« Journal d’Arcadie » de Christian Gury 2017

Journal d’Arcadie
Christian Gury 2017 (édité par Non Lieu)

1- Christian Gury (pseudonyme Luc Aldric) est juriste (avocat) et amateur d’histoire littéraire
Née en 1950, entré à Arcadie en 1976. Comme bien des Arcadiens il se rend à la messe tous les dimanches.
Il commence son journal en 1968, il a 18 ans. Il habite et a établi son cabinet rue du Repos, à deux pas du cimetière du Père-Lachaise ; il vient vivre à Paris en 1976 et découvre Arcadie et sa revue, il note que personne ne s’y intéresse à la politique, il en est heureux car il s’intéresse d’abord à l’histoire ; il déménage en 1978 rue de Ménilmontant ; Baudry le charge en septembre 1979 d’écrire une Histoire d’Arcadie (ce qui ne se fera pas)
Collaborateur de la revue Arcadie à partir de janvier 1978 ; il a écrit de nombreux articles dans la revue Arcadie et plusieurs livres : Gide et Lyautey, Excentriques des Années folles, Le Poète étranglé, Roger Peyrefitte et ses Arcadies, Les Premiers Jours de Roland Barthes, Barthes en Arcadie, Lyautey-Charlus, Proust et Lyautey, Proust et l’Adoption, Roger Peyrefitte et Compagnie, Florilèges (citations sur l’homosexualité dans les Lettres), Château du Crépuscule, L’Académie de Sodome (à partir d’un dépouillement des revues Arcadie au début, devient un ensemble de biographies sur des personnalités homosexuelles célèbres – en particulier au cours de l’histoire de l’Académie française – terminé fin 1977, il ne sera pas édité), Vergers de Sodome (préfacé par du Dognon en 1978 qui l’y traite de « Verlaine sans alcool et de Musset sans filles » ; apprécié de Claude Roy : « Gury vaut par la virtuosité du vers, la fantaisie du propos, la fertilité de l’imagination, l’irrévérence de la verve »), Le Déshonneur des homosexuels – Histoire d’une répression paru en 1999-2000 ; plutôt conservateur (et très arcadien), il écrit en janvier 1978 un article sur les Royalistes et l’homosexualité (dans la revue Arcadie) ; pour répondre à diverses sollicitations, il est membre de l’Entente Littéraire et Artistique de Normandie, membre de la commission municipale des fêtes et d’action sociale du XXème arr. ou encore président d’honneur de l’association pour la culture et les loisirs des Mauriciens en France ; avocat, il est souvent sollicité – d’autant qu’il pratique un temps des « prix d’amis » – par des arcadiens pris dans des outrages public à la pudeur (commis dans des pissotières) ou dans des affaires de pédophilie (il est par exemple sollicité en octobre 1981 lors d’une affaire des ballets bleus), il abandonne le Barreau en 1981 (ce que Baudry lui reproche) ; en avril 1978, en mission en Bretagne pour Arcadie, il regrette drôlement que « le Protocole » ne s’occupe pas « des plaisirs privés des officiels en déplacement.» ; il va à la messe comme nombre d’Arcadiens ; en 1978 il soulève la question de « l’annulation pour immoralité des testaments d’homosexuels lorsque souscrits en faveur de leurs petits amis ».
Il se plaint de sa timidité et de sa myopie qui lui joue bien des tours, en particulier lorsqu’il est en situation de drague ; « au club, écrit-il, mon problème n’a jamais été que d’essayer de me donner une contenance ». Il vit une nuit de grand amour avec Gilles Thomas en janvier 1979, il se tournaient autour depuis leurs premiers échanges en septembre 1978.
En juillet 1979, il s’exprime à l’Université d’été homosexuelle de Marseille.
Dans Lyautey-Charlus, Gury défend l’idée que Lyautey est davantage que Robert de Montesquiou, comme il est communément admis, le modèle du Charlus de Proust
Son livre L’homosexuel et la Loi est l’œuvre de nombreuses années de recherches, accepté par une maison d’édition Suisse (dirigée par Michel Moret) en octobre 1981, l’ouvrage de 380 pages, qualifié par Baudry d’« essentiel » et « percutant » (il le fait distribuer à tous les collaborateurs de la revue) et par Hugo Marsan dans Gai Pied de « livre d’utilité publique », loué par Marc Daniel dans Arcadie, apprécié du journaliste du Monde Philippe Boucher, du sénateur Jean Caillavet et d’Angelo Rinaldi (« votre livre, on devrait le trouver partout, pour élargir la lutte contre la bêtise »), Roger Peyrefitte y voit « un roman fleuve de l’amour interdit, une fresque médiévale, et cependant contemporaine des damnés de l’amour. D’une autre manière, le bûcher continuait d’exister ». La Gazette du Palais refuse un article de Dominique Nidas annonçant la parution de ce livre, La Vie judiciaire l’accepte, et l’article paraît aussi dans Les Petites Affiches lyonnaises et La Gazette des Tribunaux du Midi. En juillet 1982, la revue Masques consacre un article au livre de Gury. Le livre il devient une référence, il a cependant la malchance d’être publié un an avant la loi de dépénalisation qui ouvre un tout autre contexte.
Gury est atteint d’une rechute d’hépatite virale en novembre 1981 (il l’avait déjà eu 6 ans auparavant et en avait été fortement éprouvé).
En mars 1982 il remet pour Arcadie une étude sur Les bonheurs de Rosa Bonheur (une femme étonnante, note-t-il).
En 1982, lors de la disparition de la revue Arcadie, Gury a « une vingtaine de manuscrits en souffrance », il dira que la directrice des éditions Kimé l’ont « remis en selle »
Le 29 juillet 1982 Gury est invité à donner une conférence au Centre d’études juridiques, économiques et politiques de l’Institut Catholique de Paris, son président le Pr Jean Guyenot le salue comme « l’homme le plus qualifié de France pour traiter le sujet des problèmes juridiques de l’homosexualité », d’autres personnes sont invitées à s’exprimer une professeure de littérature français, un ancien directeur de police, un prêtre en charge du bulletin de David et Jonathan, etc. dans la salle se lèvent Geneviève Pastre de Fréquence Gaie et Alain Leroy de la RHIF (rassemblement des homosexualités en IDF) qui lui proposent d’intervenir le soir-même sur Fréquence Gaie, juste après l’adoption de l’article discriminatoire à l’égard des homosexuels. Le Pr Guyenot qui s’est efforcé sans succès de présenter à plusieurs rédactions de presse juridique le texte de la conférence de Gury, lui exprime sa désolation en janvier 1983.
Le 26 octobre 1982 Gury s’exprime pendant 5h dans les locaux de l’Ecole Nationale de la Magistrature à Bordeaux où « une douzaine de pingouins » ont choisi l’homosexualité comme sujet de stage. Le 25 novembre Gury assiste à une conférence du Dr Penneau sur le « transsexualisme », dans les locaux du Centre d’études juridiques, économiques et politiques de l’Institut catholique à la demande du Pr Guyénot, en présence du « plus jeune transsexuel de France », Gury a alors le sentiment que les professionnels (médecins et notaires) admettent plus facilement la transsexualité que l’homosexualité.
Après Arcadie, en 1983, Gury se consacre à la librairie Clair de Plume, librairie cocréée avec son compagnon Gilles Thomas, André du Dognon le surnomme « l’invisible Greta Garbo des Lettres françaises ». La librairie sera sa nouvelle petite institution littéraire jusqu’en 1994.
Le 9 mai 1983, Gury est soumis à un grand oral pour un poste d’administrateur à la Cour européenne des Droits de l’Homme.
En juin, Gury est dépressif, il songe pêle-mêle que sa collaboration à Arcadie, sa prestation à l’UEH de Marseille en 1979 et son refus de prendre la succession de Baudry, lui a causé du tort, il serait vu davantage comme « un partisan, image détestable qui me colle à la peau ».
En janvier 1984, Gury a pris ses distances de Gilles, il « soupire après toutes ces occasions de bonheur, de plaisirs Le beau Pierre-Henri P. d’Arcadie, Tel autre, tel autre, tel autre encore » auxquels il s’est refusé pour lui rester fidèle. Il sera heureux de revoir le beau José, connu à Arcadie, mais sera déçu de la nuit passée ensemble. Et en septembre 1990, il lui arrive de repenser à Pierre-Henri P. ce qui l’amène à se masturber (il avouera en novembre 1991 qu’il avait balancé à l’origine entre Gilles et Pierre-Henri P. au moment de « faire » sa vie).
En mars 1984 il propose à une maison d’édition Histoire parallèles, celle-ci lui refuse et le renvoie aux éditions Persona…
En août 1985, lorsque Marc Duchein (Marc Daniel) lui fait remarquer qu’il emploie aisément le terme « gai », qu’il n’aime pas, Gury lui répond en parlant de synonyme d’évitement, faisant la différence entre « gai » et « gay » : « je me considère comme pédé, moi, les gays (sont) intéressés à voir leur homosexualité reconnue socialement, ce dont je me préoccupe pour ma part comme de colin-tampon »
En août 1985, lorsque ses « amis » regrettent qu’il n’assure pas la suite d’André Baudry, il rétorque qu’il ne l’a jamais souhaité, il ressent davantage la vocation de l’érudition et de l’écriture.
En octobre 1987 il avoue que depuis la disparition de la revue Arcadie en 1982, « faute de cadre, je dérive », l’écriture d’articles pour la revue était son bonheur ; c’est le moment où « on ne parle que du sida ». Le Nouvel Observateur livre la confession de Jean-Paul Aron « Mon sida », Gury n’a pas beaucoup de sympathie pour cet « hypocrite » critique à l’égard d’Arcadie (à la « vie privée désolante », à la « sexualité misérable » et au « passé de honteuse » qui a « pris en marche le train de la libération homosexuelle ») mais compatit à ses souffrances
En février 1990 Gury dénomme ceux qu’il croit être « les cardinaux » (à la suite d’un courrier que lui fait Baudry parlant des cardinaux sans les citer) Marc Daniel, Odon Vallet, de Ricaumont, Maurice Chevaly, le pasteur G. se référant au fait que « tous ces messieurs ont publié (ou) publieront », il en fait un complexe « pour ma honte, je demeure un fruit sec »
En avril 1990 Gury s’interroge avec d’autres sur l’avenir des archives qui se perdent : celles d’Arcadie, du sous-préfet Raymond Leduc, du romancier Georges Portal et de Jacques Valli
En 1991 Gury est en recherche de lui-même, entre son ami Pierre D. impliqué dans le protestantisme, la franc-maçonnerie que fréquente Gilles et son attrait pour la dérision à l’endroit des pouvoirs établis
En 1993 le Who’s Who sollicite Gury pour figurer dans son bottin, il refuse mais se rend compte alors de l’impact « international » de son livre L’Homosexuel et la Loi paru en 1981
En mai 1994, décès de Gilles Thomas, l’ami de Gury (apparemment du sida), ils ne vivaient pas sous le même toit mais ils se sont beaucoup aimés ; en août 1996 Gury recevra une lettre affectueuse de Baudry l’implorant de chasser les idées noires « en pensant à la fin injuste de Gilles Thomas ».
La librairie Clair de Plume n’est plus la petite institution littéraire de Gury, il s’abritera désormais dans la collection Détours littéraires des éditions Kimé de Beatrice Charrié.
En 1994, Gury fait paraitre L’Extravagant Maurice Rostand, il reçoit les remerciements de Baudry, Julien Green, Marc Daniel et Odilon Redon qui sont heureux de mieux connaître ainsi cet homme et Dominique Nidas rédige à son propos un article un peu ronflant dans la Gazette du Palais. Patrick Cardon apprécie beaucoup son livre « exquis »
En février 1995 il rédige des textes pour L’Intermédiaire des Chercheurs et Curieux, il y voit une suite à sa participation pendant 7 ans à la revue Arcadie.
En avril 1995 il envoie à plusieurs personnalités son Cardinal Grente, à Roger Peyrefitte « meilleur élève du cardinal Grente », à Baudry « A sa Sainteté André 1er Baudry-le-Magnifique, seul et unique pape de la sainte Eglise homophile et universelle d’Arcadie » et à Marc Daniel « Doyen du Sacré Collège des cardinaux de l’Eglise d’Arcadie ». En réponse Marc Daniel apprécie son érudition et ses biographies « si pleines de finesse, de malice et d’humanité », Baudry lui dit qu’il aime sa mesure par opposition à l’outrance de Peyrefitte dans ses Clefs de Saint-Pierre (Baudry en profite pour dire tout le mal qu’il pense de « ce démoniaque de Paul VI que l’on voudrait canoniser, scandale des scandales ») ; le neveu de Mgr Julien Gouet qui fut vicaire du cardinal Grente dit avoir beaucoup ri à la lecture « avec un certain délice » de son « travail corrosif » (en 2010 Pierre Grouet se plaindra d’avoir été victime du prêtre pédophile Georges Blin en 1951 et du grave silence de son oncle et tuteur le vicaire général Julien Grouet dans cette affaire, homosexuel lui-même mais très affecté par cela, il s’est engagé dans le militantisme homosexuel, dans l’association Homogène)
22 février 1996 Gury participa au débat télévisé Les homosexuels ont-ils des droits ? il y affiche son célibat fondamental et polygame et « son refus des contrats estampillés par la militance autoproclamée autant que facho-stalinienne », il apprécie « que les rapports homosexuels ne tirent pas à conséquence de grossesse, sinon : que de mariages contraints ! »
En Mars il projette 2 livres l’un Homosexualités IIIème République regroupant ses articles « de Max et Mayol, mes études sur l’affaire Germiny, le procès Renard, le cabaret de la Petite Chaumière, etc. », l’autre Lesbiennes d’autrefois rassemblant ses chroniques sur les Dames du Grand Siècle, Rosa Bonheur et Violette Morris
En mai 1997, Baudry remercie Gury pour son Académiciens et Saltimbanques qui fait la part belle à la Comédie française
Il publie en janvier 1999 L’Honneur perdu d’un politicien (homosexuel en 1876) dont Baudry le remercie : « Cela m’a remis en mémoire toutes ces figures qui dès 1952 venaient m’entretenir de leurs arrestations (vespasiennes, cinémas, bains, etc.). Que de drames ! Que de tragédies ! » d’où la nécessité d’Arcadie, alors, ajoute Gury ; Marc Daniel qui a lu son L’Honneur perdu lui écrit : « Livre après livre, vous bâtissez une Encyclopaedia Sodomitica » ; à la lecture du même livre Jean-Claude Feray s’interroge sur le sort des infortunés enfants d’Eugène confrontés à la condamnation de leur père
En octobre 1999, le Pr Jean Deprun – qu’il n’a pas vu depuis Arcadie – le félicite pour ses livres (L’Honneur musical d’un capitaine homosexuel en 1876 et son « si remarquable » Lyautey-Charlus) ; à 77 ans, en 2000, Deprun apparaîtra à Gury comme quelqu’un qui a eu « une vie intime sinistrée », plutôt amer face à la « débauche publique » de la vie homosexuelle d’aujourd’hui
En janvier 2000, Gury écrit L’Honneur perdu d’un évêque homosexuel en 1937et en février Le Déshonneur des homosexuels
En mars 2000, Gury apprécie avec gourmandise que ses livres soient en vente aux Mots à la Bouche ou à la FNAC et fassent l’objet de publicité dans Le Monde des Livres
En Juin 2000, Marc Daniel regrette beaucoup que la presse n’accorde aucune attention aux 7 volumes de Gury sur Le Déshonneur des Homosexuels-Histoire d’une répression s’excusant peu ou prou de ne pas trouver un journal pour lui faire un article élogieux
En 2004, Gury écrit Bibi-la-Purée, compagnon de Verlaine
En 2005, son confrère Yves Lamou à qui il confie qu’il n’a pas conservé que de bons souvenirs d’Arcadie, lui répond : « C’est à cause de votre franchise ! Vous êtes quelqu’un qui ne peut pas s’empêcher de déclarer carrément ce qu’il pense ! »
En février 2008, Gury amorce ce qu’il appelle son Journal d’Arcadie. En octobre 2009 il écrit Roger Peyrefitte et ses Arcadies, chapitre de son étude Barthes, Foucault, Peyrefitte, leurs villages d’origine et Arcadie.
En juin 2010, Gury signe Excentriques et Années Folles à la librairie Au Bonheur du Jour de Nicole Canet, rue Chabanais, le carton d’invitation est signé de Raymond Voinquel
En 2015, Gury travaille aux collections Littérature et Etudes littéraires des éditions Non Lieu, de Michel Carassou et son fils Jérôme

