre 2001 : l’acteur chilien Marcial Di Fonzo Bo qui a connu Alfredo Arias (né en 1944) et Copi (1939-1987), présente Copi un portrait qui se nourrit d’extraits des œuvres de Copi La Nuit de Madame Lucienne, de Loretta Strong et d’Eva Peron

20 octobre 2001 : les sœurs de la Perpétuelle indulgence, couvent des Chênaies d’Aix en Provence, ont leur séjour de ressourcement à Buoux, à l’auberge des Seguins dans le Luberon,  c’est l’occasion de recevoir et d’aider ceux qui ont besoin de leur aide (Michèle, Serge, David et Benoît), Marie God dite la Visitée bénit les participants, en présence de la novice Marie Presla folle du désir, dite la Juteuse, de novice Lolita Piole dite la Butinée, du père Pétuel dit notre sauveur, et de son fidèle garde-cuisses XXL ; le 3 novembre 2001 pour la fête d’Halloween, Marie God, mère du couvent prononcera un nouveau discours; ainsi que lors de la journée mondiale de lutte contre le sida le 1er décembre soulignant que 21 ans après le Sida est toujours là

8 novembre 2001 : au Conseil régional d’Ile de France, le groupe MNR (mouvement national républicain) emmené par Yves Le Gallou dépose une motion de renvoi contre la subvention déposée par les Pénélopes (association lesbienne d’extrême gauche) présidée par Joëlle Palmieri, pour leur projet Femmes en réseau, arguant de leur éditorial internet Testicules sans frontières en référence à la Justice sans frontières de Georges W. Bush

15 novembre 2001 : diffusion du rapport de Claude Mercier, Fondation pour la Mémoire de la Déportation : 210 noms de personnes arrêtées puis déportées par les nazis au titre du § 175 (206 des 3 départements d’Alsace et Moselle, et 4 provenant d’autres départements, arrêtés en Allemagne, volontaires pour le STO), au bout de 4 ans de recherche

8 décembre 2001 : à Marseille se tient le CA des UEEH (universités d’été euroméditerranéennes des homosexualités), il permet de présenter le budget des UEEH qui est autour de 255 000 €, Jean-Pierre Léonetti, trésorier, et Jacques Fortin, président, accomplissent un travail important de récapitulation ; les subventions viennent de la Région (110K€ et ), du département (105 K€), de la ville (20K€), du ministère de la Jeunesse et des Sports (30 K€), les dépenses importantes concernent le CROUS (hébergement et repas plus de 200 K€)

19 décembre 2001 : le Centre d’arhives et de documentation homosexuelles de Paris (CADHP) dont les promoteurs sont Christopher Miles et Jean Le Bitoux déposent ses statuts en préfecture de police de Paris

 

2002-2011 : pour la 1ère fois une femme, Michèle Alliot-Marie, réussit le grand chelem des ministères régaliens, Défense, Intérieur, Justice, puis Affaires étrangères

2002-2006 : en Chine, mobilisation progressive de la lutte contre le sida : depuis 1985 le pays était dans le déni, la mobilisation a commencé dans les années 1990 alors qu’il y avait des usagers de drogues dans le Yunan et en Indochine, autour du Triangle d’Or et de nombreux trafics, le sida  touchait des groupes ethniques minoritaires et des travailleurs migrants ; 1996 Onusida s’est implanté en Chine ; 2002 un rapport de l’Onusida lance l’alarme et le scandale du sang contaminé apparait du fait que des gens sont rémunérés pour donner du sang et cela se fait sans contrôle, la mafia du sang se développe, les chiffres concernant les personnes atteintes bondissent, l’épidémie et surtout rurale et concerne au 3/4 des hommes en un temps où les femmes n’osent pas faire appel aux structures sanitaires (elles craignent les discriminations, les stigmatisations et elles n’accèdent pas suffisamment à l’information) ; 2003 la Chine obbtient le financement du Fonds mondial, le pays investit dans la recherche, de hauts cadres chinois interviennent à l’OMS, à l’Onusida et au Fonds mondial, de grandes quantités d’ARV (antirétroviraux) sont exportés vers l’Afrique  ; 2004 un programme national du lutte contre le sida est lancé par le Conseil d’Etat (soit une initiative d’un niveau supérieur à celui du gouvernement), la médecine chinoise est préférée aux ARV mais l’Onusida oblige le système de santé à se restructurer, de plus les crises de la grippe aviaire et celle du SRAS (syndrome respiratoire aigu lié au coronavirus) provoquent un développement de l’accès aux médicaments pour le sida, le ministère des affaires civiles enregistre désormais les cas de sida, les ONG doivent désormais se coordonner avec l’Etat (ce qui n’est pzas toujours positif), les associations de personnes vivant avec le VIH sont un maillon faible elles ne bénéficient pas des financements du Fonds mondial

2002 : en Suisse, création de l’association Lestime à Genève, lesbienne, féministe espace communautaire, culturel et politique au coeur de la cité, elle succède à plusieurs associations, le 1er Groupe lesbien (GL) créé en 1972 au sein du Mouvement de libération des femmes (MLF), le Centre Femmes du bd St-Georges (créé en 1976), puis la Maison Champel rebaptisée Centre Femmes Nathalie Barney (CFNB)

2002 : parution des mémoires de Geneviève Pastre Une femme en apesanteur

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2002 : parution du livre de Jean le Bitoux Les Oubliés de la Mémoire, il est le  fondateur de l’association du Mémorial de la Déportation Homosexuelle ; ce livre s’inscrit dans une longue série bibliographique :

  • 1947 : L’Etat SS d’Eugen Kogon
  • 1972 : Les Hommes au triangle rose, 1ertémoignage d’un déporté homosexuel écrit par Heinz Hegger (de son vrai nom Hans Neumann) qui concerne Josef Kohout
  • 1977 : Séminaire : Société et homosexualité de Rüdiger Lautmann (en allemand) qui reste longtemps un ouvrage de référence (il extrapole à partir d’archives la déportation de 5 000 à 15 000 personnes pour motif d’homosexualité
  • 1981 : Rosa Winkel, Rosa Listen de Hans-Georg Stümke et Rudi Finkler, décrivant l’histoire de l’homosexualité en Allemagne
  • 1986 : The Pink Triangle : The Nazi War Against Homosexuals de Richard Plant, immigré allemand, juif, homosexuel, il a survécu grâce à son départ pour la Suisse, puis les USA
  • 1988 : Le triangle rose : la déportation des homosexuels 1933-1945 de Jean Boisson, militant LGBT
  • 1989 : La politique nazie d’extermination sous la direction de François Bédarrida, avec un article de Michael Pollak sur la déportation homosexuelle
  • 1990: Les homosexuels sous la croix gammée. La persécution des homosexuels sous le Troisième Reich, thèse de Burkhard Jelloneck sur la République de Weimar et les persécutions nazies (en allemand)
  • 1993 : Hidden Holocaust ? Gay and Lesbian Persecution in Germany 1933-1945 de Claudia Shoppmann (en allemand et anglais)
  • 2000 : Consciences de la Shoah : critique des discours et des représentations sous la direction de Philippe Mesnard avec un article de Michel Celse et Pierre Zaoui intitulé Négation et dénégation : la question des triangles roses
  • 2006 : La déportation des homosexuels durant la Seconde Guerre mondiale article de Florence Tamagne dans la Revue d’éthique et de théologie morale
  • 2007 : La déportation pour motif d’homosexualité en France. Débats d’histoire et enjeux de mémoire, ouvrage collectif coordonné par Mickaël Bertrand, issu du colloque de Dijon, avec des contributions de Florence Tamagne, Marc Boninchi et Arnaud Boulligny
  • 2011 : Triangle rose. la persécution nazie des homosexuels et sa mémoire du sociologue Régis Schlagdenhauffen

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2002 : parution de  « Dissoudre la hiérarchie (t. 2 de Masculin-Féminin) de l’anthropologue Françoise Héritier, elle a publié en 1996 le tome 1 La pensée de la différence ; l’historienne Michelle Perrot jugera que  ces livres sont fondamentaux « ils expliquent clairement comment s’est construite l’inégalité entre les hommes et les femmes »

2002 : dans le bulletin n°1 du CADHP, Yves Clerget publie Du FHAR au CUARH, 1971-1982, radicalisme militant et revendications démocratiques, Julian Jackson publie Arcadie 1954-1982, l’histoire d’une publication homosexuelle, et Christopher Miles Projet du centre d’Archives et de documentation homosexuelles de Paris

2002 : parution du livre Rose Bonbon de Nicolas Jones-Gorlin, dans lequel un traitement médical ordonné pour le héros pédophile ne marche pas, « je suis né comme ça » dit-il à son psychologue ; les associations l’Enfant bleu et la Fondation pour l’enfance l’accuse de constituer une « apologie de la pédophilie » contenant « un message pornographique portant atteinte à la dignité humaine » ; l’avocat de l’association l’Enfant bleu, Me Crespin stigmatise le fait qu’il ne s’agisse pas d’une autobiographie qui « aurait une valeur documentaire » mais d’une « œuvre de fiction ! » ; le ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon demande expressément à son collègue ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, de ne pas interdire le livre à la vente aux mineurs, ce qu’il envisageait selon l’avis de la Commission consultative chargée de la surveillance et du contrôle des publications destinées à l’enfance et à l’adolescence s’appuyant sur l’article 14 de la loi de 1949

2002 : la réforme du Code civil défendue par Ségolène Royal permet la délégation d’autorité parentale lorsque les circonstances l’exigent, à une tierce personne digne de confiance » ; la loi Kouchner créé la notion de « consentement éclairé » en ce qui concerne l’attitude à avoir à l’égard des intersexués

2002 : sortie du film américain Loin du paradis de Todd Haynes, un couple modèle des années 1950 vit dans un contexte sans problèmes, mais un jour Cathy découvre son mari en train d’embrasser un homme, elle se console dans les bras d’un homme noir, les accrocs à l’américan dream sont nombreux, le mélo somptueux est un peu kitsch, un royaume des apparences est utilisé pour construire une dénonciation

2002 : la loi met en place le divorce simplifié et la possibilité de déléguer tout ou partie de l’autorité parentale à un tiers, conjoint d’un parent légal

2002 : au niveau national, Aides est boosté par les « marseillais » (ce que d’aucuns appellent la « marseillisation » de Aides), une action est menée pour stopper le navire qui embarque le Tunisien, Ali B.,  une université de jeunes chercheurs est mise en place (impulsée par Bruno Spire) pour mettre en place une vision interdisciplinaire, une formation des personnes en traitement est instaurée en particulier pour s’approprier les aspects juridiques et sociaux,  enfin pour la réduction des risques sexuels sont lancés les flyers « de la guerre » (dans une période où les militants de Aides sont fuits, dénoncés comme des curés de la capote)

2002 : à Marseille, création de l’association Passerelles Provence (association de parents et amis des gays et des lesbiennes) animée par Caroline Greco, mère d’un jeune homosexuel, elle était membre de l’association Contact qu’elle a dû quitter, elle a décrit son expérience de mère dans un livre, des permanences d’accueil sont organisées

2002 : à Marseille, l’association LGBT Formation est créé  par Jacques Fortin (fondateur du GLH de Marseille et des UEH) et Catherine Marjollet (fondatrice de Lesbia) afin de mettre en place des modules de formations en direction des enseignants et les responsables de jeunes sur la question de l’homosexualité des adolescents et de l’homophobie ; une convention est signée avec la DGS, début des stages de formation à la fin 2002 ; embauche d’un salarié, Thierry Ruiz (sur financement de la DGS, jusqu’en juillet 2004) et lancement d’une campagne de communication (auprès de éducation nationale, centres sociaux, professions de santé, centres d’informations jeunesse, acteurs de prévention, etc.) ; l’équipe d’animation se développe, avec Frédéric Praï, Virginie Ortin, Pascal Creusot, Bruno Pommier, Hervé Fayolle et de Paul Piccirillo ; dès 2003 l’association pourra organiser 16 journées de formation à destination de 190 stagiaires

2002 : à Marseille, le journal du CEL, l’Esprit de CEL cesse de paraître

2002 : à Marseille, Michèle Philibert forte de ses rencontres avec le Festival du film des femmes qui deviendra Festival de Créteil, et de la scission qui a crée Cineffable festival de films lesbiens,  crée, avec l’aide de Florence Fradelizi (qui s’occupe du festival gay et lesbien de Paris), un festival de films gay et lesbiens à Marseille sous le nom de Festival Reflets, des films pour aujourd’hui et pour demain, en s’appuyant sur François Da Silva qui dirige le cinéma le César, puis sur Patrick Gracian qui deviendra directeur du César et de Variétés, au Variétés le festival de films (accompagné de plasticiens, poésie, écriture, photographies, performances) a attiré pendant 4 jours au total 800 personnes