Pour connaitre Arcadie, le point de vue de Christian Gury sur Arcadie, les personnalités qui ont illustré Arcadie et le mouvement homophile de ces années-là, les ouvrages littéraires qui ont eu une résonance auprès des homophiles, les relations entre Arcadie ou arcadiens et le mouvement homosexuel des années 1970-1980, etc. ce Journal mérite l’attention.

2- Les personnalités membres d’Arcadie ou proches d’Arcadie et le regard de Christian Gury sur celles-ci.
En 1954, lors du lancement de le revue « littéraire et scientifique » par André Baudry, Roger Peyrefitte et Jean Cocteau sont les parrains d’Arcadie.
Jean Cocteau parraine l’ouverture du local de la rue du Château-d’Eau en 1954 et souhaite bonne chance au maître des lieux ; en janvier 1954 il préface d’un Message « enthousiaste » le 1er N° de la revue Arcadie.

Roger Peyrefitte sera surnommé par Bertrand Poirot-Delpech dans le Monde Roger-la-Peste après la parution de ses Propos secrets, il habite avenue du Maréchal Maunoury ; en 1981 lorsque paraît Propos Secret 2 André Baudry dit à Gury : « Décidemment, le parrain d’Arcadie fait tout pour passer pour un obsédé sexuel » ; en avril 1981 il se décommande – un peu tard – pour une intervention à Turin sur La littérature homosexuelle en France depuis la fin du XIXème siècle, provoquant l’ire des Italiens (malgré les efforts de Baudry pour envoyer Gury à sa place) ; Gury trouve son écriture indéchiffrable (il lui faut une heure pour décrypter deux pages), il apprécie les joutes verbales avec lui mais se méfie aussi de l’attention qu’il lui porte compte tenu de certains leurs centres d’intérêt assez proches ; le 19 mai 1982 Peyrefitte lui adresse L’Illustre écrivain dédicacé amicalement « A Christian Gury, ce livre dont plusieurs pages portent les traces », dans son livre il cite le nom de Gury une vingtaine de fois et consacre de nombreuses pages à ses recherches ; le 30 juillet 1982 Peyrefitte voit dans son livre un chant du cygne d’Arcadie « cette trop brève œuvre » et dit sa reconnaissance à Gury pour son implication ; en septembre 1987 Peyrefitte est fou de rage parce qu’une de ses lettres à Baudry (adressée à Taormina en 1958, commençant par « Mon cher fils » et signée « Roger +, cardinal », vraisemblablement volée) a été mise aux enchères ; en 1989, dans L’Innominato de Roger Peyrefitte prétend que Baudry a été au début de leurs relations son complice comme « collecteur de graffitis obscènes » puis que devant la difficulté d’accéder aux toilettes du lycée Claude-Bernard il les a lui-même fabriqués pour se donner « le plaisir de me faire bander », et Peyrefitte découvrant la supercherie parle de « mystification divertissante » (Baudry expliquera que s’il lui a communiqué des graffitis au début, c’est un autre Arcadien qui a continué à le faire, en les rédigeant lui-même) ; en octobre 1989 Baudry apprend que par 2 fois Peyrefitte est venu à Capri au cours de l’été en tant que lauréat d’un prix littéraire, mais il ne s’est pas manifesté à Baudry – qui réside désormais sur la côte amalfitaine -, Gury considère que la brouille est consommée ; Peyrefitte lui ferait grief – dixit de Ricaumont – de n’avoir pas lu son Innominato ; en 1996 Gury lui dédie ainsi son livre Académiciennes « A Roger Peyrefitte, de l’Académie française du 41ème fauteuil, de l’Académie d’Arcadie, de l’Académie de Sodome et – surtout – de l’Académie Roger Peyrefitte, cette histoire de l’Académie de Lesbos » ; Gury considère qu’André Baudry a été le « point de départ » de l’abbé Mas des Clefs de Saint-Pierre ; 5 novembre 2000 décès de Roger Peyrefitte, il sera enterré à ND de Passy, entouré d’une centaine de personnes dont Gury et Gabriel Matzneff

André du Dognon, « renvoyé d’un collège religieux pour floraison exagérée d’amitiés particulières », « romancier aveugle » (aveugle suite à une tentative de suicide par amour à l’âge de 24 ans), il a commencé à écrire La volupté du cloitre (description de ses amours chez les Pères) ; il a écrit dans les années 1940 Le Dernier Sabbat de Maurice Sachs (« son plus mauvais livre » dira André Baudry, qui sera réédité en 1978); il est l’auteur de Les Amours buissonnières « grand succès de l’après-guerre », Le Monde inversé et L’Homme-Orchestre « romans estimables », Les Amours de Sapho (sous le pseudonyme d’Andrée La Fontaine), Lettre ouverte à Roger Peyrefitte (lorsqu’il commentait ce livre en préparation, du Dognon écrit à Gury en 1977 « avouez qu’il est difficile de parler de merde sans marcher dedans ! »), Pire que Dieu, et de Peyrefitte démaquillé, « accusant Peyrefitte – ‘dont le courage n’est fait que de la lâcheté de ses victimes’- de l’avoir violemment étrillé dans ses Propos secrets » en disant de lui qu’il est plus sûr des charmes de son postérieur que de ceux de son visage ; il dit du livre La Coloquinte de Roger Peyrefitte que c’est « du Guy des Cars à la rescousse de Pierre Benoit » ; il accuse « la Meyrefitte » de « cuistrerie » lorsque Roger Peyrefitte fait paraître le 27 novembre 1977 un article sur son dernier livre Alexandre ; il est venu à Paris parce qu’il avait vu « dans un journal que la police avait arrêté, rue des Ours, des garçons habillés en danseuses » ; il brocarde l’Alexandre de Roger Peyreffite « succession de toutes petites enfilochades, de minuscules tresticuleries. » et ne comprend pas que Louise Weiss chante ses louanges dans le Figaro ; Du Dognon ne supporte pas que Peyrefitte l’ait traité « d’amateur », lui qui a écrit « 15 livres »
En 1978, Peyrefitte fait rager du Dognon en parlant encore de lui dans L’Enfant de cœur (raillant « la pochade » qu’il a écrit sur son compte) ; dans L’Homme-Orchestre Dudognon « raconte ses amours avec un cantonnier » écrit Gury, après lecture, en juin 1978, il est plus indulgent avec ce « roman-culte d’Arcadie… Du sentiment, de l’observation, de la finesse pour dire un amour au quotidien, la poétisation du trivial à l’arrivée. » ; il se qualifie lui-même lors d’une causerie à Arcadie de « Bossuet de la frivolité » ; il a un « dimanchier », un kabyle avec lequel il couche « illettré » car « je ne veux peux pas coucher avec un égal, ce serait indécent comme un inceste, ce que je cherche, c’est la bête. » ; en février 1978, du Dognon se plaint que personne ne veuille éditer son dernier livre (vraisemblablement Le Gratin et la Purée, écrit en 1977 au Chatenet en Dognon) ; Gury est indulgent avec ce qu’il appelle « les polissonneries de langage » de du Dugnon, il a au moins « le mérite de la drôlerie ».
Le 27 novembre 1972, dans son Journal Ghislain de Diesbach note ses impressions d’après dîner avec du Dognon : quelqu’un de « fort drôle bien que physiquement le personnage soit hideux »
En fin de Congrès d’Arcadie à Marseille en mai 1979, Baudry fait un geste pour réconcilier publiquement Peyrefitte et du Dognon en provocant de « grandes embrassades » (Peyrefitte a traité du Dognon de petite peste lettrée dans ses Propos secrets)
En juillet 1980 du Dognon se plaint auprès de Gury qu’il ne fasse aucune mention de ses écrits dans un article qu’il a rédigé dans la revue Arcadie sous le titre « Les Vergers de Sodome » ; Gury lui répond peu après « Non seulement votre susceptibilité apparaît indubitablement mal placée mais encore et surtout, elle fait mentir cette réputation ‘d’homme d’esprit‘ que même Roger Peyrefitte condescend à vous reconnaître. Je vous en prie ressaisissez-vous ! Plutôt que de trépigner hors de propos et de lasser vos amis par des caprices d’enfant égoïste et gâté, vous feriez mieux de travailler et de nous donner un beau livre »
Du Dognon note, pour le regretter, qu’« en France, il n’y a plus de classes sociales ».
En novembre 1981 il persiste dans l’idée que la fiction est supérieure à l’érudition
En août 1985, du Dognon, écrit à Gury pour lui faire comprendre qu’il s’ennuie, comme d’habitude, à Paris au mois d’août ; Gury lui rend visite, mais il doit écouter sans plaisir sa « machine à cancans lancée à folle allure, il parle, parle, jacasse et médit de tous ses amis » ; du Dognon aime que Gury le consulte « Baudry vous avait, pour un temps, voué à moi »
En 1986 du Dognon est hospitalisé (en gastro-entérologie de l’hôpital Saint-Joseph), il se laisse dépérir, mais lorsqu’il voit Gury il parle pendant 2h, il critique les infirmières, la nourriture, parle de la maladie et de la mort, conclue par « la vie est horrible », évoque les grands noms d’Arcadie et ses amants, ainsi que son secrétaire qui l’a escroqué, il prévoit de faire éditer à compte d’auteur son manuscrit Le Gratin et la Purée ; sa sœur explique à Gury qu’il a le sida
27 octobre 1986, décès de du Dognon

Le cardinal Grente, archevêque du Mans depuis 1918, historien, essayiste, auteur du Dictionnaire des Lettres Françaises, préfacé par Abel Bonnard ; « outé » par Roger Peyrefitte dans son livre Des Français ; membre de l’Académie française, il a aidé Jean Cocteau à qui le liait une complicité, à y être élu ; il meurt en 1959

Gérald de La Mauvinière (pseudo Gérald de Mauve) président des homophiles chrétiens David et Jonathan en 1976 « élocution un peu chochotte, des gestes de vieille fille », « « papillonnant des prunelles derrière ses lunettes de myope et la calvitie arborée comme une auréole » ; en janvier 1978 il traite Ch. Gury de « petit Rastignac » lorsqu’il est coopté par Baudry comme collaborateur de la revue ; il meurt du sida le 15 juin 1989

Marc Daniel (de son vrai nom Marc Duchein, qualifié en 1976 de dauphin d’Arcadie) dont André du Dognon dit en 1977, s’il se lance dans la rédaction de l’histoire d’Arcadie « ce sera la dissection d’un dinosaure par Cuvier. » ; il publie en 1985 Jacques Stuart, roi de la paix ; il est promu au grade d’officier de la Légion d’honneur en avril 1987 ; doyen de l’inspection générale aux Archives de France en avril 1990 ; il un peu moraliste « qui va encore dans les saunas ? » dit-il en mai 1990 ; il rend visite à Baudry, en Italie, en juillet 1994, son livre Elisabeth a été couronné par l’Académie française, il prépare un essai sur les grands écrivains des siècles passés ; en 1996 Daniel dit à Gury combien la disparition d’Arcadie, il y a 15 ans, a été un choc et un traumatisme pour lui « vous comprenez, j’écrivais dans la revue depuis le premier numéro ! » et « André Baudry ne m’a même pas consulté » ; à 70 ans Daniel est toujours doyen honoraire de l’Inspection générale et conserve un bureau aux Archives de France, il s’inquiète de voir des autocollants de riverains, près des Archives de France « Les pédés et les lesbiennes, ça suffit ! » ; en novembre 2007 Daniel participe à une émission télévisée sur Marie Stuart (il y parle aussi des problèmes de testicules de François II)

Odon Vallet, énarque (rencontré dès 1977 chez Baudry) ; lors de la parution de son L’Affaire Oscar Wilde en 1997, Gury reconnaîtra chez lui une bonne plume « l’un des meilleurs écrivains de la seconde génération des collaborateurs d’Arcadie » et regrettera de ne pas l’avoir davantage fréquenté ; en 1999 il crée la Fondation Vallet par laquelle grâce aux « centaines de millions de francs » que lui a légué son père il y a 2 ans, il a pu distribuer des bourses à 220 étudiants, Gury note que ce « spécialiste des religions au savoir encyclopédique, ancien collaborateur d’Arcadie est également un saint »

Le marquis de G. (Eugène Dyor), conseiller honoraire à la Cour de Cassation (rencontré dès 1977 chez Baudry) ; « il s’habillait en ouvrier pour lever des hommes sur les fortifs ou de canal Saint-Martin », provoquant les craintes de Baudry : « un de ces jours, il va se faire assassiner !» ; en novembre 1990 par Baudry de passage à Paris, Gury apprend que Dyor à 93 ans court comme un lapin

Jean-Claude Vilbert et Jérôme Bernay, universitaires en couple, professeurs d’histoire, collaborateurs de la revue Arcadie ; ils fêtent leur 9 ans d’amitié en janvier 1978 (22 invités, la moitié d’universitaires, dont 4 docteurs ès-lettres) ; Gury qualifie Vilbert de « pontifiant » ; Vilbert quitte ses responsabilités à Arcadie en novembre 1981 parce que Gury a mentionné dans un article l’étude de Vilbert sur « Un amour de jeunesse de saint Augustin » (il se sent épinglé comme un « auteur de ragots ») ; en août 1985 Gury les traite de « fameux andouilles ayant pris prétexte de ce que ma tête ne leur revenait pas pour se brouiller avec André Baudry » ; le 27 avril 1992 Gury apprend le décès de Jérôme Bernay, collaborateur d’Arcadie, professeur d’histoire Romaine à l’université de L. pendant 46 ans, Gury le considérait comme un ami malgré leurs opinions politiques différentes et malgré son ami « ce pontifiant » qui s’est cru permis de « l’assassiner » à l’issue du congrès de 1979

Me Yves Lamou (Mourad Z. dit), avocat, membre de commission des relations publiques d’Arcadie (qui rêve de prendre la succession de Baudry, en 1977)

Gérard Saint-Paul délégué Arcadie de Marseille en 1977

Georges Castets, délégué régional d’Arcadie (en Aquitaine) en 1977

Alain Romée « professeur révéré de Jean-Louis Bory, grand voyageur », il donne une conférence sur « l’homosexuel marié » à Arcadie en février 1978, il est lui-même marié et heureux, avec de grands enfants ; auteur du recueil arcadien Sur la Flûte de Pan ; « bon homme, doux rêveur et poète aux airs de marcel Achard Lunaire » écrit Gury ; il décède le 13 novembre 1986 à 86 ans

Pierre Fontanié « le plus prolixe des plumes de notre revue », il publie par exemple l’article Dames du Grand Siècle en 1977 ; il écrit un article sur le PCF devant l’homosexualité dans Arcadie en janvier 1978.