2002 : parution en France de Middlesex de Jeffrey Eugenides, qui aborde le thème de l’intersexualité

2002 : la Coordination lesbienne nationale (CLN) devient la Coordination lesbienne en France (CLF)

2002 : sortie du film d’Yves Jeuland Bleu, Blanc, Rose : les homosexuels en France depuis 1968 ; à titre personnel, Yves Jeuland vit depuis 1995 avec Eric Stabiak, violoniste du groupe Les Yeux Noirs, originaire de Carcassonne, il est allé vivre auprès de lui à Strasbourg

2002 : l’Union européenne adopte une directive qui définit très largement le harcèlement sexuel (par ex. un environnement sexiste de travail : blagues lourdes, calendrier porno, courriels douteux)

2002 : aux USA, l’Eglise catholique américaine édite une Charte pour la protection des enfants et des jeunes, celle-ci prévoit que tout prêtre soit suspendu dès la 1ère accusation, que la justice civile soit systématiquement saisie et que les séminaristes bénéficient d’un accompagnement psychologique durant leur formation

2002 : en Grande Bretagne, diffusion d’un épisode spécial gay de la série Absolutly Fabulous, sur BBC2 ; depuis 10 ans cette série rebaptisée « Ab Fab » par ses fans dès 1992, fait un triomphe international, en dynamitant les relations affectives et sexuelles, et fait beaucoup pour l’émancipation féminine,  la cause homosexuelle et pour l’évolution des mentalités

2002 : en Egypte, l’écrivain égyptien Alaa al-Aswani écrit son 1er roman, L’immeuble Yacoubian, best seller dans lequel le journaliste Hatem est homosexuel, Abdou est son amant ; de nombreux portraits de gens du peuple sont dressés, le metier de l’auteur, dentiste au Caire, l’amène à rencontrer beaucoup de monde

2002 : en Egypte, 52 hommes appréhendés sur le Queen Boat, boite de nuit flottante sur le Nil, au Caire, sont livrés à la vindicte populaire et condamnés par un tribunal militaire pour « déviance » et « offense à la religion », acusés d’avoir créé une nouvelle religion érigeant les pratiques homosexuelles au rang de rites

2002 : aux USA, décès de Harry Hay – fondateur de la Mattachine Society en 1950 – il participait depuis plus de 20 ans à travers les Radical Faeries, créées en 1979, à la redéfinition de la virilité dans les communautés homosexuelles, dans un cadre idéologique mêlant « marxisme, féminisme, paganisme, spiritualités New Age et native, anarchisme, mouvement mythopoétique, individualisme radical, techniques de soi, esprit de communauté, le tout couplé avec une sensibilité camp, la libération des gays et le travestissement » (comme l’analysera le sociologue américain Peter Hennen en 2008), au fil des années le mouvement des Radical Faeries a essaimé, des communautés temporaires ou permanentes (sur le modèle des communautés hippies) se sont créées, une quinzaine de centres accueillent des milliers de fées, y compris à l’étranger (comme Folleterre dans les Vosges) ; le film Shortbus du réalisateur américain John Cameron Mitchell en livrera un aspect (scène new-yorkaise, délurée, partouzarde et folle) ; le mouvement accueille peu à peu des femmes, des familles, des hommes hétérosexuels, deux magazines rendent compte de l’actualité du mouvement RFD et White Crane Journal

2002 : aux USA, le cardinal-archevêque de Los Angeles, Roger Mahony, qui fait obstruction aux enquêtes concernant 122 prêtres de son diocèse, le plus importants des USA, est confronté à une manifestation de victimes de curés pédophiles, parmi eux Rita Milla et sa fille Jackie, née de prêtre inconnu, adolescente Rita a été violée par 7 prêtres, le père Tamayo a tenté de la convaincre d’avorter, elle a refusé ; 500 mineurs ont été violentés par des prêtres, le cardinal leur demandera pardon peu à peu et le diocèse leur versera 660 millions $ de dommages, mais 14 000 pages de rapports seront tenus au secret par l’Eglise jusqu’à la décision d’un juge de les rendre publiques

2002 : en Inde, légalisation de la gestation pour autrui, encadrée par un code de bonne conduite ; dix ans plus tard le forfait GPA coûte 17 000 € (4 fois moins cher qu’aux USA), la mère touche 3 000 € si la grossesse arrive à son terme

2002 : en Argentine, la municipalité de Buenos Aires institue une union civile pour les couples homosexuels ouvrant les mêmes droits que le mariage, sauf celui d’adopter des enfants ; Mgr Bergoglio, futur pape, ne s’y oppose pas publiquement

Janvier 2002 : après la liquidation judiciaire de Gai Pied, l‘Académie Gay et Lesbienne lance un cri d’alarme sur les risques de dispersion de « l’un des plus grands fonds (1979 à 2001) d’archives homosexuelles de France ; c’est le groupe Gayvox.com qui acquerra le fonds, disant attendre qu’un centre d’archives voit le jour pour le lui trransmettre

7 janvier 2002 : mort de l’écrivain René Etiemble (1909-2002), auteur de L’enfant de Chœur (1937) dans lequel au collège André Steindel, l’imprudent, est l’ami de Maurice Bonneau, beaucoup plus réservé, nouveau comme lui ; grand érudit et grand voyageur, Etiemble est passionné par l’Asie (Chine, Japon), par Rimbaud et par les diverses littératures et poésies du monde ; dans ses mémoires Le Meurtre du Petit Père (1990) il laisse entendre que la phase homosexuelle est due au relâchement des mœurs et à la perte d’autorité des parents consécutifs à la Première Guerre mondiale, il se recommande de son maître Confucius « La vie ne vaut d’être vécue que si on la fonde sur une morale »

17 janvier 2002 : nouvelle loi sur le harcèlement sexuel – après celles du 22 juillet 1992 et du 17 juin 1998 – supprimant les précisions portant sur la qualité de l’auteur ou sur les comportements incriminés, de manière à alléger la charge de la preuve qui incombait à la victime et à élargir le champ d’application de l’infraction et empêchant dès lors de dire ce qui était interdit et ce qui ne l’était pas ; cette loi sera déclarée inconstitutionnelle en mai 2012

26-27 janvier 2002 : à Marseille, Mémoire des sexualités organise le 1er Salon de l’Homosocialité, à la Cité des associations, avec de nombreux stands, films et débats ; 11 associations représentées

Février 2002 : à Aix-en-Provence parution du n°2 de la FAGazette, gratuite, de nombreux articles concernent le coming out (avec une nouvelle de Cédric « Papa, je suis straight », Le mot de la lesbienne masquée, On the road again de Stéphan L.),  et le coup de gueule du rédac’chef à propos  de la nouvelle égérie de la télé Jean-Pascal

Février 2002 : l’Opéra-Bastille donne l’opéra Medea de Rolf Liebermann, avec sa librettiste Ursula Haas ils brisent le sacro-saint interditde l’homosexualité et montrent sur scène un couple d’hommes qui s’aiment, Jason étouffe dans le délire de possession absolue de Médée et se tourne vers le jeune Créon, dont le rôle est confié à un contre-ténor ; « Avec un androgyne seulement il pouvait retrouver l’équilibre, vivre dans la paix d’une tendresse délivrée de toute hystérie » écrit le critique Dominique Fernandez

Mars 2002 : parution de deux livres, La Vérité ou presque de l’Américain Stephen McCauley qui taconte l’histoire de Desmond Sullivan et son ami Brian, sorti aux USA en 2001, après 3 autres livres L’objet de mon affection, L’art de la fugue, Et qui va promener le chien ? parus entre 1987 et 1997 dans son pays et de Parloir de l’auteur dramatique Christian Guidicelli, prix Renaudot en 1986 pour Station balnéaire, il parle de la relation parfois tumultueuse entre un cinquantenaire et un jeune beur de 20 ans

Mars 2002 : en Espagne, un curé, José Montero, 40 ans,  révèle publiquement son homosexualité, déclenchant les foudres de l’Eglise espagnole ; en février il est apparu à la Une du magazine gay Zero, l’évêque de Huelva, Mgr Noguez l’a suspendu immédiatement de ses fonctions, la Conférence épiscopale parle de « brebis égarée » et de « désordre moral » ; il était curé de son vilage natal Valverde del Camino lorsqu’à 31 ans il est tombé fou amoureux  d’un homme

4 mars 2002 : la loi ouvre la possibilité aux père et mère de partager toute ou partie de l’autorité parentale avec un tiers, membre de la famille ou tiers digne de confiance

10 mars 2002 : à Villeurbanne, création du réseau Moules-Frites qui réunit 40 associations françaises d’étudiants et jeunes gays et lesbiens, dont les associations lyonnaises Moove, Exit et les Etudiants contre le Sida

16 mars 2002 : à Lyon, 1ères assises nationales de la Mémoire Gay et Lesbienne à la Bibliothèque municipale organisées par Michel Chomarat, parmi les intervenants il y a Sylvain Cavaillès qui évoque des livres trop vite oubliés ceux de Fernando Pessoa avec son Ode Maritime, Thomas Mann avec Tonio Kröger, D.H. Lawrence avec Le Paon blanc  et Femmes amoureuses, plus récents, Eric Jourdan  auteur de Les Mauvais Anges censuré dans les années 1950, Pierre Jeancard, auteur de La Cravache, Sainte Férule et Le Retour d’Alain parus en 1970-1975, il y a Florence Tamagne qui a du faire une place à l’histoire de l’homosexualité dans la recherche universitaire et Philippe Artières qui a participé à la création de Sida-Mémoires, il y a aussi Patrick Cardon  qui rappelle sa mobilisation à Lille en 1990-2000 dans de nombreux domaines (festival de film Question de Genre, maison d’édition GKC, conférences-débats, centre européen de recherches, d’études et de documentation  sur l’histoire culturelle des homosexualités dans un local de 94 m²), Michèle Larrouy de l’ARCL (archives recherche cultures lesbiennes à Paris créé en 1983) qui fait avec Claudie Lesselier un travail important de rassemblement de la mémoire lesbienne, Jean Le Bitoux sensible à l’extrême fragilité de notre passé qui prépare un colloque sur le thème « 1942-1982 une histoire des homosexualités à écrire », Jacques Ars, limonadier-bouquiniste à Rennes, qui a décidé en 1997 de tenter de collecter « toute » la littérature concernant l’homosexualité (M. Chomarat se souviendra que le soir il a mangé avec Jean le Bitoux, au bouchon lyonnais le Garet, celui où mangeait Jean Moulin, sous l’Occupation)

4 avril 2002 : à Sciences Po Paris, tenue du colloque organisé par l’Inter LGBT et le CADHP autour de l’abrogation de l’article 331 en présence de Robert Badinter, avec Michel Sibalis, Julian Jackson, Gérard Bach-Ignasse et Yves Clerget ; Robert Badinter note qu’en 20 ans 23 Etats ont dépénalisé l’homosexualité et 13 Etats ont supprimé la discrimination concernant l’âge des relations sexuelles autorisées, mais 5 Etats frappent de peine de mort l’homosexualité, dans 20 Etats on applique des peines de 10 ans à la perpétuité et dans 24 Etat 1 à 10 ans de prison, il déclare : « Il ne faut pas s’endormir sur ces lauriers et croire que tout est acquis et faire des commémorations festives. Nous avons encore à lutter pour la suppression de la pénalisation de l’homosexualité. Il faut continuer jusqu’à son abolition universelle. C’est à mes yeux un impératif catégorique, un objet primordial pour ceux qui se battent pour les droits de l’Homme… On a exécuté encore récemment des homosexuels en Arabie Saoudite. On ne peut pas et on ne doit pas accepter cela. C’est même la priorité des priorités »

28 avril 2002 : à Lyon, la cérémonie de la Déportation est marquée par l’intervention des forces de l’ordre pour repousser une centaine de gays et de lesbiennes, contraints de déposer leur gerbe après le départ des officiels

Mai 2002 : Jean-Jacques Aillagon devient pour 2 ans, ministre de la Culture du gouvernement de Jacques Chirac, Michel Guy, secrétaire d’Etat à  la Culture sus la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, homosexuel comme lui, lui a servi d’exemple ; il s’est marié et a eu 2 enfants, il dira de lui « A l’époque, l’homosexualité, c’était une maladie. J’ai suivi des traitements hormonaux, même des cures de sommeil : les médecins pensaient que l’homosexualité était une forme de dépression nerveuse. Et puis j’ai réalisé que je n’avais pas de problème de santé, j’étais homosexuel, voilà tout. Ensuite, je me suis assumé, dans les années 80, j’ai vécu avec mon compagnon, officiellement, je ne me cachais pas…. Si j’avais été conscient, je me serai rendu compte que j’avais d’autres inclinations sexuelles, mais ce fut plus progressif, plus tardif et, de ce fait, plus douloureux. » ;  lorsqu’il était président du centre Georges Pompidou (1996-2000) il a accorde au magazine Têtu de fêter l’adoption du Pacs sur le parvis de Beaubourg ; en 2012 il fait partie des 3 000 signataires d’un manifeste en faveur du mariage homosexuel publié dans le Nouvel Observateur

8-11 mai 2002 : Cité des sciences de la Villette, Etats généraux homosexualités et identités : santé, vie affective, vie sociale, l’impact du VIH sur les minorités sexuelles, organisés par Aides et Sida Info Service, autour de 4 thématiques (Vivre et vieillir avec le VIH, Prévention santé et modes de vie LGBT, Se découvrir différent-e en 2002, LGBTphobie et droit des personnes), avec la participation de Brigitte Lhomond, Jacques Fortin, Alain Molla, François Delor, Christian Saout et Jean-Michel Vimond

21 mai 2002 : mort de Niki de Saint-Phalle (1930(2002), peintre plasticienne et réalisatrice, bisexuelle

Juin 2002 : le Conseil d’Etat réitère son refus de 1996 pour l’agrément d’adoption d’un enfant ; à nouveau la Cour Européenne des Droits de l’Homme sanctionne la discrimination pour orientation sexuelle dans une procédure d’agrément.