Jacques Valli (Jacques Rivelaigue, professeur à la Sorbonne, spécialiste de Kant et d’Husserl), président de la Commission des relations publique d’Arcadie, que Baudry envoie parfois faire des discours aux Arcadiens, à sa place ; Baudry lui donnera une part intéressante de ses archives (en fin 1982) ; atteint par le sida, il est très mal en octobre 1989, il est « quasiment aveugle, sous AZT et tributaire de 2 perfusions quotidiennes assurées par son compagnon » en avril 1990 ; le Magazine Littéraire lui consacre 2 grandes pages le 8 mai 1993 à l’occasion de la parution de ses Leçons de métaphysique allemande

Pierre Nédra, arcadien décédé (en 1977)

Maurice Audran (acteur dans la Cage aux Folles en 1978)

Marc Dansel (qui a fait en livre sur le cimetière du Père Lachaise, oubliant de mentionner Géricault parmi les homosexuels)

Jean-Pierre Maurice (Maurice Chevaly) qui en 1977 apprend que son Zidore parle parle, parle… vient d’être édité (Gury ce livre de « frais comme les Lettres de mon Moulin ») et souhaite récupérer le manuscrit de son Don Juane qui ne semble plus avoir de chance d’être édité ; il brocarde Gury pour son soutien à Me Klaus Croissant (avocat de la bande à Baader) ; il est amateur du Hammam Voltaire lors de ses passages via Paris, pour joindre Colmar et Marseille (lieu d’ « orgie sexuelle », dans une « ambiance à la Genet », il y voit un petit marocain qu’il apprécie beaucoup et bien d’autres choses) ; en janvier 1978 Gury parle d’une soirée délicieuse qu’il a passé avec un Jean-Pierre M. (?) ; Gury le qualifie « d’épistolier-fleuve » à la « littérature coulante et fleurie de calembours lourdingues » désireux d’une « correspondance croisée » et de « confidences », il lui dit qu’il voit en lui la « meilleure plume d’Arcadie » et « sa plus mauvaise langue » ; Chevaly critique l’idée d’un prix littéraire d’Arcadie aux côtés de Gury ; en août 1989 dans une lettre à André Baudry commençant par « mon cher directeur », Gury – déçu de ne pas être assez en cours du côté des éditeurs (et peut-être de ne pas être assez soutenu par Baudry lui-même) – se permet d’attaquer Maurice Chevaly lors de l’édition de son livre sur Jean Genet : « Je ne suis, personnellement, ni juif, ni franc-maçon, ni fils d’archevêque, ni même homosexuel de gauche ; je dois donc renoncer à toute vanité littéraire. Seul Maurice Chevaly, qui cumule probablement toutes les qualités susdites, – Gilles a eu un bon contact avec lui, lors du dernier Salon du Livre, – réussit à tirer son épingle du jeu, qui vient de livrer aux foules un Genet rien moins qu’honoré d’une préface d’André Baudry s’il vous plait » ; sans doute averti par Baudry, Maurice Chevaly proposera à Gury – qui l’acceptera – d’être dédicataire de son 2ème tome sur Genet ; le 27 mars 1990 l’occasion se présente à Gury avec le Salon du Livre de rencontrer Chevaly, Gury l’évite craignant de devoir encore parler d’Arcadie ; en 1997 au Salon du Livre, Gury le trouve « épanoui par sa retraite marseillaise », lui dont il se souvenait « petit bonhomme quinteux et ratatiné » (Floréal Duran l’avait prévenu de ce changement, dit-il) « son livre sur la Casbah d’Alger se vend bien » ainsi que son Giono vivant, « en revanche son Genet semble un bide »

Jean-Pierre Hubac (agrégé de grammaire qui considère Gury comme une « nullité », Gury le trouve prétentieux), il évoque la mémoire de
Jean-Louis Bory le 7 novembre 1979 à Arcadie « un personnage drôle » avec des enregistrements sonores de ses Le Masque et la Plume « sa verve et son rire et son grand cirque radiophonique » ; il meurt du sida à 35 ans le 18 avril 1987

Dominique Nidas (Georges Bideau), avocat, puis avocat honoraire appointé comme critique par Ecrits de Paris et La Gazette du Palais « à la phraséologie visqueuse et très marquée au coin d’une vieille odeur de sacristie » ; « confrère extrêmement serviable et Arcadien loufoque » ; le 14 juillet 1997 mort de Nidas

Jean-Noël Segrestaa professeur à l’université de Nanterre, il a des amitiés nombreuses au FHAR ; il est collaborateur de la revue Arcadie (quand il rencontrera Gury en septembre 1986, il lui avouera que pour lui Gury était « le coadjuteur avec droit à la succession d’André Baudry ») ; il prend sa retraite en juillet 1999 ; il publie sous le nom de François Lescun aux éditions Caractères et devient secrétaire général de Triangulières, dans un n° de 2006 il y fait paraitre une interview de Baudry « étonamment serein » ; Gury dira qu’il a toujours trouvé Segrestaa sympathique

René/Guy Dupré (le comédien magistral interprète du Procureur de Baudry, modeste, bon et cultivé, mort en décembre 1982), en 1997 il organise une réception à laquelle Gury a eu l’espoir de rencontrer le « snob » Ghislain de Diebash, mais Gury est arrivé trop tard ; Guy Dupré a écrit plusieurs livres dont L’Âme charnelle-Journal 1953-1978, Le Grand coucher ou encore Confession d’un demi-siècle (dans lequel il parle de Maurice Rostand)

Sinclair (René Dulsou 1909-1992) jeune amant de Max Jacob de 1932 à 1935 qui le grondait pour sa superficialité dans la conversation, lassé Max Jacob l’a laissé tomber en 1935, Sinclair dira : « Je n’ai jamais caché ce que Max Jacob a été pour moi » ; critique littéraire et critique cinéma dans la revue Arcadie ; Gury dira « Je n’appréciais pas trop ce septuagénaire au penchant de commère »

Hervé Baudry (alias Yves Kerruel) auteur de Gérald Hervé-Vies et morts d’un écrivain, de Des Pavois et des Fers écrit en 1957 publié en 1971, de Le Soldat nu, de Orphée interdit paru en 2004 ; né en 1928, mort en 1998, officier, chassé de la Marine en 1955 pour cause d’homosexualité ; collaborateur de la revue Arcadie, auteur de l’article sur Pierre Loti « Le Paradis perdu de Pierre Loti » en mai 1956

Frédéric Rey professeur de lettres à Paris depuis 1953, il écrit dans Arcadie sous le nom de Jean Kerbat ; il publie en 1974 L’Enarque et le Voyou, puis Un fils pour l’automne, Eve octogénaire et La Vie téméraire en 1979 ; le 15 novembre 1979 il anime un « mercredi littéraire »

Autres Arcadiens cités :
Serge Berry ;
Gilles Thomas (« garçon longiligne et d’apparences simples » qui devient le « grand amour » de Gury qu’il appellera « Miroir », éclot en 1978) ;
Pierre-Marc Adret (qui ne craint pas de « débiner » Gury auprès de Laurent Dispot du Matin de Paris) et Pierre Nouveau membre du jury du concours du roman homophile de 1979 ;
Simone Marigny l’une des anciennes signatures de la revue Arcadie ;
Frédéric Rey (qui, en juin 1979, charrie Gury croyant le flatter : « on murmure que vous seriez le dauphin de Baudry ») en 1979 Gury a, à la demande de Baudry, fait un exposé public sur son œuvre, il décède le 3 juillet 1989 ;
Maurice Bercy (collaborateur de la revue en 1968 et homme de gauche) ;
André Clair (Pierre Hahn) ;
Georges Castets délégué d’Arcadie en Aquitaine, il se range lui-même parmi les « cyniques » classant Gury parmi les « généreux sentimentaux ») ;
André-Claude Desmon (inspecteur général de l’Education nationale, promis à la rosette de la Légion d’honneur en mai 1990) ;
Pierre Gripari (auteur de Moi, Mitounet joli, qui aurait été sexuellement initié par Charles Trenet qui venait l’attendre à la sortie du lycée Chaptal) décédé en décembre 1990 ;
Jean Demange, diplomate (au Japon puis consul à Ryad), 54 ans en 1997 (dragué pare Roland Barthes, guide de Renaud Camus à Rome, membre de la cour de Marcel Jouhandeau, intime d’Yves Navarre) ;
Ghislain de Diebasch chez qui Gury dîne en avril 1998, ami de Ricaumont et de du Dognon (Gury raille ce snobisme d’une petite franc-maçonnerie d’extrême droite et d’aristos dégénérés de vouloir à tout crin asseoir la légende d’un Ricaumont très gentil » et conciliante à l’égard de du Dognon) ;
René Fajardie « éminence grise du parti socialiste, franc-maçon et arcadien » ;
Georges Portal, auteur du livre Un protestant (Gury approuve son conseil aux protestants « sois Huguenot… mais au fond du cœur et non de manière à te faire montrer du doigt dans le quartier »)

Ceux qui se tiennent à quelque distance d’Arcadie :
Jacques Mieulet de Ricaumont, « Madame Récamier de l’Inversion… grand maître de l’ordre » selon André du Dognon, intéressé en janvier 1979 par L’Académie de Sodome de Gury ; « voix cristalline et haut perchée d’enfant fol » ; ancien thuriféraire de St Nicolas du Chardonnet, fâché avec Mgr Ducaud-Bourget ; il est considéré par Baudry comme « son père spirituel » ; il avoue à Gai Pied en octobre 1985 que son idéal c’est « une dictature militaire » ; lorsqu’il participe en septembre 1989 à une émission télévisée sur la noblesse, Gury le trouve « ridiculissime » ; se penchant sur le Journal 1971-1978 de Ghislain de Diebasch, Gury repère des travers de Ricaumont soulignés par celui qui était son ami son titre de comte « titre de courtoisie » datant de 1820, du second empire ou bien encore de la IIIème République… ; le 3 janvier 1996, le comte de Ricaumont décède, 82 ans, Gury note qu’il « dédia à André Baudry Les Amours buissonnières, és qualité de grand-maître de l’ordre », bien des histoires ont courues sur sa guerre (Yves Navarre dans Biographie parle de « la comtesse de Racole-Boches et André du Dognon de celui qui a perdu à la Libération « en même temps ses cheveux » – comme les tondues – « et son phimosis ») et son allégeance aux traditionnalistes de Saint-Nicolas du Chardonnet (Mgr Ducaud-Bourget, leur chef, violent contre les homosexuels, se moquait de sa prétention à se déclarer « catholique traditionnaliste » dans Réponse à un Zoïle en avril 1978)

Maurice Rostand que Baudry a refusé de connaître malgré les instances de du Dognon, « parce qu’il ne voulait pas être accusé de fréquenter de telles folles » parfois appelé Maurice Rose-Tante ; en 1932 sa pièce de théâtre pacifiste L’Homme que j’ai tué, présentée à la Comédie française, provoque une émeute car l’homme qui a assassiné le soldat allemand pendant la guerre veut rejoindre sa famille en Allemagne pour se faire pardonner ; en 1937 il publie La femme qui était en lui ; en juillet 1957 Jean Cocteau écrit dans Le Passé défini V : « Maurice Rostand presque fou habite le salon des Jean (Rostand) et les empêche de vivre. En outre un vieux gigolo maquereau de Maurice… de temps en temps débarque à l’improviste et se livre au chantage… tout cela est accepté par Jean malgré son horreur du louche, mais condamné par François son jeune fils qui assiste impuissant au désastre… » (Bertrand E., factotum de Baudry, expliquera qu’effectivement le « vieux gigolo maquereau » se rendait chez les Jean Rostand pour baiser Maurice, lequel en avait besoin maladivement) ; à la lecture du livre de Gury L’Extravagant Maurice Rostand, en 1994, Baudry regrettera un peu de ne pas l’avoir connu « vous avez su rendre cet homme très sympathique, bon et humain », de même Julien Green regrettera, à la lecture du livre, de ne l’avoir vu « que de loin », Marc Daniel dira « l’homme – bon et dévoué – sous l’apparence de l’androgyne un peu ridicule dont le souvenir est resté au détriment de ses qualités profondes », et Odilon Redon écrit dans son journal « ceux dont les qualités de cœur priment des facultés médiocres. Quel charme que la bonté, la douceur, l’indulgence ! » ; Dominique Nidas dira avoir bien connu « le couple le plus extraordinaire de Paris » Rosemonde et Maurice ; Maurice Rostand est enterré au cimetière de Passy ; son neveu François Rostand refusera à Guy Dupré la réédition de son livre sur Maurice Rostand Confession d’un demi-siècle, il faut dire que selon du Dognon, un journal avait annoncé sa naissance avec le titre « Une nouvelle sensationnelle : la tante Maurice Rostand est devenue oncle ! »

Julien Green (dans le Monde du 7 septembre 1993, il parle des différentes périodes qu’il a vécues « élément d’effroi devant la sexualité en général et l’homosexualité en particulier », avec « des temps de déchaînement physiques » et voit la sexualité « partout… Jusque dans les mains jointes d’une religieuse, il y a de la sexualité », c’était bien la peine d’avoir tant hésité de collaborer, jadis, à Arcadie, ricane Gury) ; en mars 1998 Guy Dupré explique à Gury qu’il a vu le jeune Eric Jourdan pour la 1ère fois dans les salons de Maurice Rostand, emmené par son professeur de lycée, il y aurait alors fait la connaissance de Peyrefitte et suivi Julien Green qui « tira les marrons du feu » ; cela a conduit à un des « pataquès d’origine de la revue Arcadie », la chronique d’Eric Jourdan sous pseudonyme a « provoqué des poursuites judiciaires », « le retrait effaré de plusieurs écrivains en herbe » et « les cris pointus » de Peyrefitte et de Ricaumont ; Green a bien voulu écrire dans Arcadie mais a demandé de publier d’abord une nouvelle d’Eric Jourdan (parue plus tard sous le nom de Les Mauvais Anges, « un roman de flagellation »), la nouvelle parue sous pseudonyme a valu à Baudry d’être traduit en justice pour outrage aux bonnes mœurs mais il n’a pas révélé le nom de l’auteur, Baudry a pourtant accepté à la demande de Green de publier une seconde nouvelle de son protégé, mais Baudry n’a pas été payé en retour, 20 ans plus tard il attendait encore des nouvelles de Green… alors qu’Eric Jourdan était devenu le fils adoptif de Green ; Jean Chalon, dans son Journal de Paris en 1981, écrira « Green n’a jamais rien fait pour personne, c’est l’égoïsme personnifié »

Marcel Jouhandeau qui parle d’Arcadie comme de la « petit boutique » de Baudry et a dès le début décliné l’honneur d’écrire dans la revue ; il ne veut pas être un cul-de-jatte de plus dans un congrès de cul-de-jatte à l’occasion du Congrès d’Arcadie de 1979 ; un peu hautain il écrit dans son journal en 1967 : « Le respect que j’ai pour l’infraction représentée par l’homosexualité me fait souhaiter qu’elle soit la part exclusive de quelques individus exceptionnels », il se moque des « gens atteints de la même fatalité » ; dans Journaliers III en 1959 Jouhandeau écrit « Je me dis que je n’ai que faire de l’Arcadie et de l’Académie des autres, que j’ai les miennes » ; Baudry n’a pas obtenu de Jean Paulhan qu’il publie la réponse qu’il avait faite à la suite du refus de Jouhandeau de collaborer à la revue Arcadie ; Jean Demange rapporte à Gury le propos de Jouhandeau : « Je suis monté comme l’âne d’Apulée »

Gabriel Matzneff (qui fait une conférence sur la pédophilie en mars 1978, mais à l’instar d’autres bonnes plumes « s’exprime mal en public ») ; en novembre 1990 Baudry indique à Gury qu’il a interdit à de Ricaumont de lui communiquer son adresse en Italie le qualifiant de « pique-assiette professionnel » et ne voulant pas de « scandale dans le village »

Yves Navarre (qualifié de « type inculte » en 1978 par Gury ; « il ne trouve rien de mieux que de se plaindre et de gémir, la bouche pleine », Navarre le lui rend bien « Ah ne me surtout pas d’Arcadie et d’un certain Gury !» (Gury ayant écrit dans un compte rendu d’intervention que Navarre avait parlé de midinettes en parlant des Arcadiens, Navarre a été ulcéré) ; Gury se plait à citer le propos de Michel Polac dans son Journal en 2000 : « Ce type avait tout du pédé à l’américaine : une espèce de banalité des traits réguliers, une moustache, une souplesse molle, et sa poignée de main tout particulièrement était molle et moite » ; ayant la rancune tenace Navarre exige toujours en août 1984 « des excuses écrites » de Gury, apprenant cela Gury écrit « quel cinglé ! » ; après sa mort en 1994 Renaud Camus rapporte « Je dois dire qu’il y a peu de personnalités contemporaines dont la nature ait été plus antipathique à la mienne », il parle de « son invraisemblable égocentrisme », de « son exhibitionniste d’âme et de cœur », « son cabotinage sans gaieté »

Jean-Louis Bory (qui se suicide le 12 juin 1979 en dépression nerveuse et sentimentale « souvent ceux qui paraissent les plus gais sont les plus tristes » ; une soirée de commémoration lui est réservé à Arcadie le 7 novembre 1979 où interviennent Jean-Pierre Hubac, Alain Romée son ancien professeur, le musicien Louis Saguerre son complice depuis 1946, Ginette Romée « Jean-Louis la Joie, Jean-Louis mon frère », ses textes lus par Maurice Audron et René Soral, et Yves Navarre qui dit « Je dois tout à Jean-Louis » ; en février 1981 Baudry attribue ce suicide à la fois à la difficulté qu’il a eu d’aider son jeune amant comédien à lui trouver des engagements grâce à ses relations et à son désespoir de devenir un écrivain n’arrivant à vendre ses livres

Michel Foucault (venu écouter à Arcadie la conférence du père dominicain Michel Albaric en décembre 1979) ; en 1996 Gury exprime sa lassitude de la « foucaldomanie d’aujourd’hui » et en particulier de la prétention à voir dans Foucault un « rouage déstabilisateur d’Arcadie »

Roger Stéphane (producteur à la télévision, venu aussi écouter à Arcadie la conférence du père dominicain Michel Albaric en décembre 1979, il veut garder sa liberté d’écrire où il veut « et surtout pas dans une revue comme Arcadie ! »)

Jean-Louis Curtis, écrivain, reçu à l’Académie française le 25 juin 1987 (« écrivain d’une facture limpide, homme discret » écrit Gury « en contraste avec Yves Navarre »)

Jean-Paul Aron, historien, il vient d’assister au 25ème congrès d’Arcadie à Marseille en 1979 lorsqu’il déclare dans Masques « Je n’ai pas besoin de vous dire que la manière dont fonctionne Arcadie ne recueille pas mon approbation »

Odette Thibault, biologiste, hétérosexuelle proche d’Arcadie (qui choisit la mort douce en décembre 1987)

Jean Jacquart, historien, professeur émérite à la Sorbonne, qui se rend en avril 1989 à l’exposition du Centenaire de Barbey d’Aurevilly (dont il n’a lu que Le Chevalier des Touches) et s’apprête à profiter de sa retraite pour écrire sur « le village au XVIème siècle ») ; biographe de François 1er et de Bayard « d’un abord simple et chaleureux, sans façons ni chichis », Gury lors de son décès en décembre 1998 « garde le meilleur souvenir de lui »

Patrick de Rosbo auteur d’Entretiens radiophoniques avec Marguerite Yourcenar (mort du sida en octobre 1989)

Maurice Pinguet, « arcadien très aimé de ses collègues et de toute la colonie française au Pays du Soleil Levant, il était avec la modestie des grands savants une crème d’homme »

Bruno Lagrange, journaliste, exécuteur testamentaire de l’abbé Marc Oraison, il recevait en service de presse la revue Arcadie mais il dira à Gury en juin 1991 « je m’empressais de jeter cette revue au panier »

Paul Baudet, avocat d’Arcadie, ténor des assisses sous la IVème République, biographe de Mgr Charles dont il loue la capacité de mettre en accord sa foi et ses mœurs, par renoncement aux secondes, à la suite d’un pèlerinage en Terre Sainte

Robert Merle qui fait une conférence sur le Procès Oscar Wilde au congrès de 1979 « humaniste » mais « universitaire de style vieillot et compassé » dit Gury ; mort le 31 mars 2004

Daniel Guérin, Arcadien un temps, puis devenu très critique (après avoir soutenu le FHAR, les GLH et Gai Pied) ; le mouvement Arcadie regrette en 1978 que la politique ait provoqué le départ d’Arcadie de Daniel Guérin et de Françoise d’Eaubonne « quand André Clair, alias Pierre Hahn, a continué à donner des articles » ; André Baudry se gaussait du fait qu’à chacune de ses interventions publiques il arrivait « avec une valise de ses bouquins »

Dominique Fernandez dans L’Etoile Rose en 1978 parle de « ceux qui ont leur vache à la maison » et de « ceux qui préfèrent acheter leur lait dans la rue » ce qu’approuve Christian Gury lors de son intervention à l’Université d’été homosexuelle de Marseille en 1979 ; en 2012 Fernandez critique la position anti-mariage gay de Gury tenant du vagabondage sexuel-homosexuel, Gury le traite de « constipé vieillard et méprisant donneur de leçons »

Bertrand Boulin « profil aigu d’oiseau maigre et à lunettes » lors du congrès d’Arcadie en 1979 où il est intervenu sur « l’homophilie sous le regard des familles » (qui a perdu son père le ministre Robert Boulin 5 mois après le congrès)

Les conférenciers :
Jean Deprun, professeur d’université à Aix-en-Provence, qui fait une conférence sur Clitandre, tragi-comédie de Corneille un peu homophile, et une autre sur les épisodes homosexuels aux Ages classiques en 1978, il donnera une nouvelle conférence en février 1980 Antiphysique: histoire d’un mot et d’une idée dans laquelle il faut remonter le mot antiphysique à Rabelais, au milieu aristocratique de la Société du Temple, puis à Voltaire, Rousseau, Diderot, à Flaubert et Taine, à Abel Hermant, Gide, Proust, Henri Massis (parlant de Gide) et en toute fin à Etienne Gilson en 1932, il donnera une autre sur Les premiers aveux d’André Gide en février 1982 (inintéressante selon Gury) ;
Jean-Claude Vilbert sur l’homosexualité face aux idéologies (le public qu’il rassemble est alors plutôt clairsemé) ;
Elula Perrin sur Homosexualité féminine et droit de cité en octobre 1978 (« sorte d’André Baudry en jupons… pour une fois les Arcadiennes sont sorties de leur cachette » s’amuse Gury) ;
le Pr Pierre Nouveau en novembre 1978 critique littéraire de « bouquins illisibles » sur le rôle de la critique ;
Maurice Pinguet sur « André Gide ou les détours de la vérité » (décembre 1978, rappel de « l’importance historique du message de Gide… Vérités de la Vie, arrachées à sa propre chair par un écrivain courageux », il dissocie « l’amour de la sexualité, jusqu’au jour où il tombe amoureux d’un garçon et réunifie son être, devenant homophile après n’avoir été qu’homosexuel ») ; Robert Dol sur Les vertus sous le manteau homophile (« prestation médiocre ») ;
Geneviève Pastre en octobre 1979 sur le thème Aimer une femme dans un monde d’hommes « ennuyeuse poétesse lesbienne… plutôt nature et sans chichi, véhémente parfois » avec « un flot de mots tous simples et de formules fruitées », il cite ses propos : « la merveilleuse détresse et le déchirant bonheur de l’amour lesbien – quelque chose de royal ! » et sa conclusion « on ne peut pas être toujours des rebelles (contre le système hétérosexuel). La société se révèle, après tout, un endroit d’échange possibles. Je préconise une fraternité avec les hommes homosexuels. » ;
Yves Navarre en octobre 1979 (qui « se plaint » de ses difficultés matérielles et de sa souffrance dans l’écriture ; il se plaindra à Baudry que Gury, dans compte-rendu, traite les arcadiens de « midinettes ») ;
Frédéric Rey le 15 novembre 1979 auteur de La Vie téméraire lors d’un « mercredi littéraire »
Michel Blairac (pseudo de Michel Albaric dominicain arcadien) le 12 décembre 1979 sur Le prêtre sous le regard des autres qui explique que l’ecclésiastique serait enfermé dans un ghetto de chasteté, sacrifié, victime expiatoire du plaisir sexuel légitimement goûté par les ouailles catholiques ;
Gabriel Matzneff en janvier 1980, Gury apprécie qu’il soit « pleinement et franchement lui-même, dans l’exercice d’une sincérité stupéfiante » et son « éloge de la sincérité » ; Georges-Michel Sarotte autour de son livre Comme un frère, comme un amant en février 1980 ;
Lucien Trong auteur d’Enfer rouge, mon amour ;
Dominique Nidas qui présente une pièce de son cru, une sorte de Lorenzaccio ;
Jean Jacquart sur « Henri III un roi méconnu » qu’il se garde de qualifier d’homosexuel ;
Christian Gury sur son livre L’Homosexuel et la Loi en novembre 1981, présenté par Marc Daniel (rediffusée sur Radio Paris dans la cadre du ¼ d’heure accordé à Arcadie)