Juin 2002 : le collectif Lesbian Rage organise un point fixe, utilisant un abri bus pour surplomber la Marche des Fiertés LGBT, avec ses banderoles L’égalité ça vous tente ? et Le modèle hétéro ne sera jamais notre modèle (signées Les Lesbiennes subversives) ; une lesbienne en signe de protestation se couche en travers de la rue devant un char militaire utilisé comme char dans la parade

Juin 2002 : parution de deux livres de la juriste Marcela Yacub, Le crime était presque sexuel et autres essais de casuisitique juridique et les Droits de la naissance, à partir des décisions de justice des années 1950-1960 et suivantes qui ont cassé les mariages liorsque l’impuissance des partenaires est avérée elle analyse l‘ordre sexuel et procréatif qui s’est mis en place avec les règles qui régissent la vie de tous et troutes

12 juin 2002 : à Lyon, parution de Lyon Capitale, cahier spécial de la Gay Pride, annonçant le programme de la Fière semaine 2002, du 14 au 21 juin, il pose la question Lyon est-elle gayfriendly ? dans un dossier de Colas Rifkiss, celui-ci rappelle que Patrice Kowalsky est président de la Lesbian and Gay pride depuis 3 ans, stigmatise les propos de Bernadette Issac-Sibille, dans Lyon Mag, qui a déclaré « l’homosexualité, c’est la mort de la société ! », et note le rôle utile de Michel Chomarat, seul chargé de mission en mairie auprès de Michel Collomb, sur la question homosexuelle en France, avec Paris, qui réunit tous les 4 mois les représentants des organisations homosexuelles, il conclut : »Aujourd’hui, un homosexuel lyonnais n’a plus besoin de « fuir à Paris ou à l’étranger pour vivre sa sexualité »; plusieurs lesbiennes prennent la parole, sur leurs choix et leurs désirs ; Didier Eribon répond à une interview sur « Existe-t-il une littérature gay ? »

Juillet 2002 : à Marseille, création de l’association Tirésias, groupe de recherche sur le genre et la sexualité, animée par Tamara Nicot et Bat Sheva Papillon, avec Agathe Benard, Marc Demont, Capucine Fromange, Sonda Khamassi, Véronique Poutrain, Bénédicte Radal et Alain Santino, ils sont tous jeunes chercheurs, en particulier à la MMSH (maison méditerranéenne des sciences de l’homme) d’Aix-en-Provence et à l’EHESS (Ecole des hautes études) de Marseille

Juillet 2002 : au Vatican, la mort du vice-caporal des gardes suisses Cedric Tornay le 4 mai 1998 dans l’appartement du couple Estermann, Alois Estermann et son épouse Gladys Mezza, morts eux aussi, revient dans l’actualité car les proches des victimes exigent la réouverture du dossier lors d’une audience à Rome ; Alois Estermann venait le jour même d’être nommé commandant des gardes suisses, le dossier clot en 1999 faisant état de la personnalité et de la santé psychique de Cédric, n’a fait qu’alimenter la rumeur d’un crime passionnel sur fond de rapport homosexuel entre Alois et Cédric et de liaison adultérine entre Gladys et Cédric

20-26 juillet 2002 : à Marseille, 4ème Université d’été euroméditerranéene des homosexualités à l’Ecole des Beaux-Arts de Luminy ; cinq thèmes se dégagent : International (avec le forum du 23 juillet au soir), Histoire et mémoire,  Culture (avec le spectacle de Mme H Queer academy et les lectures performances de Queer factory le jeudi soir), Sexualité et vie quotidienne ; une rencontre parmi d’autres sur Homophobie et milieu scolaire, et un colloque sur les 20 ans du mouvement homosexuel, à l’Hôtel de région Paca, avec Yves Jeuland (film Bleu, Blanc, Rose), Jacques Fortin (le projet des UEH de Marseille en 1979), Christian de Leusse (le contexte de discrimination en 1978-1980), Suzette Triton-Robichon (la radicalisation lesbienne à la fin des années 1970 ; le lancement de la revue Masques), Jean-Michel Rousseau et Catherine Gonnard (sur Homophonies), Catherine Marjollet (le lancement du magazine Lesbia), Jean le Bitoux (le lancement de Gai Pied), Lionel Soukaz (cinéma, cinéma) et Gérard Bach-Ignasse (en 1982 une dépénalisation qui ouvre de nouveaux chantiers)

Septembre 2002 : parution de L’arrière-saison de Philippe Besson, un huis clos mélancolique dans lequel une femme aime deux hommes, dans un café elle attend Norman, le comédien marié, c’est Stephen qui surgit, l’homme jadis adoré

Septembre 2002 : parution du n°4 de AMAG, bulletin d’information de l’AMA (association motocycliste alternative), le moto-club gay et lesbien du sud de la France, quelques sorties sont racontées  Nesque/Ventoux le 16 juin, St Sernin-sur-Rance le 7 juillet, parcours Savoie-Jura en juillet, Grau du Roi le 12 octobre, avec un bureau de 8 personnes et des antennes dans 4 villes (Lyon, Marseille, Toulouse, Nice), l’AMA revendique 170 adhérents ; elle est l’un des fondateurs de la GLME (Gay and lesbian motorcyclists in Europe) qui regroupes des associations de Grande Bretagne, Pays-Bas, Allemagne, Suisse Romande, Suisse Alémanique, Belgique, France nord (GMC Gai Moto Club) et France sud, et elle adhère à la FFMC (fédération française des motards en colère)

3 septembre 2002 : en Belgique, suicide de François Delor, fondateur de l’Observatoire du sida et des sexualités des Facultés universitaires de Saint-Louis, qui a favorisé une amélioratiobn des politiques en matière de VIH ; deux mois auparavant, il faisant une brillante intervention dans le cadre des UEEH (Université d’été euroméditerrannéene des homosexualités) de Marseille ; il « savait allier avec talent, humour et rigueur la sociologie et la psychanalyse, les deux disciplines qui nourrissaient ses réflexions » écrira le sociologue Gabriel Girard

6 septembre 2002 : un article mis en ligne par cite.gay/fr  annonce « Archives Homosexuelles : Delanoë déterminé »

11 septembre 2002 : en Suisse, parution à Genève du fanzine Bang Bang n°7, parmi les articles on peut noter l’ annonce des rencontres non-mixtes pédé aux Fanzis (la Croisière), chalet de montagne à 1 500m dans le parc des Ecrins, la vingtaine de lieux où Bang-Bang est distribué en France, en Suisse, en Allemagne, aux Pays-bas, en Catalogne et au Quebec (mais certainement pas aux Mots à la Bouche), l’annonce d’un Crossover summercamp, la critique des dernières UEEH de Marseille (« toujours la présence de violence masculine non gérée par les 500 LGBT…politiquement les Ueeh c’est du réchauffé » et une rédactrice explique pourquoi elle est parie des Ueeh suite à un fait de violence le soir de la Queer factory), l’entretien avec un-e représentant-e du queer squat lesbien et gay Chez Brigitte, un texte du collectif des garçons prostitués

24 septembre 2002 : la Ville de Paris vote l’attribution de 100 000 € par convention pour l’association de préfiguration du Centre d’Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris (CADHP) ; l’attribution de cette subvention suscitera une bronca parmi plusieurs associations existantes et collectifs émergents, le 30 octobre 2002 lancement d’une pétition par Archilesb! lors du Festival Cineffable, puis en novembre d’une pétition portée par Vigi’Trans, le 19 décembre diffusion d’un communiqué de poresse par LopattaQ, dont des médias se font l’écho (Libération, Illico)

Octobre 2002 : à la télévion, sur Canal Jimmy, sont diffusés le samedi soir à 23h55, les premiers épisodes de Queer as folk, c’est le remake américain de la série anglaise, diffusée en 1999 (qui freinée par l’acharnement puritain n’a pu diffuser que 10h de série), humour graveleux, un peu de baise, couleurs saturées, quatre garçons homosexuels au bord de la trentaine travaillent, sortent, aiment, ont des enfants, souffrent, déconnent ; la version américaine lancée après 2000, meilleure audience de la chaine cablée Showtime, en est à sa 42ème heure diffusée et prépare 2 nouvelles saisons, les producteurs et scénaristes, Ron Cowen et Daniel Lipman, soulignent : « Notre série oblige les gens à regarder les gays comme des êtres humains à part entière »

Octobre 2002 : à Marseille, dernière assemblée générale destinée à sauver le local du Chaperon rouge ; Didier Rodde a laissé la présidence de Marseille-arc-en-Ciel (l’ACCGLM) à Richard Herry (ex-animateur de Santé et Plaisir Gay Provence) ; la gestion du bar associatif pose de nombreux problèmes compte tenu du « coulage » les permanents salariés sont trop mal contrôlés ; de plus, il y a disparition de tout projet associatif

7 octobre 2002 : à Paris, tentative d’assassinat du maire Bertrand Delanoë, à l’occasion de la Nuit Blanche  qui attire une grande foule à l’Hôtel de Ville et dans de nombreux lieux de la capitale, l’agresseur, Azedine Berkane, a des antécédants psychiatriques, il affirme détester les politiques et les homosexuels ; le maire est hospitalisé avec de graves blessures à l’estomac

30 octobre-3 novembre 2002 : déroulement du 14ème festival Cineffable/Quand les lesbiennes font du cinéma au Trianon à Paris

Novembre 2002 : un sondage de paru dans Têtu monter que la famille homoparentale gagne du terrain : en 1998 24% des sondés acceptaient l’idée qu’un couple homosexuel vivant avec l’enfant de l’un d’eux puisse constituer un couple homosexuel, ils sont désormais 34%, soit + 10% en 4 ans.

Novembre 2002 : parution du 1er (et dernier) n° de la Revue du Centre d’archives et de documentation homosexuelles de Paris (CADHP) sous la direction de Jean le Bitoux qui active tout son réseau intellectuel et militant, le colloque de l’Inter LGBT d’avril 2002 avait permis d’en présenter plusieurs textes ; le maire de Paris, Bertrand Delanoë, qui lui a donné l’impulsion politique et financière a écrit le 2 mars 2001 dans un courrier aux 40 associations membres du conseil politique de la Lesbian & Gai Pride : « L’amnésie fait le lit de l’intolérance et du rejet » ; Christopher Miles – administrateur du théâtre national de l’Odéon – président de l’association de préfiguration du CADHP présente le projet, Florence Tamagne en est vice-présidente; la Revue est, dans la forme et dans le fond, une haute expression de toute une partie de la vie militante de Jean le Bitoux, dans la forme elle reprend le logo de la Fondation mémoire des homosexualités (créée au début des années 1980, première intention non aboutie à une époque où les autres investissements était trop nombreux), et elle met en avant tous les amis et collaborateurs que Jean est arrivé à drainer au cours de sa vie militante et professionnelle (c’est sa façon de tous les mettre à contribution pour ce grand projet, il sait qu’aucun d’entre eux ne lui en voudra de mettre leur noms noir sur blanc pour ce projet) dans le comité de soutien (35 personnes), dans le comité d’acquisition (46 personnes), ou les commissions de méthodologie (34 personnes), même si certains sont cités plusieurs fois, sur le fond il y a une grande qualité des contributions rassemblées ; c’est un réseau d’amis impressionnant qu’il est arrivé à construire au fil des années fait d’anciens correspondants de Gai Pied, à travers la France ou à l’étranger, d’anciens ou de toujours militants, d’amis documentalistes ou internautes, de photographes ou de cinéastes, d’animateurs de presse, d’historiens, de juristes et de sociologues, de thérapeutes et de bénévoles de la lutte contre le SIDA ; mais c’est aussi un réseau en creux où n’apparaissent pas tous les autres ceux qui sont morts du SIDA depuis les années 1980 et qui auraient du y figurer…

Novembre 2002 : parution de Qu’avez-vous fait de la libération sexuelle ? de Marcela Iacub, elle s’en prend aux féministes qui veulent abolir la prostitution même quand elle est librement choisie, aux intellectuels qui se convertissent aux théories autoritaires de l’ordre symbolique pour refuser des droits aux individus, à Françoise Héritier qui invoque les sociétés étudiées pour faire passer des opinions personnelles peu progressistes, au juriste-psychanalyste Pierre Legendre qui voit dans le pacs un début d’apocalypse et contre la revue Esprit qui vulgarise ses thèses ou encore contre Ségolène Royal

Décembre 2002 : l’association des psychiatres américains de l’APA soutient le droit des gays à l’adoption

Décembre 2002 : à Paris, hostiles au projet de Centre d’archives et de documentation homosexuelles przésenté par Jean Le Bitoux qui vient d’obtenir une subvention de 100 000 € de la municipalité, Marie-Hélène Bourcier et Marie-Jo Bonnet accuse Le Bitoux et la ville d’avoir exclu les lesbiennes du projet, avec un comiré de pilotage de 5 femmes sur 59 participants, Marie-Hélène Bourcier a recueilli 700 signatures dont celle d’Act Up, de la coordination lesbienne et d’élues vertes de la capitale, Marie-Jo bonnet a écrit à la première adjojnte Anne Hidalgo en ciblant le rôle de Christophe Girard

22 décembre 2002 : mort de l’écrivaine Gabrielle Wittkop (1920-2002, née Gabrielle Ménardeau), auteur de Le Nécrophile 1972, La Mort de C. 1975, Les Rajahs blancs 1986, Hemlock (à travers les meurtrières) 1988 – « le mieux fait, le mieux écrit, le mieux construit » dira-t-elle -, Almanach perpétuel des harpies 1985, Les Départs exemplaires 1995, Sérénissime assassinat et Le Puritain passionné 2001, sulfureuse et convenable, elle affiche volontiers son homosexualité et sa misogynie, elle écrit sur le sexe et l’dentité de genre ; elle a rencontré pendant l’Occupation l’Allemand déserteur Justus Wittkop, homosexuel de quelques 20 ans son aîné ; atteinte d’un cancer du poumon elle s’est suicidée à 82 ans

 

2003-2012 : à Marseille où une salariée de Aides – Dominique Blanc – est en charge de la prison des Baumettes, aucun dépistage n’est effectué ; en 2002 alors qu’on meurt du sida en détention, est votée une loi de libération pour raison médicale

2003-2005 : à Marseille, la présidente du CEL, Marie-Claude plaide pour un travail commun avec les 3G

2003-2004 : parution de plusieurs films qui reprennent la figure de la folle : Chouchou (2003), Pédale douce (1996), Pédale dure (2004), Jet Set (2000) et Jet Set 2 People (2004) ; auquels s’ajouteront les performances de Vincent Mc Doom dans La Ferme des Célébrités sur TF1 en 2004

2003 : à Lille, Patrick Cardon et son association GayKitschCamp, organise la semaine culturelle de la Lesbian & Gay Pride

2003 : à Marseille, le festival Reflets, animé par Michèle Philibert, travaille avec la Cabaret aléatoire de la Friche Belle de Mai pour organiser concert et cinéma ; les années suivantes attirent bien des artistes : Jeanne Balibar, la DJ Miss Anacor ou encore Oshen (future Océanerosemarie, la lesbienne invisible)

2003 : création de l’association le Refuge destiné à l’accueil de jeunes victimes d’exclusion familiale par Nicolas Noguier à Montpellier

2003 : parution du documentaire Amant des hommes réalisé par Isabelle Darmengeat, histoire inspirée de la vie de Pierre Seel, avec l’aide de Jean le Bitoux

2003 : l’association SOS Homophobie fait paraître le Rapport sur la lesbophobie

2003 : le Rapport Kriegel s’alarme de l’invasion du porno sur Canal+ en particulier : « La réception d’image crue et brutale par le cerveau d’un enfant qui sent confusément que ce qui se niche là est tabou, a autant d’effets qu’un abus sexuel », Blandine Kriegel souhaite renforcer le caractère absolu de l’interdiction, qui existe en fait depuis 1989, et diffuser les images violentes entre 22h30 et 6h30  ; Dominique Baudis président du CSA emboite le pas à la campagne vertueuse qui se développe, il parle d’engrenage à briser

2003 : au sein de la revue Prochoix cofondée par Caroline Fourest, le débat sur le voile à l’école est houleux, elle est résolument contre le voile, les sociologues Françoise Gaspard et Eric Fassin quittent la revue

2003 : la Conférence des évêques de France publie une brochure « Lutter contre la pédophilie » dans laquelle il prône la dénonciation systématique par toute personne qui aurait connaissance de tels actes

2003 : en Belgique, la loi autorise le mariage homosexuel si le pays d’origine des mariés le permet

2003 : en Espagne, dans le parc de la Citadelle de Barcelone, un kiosque est dénommé la Glorieta de la transexual Sonia en hommage à Sonia Rescalvo Zafra, assassinée par un groupe de skinheads nèo-nazis en 1991, il est devenu un lieu de rassemblement de la communauté LGBTI+

2003 : aux USA, le New York Times cite une enquête qui estime à 14 millions d’enfants élevés par au moins 1 parent homosexuel ; les statistiques américaines évaluent à 594 391 le nombre de ménages homosexuels, 34,3% des couples de femmes et 22,3% des couples d’hommes élèvent un enfant ; on découvre que ces couples sont davantage interraciaux que les couples hétérosexuels mariés (mais pas par rapport aux couples hétérosexuels non mariés)

2003 : en Allemagne, mort de Leni Riefenstahl fascinée toute sa vie par le corps des hommes, de Les Dieux du stade en 1938 aux Nouba de Kau du Soudan en 2000

2003 : aux USA, le cardinal Law de Boston est contraint de quitter son poste pour avoir couvert des comportements pédophiles parmi les prêtres ; cette affaire de grande ampleur fera l’objet du film Spotlight en 2015, une équipe de journaliste ayant du mener une enquête approfondie pour mettre à jour des fait couverts par le cardinal

2003 : aux USA, la Cour suprême abolit les lois interdisant les relations sexuelles gays, mettant ainsi fin à la criminalisation de l’homosexualité : un citoyen ne peut plus âtre poursuivi pour sodomie ; mais 6 Etats maintiendront leur législation anti-sodomie (dont le Mississipi)

2003 : aux USA, le National Center fot Transgender Equality (NCTE) est fondé à Washington et engage des enquêtes, dont celle qui en 2011 mettra en avant la situation dramatique des personnes trans de couleur (afro-américains, latinos, etc.) ; dans le même temps les associations trans se multiplient (Transgender foundation of America, Transgender Equality, Transgender Veterans Association, etc.) dans un contexte d’alliances et de défiance envers les communautés alliées ; en mars 2003 se tient la Trans March – en commémoration du meurtre de Gwen Araujo en mars 2002 – qui porte des messages de solidarité avec les LGBTIQ considérés comme alliés

2003 : parution en France du livre de Georges Chauncey, paru aux USA en 1995, Gay New York, 1890-1940

2003 : en Grande Bretagne, Tony Blair abroge la clause 28 – que Mme Thatcher a fait votée en 1988 qui interdit toute propagande de l’homosexualité auprès des jeunes – ; l’Ecosse l’a fait abrogé en 2000

2003 : en Grande Bretagne, le British Medical Journal publie une étude de Marc Shelly qui montre que les jeunes homosexuels sont 13 fois plus exposés au risque de suicide que les autres

2003 : en Russie, création du 1er magazine de la communauté homosexuelle Kvir, créée par Vladimir Volochine, rédacteur en chef et seul permanent

2003 : au Japon, adoption de la loi permettant de changer de sexe sur l’état-civil

2003 : une circulaire précise que l’éducation à la sexualité dans les établissements scolaires répond à des questions de santé publique et à des « problématiques concernant les relations entre garçons et filles, les violences sexuelles, la pornographie ou encore la lutte contre les préjugés sexistes et homophobes » ; elle rend obligatoire, dans le public et le privé sous contrat, 3 séances d’éducation à la sexualité par an

2003 : au Cameroun, l’avocate Alice Nkom, que l’on surnomera la papesse des homos, crée l’Adefho (association de défense des droits des homosexuels au Cameroun) ; en 2011, elle défendra  Jean-Claude Mbede, condamné à 3 ans de prison ferme pour avoir envoyé un texto à l’homme qu’il aimait, libéré sous caution en 2012 il mourra d’un cancer en 2014

2003 : en Australie, Alex McFarlane, porteur du chromosome XXY, devient la 1ère personne à obtenir un passeport australien ne définissant pas son sexe

Janvier 2003 : parution du livre d’Alain Minc Epitre à nos nouveaux maitres dans lequel il stigmatise le communautarisme gay : « Leur combat a glissé subrepticement de la revendication d’un droit à l’indifférence à l’affirmation d’un droit à la différence », il souhaite un Grenelle de l’intégration au risque que nous soyons condamnés au « communautarismes »; l’hebdomadaire Marianne prend prétexte de cette parution pour passer en revue les nouvelles élites gaies (Christophe Girard, Bertrand Delanoë, Jean-François Chassagne , patron du Quetzal, président du SNEG, Jean-Luc Roméro, Alain Dro de Autre Cercle, Pierre Bergé, Jean-Luc Aillagon ministre de la Culture), parler des 600 membres de Autre Cercle (contre 45 il y a à peine un an et demi), des associations professionnelles (AHTP, Gare !, C.Gay), de la fraternelle Cambacérès (1ère loge à 100% gay) avec Jean-Paul Potard, PDG de la Sté Jean-Paul Gaultier, comme président, du SNEG avec ses 600 membres, et de la culture gay qui prend de l’ampleur de Dalida à I will survive lors du Mondial de 1998, en passant par Gazon maudit et les drag queen, Marianne cite aussi les artistes et hommes de media (Henri Maurel de FG, Thomas Doustaly de Têtu, Laurent Ruquier, Steewy mannequin ex-lofteur, Pascal Sevran, Bruno Masure) et l’association Homosexualité et socialisme fondée en 1983 par Patrick Bloche, le journal cite Frédéric Martel dit se situer « comme Alain Minc parmi les défenseurs d’un certain droit à l’indifférence et j’ai été le premier, je crois, en France à critiquer les tentations et les velléités communautaires des gays » et Joseph Macé-Scaron : « le communautarisme outrancier est l’équivalent de l’homophobie la plus scandaleuse »

Janvier 2003 : à Marseille, création de l’éphémère Collectif Stonewall, il participe à la cérémonie de la Déportation en avril, au défilé du 1er mai, engage une action de sensibilisation auprès des  maires des BdR en mai sur la question des certificats de concubinage

3 janvier 2003 : mort de Monique Wittig (1935-2003), romancière, philosophe, théoricienne et militante féministe lesbienne, le travail d’écrivain consistait pour elle à abolir dans le langage les catégories de sexe et la marque stylistique du genre, elle a été militante de la première heure au MLF (mouvement de libération des femmes), membre du groupe qui a déposé le 26 août 1970 une gerbe à la femme du soldat inconnu au pied de l’Arc de triomphe, en 1972 elle était dans le groupe des Gouines rouges, le premier groupe lesbien constitué à Paris ; 2ème femme à obtenir le prix Médicis en 1964 pour l’Opoponax, elle a publié Le Corps lesbien en 1973, par l’écriture elle veut comme Djuna Barnes réactiver à tout moment la lettre et le sens, en 1976 elle a quitté Paris-la-politique pour les USA, à Tucson en particulier, où elle a publié des textes théoriques, La Pensée Straight, sortie en 1992 mais diffusé en France en 2001 seulement, qui a provoqué de nombreux débats et des scissions parmi les groupes féministes et lesbiens, elle met en cause l’hétérosexualité comme régime politique et dénonce le mythe de « la femme », base d’un contrat social auquel les lesbiennes devraient se soumettre « les lesbiennes ne sont pas des femmes » ; en 1985 elle a publié la pièce de théâtre Le Voyage sans fin ; une partie importante de son travail porte sur le cinéma et le théâtre, en collaboration avec sa compagne Sande Zeig, avec laquelle elle a écrit en 1975 Brouillon pour un dictionnaire des amantes et réalisé le film The Girl en 2001 ; en 2001 un colloque international lui a été consacré à Paris ; en 2022 Voyage sans fin sera republié, joyeux détournement du Quichotte de Cervantès où les personnages sont des femmes, avec des préfaces de Wendy Delorme et Laure Murat ; l’amante de Wittig Sande Zeig l’a connue en 1975 à Paris, grâce à ses cours de karaté, elle expliquera en 2022 qu’elle voit Monique Wittig dans le personnage de Quchotte « parce qu’elle a exposé l’héterosexualité en tant que régime politique et dénoncé l’expoitation des femmes, notalmment à travers le mariage. » ; « elle a été la première à avoir théoriser l’hétérosexualité comme un regime politique, dira Iliana Eloit en 2022, à l’occasion de la réédition de Le Corps lesbien, ce discours trhéorique et critique sur l’hétérosexualité comme contrainte est audible aujourd’hui alors qu’à l’époque, il a été critiqué et incompris en France. »