Les anonymes :
Pierre-Henry P. (qui « abandonne le combat » et se marie en 1978), Gury avoue en septembre 1989 qu’il est un de ses regrets « d’occasion de plaisir » à Arcadie
Le juge Bernard R. « qui s’ennuie à mourir dans sa province » il est « jeune magistrat, en poste en Savoie » en 1976 et cherche assidument à fréquenter Gury en 1976-1977 (en septembre 1977 il lui propose de voyager de conserve à Malte) ; en 1989 il se fait défenseur de la langue française, évoquant l’ordonnance de Villers-Cotterêts dans le Monde, il est désormais à la Cour d’Appel de Basse-Terre
Le conseiller R. spécialiste du droit aérien, garçon brillant et intègre, détaché auprès du directeur d’UTA, devenu conseiller auprès du gouvernement du Cameroun, puis envoyé à Saint-Martin et en Guadeloupe et en 1984 à Nouméa (où il est contrarié d’entendre le président Mitterrand parler de « la force injuste de la loi ») ; il est « à jamais inconsolable de ses amours contrariés avec le juge R. » considérant qu’il a raté sa vie ; il connait des histoires de magistrats homosexuels (l’un qui s’est fait piqué par la police « tout vêtu de cuir, dans un coin noir, se faisant flageller par des voyous », l’autre petit ami du 1er président de la Cour d’appel d’A. » qui a été promu) ; Gury dine avec le conseiller R., « magistrat brillant (qui) est un homme seul), desservi par « sa laideur physique », qui parle succès amoureux que personne ne peut croire ; en 1990 le désormais président R. doit quitter UTA, absorbée par Air France, et réintégrer la magistrature ce qui ne l’enthousiasme pas ; il devient président hors classe de la 20ème Chambre du TGI de N. en 1991 (un célibataire aux affaires de mœurs et de contentieux lié au droit de la famille, raille-t-il lui-même) ; le magistrat « savoyard » meurt le 12 mai 1995 à 47 ans, Gury écrira « planait sur la cérémonie un non-dit, dont tout le monde n’était pas dupe »
Le substitut Marc D. (qui en 1978 est préoccupé par la contradiction « Sodome-amour de Dieu »)
Le baron F. adepte des intégristes de St Nicolas du Chardonnet, où sévit pourtant un célébrant très hostile à « l’infâme » homosexualité ; il a des ennuis cardiaques en novembre 2007
Roger-Pierre de L. « professeur agrégé à Francfort » en fait « jésuite en rupture avec son ordre et spécialiste de philosophie sociale » (qui en pince pour le jésuite allemand Johannès et sa « sensibilité aigüe » mais qui lui « donne le vertige »)
Jacques A. (de la délégation Arcadie-Franche-Comté)
Dominique H. (du Cotentin)
Serge H. (étudiant en droit)
Jacques C. (avocat, accompagné d’un magnifique gigolo camerounais note Gury en juillet 1979 ; grand admirateur d’Albert Samain ; il détecte dans le Château du Crépuscule et les Poésies particulières de Gury « le gamin gouailleur et l’artiste décadent »)
Pierre (pianiste, appelé Petit Pierre en raison de sa grande taille)
Un ancien instituteur Arcadien qui aimait les petits garçons et s’est fait inculper (« ses fichiers le condamnent ainsi que ses amis figurant aux répertoires, les actes délictueux recensés avec minutie »)
Bernard E. enfant d’Espelette, collaborateur de la revue « homme de confiance et un peu souffre-douleur d’André Baudry » (Gury l’apprécie, ainsi que le Baron F., « des amis sans équivoque, des hommes sans chichis et sans détours, d’une compagnie autrement agréable que celle de tant d’intellectuels à manières et jaloux de tout ») ; à l’été 1985 Bernard E. sert de coursier à Baudry en lui apportant des livres achetés à la librairie (en mai 1986, Gury l’appellera le factotum d’André Baudry)
Jean-Marie et Claude X. (administrateur civil au ministère de la santé, arrière-petit cousin du cardinal X. qui achève une thèse sur le pouvoir de décision dans l’Eglise)
André L. (comptable à la Swissair, secrétaire d’Alain Daniélou jusqu’à son décès), en 1986 il est nostalgique d’Arcadie (il écrivait dans la revue) ; amateur de « dîners en habit », il prend sa retraite en Italie dans la banlieue romaine, entouré d’une « jolie jeunesse » ; « garçon gentil et avenant » que Gury rencontre par hasard de mars 2004
F.D. (collaborateur d’Arcadie, l’un de ceux qui tenteront de relancer Arcadie en 1982 sous le nom de Présence)
Jean-Marie et Roger B. (le diplomate belge, 57 ans le 5 juillet 1987)
Björn (« l’un des plus beaux hommes de Paris, l’un de mes plus beaux souvenirs d’amour » dit Gury qui n’a pas oublié que, dragué par Roland Barthes, il a tenté de le refiler à Gury), il meurt en juillet 1988
Jean-Pascal de P. qui fréquente « Saint-Nicolas du Chardonnet messes en latin et cucuterie dans le style des réceptions de Jacques de Ricaumont »

Les religieux compréhensifs :
le pasteur Laurent Gagnebin (qui considère que 2 amis du même sexe sont bien un couple, alors que l’Abbé Oraison y voit une paire. »
le pasteur Doucé
Johannès jésuite allemand qui a un amoureux en Allemagne (et « relance » souvent Gury)
Max Lionnet vicaire à St Charles de Monceau et co-fondateur de David et Jonathan (à sa mort en 1978, le célébrant dit de lui qu’il « avait une sorte d’audace apostolique, d’esprit missionnaire qui l’aidait, fraternellement, à soutenir d’autres brebis »)
le Bénédictin José V. (sa devise « Art, Amour et Vérité »)
Michel Blairac (pseudo de Michel Albaric dominicain arcadien, bibliothécaire du Saulchoir, fondateur du Mouvement homophile de France, ami de Michel Foucault et Roger Stéphane)
le cardinal Jean Danielou qualifié de « prince de l’intelligence et de l’érudition » par Michel Tournier en 1976, dont le frère Alain est hindouiste et homosexuel
le pasteur Berner qui traite de puritains ceux qui attachent une importance démesurée à tout ce qui touche l’éros et le sexe
Mgr André Brien, ancien aumonier de Normale Supérieure et prédicateur de carême à Notre-Dame, compagnon de route d’Arcadie, qui meurt en juillet 1998 à 85 ans
José V., prêtre, arcadien critique, qui en 1982, à la librairie Les Mots à la Bouche, disait « Pour que les homosexuels s’entendent, il faudrait que Gury et Le Bitoux couchent ensemble », il meurt en 2003, enterré dans le caveau des Petits Frères des Pauvres (au cimetière de Montmartre)

3- La géographie homophile
Arcadie, rue du Château d’Eau

Restaurants : Chez Charrère (10ème arr.) ; Soleil de Monaco ; L’Attrape-Cœur (rue Christine) « où les garçons sont beaux comme des dieux » ; Polichinelle ; La Cour des Miracles (Montparnasse) ; Pierrot de la Butte ; restaurant rue de la Fidélité ; L’Escalade (« fréquenté par des personnages dudognesques, commis-voyageurs de province aux physiques de monstres, dames-ivrognesses, aristocrates déchus ou reconvertis dans le travesti ») ; La vraie bonne table ; Chez Chartier ; le restaurant-librairie Les Mots à la Bouche (juillet 1980) ; le Keller ; chez Francis, place de l’Alma ; Tablier bleu ; Hôtel Terrass (fréquenté par Wanda Bannour, amie de François Chatelet, et par Guy Hocqhenghem) ; Stephany ; le Petit Riche (rue Le Peletier)

Lieux de drague : le Trocadéro ; Gury note 8 points de drague du local d’Arcadie à son domicile (dont le square Réaumur et la vespasienne de la rue de la Roquette) ; la caserne de Reuilly ; le square Gardette ; le square Chautemps (près de la station Arts et Métiers) ; square de l’avenue de Pologne (où Gury croise parfois Gérard Bach icognito)

Boites : Rocambole (avec restaurant) ; le Bronx ; le BH (fréquenté en mars 1984 par Gury qui y rencontre « des Arcadiens, vieillis, habillés de cuir, faux durs, ivres d’alcool et de poppers, portant tous un anneau de fer ou une sangle cloutée autour de la bite » il y voit un « retour aux catacombes de la honte ») ; le Daytona (où Gury participe à trois « jack-off parties » regrettant lors de la 2ème en novembre 1987 qu’il y ait moins de nouveauté, d’autant qu’il n’a pas trop de plaisir à y retrouver d’anciens Arcadiens) ; Le Tranfert (quand les masos se laissaient fouetter et fister au comptoir, rapporte Gury) ; L’Insolite (rue des Petits Champs, moment de nostalgie pour Gury qui y était allé 2 ou 3 ans avant la mort de Gilles)

Lieux religieux : L’Atelier de Béthanie (à St Jean de Montmartre) Gury y rencontre Marcel (homosexuel chrétien pleurnicheur) ; en 1976 chez Christianisme et Homophilie, le groupe de Béthanie fait sécession ; St Charles de Monceau (où officie le père Lionnet) messe de l’Ascension 1978 et messe mensuelle de David et Jonathan (qui suit quelques Arcadiens) ; la maison diocésaine Les Marronniers de Bagneux où se tient les journées annuelles (les JAR, 1978) de David et Jonathan