24-26 janvier 2003 : à Marseille, Mémoire des sexualités organise le 2ème Salon de l’Homosocialité, à la Cité des associations, nombreux stands, films et débats ; 36 associations représentées

Février 2003 et mars 2004 : 2 lois ajoutent au code pénal des circonstances agravantes pour les peines encourues en cas de violences et de discriminations à l’égard des femmes

1er février 2003 : Marche des femmes des quartiers contre les ghettos et pour l’égalité en hommage à Sohane Benziane, brûlée vive à Vitry-sur-Seine, naissance de Ni Pute ni Soumise (Fadela Amara en deviendra la présidente)

1er février 2003 : en Suède, la loi autorise l’adoption homoparentale par 198 pour, 38 contre et 71 abstentions, la Suède est le 3ème pays à légaliser l’adoption après les Pays-Bas et le Royaume-Uni ; mais fin 2012 un seul enfant aura pu être adopté par un couple homoparental sur les 37 qui étaient adpotables

8 mars 2003 : à Paris, la marche des femmes des quartiers réunit 30 000 personnes pour dénoncer les violences faites aux filles dans les banlieues, le mouvement Ni putes ni soumises en découlera ; le 4 octobre 2002 Sohane Benziane, 17 qans, est brûlée vive par son petit ami dans un local à poubelles de Vitry-sur-Seine, dans le Val de Marne, l’extême violence du crime a suscité un choc dans l’opinion publique ; dans le mouvement Ni putes ni soumises dont les statuts seront déposés le 14 avril 1943, Ingrid, Loubna, Christelle sont avec Fadela Amara, les tensions apparaîtront car Fadela Amara voudra rester cantonnée dans la case ‘violence des quartiers’, communautaire, là où d’autres veulent défendre plus largement les droits des femmes, Fadela Amara fera son chemin comme ministre du gouvernement de François Fillon en 2007, puis intégrera l’Inspection générale des affaires soiciales (IGAS)

16 mars 2003 : à Marseille, Jean-Marc Lapiana, fondateur et directeur de l’établissement « de fin de vie » La Maison, de Gardanne, est décoré en tant que chevalier de la Légion d’honneur, au Palais du Pharo

18 mars 2003 : la loi de sécurité intérieure (dite loi Sarkozy) destinée à réagir contre les troubles causés à l’ordre public et à lutter contre les réseaux de proxénétismes, elle interdit le racolage passif, notion aux contours mal définis destinée à limiter davantage la prostitution, le racolage, même passif, est passible de 3 750 € d’amende et de 2 mois d’emprisonnement ; les actions de solidarité, la location d’appartement ou de chambre d’hôtel sont considérés comme du proxénétisme ; si la prostitution est légale tous les moyens de l’exercer sont désormais réprimés par la loi ; antérieurement le raccolage actif était sanctionné d’une simple contravention ; une unité spéciale de la police nationale sera affectée à la lutte contre le racolage sur Paris à partir de l’automne ; un an plus tard elle engendrera 3 types de problèmes : peur des personnes prostituées d’être traitées comme des délinquantes, multiplication des actions répressives contraignant ces personnes à exercer dans des conditions extrêmement dangereuses et agravation de la situation des personnes étrangères contraintes à transmettre des informations sur leur entourage

Avril 2003 : à Marseille, réception de Pierre Seel en Mairie, avec sa participation à la cérémonie de la Déportation, organisé par Mémoire des sexualités

Mai 2003 : Laurent Fabius prend position en faveur de l’homoparentalité

9 mai 2003 : le Centre d’Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris (CADHP) renouvelle ses instances avec 5 femmes et 5 hommes au bureau

22 mai 2003 : mort de la militante Elula Perrin (1929-2003), métisse née à Hanoï, il arrive en France à 17 ans, réussit ses études de droit et débarque au Maroc avec son mari, elle découvre son goût pour les femmes et revient en France en 1946 ; en 1969 elle fonde une discothèque qui devient un rendez-vous lesbien ; en 1977 elle signe Les femmes qui aiment les femmes qui lui donne la célébrité, elle est invitée à la télévision ; elle écrit Tant qu’il y aura des femmes puis Moisson de femmes ; à la fin des années 1980 elle ouvre Le Privilège, près du Palace, une nouvelle discothèque qui sera toujours très fréquentée ; en 2000 Catherine Gonnard réalise le film Elula, les hommes on s’en fout ; elle écrit des romans policiers populaires et reste une pionnière de la lutte pour la reconnaissance de l’amour lesbien

27 juin 2003 : le Collectif Lesbienne Rage organise la Marche lesbienne « pour les lesbiennes seulement » la veille de la marche des fiertés LGBT, plusieurs centaines de lesbiennes ont participé à cette marche de la porte Saint Martin à la place Sainte Catherine sur le thème Pour une marche indépendante et pas une marche commerciale, Nous sommes fortes. Nous sommes nombreuses, nous serons-là, solidaires et actives

29 juin 2003 : mort de l’actrice américaine Katharine Hepburn (1907-2003), mariée en 1928, actrice à succès de Héritage de Georges Cukor en 1932,  dans La Phalène d’argent de Dorothy Azner en courageuse aviatrice, très garçonne, casquée, vêtue de cuir, puis de Sylvia Scarlett du Cukor en 1935 où déguisée en homme elle séduit les deux sexes ; avec une cinquantaine de films et d’émission de télévision, elle a obtenu 4 Oscars

Juillet 2003 : parution de Le Transsexualisme de Colette Chiland, ce qui est nouveau c’est que la demande d’un autre sexe pour soi-même soit devenu acceptable ; sous la contrainte de la Cour européenne des droits de l’homme, la Cour de cassation a du accepter la possibilité de changer de sexe à l’état-civil ; mais peu de psychanalyste connaissent cette clinique rare et savent gérer leur contre-transfert face à ces patients dit Geneviève Delaisi de Parseval, Agnès Faure-Oppenheimer avait ouvert la voie dans le livre Le Choix du sexe en 1980, le Pr Colette Chiland prend sa relève en notant combien il est difficile pour les transsexuels de prendre vrament leur place

Juillet 2003 : à Marseille, à Luminy, ce qui devait être les 5ème UEEH sont remplacées par des Assises ; beaucoup moins de participants sont attendus, face à l’afflux de participants toujours plus demandeurs (un peu  trop consommateurs et exigeants à l’égard des organisateurs), l’objectif est de faire une pause pour redéfinir le projet des Ueeh ; l’une des idées principales qui en ressortent est le renforcement de l’auto-gestion

Juillet 2003 : à Paris, Marc Henry, comédien de 43 ans, est exclu d’une paroisse du VIIèmearr. où il suit un cours d’introdutuion à la foi chrétienne, proposé par le précatéchisme œcuménique Alpha, il s’est présenté à l’aumonier en disant qu’il avait « couché avec 3 000 mecs », l’aumonier a refusé de le revoir et le responsable laïque, Thierry de la Brosse, du groupe explique que c’est lui qui a pris la décision de l’exclure ; le cours Alpha a été créé par le pasteur anglican, Charles Marnham – prêtre de Holy Trinity Brompton à Londres -, en 1977, destiné à présenter de façon récréative les bases de le foi chrétienne, en 1993 son successeur Nicky Gumble, a baptisé cette formation Alpha (amitié, liberté, pâtes et pizzas, humour, aucune question taboue) avec une soirée hebdomadaire sur 10 semaines, plus un week-end ou une journée, le concept essaime dans « le monde entier » (24 000 cours sur 5 continents), en France les cours sont passés de 5 en 1993 à 230 à la mi 2003, dans ke chapitre sur « l’attitude chrétienne envers homosexualité », « l’activité homosexuelle n’est pas naturelle, elle va à l’encontre de l’ordre créé par Dieu« , le pasteur considère le sida comme « la conséquence inévitable de la violation de sa loi » et qu’il faut savoir « quand le moment est approprié… s’élever contre la pratique de l’homosexualité »

Juillet 2003 : en Suisse, parution du n°9 du semestriel Bang Bang édité à Genève, qui se qualifie de fanzine de la Croisière, sa présentation commence ainsi « Quelle place le sexe tient-il dans a vie ? A quoi sert-il ? Quelles sont mes pratiques sexuelles ? Mes organes sexuels ? Et mes sextoys ? Qu’est-ce qui fait ma jouissance ? Et celle de l’autre, des autres ? Du sexe, j’en ai où ? En public ? A la Croisière ? Dans ma chambre ? Dans le noir ? Dans les parcs, les backrooms ?, etc. » il rassemble environ 25 contributions

Septembre 2003 : parution du livre Middlesex de Jeffrey Eugenides, l’auteur s’appelait Michelle, à Detroit, aux USA, ses parents n’ont pas contrarié son changement de genre ; il raconte l’histoire de Calliope née, comme lui en 1960, et de Cal né en 1974 dans le Michigan, Calliope s’est transformée en Cal à l’âge de 14 ans ; Eugenides mène l’enquête de façon chaleureuse, baroque et drôle, entre épopée antique ert postmodernité ; son livre a obtenu le prix Pulitzer

Octobre 2003 : en Allemagne, l’artiste Tom Fecht installe à Bonn un mémorial des morts du sida, composé de pavés gravés des noms de personnalités publiques (comme Michel Foucault, Klaus Nomi, Michaël Pollak, Pierre Kneip, Clews Vellay, Jean-Paul Aron) et des pavés vierges de nom rendant hommage aux anonymes

18-19 octobre 2003 : le 1er salon européen Gay et Gay Friendly se tient à la Porte de Versailles, à Paris, le salon Rainbow Attitude, préparé par Régine Corti et Jean-Claude et Philippe Sultan, depuis plus d’un an, il a vocation à réunir en un même lieu « associations, entreprises et personnalités »; d’autres personnes sont dans l’équipe d’organisation  (Patrice Cam, Emilie Wilson, Michel Lippi, Philippe Benhamou, Stéphane Bondoux et Alain Gouzon) et plusieurs sites partenaires MCM et FG ainsi que des sites internet (Gay.com, Gayvox.com et Citegay.com) ont assuré la visibilité du projet, de nombreuses associations assurent l’animation des débats : Natacha Taurisson (Syndrome de Benjamin), Catherine Tripon (Autre Cercle), Claude Chantereaux et Dominique Boren (CGL de Paris), Michel Bostoen (journaliste, avec Pink TV), Pierre Gay-Lemaître (psychiatre, avec les associations impliquées dans la lutte contre le sida), Christian Charmasson (psychanalyste sur le thème des parentalités), Fabrice Guillermet (journaliste, sur la question des discriminations) ; le « programme scénique » est important et il y a près de 210 exposants  (associations, chorales, médias, musées et galeries, créateurs, commerces et entreprises LGBT ou non) qui viennent de toute la France

Novembre 2003 : parution en France de Gay New York 1800-1940 de George Chauncey, traduit par Didier Eribon, description passionnante et minutieuse de l’histoire de l’homosexualité masculine, des concours de beauté masculine à Coney Island, des bals travesitis à Harlem, des clubs gays de Greenwich Village, ou des pièges à touristes de Times Square, dans les années 1920 à New York les gays n’étaient condamnés ni à l’solement, ni à l’invisiblité, ni la haine de soi, « leur exubérance était bien loin du placard de la honte où sera reléguée ensuite l’homosexualité jusqu’à la ‘libération’ des années 1970 » écrit Eric Fassin pour qui « l’histoire de la sexualité éclzaire d’un jour nouveau l’histoire sociale » ; en cette période la démarcation passe entre folles efféminées qui jouent de l’inversion des conventions sexuées et les hommes « normaux » qui se conforment aux normes de genre, quittre à coucher avec d’autres hommes

 

2004-2009 : aux USA, la série télévisée américaine The L World suit le quotidien d’un groupe fde lesbiennes bourgeoises à Los Angeles, la série fera date ; plus tard de 2013 à 2019, Orange is the New Black se passera dans une prison pour femmes, avec des histoires lesbiennes assez crues, il y a de tout parmi elles butchs, fems, Latinos, Noires, grosses, minces, moches, toxicos…

2004 : le Nouvel Observateur publie en octobre un manifeste en faveur de l’homoparentalité, Manifeste pour l’égalité signé par un certain nombre de personnalités homosexuelles (dont Didier Eribon, Daniel Borillo, Caroline Mécary) ; deux femmes, Carla et Marie-Laure qui vient ensemble depuis 25 ans, ont définitivement obtenu l’autorité parentale conjointe sur leurs 3 filles : la justice reconnait pour la 1ère fois une famille homoparentale.