Saunas : rue Sainte-Anne ; Hammam Voltaire ; le Tilt (sauna où l’on peut passer la nuit) ; le Continental Opéra (fermé, il réouvre en avril 1987 mais n’est plus le même, le sida est passé par là : « Des éclairage partout, cabines ouvertes à tout venant, la magie a disparu ») ; la sauna de la rue du Faubourg-Montmartre

Autres lieux : Le Procope (lieu de proclamation du prix François Villon) ; cinéma porno de la rue Vivienne

Les mouvements chrétiens : David et Jonathan (créé en 1972) ; Christianisme et Homophilie (1976) qui veut se démarquer des organisations d’Eglise comme d’Arcadie « noyauté par des combattants de rue et des militants du GLH, ses petits chefs historiques flattés de se croire dans le vent » dit Gury

4- Littérature
Essais :
Un Protestant de René Soral (paru dans les années 1930)
Les Cahiers de la Petite Dame d’André Gide (parue en 1929, Gury retient l’un de ses propos : « Je l’avoue, la facilité de la vie sexuelle, même à mon âge, c’est pour moi d’une grande importance quand je travaille », une envie d’Afrique et d’ « êtres qui circulent édéniquement nus » dans la foulée)
Les Homosexuels d’André Baudry et Marc Daniel (lu en 1974)
Christianisme et homophilie, thèse du père Xavier Thévenot (lu en 1976)
Au Père Lachaize de Michel Dansel (lu en 1977)
Grand’peur et Misère des homosexuels français enquête auprès des Arcadiens de Jérôme Bernay (ils voient dans l’ouest, Bretagne et Normandie, la région la plus hostile aux homophiles)
Les Femmes préfèrent les Femmes d’Elula Perrin (1977, 90 000 exemplaires en un an) (directrice depuis 10 ans d’une discothèque pour filles, elle en a marre que les émissions télévisées ne donnent la parole qu’à des hommes)
Eros minoritaire de Françoise d’Eaubonne (lu en 1977)
La question homosexuelle de l’abbé Marc Oraison (lu en 1977)
Le Pénis et la démoralisation de l’Occident de Jean-Paul Aron (ses entretiens dans Masques sont qualifiés par Gury de « tartine idéologique imbuvable, à dormir pour ne pas pisser de rire »)
La Femme homosexuelle de Maria Lago (1980)
L’enfant au masculin de Tony Duvert (lu en 1980, « Un ouvrage d’humeur. Tony Duvert, théoricien de l’amour brut, balance tous azimuts, pétards, serpentins, œufs pourris et boules puantes… Bonheurs d’écriture d’un style en pleine forme… Dénonciation de l’hétérocratie… de la famille obligatoire… des mères-flics… prise de parole au nom de l’enfant muet… qui qualifie Anna Bryant d’Attila des mégères baptiste et tigresse en papier-bible »)
La Femme et l’amour homosexuel d’Edith Zha et Nella Nobili (1980)
La Condition des homosexuels d’André Baudry (lu en mars 1982)
Les Principes de Jacques de Ricaumont (lu en novembre 1982, petite chose ridicule, cucuterie baptisée roman, emplie de phrases redondantes, abusant des subconsciemment et autres préciosités… Comment Mercure de France a-t-il pu publier une telle nullité ?)
Dictionnaire anecdotique des homosexuels et lesbiennes célèbres de Pierre Duroc (lu en 1984, livre ne manque pas de toupet car pompé dans les 353 numéros d’Arcadie, grossier et sommaire)
Incidents de Roland Barthes (lu en 1987, Gury qui se souvient d’avoir été « dragué à mort » par Roland Barthes « Charlus pathétique » quelque temps avant la fin d’Arcadie, note l’aveu un peu désespéré de Barthes « une sorte de désespoir m’a pris, j’avais envie de pleurer… Je voyais dans l’évidence qu’il me fallait renoncer aux garçons, parce qu’il n’y avait pas de désir d’eux à moi. »)
Tout est bien de Roger Stéphane (lu en 1989)
Grand’Peur et Misère des homosexuels français de Jérôme Bernay (document de référence dit Gury)
Michel Foucault et ses contemporains de Didier Eribon
Citoyen de seconde zone-Trente ans de lutte pour la reconnaissance de l’homosexualité en France (1971-2002) de Jean Le Bitoux (lu en 2003, témoignage émouvant… long règlement de comptes : tout ce que je fais tout ce que je pense, c’est bien ; le reste, c’est de la merde)
Homosexuality in French History and Culture d’un collectif dirigé par Jeffrey Merrick et Michel Sabalis (lu en 2003, ils rendent hommage au travail d’une génération de pionniers français de l’histoire de l’homosexualité, mais sans vergogne Didier Eribon oublie de nomme Marc Daniel et moi-même)
The End de Didier Lestrade (lu en 2005, long cri de colère du fondateur d’Act Up contre la pourriture ambiante et la collusion mafieuse des commerçants homosexuels et des pseudo-militants de la lutte contre le sida, il prophétise la fin de la pensée homosexuelle et de la communauté gay qui n’a probablement jamais existé que dans la tête de l’auteur et de quelques autres personnes)
Sur cet instant fragile de Didier Eribon (lu en 2014, puant de suffisance, de mépris, de sectarisme, Gury lui répond « On s’en fout d’être invisibles ou pas, on en a rien à foutre du droit qu’Eribon et ses copains et autres exhibitionnistes affolés du bruit médiatique se seraient octroyés de renvoyer au silence ceux qui baisent comme ils l’entendent et malgré les commissaires du peuple gay »)

Histoire :
Hommes du Grand Siècle de Marc Daniel (lu en 1976)
Nos ancêtres les pervers de Pierre Hahn (lu en 1980)
Les Yeux ouverts entretiens de Marguerite Yourcenar avec Mathieu Galey (lu en 1981)
Paris Gay 1925 de Gilles Barbedette et Michel Carassou (lu en 1981)
Le Mouvement homosexuel en France 1945-1980 de Jacques Girard (lu en 1981, travail gauchiste bâclé écrivant qu’Arcadie se veut un gouvernement des homosexuels ! – puis citant un lecteur soixantenaire de Gai Pied en février 1984 il a joute – la générosité gratuite de l’auteur est émouvante, mais je crains que sa visible absence de cynisme ne le rejette lui, et la génération de militants dévoués qu’il représente, dans une solitude désespérée)
Race d’Ep de Guy Hocquenghem (lu en 1979)
Les Hommes au triangle rose d’Heinz Heger (lu en 1981, le document qu’on attendait depuis la fin de la guerre, de Heger déporté à Sachsenhausen pour le travail aux carrières, victime du tir au pédé vivant, il accepta le rôle de mignon et fut ainsi le seul Triangle rose à devenir kapo)
Jacques Stuart, roi de la paix de Marc Duchein (Marc Daniel) (paru en 1985)
Les Bûchers de Sodome de Maurice Lever (lu en 1986, compilation racoleuse qui me déçoit)
Christianisme, tolérance sociale et homosexualité de John Boswell (lu en 1986, Gury apprécie d’y trouver saint Aelred de Rielvaux, l’évêque de Rennes Mgr Marbode et Mgr Baudri de Bourgueil évêque de Dol chantre de la beauté des garçons)
Existences d’artistes ; Femmes, amours évanouies ; Nos Français, portraits de famille (3 tomes de la série « La Petite Histoire ») de Georges Lenotre (relu en septembre 1995, qui a beaucoup inspiré Gury pour écrire sur Edouard de Max, Félix Mayol ou Rosa Bonheur)
Le Rose et le Noir, les homosexuels en France depuis 1968 de Frédéric Martel (lu en 1996, Gury le qualifie de « gros truc emmerdant, touffu, superficiel, sentencieux, truffé d’erreurs, orienté » ; le livre provoque le regret de Baudry de l’avoir longuement rencontré (de Ricaumont ayant révélé à Martel son adresse, malgré les demandes instantes de Baudry de le faire à personne) « Tout ce qu’il dit sur Arcadie me plaît à moitié, c’est très incomplet, très superficiel, Je me dis que si j’avais su… que je ne doutais pas de cela étant donné ses lettres et sa visite… Je ne lui ai pas refusé ce que j’ai refusé à d’autres parce qu’il a su se présenter comme un doux agneau pleurant notre disparition. »)
Les Oubliés de la Mémoire de Jean le Bitoux (lu en 2002, fourre-tout de choses diverses considérant l’homosexuel comme « sujet politique » et non « comme simple révélateur socio-culturel » dit Gury qui relève quelques inexactitudes)
Histoire de l’homosexualité en Europe de Florence Tamagne (paru en 2000, Gury parle d’une livre indigeste)
Homosexualité et Prostitution masculine à Paris 1870-1918 de Régis Revenin (Gury y voit des faiblesses juridiques à propos des cas judiciaires qu’il traite)
Arcadie de Julian Jackson (lu en 2008, rien de fracassant, « l’évitement de mon rôle assez bien réussi si l’on excepte la mention de mon nom aux notes et index et ès qualité d’auteur d’ouvrages sur l’histoire de la répression de l’homosexualité » ; en 2010 il est plus mordant : « Ah ! Le vilain bonhomme ! Qui, montant en épingle les quelques malheureuses conversations de son petit échantillonnage de médiocres et de méchantes autant que jalouses tapettes ou de béni-oui-oui, se permet aussi, l’ouvrier de la 25ème heure, d’habiller les défunts de costards d’éternité (Sinclair, Roger Peyrefitte, etc.) »)