2004 : en Belgique, à l’hôpital St Pierre de Bruxelles, 90% des demandes d’insémination viennent de couples homosexuels français ; au même moment, la possibilité de l’adoption est en discussion au Parlement

2004 : en Belgique, le mariage homosexuel est rendu possible pour toute personne résidant sur le territoire national depuis au moins 3 mois (en 2010, il y aura 2 164 mariages en Belgique)

2004 : aux USA, l’homme politique Jim McGreevy est contraint de mettre fin à sa carrière politique à la suite d’une relation homosexuelle ; des élus républicains Mark Foley et Larry Craig connaitront le même sort, et le pasteur évangélique moralisateur Ted Haggard est démasqué, prônant une politique homophobe ils sont surtout taxés d’hypocrisie

2004 : aux USA, 7 Etats ont d’ores et déjà légalisé le mariage (Iowa, New-York, Vermont, New Hampshire, Massachussets, Connecticut et Washington DC) (en 2011, 131 729 couples de même sexe seront mariés)

2004 : aux USA, mort de la militante féministe Gloria Evangelina Anzaldua (1942-2004), lesbienne, enseignante à Santa Cruz, elle développait des théories culturelles chicana et queer, avec Women of Color en 1981

2004 : en Allemagne, Philipp Tanzer est élu Monsieur Cuir (Mister Leather) à Berlin, le performer berlinois deviendra la vedette du label porno gay américain

2004 : en Australie, la loi amende le Mariage Act de 1961 pour définir le mariage comme « l’union exclusive d’un homme et d’une femme »

2004 : au Vatican, le cardinal Ratzinguer, un an avant son accession au trône de Saint-Pierre, écrit dans une Lettre aux évêques sur la collaboration de l’homme et de la femme dans l’Eglise et dans le monde dénonçait : « l’occultation de la différence ou de la dualité des sexes » et la notion de genre qui si elle entend « favoriser des visées égalitaires pour la femme en la libérant de tout déterminisme biologique, a inspiré des idéologies qui promeuvent la mise en question de la famille, de par la nature composée d’un père et d’une mère, ainsi que la mise sur le même plan de l’homosexualité et de l’hétérosexualité… »

2004 : en Italie, à l’occasion du Forum social Européen, les lesbiennes italiennes adoptent le concept de lesbophobie avec enthousiasme « il nous parle de ce que nous vivons »

2004 : en Afrique su Sud, organisation de la 1ère Soweto Pride, le township emblématique de la révolte anti-apartheid

2004 : en un an le nombre de français favorables à l’adoption par des couples de même sexe a augmenté de 12% (37% en mai 2003 pour 49% en mai 2004). Ils sont plus de 50% à être favorables à ce que les couples de femmes homosexuelles puissent avoir recours à l’insémination artificielle

2004 : Act Up Paris diffuse 3 affiches réalisées dans le cadre de la lutte contre le sida « La communauté que nous voulons est intransigeante » (contre le bareback) « La communauté que nous voulons est hystérique » et « La communauté que nous voulons est sexuelle« , chacune se termine par « La communauté que nous voulons n’est pas celle que nous avons »

2004 : le séminaire de Sociologie des homosexualités de l’EHESS, animé par Didier Eribon et Françoise Gaspard, organise un colloque pour doctorant-es et post-doctorant-es, dont les Actes paraîtront en 2007 sous le nom Le Choix de l’homosexualité. Recherches inédites sur la queestion gay et lesbienne

2004 : création de l‘association afro-antillaise LGBT An Nou Allé par Louis-Georges Tin

2004 : à Avignon, l’association LGBT Formation, animée par Jacques Fortin, poursuit son action de sensibilisation à l’homophobie en direction des adultes en charge de jeunes, avec l’aide du film documentaire Être jeune et se vivre homo, et un soutien financier du Plan régional santé des jeunes, des conseils généraux 13 et 84 et de l’Académie d’Aix-Marseille ; 30 journées de sensibilisation sont organisées dans le 13, le 84, le 83, le 06  (pour 469 stagiaires) avec un soutien financier du Plan régional santé des jeunes, des conseils généraux 13 et 84 et de l’Académie d’Aix-Marseille, en direction d’enseignants, médecins scolaires, pédopsychiatres, infirmiers, conseillères conjugales, assistants sociaux, animateurs, travailleurs sociaux, etc. ; ainsi 58 sessions réalisées ont permis de toucher 780 professionnels (en majorité infirmières scolaires et assistantes sociales)  en 2003-2004

2004 : parution du livre surtout sociologique de Hélène Buisson-Fenet Un Sexe problématique : l’Eglise et l’homosexualité masculine en France (1971-2001)

2004 : ouverture à Paris de la librairie féministe et lesbienne Violette and Co au 102 rue de charonne (11ème arr.) par Catherine Florian et Christine Lemoine , la fermeture de la librairie LGBT Pause lecture, rue Quincampoix (3ème arr.) est pour elles un catalyseur ; elle la gèreront pendant 18 ans jusqu’à sa fermeture en février 2022… et sa réouverture par une autre équipe à la fin 2022

2004 : la loi de bioéthique confirme une loi de 1994, la filiation est liée au ventre (interdiction de la GPA gestation pour autrui) et au coït (la procréation médicalement assistée est réservée aux couples hétérosexuels mariés ou en concubinage depuis plus de 2 ans)

2004 : adoption de la loi sur la réduction des risques, motivée par la lutte contre le sida et les hépatites ; à partir de là les consommateurs d’opiacés, « patients du système de soins » seront encartés à la sécurité sociale ; il y aura en 2014 quelques 160 000 consommateurs réguliers d’opiacés réguliers grâce à cette loi, les observateurs étrangers seront surpris par le libéralisme de ce système et par ses résultats incontestables en termes de santé publique ; le journal Asud, financé par le ministère de la santé permettra l’accompagnement de ces malades

2004 :  l’association Combat face au sida, SOS drogues société édite une affiche Derrière les barreaux, un suicide tous les trois jours, jusqu’à quand ? avec le dessin – d’un masque mortuaire derrière une grille – de « Gérard Gateau, mort le 7 mai 2002, au centre pénitentiaire de Clairvaux par le système judiciaire et carccéral. Des centaines l’ont précédé et des centaines suivront. »

2004 : le Conseil d’Etat estime à propos de la circoncision, que « cette pratique religieuse dépourvue de tout fondement légal » est « néanmoins admise »

2004 : le chanteur Etienne Daho évoquera cette année-là : « J’ai aimé quelqu’un au-delà de tout, au-delà de moi-même. Cette histoire m’a tant fait souffrir que j’ai pensé à mourir. En août, j’étais au bord du gouffre. Le morceau Un merveilleux été parle de ça. Et d’un coup, la vie est revenue. J’ai arrêté de fumer, de boire. J’ai transformé la souffrance en musique, comme L’Adorer, l’une des plus belles chansons que j’ai écrites… Je pense que beaucoup de gens ont besoin de parler de leur attirance sexuelle quand elle les mène vers ceux du même sexe, comme pour se libérer d’un fardeau. Ce n’est pas mon cas… Je dirais que j’ai des goûts assez universels, et que je ne suis pa regardant sur le sexe des gens. »

Février 2004 : première en Espagne, la Navarre légalise l’adoption par des homosexuels ; au même moment un juge reconnait 2 mamans à Pampelune ; l’adoption par des homosexuels est sur le point d’être autorisé en Catalogne

7 mars 2004 : à Paris, organisation des Etats Généraux Femmes et Sida à l’AGECA, coorganisés par Act Up, Aides, le Mouvement français du Planning Familial, Sida Info Service et le Kiosque (information sur la toxicomanie), chaque association y présente son action, puis 4 thèmes sont discutés : le vécu de la maladie et des traitements, le vécu de la sexualité, le désir d’enfant et les situations dans les différents pays (Nord, Sud, Est et Ouest)

15 mars 2004 : vote de la loi sur le voile islamique « encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics » ; la question du voile soulève dans la société de nombreux débats politiques et philosophiques ; les références historiques et culturelles sont abondamment citées, y compris les références religieuses, Saint Paul dans l’Epitre aux Corinthiens écrit : « Toute femme qui prie ou parle sous l’inspiration de dieu sans voile sur la tête, commet une faute identique, comme si elle avait la tête rasée… L’homme, lui, ne doit pas se voiler la tête : il est l’image et la gloire de Dieu, mais la femme est la gloire de l’homme. Car ce n’est pas l’homme qui a été tiré de la femme, mais la femme de l’homme, et l’homme n’a pas été créé pour la femme, mais la femme pour l’homme. Voilà pourquoi la femme doit porter sur la tête la marque de sa dépendance. » ; le Coran dit : « Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu’elles rabattent leur étoffe sur leurs poitrines. (24 : 31)… Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles de grandes étoffes : elles en seront plus vite reconnues et éviteront d’être offensées. (33 :59). » ; dans la revue de la Ligue des Droits de l’Homme, Hommes et Libertés, du 1er trimestre 2004, Christine Delphy, sociologue, directrice de recherche au CNRS, directrice des Nouvelles Questions féministes, s’exprime contre toute loi d’encadrement : « Cette mesure est d’une grande violence vis-à-vis des jeunes filles. Et on peut craindre qu’en sus de punir des individus, elle aura les effets inverses à ceux escomptés… pourquoi tant de passion là-dessus, plus que sur les viols collectifs, plus surtout que sur la discrimination et ses effets sur les jeunes descendant-es d’immigré-es maghrébin-es… L’islam « néo-communautaire » est une réaction française – de jeunes français – à une situation également française : l’exclusion, le rejet matériel et social d’une partie des jeunes Français par la société française… Rapporter le foulard islamique français ou plus largement européen, au foulard islamique dans les pays musulmans, c’est voir ces jeunes comme des étrangers… C’est une génération qui a pris acte de l’échec de sa revendication d’égalité. Renvoyée en dépit de son intégration à sa différence, elle a pris le parti de revendiquer sa différence…. Le risque est de transformer les islamistes néo-communautaires, ou les jeunes filles qui portent le foulard aujourd’hui (et ne le portaient pas hier), en islamistes radicaux et radicales. » ; et la Prix Nobel de la Paix iranienne Shirin Ebadi dans la même revue exprime se crainte que l’interdiction du voile deviennent une interdiction pour les filles d’accéder à l’école

Avril 2004 : le Centre d’Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris (CADHP) présidé par Stéphane Martinet licencie Jean Le Bitoux, directeur salarié depuis 2 ans ; plusieurs arguments seront avancés pour justifier ce licenciement, absence de résultats, coût des salaires du directeur de l’archiviste et du loyer, santé de Jean Le Bitoux (séropositif, il mourra d’un cancer en avril 2010), contexte difficile, etc. ; le Rapport de préfiguration du centre d’archives sera remis à la ville de Paris le 10 juin 2005

Avril 2004 : à Marseille, l’association Ado Gay Marseille animée par Pierre Cassely confie à Alexandre Rigollier la création d’une radio gay d’aide et d’écoute destinée aux jeunes homosexuels sur l’antenne de Radio Service (qui ne verra pas le jour)

Avril 2004 : sortie de Wild Side, documentaire de Sébastien Lifschitz, l’histoire d’une transsexuelle Stéphanie Michelini qui fascine par son charisme, garçon devenu fille, dans le nord de la France, face à sa mère emplie de stupeur inquiète et à un ex-camarade de collège complètement bloqué ; calme et déterminée elle dit « A 25-26 ans, j’ai décidé de suivre ma voie en devenant Stéphanie pour toujours »

Mai 2004 : parution du livre Le Sexe des âmes de Charles Mopsik,  qui étudie la bisexualité des âmes et des corps dans la cabale, il y croise les mystiques juifs avec Freud, Foucault et Thomas Laqueur, il montre que la virilité exclusive de l’ancien Dieu d’Israël a été tempéré par la cabale, s’il a créé l’homme à son image cela veut dire qu’il relève d’une double nature et qu’il est à l’origine un couple, l’unité divine et l’unité humaine ont donc une structure identique ; ainsi la cabale a brouillé de façon subtile les catégories trop rigides du masculin et du féminin

Mai 2004 : parution de Le Pouvoir des Mots, politique du performatif de Judith Butler, sa première parution en anglais Excitable  Speech aux USA en 1997 est marquée par le contexte politique américain, en particulier par le débat sur le statut des gay dans l’armée à l’époque du président Clinton, au travers de l’analyse des cas concrets l’autrice s’efforce d’établir l’ambivalence de la violence verbale des discours homophobes, sexistes ou racistes, elle établit la distinction entre genre et sexe, elle considère que revendiquer le droit au mariage des couples de même sexe, c’est travailler à subvertir radicalement une institution homophobe, elle conclut « le mot injurieux devient un moment de résistance… le discours insurrectionnel devient ainsi la réponse nécessaire au langage injurieux, un risque que nous prenons en réponse au risque qu’on nous fait courir, une répétition dans le langage qui impose le changement » ; ses références théoriques sont françaises Louis Althusser, Etienne Balibar, Pierre Bourdieu, Jacques Derrida, Michel Foucault, Jacques Lacan ; elle a déja écrit La vie psychique du pouvoir, l’assujettissement et théories, Le pouvoir des mots, La parenté entre la vie et la mort et Trouble dans le genre, le féminisme et la subversion de l’identité 

Mai 2004 : sortie du film People, comédie de Fabien Onteniente, avec José Garcia en reine d’Ibiza, qui au cœur de la nouvelle jet set attend un bébé, et avec Rupert Everett, Bruno Solo, Ornela Muti et Jean-Claude Brialy

Mai 2004 : le Nouvel Observateur constate que de plus en plus d’enfants sont élevés par des couples homosexuels

Mai 2004 : parution de Qu’est-ce qu’une femme désire quand elle désire une femme ? de Marie-Jo Bonnet, elle définit ce qu’est la lesbophobie « une agression sociale du type phallocratique visant les femmes qui désirent les femmes » qui peut être active lorsqu’elle rejette, marginalise ou stigmatise l’éros lesbien, ou passive lorsqu’elle nie la femme en tant que sujet désirant, phallocratique parce que fondée « sur la croyance  en la toure-puissance symbolique du phallus comme motif organisateur des lois de la Cité » ; les lesbophobes sont en particulier la psychanalyse qui consolide la norme hétérosexuelle en construisant ses analyses sur la libido masculine, les hétérosexuelles frustrées par les hommes et tentées par les femmes, elles sont « plus redoutables que les hommes dans la mesure où elles sont plus concernées qu’eux par le refoulement des désirs lesbiens », les homosexuels masculins qui se sont révélés assez vite aussi misogynes que les gauchiste, dans les années 1970 lorsqu’ils se sont greffés sur le mouvement de libération des femmes « jusqu’à ce qu’elles ne leur soient plus nécessaires », de nos jours le communautarisme gay serait en passe de devenir une nouvelle forme de lesbophobie institutionnelle et « les gays n’hésitent pas à barrer la route aux lesbiennes quand ils arrivent à des positions de pouvoir » ; et se plongeant dans les comptes de quelques subventions aux associations, Marie-Jo Bonnet trouve que les gays bénéficient d’un favoritisme criant ; mobilisant ses connaissances historiques, elle se réfère à la Bible, à Sapho, Mme de Sévigné, Rosa Bonheur, Marguerite Yourcenar, Violette Leduc ou encore Monique Wittig ; elle réserve à Simone de Beauvoir quelques une de ses plus vives critiques, elle la voit comme une bisexuelle prédatrice se complaisant dans les clichés les plus phallocratiques sur l’éros lesbien dans ses relations avec des jeunes filles « dérangées », allant jusqu’à qualifier la lesbienne de « castrat » ; dénoncée par une mère d’élève pour « excitation de mineure à la débauche » elle n’aurait pas hésité à charger son amante pour se parer de toute la respectabilité qui sied à un professeur, ce qui ne l’empêchera pas « d’être suspendue de l’Education nationale en juin 1943 avant d’être réintégrée à la Libération », Beauvoir manie le double langage qui la fait passer dans le monde entier pour l’émancipatrice des femmes à travers le Deuxième Sexe

Mai 2004 : à Marseille, le Collectif Stonewall, successeur du Collectif gay et lesbien Marseille-Provence, participe à une manifestation inter-associative aux flambeaux

Juin 2004 : la cour d’appel d’Angers a permis à 2 femmes, pacsées et vivant ensemble depuis 15 ans, d’exercer conjointement l’autorité parentale

Juin 2004 : à Strasbourg l’association lesbienne La Lune a accepté de faire partie de la Marche LGBT de Strasbourg, l’équipe organisatrice de la marche Festigays a refusé d’inscrire l’apéritif organisé par la Lune au prétexte que celui-ci était non mixte, le considérant comme une discrimination sexiste, les réseaux lesbiens ayant bien fonctionné l’apéritif est un succès

Juin 2004 : adoption de la 2ème loi bioéthique, elle comporte trois dispositions : l’autorisation du « bébé médicament », l’interdiction du clonage, mais son autorisation par dérogation et l’interdiction de l’expérimentation embryonnaire, à partir des embryons issus de le FIV, mais son autorisation par dérogation sur les embryons importés de l’étranger, et sur les embryons congelés « sans projet parental » ; provisoire pour 5 ans, cette loi aurait dû être remise à jour en 2009

Juin 2004 : parution de Le Pouvoir des mots. Politique du performatif de Judith Butler, sur le poids de l’injure raciste, sexiste et homophobe, ainsi dans l’armée US le simple fait de dire « je suis homosexuel » est considéré comme l’affirmation d’une conduite homosexuelle ; l’insulte produit des effets, directs ou indirects, immédiats ou à long terme, sur le corps et l’esprit de ceux qu’elle vise ; dès lors il faut jouer sur les retournements possibles et les réappropriations positives, ainsi l’injure infamante de queer  devient le courant de pensée de la queer theory, et la puissance d’agir (politique du performatif) abolit le pouvoir de l’injure et de l’insulte

5 juin 2004 : Noël Mamère, maire Verts de Bègles célèbre un mariage entre 2 hommes (Stéphane Charpin et Bertrand Charpentier) ; il recevra plus de 2 000 lettres d’insultes ; Caroline Mécary, Yann Pedler et Emmanuel Pierrat défendront Noël Mamère devant les instances administratives, jusqu’à la suspension pour un mois de ses fonctions de maire et l’annulation du mariage par la Cour de cassation le 13 mars 2007

26 juin 2004 : Gay Pride de Paris, en tête prennent place Noël Mamère, Didier Eribon, Caroline Mécary, Clémentine Autun, Jacques Boutault et Emmanuel Pierrat

Juillet 2004 : Libération note en qu’en l’absence de législation spécifique, de plus en plus de tribunaux reconnaissent la coparentalité au cas par cas

13-20 juillet 2004 : à Marseille, se tiennent les 10èmes Universités d’été Euroméditerranéennes (UEEH) à Luminy (en tenant compte des 5 UEH de 1979-1987 et des Assises de 2003) ; Marie-Paule Lolo est présidente ; une soixantaine de thèmes sont discutés : rencontre autour des luttes contre les LGBTphobies, colloque sur « l’Europe et les droits des personnes LGBT »,  productions d’images et de vidéos,  projections, soirées, créations et réflexions sur les identités, le genre, la spiritualité, le féminisme, les sexualités, le handicap, etc. ; la présidence de Marie-Paule Lolo durera 3 ans, avec comme trésorier Jean-Baptiste Peyronnel ; sa présidence change beaucoup de choses, (animosité liée au fait que Marie-Paule est à EELV et Jacques issu de la LCR ?) la passation des dossiers entre elle et Jacques Fortin ne s’est pas passée simplement, des fortes personnalités s’entrechoquent, les critiques pleuvent sur la présentation des comptes, sur le (petit) déficit que budgétaire qu’il lui laisse, sur le principe du recrutement d’un Emploi Jeune (Jérémy Chambon a été recruté à ce titre pendant les premières années de ces UEEH) ; mais d’autres sujets de conflits apparaissent peu à peu, Marie-Paule sait qu’elle a besoin des financements publics, elle est très attentive à ne pas heurter les financeurs au risque de la censure et de l’autocensure ; elle met fin de fait aux transcriptions des Actes des UEEH par Pascal Janvier (Pascal les a effectuées bénévolement sous la houlette de l’association Mémoire des sexualités, il lui est reproché entre autres d’avoir indiqué les noms et prénoms de certains intervenants) ; Marie-Paule embarque avec elle les enregistrements des débats privant Pascal Janvier d’en faire la transcription, malencontreusement elle a emmené aussi avec elle les archives des UEEH qui jusque là étaient stockées à la libraire les Mots pour le dire et les enregistrements comme les archives déposées dans la cave de son village du Vancluse (Mazan) sont en grande partie détruites pas des inondations ; Pascal Janvier est particulièrement déçu d’avoir été dépossédé de ces enregistrements qu’il s’apprêtait à transcrire comme à son habitude ; pour tenter de sortir de cette situation elle propose à Mémoire des sexualités une convention réduisant le travail de Pascal à la transcription des Actes du colloque, moyennant une rémunération (mais cela échouera bien vite, Pascal ne supportant pas que son travail considérable et bénévole soit si mal considéré) ; d’autres sujets sont sur le tapis, les réunions des CA péparatoires sont désormais organisées de façon très militante (temps de parole limité, ordre strict des prises de parole) ; la nudité est interdite lors des UEEH (des espaces de nudité discrets existaient mais les remarques de l’Ecole d’Architecture de Luminy sont désormais prises au pied de la lettre) ; une séance de sexe collectif masculin fait l’objet des foudres de Marie-Paule parce qu’elle est filmée (et, sans chercher à savoir si ces prises d’images sont consenties par les participants, elle exige la destruction du film) ; les dépenses de traduction LSF sont supprimées (à la désolation des sourds et malentendants) ; des interventions en anglais sont imposées sans traducteur prévu ; le groupe des Libanais de Helem pour lesquels ces UEEH sont précieuses, sera rapidement dégoûté de n’être pas pris en compte dans l’organisation d’ensemble…

15 juillet 2004 : en Thaïlande, conférence mondiale contre le sida à Bangkok, les militants d’Act Up protestent contre le laboratoire Roche auquel ils reprochent les difficultés d’accès au traitement antiviral, le nelfinavir, et l’accès inégal au traitement des pays du Nord et du Sud (un tract tâché de faux sang est diffusé)

14 août 2004 : à Marseille, David Gros est sauvagement agressé sur un lieu de drague proche du Parc Borely, ses 7 jeunes agresseurs seront arrêtés, un appel à témoin a été lancé par le Collectif contre l’homophobie – créé à Montpellier par Hussein Bourgi -, diffusé par Aides et des militants du Collectif antisexiste de Marseille ; son ami Louis (Benoît) Zollet organise la mobilisation avec Fabrice Metayer, salarié de Aides

Septembre 2004 : parution de J’ai oublié de vous dire… de Jean-Claude Brialy, acteur, comédien, animateur de tant de fêtes du monde des acteurs, il évoque ceux qu’il a connu et qu’il a aimé parmi de grands comédiens et de grandes stars, il évoque quelques cas d’homosexualité discrète qu’il a croisé sur sa route (Lina-Picolette, Maurice Escande-Etienne de Beaumont, Colette-Marguerite Moreno), puis des cas plus visibles comme Suzy Solidor, le couple Cocteau-Marais, Umberto Tirelli et son ami Dino, Françoise Sagan, Jacques Chazot, Michou (dont l’amant a été assassiné pour l’argent de la caisse du cabaret, qu’il portait avec lui) ; il cite encore Romy Schneider,  François Truffaut, Arlétty, Louise de Vilmorin, Simone Signoret, Claude Nougaro, les acteurs Claude Dauphin et Robert Manuel ; il se livre enfin sur sa vie privée, avec une photo de son amant Bruno, Tony mort du sida dès le début des années 1980, sa petite escarmouche avec Yves Montand à qui il rappele son aventure avec Reda Caire dans ses années de jeunesse à Marseille, Mireile Dumas qui l’a amené à parler pour la première fois de son homosexualité à la télévision, il aime beacoup Line Renaud, Charles Trenet, 75 ans, – et son secrétaire Georges – dont il va entendre les derniers concerts à Besançon et au théâtre du Chatelet, Barbara admirable dans son soutien aux malades du sida, qui le qualifie de « Mon petit amour joli », il se défile pour ne pas chanter La Grande Zoa que lui proposent les compositeurs  , Frédéric Botton et Jean-Jacques Debout, c’est Régine qui la chantera, il remercie Charles Aznavour de chanter Comme ils disent, Rudolph Noureïev – et son ami danseur étoile scandinave Erik Bruhn – avec lequel il passe quelques nuits mémorables, il rencontre Marie Bell et Luchino Visconti à Londres où l’amant de celui-ci Helmut Berger assi à côté de lui, lui fait du gringue,  il organise une grande fête pour les 80 ans de Jean Marais, et tous ses amis se rassembleront pour fêter ses 70 ans, sa dernière pièce de théâtre de l’anglais Noël Coward, jouée avec Line Renaud est Poste restante, l’histoire d’un vieil homme qui cachait son homosexualité (Coward s’était lui-mêle caché toute sa vie pour rencontrer des amants), il est inépuisable en histoires et anecdotes concernant ces gens célèbres avec lesquels il a souvent de très bonnes relations, il est aimé par tous ; il trouve que le Pacs est formidable mais n’aime pas la Gay Pride ; son grand-père Jules, garde républicain, paysans, courageux, autoritaire et terdre est sa fierté, ses relations ont été plus difficiles avec ses parents

Septembre 2004 : parution de Je n’ai pas connu Amsterdam au Printemps de Jean-Luc Romero, 45 ans, conseiller régional d’Ile de France, créateur de son propre mouvement Aujourd’hui autrement, après avoir démisionné du secrétariat national de l’UMP ; son homosexualité ait été dévoilée en 2000 il a aussitôt écrit On m’a volé ma vérité et il a révélé en 2002 sa séropositivité dans un milieu politique hostile (« En politique, avouer qu’on est malade, ça ne passe pas »), il a fondé Elus locaux contre le sida en 1995 ; de son ami Hubert, mort du sida, il dit « Avec lui j’ai appris que l’hoimosexualité pouvait être heureuse, c’est à lui que je dédie mon livre… Si je résiste aujourd’hui c’est grâce à lui »

21 septembre 2004 : à Marseille, les amis de David Gros organisent une conférence de presse avec son avocat Alain Molla dans les locaux de la Ligue des Droits de l’Homme, lancent une pétition contre l’homophobie et annoncent de la création d’une association contre l’homophobie (ce sera l’association ECHO)

24 septembre 2004 : mort de Françoise Sagan (Françoise Quoirez 1935-2004), d’une riche famille d’industriels, enfant gâtée, lmauvaise éklève dissipée, renvoyée de tous les cours privés catholiques, amoureuse des livres, elle passe son bac et fait ses études à la Sorbonne, son frère Jacques l’entraine dans les boites de nuit et les clubs de jazz de Saint-Germain des Près, elle danse, fume et boit avec la jeunesse dorée; elle écrit Bonjour Tristesse, son père exige qu’elle prenne un pseudonyme, elle emprunte le nom d’un personnage de Proust, le livre fait scandale, à l’heure de l’exitentialisme, l’héroïne refuse les normes conventionnelles et découvre la liberté sexuelle ; Sagan s’envole pour New York où elle rencontre  l’éditeur Guy Schoeller qui deviendra son mari en 1958, elle entame une carrière éblouissante (avec Un certain sourire, Das un mois dans un an, Aimez-vous Vrahms, LaChamade, Le Garde du Coeur parus de 1956 à 1968), écrit des pièces adaptées au cinéma ou à la télévision (Château en Suède, Les Violons parfois, La Robe mauve de Valentine, Bonheur impair et pair, Le Cheval évanoui de 1960 à 1966), elle écrit encore de 1974 à 1984 (Un profil perdu, Le lit défait, La Femme fardée, Les Yeux de soie, Avec mon meilleu souvenir) ; elle divorce en 1960 et épouse Robert Westhoff dont elle aura un fils, Denis ; en 1957 elle survit à un grave accident, joueuse invétérée elle gagne 8 millions en août 1958 qui lui permettent d’acheter le manoir du Breuil à Equemauville, près d’Honfleur ; elle n’avoue pas sa bisexualité, elle eu de grands amours lesbiennes dont une avec la styliste, ancienne journaliste de mode, Peggy Roche, qui fut sa fidèle compagne

Octobre 2004 : parution du livre sur Roger Stéphane (Roger Worms 1919-1994), Roger Stéphane : enquête sur l’aventurier de Patrick Lienhardt et Olivier Philiponnat, le journaliste et écrivain Angelo Rinaldi apprécie ce diagnostic à quatre mains de la triple mauvaise conscience de l’écrivain, juif, issue d’une famille riche, Résistant dès l’âge de 18 ans et homme de télévision « mauvaise conscience sociale, mauvaise conscience intellectuielle, mauvaise conscience sexuelle », admirateur de Cocteau, de Gide et de Malraux qui  s’amusait à dire « un quart des hommes sont pédérastes, un quart des femmes, lesbiennes, et ce qui reste couche ensemble »

Octobre 2004 : parution de Véréna et les hommes de Hugo Marsan (Daniel Dutilh 1934-2022), Véréna n’est ni homme ni femme, prostituée le jour, chanteuse et strip-teaseuse la nuit au Mélancholia ; Hugo Marsan a écrit La Gare des faux départs en 2002

9 octobre 2004 : à Marseille, manifestation sur le Vieux-Port appelée par 21 associations, LGBT ou non, en réaction contre l’agression de David Gros

14 octobre 2004 : à Marseille, l’association ECHO (ensemble contre l’homophobie) est créée à l’initiative de ses amis (Louis Zollet et Fabrice Métayer), elle obtient rapidement beaucoup d’adhésions individuelles et associatives ; elle met en place des permanences téléphoniques et un accueil à la Maison des droits de l’homme du Cours Julien pour recueillir les témoignages de harcèlement et d’agression homophobes ; cette agression contre David Gros, ainsi que celle contre Sébastien Nouchet, dans le Nord de la France, conduiront à la création du RAVAD, réseau de juristes mobilisé contre les agressions homophobes, présidée par Me Jean-Bernard Geoffroy ; le 9 décembre 2014 les animateurs de ECHO rencontreront le maire du secteur concerné par l’agression contre David Gros, Dominique Tian, pour tenter de le sensibiliser aux actes d’homophobie autour du Grand Saint-Giniez (sans grand succès…)

21 octobre 2004 : le Nouvel Observateur publie le manifeste « Nous voulons être des parents comme les autres » signé par de très nombreuses personnalités dont Françoise Gaspard, Jean-Paul Cluzel, Jean-Paul Gaultier, Amélie Mauresmo, Bertrand Delanoë, Jean-Jacques Aillagon, Nina Bouraoui, Josée Dayan, Pierre Bergé, Didier Lestrade et beaucoup d’autres ; « Homoparentalité, le vent tourne » titre le journal  ; ces personnalités ont été mobilisées par l’APGL qui, sous la houlette de son ancienne présidente Martine Gross, chercheuse au CNRS, réunit 23 personnalités chaque semaine pendant 2 ans pour discuter de l’homoparentalité, sur la base de documents, films et témoignages ; en 1999 le colloque Parentés et différences de sexes organisé par l’APGL avait été une première victoire pour cette association ; en juillet 2004 la première famille homoparentale a été reconnue par le TGI de Paris permettant aux deux fillettes Luana et zelina de porter désormais le nom de leur mère Mari-Laure Picard, qui les a conçues par insémination avec donneur (IAD), et de Carla Boni, grâce à une brèche ouverte par la loi de mars 2002 qui accorde aux pères et aux mères le droit de demander « lorsque les circonstances l’exigent » le partage de l’autorité parentale avec « un tiers digne de confiance »

25 octobre 2004 : au palais de Chaillot, lancement de la chaîne télévisée gay Pink TV, soutenue par les groupes Canal+, TF1, Lagardère, M6 et l’homme d’affaires Pierre Bergé, devant 2 000 personnes ; en cette période les chaines de télévisions évoquent davantage l’homosexualité (chez Jean-Luc Delarue ou Mireille Dumas), des films et des documentaires sont diffusées (J’ai deux mamans sur FR2, Bleu, Blanc, Rose d’Yves Jeuland, Je suis la folle de Brejnev sur FR3 (Frédéric Mitterrand), Portrait de femme pas ordinaire sur FR5, Mes questions sur l’homosexualité de Serge Moati sur Arte, la Nuit Gay et The L World (série sur un groupe de lesbiennes à Los Angeles) sur Canal+ ou encore  Queer as folk, Metrosexuality et Six feet unders sur Canal Jimmy ; mais sur FR2 Bertrand Mosca reste sur la réserve : « La vigilance reste de mise, en dépit de l’acceptation supposée ou réelle des homos. La bête immonde n’est jamais loin. » (il est vrai que François Chenu a été agressé à mort à Reims en 2002, et Sébastien Nouchet a déclaré son agression en 2004 dans le Pas-de-Calais) ; Pascal Houzelot, son fondateur, membre du cabinet du 1er ministre Jacques Chirac en 1986 et de l’équipe de Pierre Mougeotte en 1989 à TF1, a annoncé dès la Gay Pride de 2002 le lancement de Pink TV, Caroline Comte est directrice d’antenne, la chaîne annonce ses programmes, Queer as folk, French and Saunders, Tipping the Velvet, Mort à Venise, Chambre avec vue, Garçon d’honneur, les ballets Actéon, Platée et les concerts d’icônes (Freddie Mercury, la Callas, Diana Ross, David Bowie, Soft Cell, Morrissey); lors de l’inauguration Pascal Houzelot président de Pink TV est en compagnie de Nathalie Baye, de Michel Blanc, du maire de Paris Bertrand Delanoé, du ministre de la Culture et de la communication Renaud Donnedieu de Vabres, le chanteur Dave est vêtu d’une chemise rose, la marraine de la chaine, Line Renaud, est présente ; l’espoir est de parvenir à 180 000 abonnés en 2007, mais 2 ans plus tard, en 2006, ce sera un échec cuisant, Pink TV deviendra diffuseur de films pornographiques

1er décembre 2004 : à Marseille, Aides Provence organise plusieurs choses à l’Hôtel du Département : conférence, théâtre forum, fresque monumentale, exposition

9 décembre 2004 : à Marseille, l’association ECHO rencontre avec le maire de secteur Dominique Tian qui écoute d’une oreille peu attentive

28 décembre 2004 : mort de l’écrivaine américaine Susan Sontag (1933-2004), étudiante à Berkeley dès l’âge de 16 ans, elle écrit un premier roman en 1964 Le Bienfaiteur, acquiert la notoriété avec ses essais Notes on Camp, Contre l’terprétation, Sur la photographie, Devant la douleur des autres qui sont des références sur la pensée culturelle des années 1960, sur le sida, les droits de l’homme, le communisme, les rapports du politique, de l’éthique et de l’esthétique, elle critique l’impérialisme américain dans ses romans L’Amant du volcan et En Amérique ; elle a épousé à 17 ans un assistant d’université de 28 ans Philip Rieff, et donné naissance à leur fils David ; en 1957 elle a abandonné époux et fils, séjourné à Oxford, puis à la Sorbonne à Paris, vivant librement ses amours lesbiennes ; elle tombe amoureuse de la dramaturge d’avant-garde cubano-américaine Maria Irene Fornès, se rend à New York pour divorcer et obtenir la garde de son fils, et vit en couple avec Fornes ; à la fin des années 1960 à Paris elle tombe amoureuse de la comédienne et réalisatrice Nicole Stéphane avec laquelle elle vit jusqu’au milieu des années 1970 et la soutient lorsqu’elle est atteinte d’un cancer du sein ; en 1971 elle devient la compagne de Lucinda Childs, vedette de la danse contemporaine ; elle a une grande amitié avec Roland Barthes et lui consacre un ouvrage en 1982 L’Ecrriture même : à propos de Roland Barthes ; en 2000 le National Book Award lui est attribué ainsi que le prix Jérusalem pour l’ensemble de son œuvre ; elle passe la fin de sa vie avec la photographe Annie Leibovitz et meurt d’une leucémie à New York ; elle est enterrée au cimetière du Montparnasse

Fin décembre 2004 : à Marseille, au 149 rue Paradis, un travesti est victime d’une agression avec coups de couteau dans le ventre et dans la cuisse, l’agresseur sera identifié et interpellé à la mi-janvier 2005, à proximité du bd Michelet, l’étudiant asiatique mis en cause, venu apprendre la langue française, expliquera qu’il ne supporte pas la présence de prostitués dans la rue

30 décembre 2004 : création de la HALDE (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité) et constitution d’un délit d’injure, de diffamation, d’incitation à la haine ou à la discrimination à l’égard d’un groupe de personnes, à raison , notamment, de leur orientation sexuelles réelle ou supposée ; le 31 décembre 2004, un amendement réprime les propos homophobes tenus publiquement ; en mai 2011 la HALDE sera remplacée par la mission Lutte contre les les discriminations et pour l’égalité, au sein des services du Défenseur des droits

31 décembre 2004 : il y a eu en France au cours de l’année 7 000 séropositivités nouvelles identifiées (+ 16% par rapport à 2003), 42% des nouvelles contaminations concernent les femmes (plus de 50% sont d’origine subsaharienne), les personnes subsahariennes représentent 33% des nouvelles séropositivités identifiées, les homosexuels masculins 24% et les consommateurs de drogues par voie intraveineuse 2%