Romans :
Sapho d’Alphonse Daudet
Les Amitiés particulières de Roger Peyrefitte (paru en 1945, Prix Renaudot)
Les Amours buissonnières d’André du Dognon (paru en 1945, « un immense succès »)
Journal d’un inconnu de Jean Cocteau
Les conquistadors ou quelques belles têtes de Khonds de feu le poète Pierre Madesclaire (lu en 1975)
A la recherche du temps perdu (lu fin 1977- début 1978)
L’ami retrouvé de Fred Uhlman (lu en 1979, « un chef d’œuvre »)
Comme un frère, comme un amant de Georges-Michel Sarotte
L’Enfant de cœur de Roger Peyrefitte paru en 1978
Roy de Roger Peyrefitte (lu en 1979, « constat d’huissier pour consigner les aventures sexuelles d’un adolescent américain d’aujourd’hui »)
La Maison des sables de Vincent Sébire (lu en 1979)
Le Bel Age de du Dognon (lu en 1979)
Mode inversé de du Dognon (lu en 1979) (« document historique de style vieillot »)
L’Enarque et le Voyou de Frédéric Rey (lu en 1979)
Nouvelles orientales – Présentation critique et traductions des « Poèmes » de Constantin Cavafy et Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar (lus en 1979, à propos du 1er Gury relève la belle formule de Yourcenar à propos de Cavafy qui « a fini par faire de sa sensualité la cheville ouvrière de son œuvre », le second est qualifié de « chef d’œuvre, chaque phrase a son poids de maxime »)
Propos secrets de Roger Peyrefitte et Peyrefitte démaquillé d’André du Dognon (mis en fiches en 1979)
Temps voulu d’Yves Navarre
L’Espace du souffle de Geneviève Pastre (lu en 1979, « chiant comme la pluie »)
Les Amantes de Jocelyne François (lu en 1979, Gury considère qu’elle aurait sa place à Arcadie, d’autant qu’elle se dit « fascinée par l’homosexualité masculine »)
Eve octogénaire, La Vie téméraire et Un fils pour l’automne de Frédéric Rey (lu en 1979), et aussi L’Enarque et le Voyou (lauréat 1979 du prix Arcadie « complètement autobiographique » dira Rey à Gury)
Comme un frère, comme un amant du professeur Georges-Michel Sarotte (lu en 1980, tableau de l’exacerbation des différences, sous-compartimentées à l’extrême)
La mise amour de Hugo Marsan (1980)
Enfer rouge, mon amour de Lucien Trong (lu en 1980, sur les camps de rééducation au Vietnam un bel amour d’homosexuels)
Berthe ou un demi-siècle auprès de l’Amazone de Berthe Cleyrergue, ancienne gouvernante de Natalie Barney (lu en 1980)
Les Confidences vénitiennes de Josane Duranteau (lu en 1982, qui m’enthousiasme absolument, elle devient avec fascination la spectatrice d’une passion ; Josane Duranteau le remerciera pour son article dans Arcadie « le meilleur papier paru sur mon roman » ; mère de Marianne, amie de Gury, elle meurt en juillet 1998, ses cendres seront dispersées à Venise)
Le Soldat nu d’Yves Kerruel (lu en avril 1982, récit carré sur fond de rigueur bretonne, style tendu jusqu’à craquer d’un amour de feu)
L’Illustre écrivain de Roger Peyrefitte (lu en 1982, un romancier partagé entre sa femme, son désir de postuler à l’Académie française et la tentation de succomber à l’homosexualité »
C’était une librairie de l’Arcadien Robert Caplain-Dol (lu en 1983)
Le Lieutenant-Colonel de Maumort de Roger Martin du Gard (lu en 1984, trente heures de jubilation qui apporte mille lumières sur Lyautey, son homophilie plus que sous-entendue… la psychologie du cardinal de Grente ; Gury trouve dans ce livre des preuves que Martin du Gard lit la revue Arcadie)
L’Homosexualité, étude d’une minorité à travers l’évolution de sa condition, mémoire de la promotion 1982 B de l’ENM (école nationale de la magistrature) (lu en 1984, avec moultes reprises de citations du livre de Gury, ils soulignent que les homosexuels font un peu le jeu de l’intolérance, par leur provocation et flétrissent le mercantilisme de la presse gaie et leur soi-disant culture propre)
Salut Masino de Cesare Pavese
Jeux d’enfance de Giovanni Comiso (lu en 1998, récit allusif, de style arcadien et classique, parfait)

Poèmes :
Trois poèmes pour un seul homme d’Odon Vallet (« éjaculation d’images vieil or »)
Château du Crépuscule et les Poésies particulières de Christian Gury (1979)

Correspondances :
Lettres à ses amis et quelques autres de Marguerite Yourcenar (lu en mai 1995, Gury a la surprise d’y trouver une référence à l’un de ses écrits parus dans Arcadie)
Les Amitiés et les Amours, 3 tomes de correspondance de Max Jacob (avec en particulier ses lettres à René Dulsou, son amant de 1932 à 1935 dont il se sépare en l’accusant de préférer « sans vergogne le tennis, les cartes ou tels ou tels petits couillons »)

Biographies :
Peyrefitte démaquillé d’André du Dognon
Max Jacob au quotidien d’André Peyre
Peyrefitte ou la boutiquière de Castres de Maurice Périsset
Biographie de Yves Navarre (lu en 1981)
Le Jardin d’acclimatation d’Yves Navarre (prix Goncourt en novembre 1980, apprécié par Gury « son thème, sa construction, son écriture »)
Marguerite Yourcenar, biographie de Josyane Savigneau (lu en août 1993, la surprise pour Gury d’y voir citer son article paru dans Arcadie en 1980)
L’Affaire Oscar Wilde d’Odon Vallet (lu en 1997, essai original et renouvelant le thème, Odon Vallet st devenu un véritable écrivain, l’un des meilleurs écrivains de la seconde génération des collaborateurs d’Arcadie)
Le Cardinal et l’Hindouiste d’Emmanuelle de Boysson (lu en 2001, biographie croisée des 2 frères Danielou, qui raconte que le cardinal Jean Danielou , interpellé par l’homosexualité de son frère musicologue, Alain, célébrait une messe mensuelle de 1943 à 1962 à l’intention des homosexuels, sur la suggestion de Louis Massignon, intéressé à la question, Gury y voit une préfiguration des groupes chrétiens d’Arcadie )
Jean Cocteau de Claude Arnaud (lu en 2006, monstrueux pavé de plus de 800 grandes pages serrées, beau et gros travail)
Gérald Hervé-Vies et morts d’un écrivain d’Hervé Baudry (alias Yves Kerruel) (lu en 2013) auteur aussi de Des Pavois et des Fers publié en 1971 et de Le Soldat nu
L’Impossible Conciliation, ou la vie héroïque du Dr Claude-François Michéa de Jean-Claude Feray (lu en 2015, sur la vie d’un psychiatre au XIXème siècle)

Théâtre :
Procureur d’André Baudry, toujours « fasciné par la magistrature », « histoire carrée, agrémentées d’homélies baudryssismes, ça ne traine pas »
Polyphème d’Albert Samain (lu en 1979)

Journaux :
Journal de Julien Green (qualifié par le pasteur Gagnebin d’écrivain « lamentablement infantile du point de vue théologique »)
Journal de Claude-Michel Cluny (paru en 1963)
L’Innominato de Roger Peyrefitte (lu en 1989, navrante suite de Propos secrets I et II, des pages pleines d’approximations et de puérilités qui prétend que Baudry a été au début de leurs relations son complice comme « collecteur de graffitis obscènes »)
Journal inutile de Paul Morand (lu en août 2001, il y parle des « homosexuels, d’éternels rôdeurs, d’infatigables aventuriers du sexe » ce qui est apprécié par Gury qui considèrent que le PACS est pour les lesbiennes)
Le Mausolée des amants-Journal 1976-1991 d’Hervé Guibert (paru en 2001)
Incidents de Roland Barthes (lu en 2002, « d’un misérabilisme pathétique, en deuil de l’amour des garçons »)
Journal 1971-1978 de Ghislain de Diesbach (lu en février 2006)
Parousies, 22ème tome des Journaliers de Marcel Jouhandeau (lu en 2006, Gury note qu’il se moque des « gens atteints de la même fatalité » et considère que sa conception élitiste de la bite est une idée à chier mais considère qu’il vise surtout les premiers théoriciens de l’identité homosexuelle)
Journal de Jean Cocteau (lu en 2007, Gury remarque qu’à la lecture de la Vie des 12 Césars, Cocteau est « stupéfait de l’importance qu’on accorde aux choses du sexes depuis des siècles. Les pauvres hommes croyants qu’il y a des parties nobles et des parties honteuses, alors qu’il n’y a que des instincts, des muscles qui fonctionnent ou ne fonctionnent pas et des trous »)

Concourant pour le prix Arcadie 1978-1979 (jury : Baudry, du Dognon, Sinclair, Nouveau, Fontanié, Adret et Gury) :
L’arbre mémoire d’Hugo Marsan (paru en 1978, « livre curieux et difficile », premier lauréat du prix de concours de la nouvelle d’Arcadie)
Ernesto d’Umberto Saba (« chef d’œuvre » pour Gury, l’auteur est mort)
Le Faune des dunes d’Arnaud Dingril (« littérature érotique, banalités, mauvais goût » écrit Gury)
Pour Geneviève de Patrick Drevet
Le Septième ciel de Bill Kelsey d’Hal Bennett (« histoire d’un Noir ayant sa queue pour tout horizon »)
Les Demoiselles sauvages d’Eric Deschodt (sur « un aristocrate homosexuel et ses 3 filles amorales »)
Sita de Kate Milett (roman et journal, « l’ordinaire d’une passion lesbienne »)
L’Herbe à brûler de Conrad Detrez couronné par le Renaudot (« aventurette militante… la prière, le sperme et la politique »
Amour et tyrannie de Francine du Plessix Gray (« existence originale »)
L’Etoile Rose de Dominique Fernandez (« ennui de l’ouvrage apologétique… bonne vulgarisation pour Arcadiens ignorants »)
Les Amantes de Jocelyne François (« long poème, intelligible, tout de pudeur et de beauté »)
Portrait de Julien devant la fenêtre d’Yves Navarre (« écriture raclée et économe pour brider la tendresse à fleur de plume »)
L’Ile Atlantique de Tony Duvert (« analyse impitoyable de la tyrannie parentale, vue d’en-bas par des enfants plus adultes qu’il n’y paraît »)
La vie téméraire de Frédéric Rey (« littérature de magnétophone… un peu maigre, un peu godiche »)
Je suis vivant de James Purdy (« les amours d’un grand mutilé de guerre »)
Athar Loupis ou l’enfant sans innocence de Lothar Seznec (« histoire d’un gamin surdoué, pervers et à la fin criminel »)
Les Mille chemins de Jacques de Brethmas (« confession de l’auteur qui raconte sa conversion d’homme marié à l’homosexualité. Une nullité »)
Un homme partagé de Jacques Laval (« mémoires d’un dominicain passionné d’art, de littérature et d’homosexualité »)

Concourant pour la meilleure nouvelle d’Arcadie 1981 (jury : Jean-Noël Segrestaa, Pierre Nouveau, Sinclair, Odon Vallet, André Baudry)
La Résidence de Daniel Thibault (jolie histoire d’un détenu d’une prison moderne et aquarium)
Lettres à personne d’un vicaire général d’un grand diocèse de l’Ouest (originalité des thèmes et récits simples)

Films
A bigger splatch de David Hockney (vu en 1976)
La Tendresse des Loups d’Ulli Lommel en collaboration avec Fassbinder (vu en 1976)
L’Homme du désir de Dominique Delouche (vu en 1977)
Les Amis, présenté à Arcadie par Gérard Blain (en 1977, pas très apprécié par Gury)
Un enfant dans la foule de Gérard Blain (en 1977, confession de sa propre enfance, apprécié par Gury)
La Cage aux Folles (en 1978, éreinté par Yves Navarre dans Les Nouvelles Littéraires)
Nous étions un seul homme de Philippe Valois (vu en 1979)
24h dans la vie d’une femme de Dominique Delouche (vu en 1981)
Word is Out (vu en 1982, film digne de recevoir la palme de l’ennui)
Le Passé défini V de Jean Cocteau (lui en 2008, pavé de 900 pages un peu indigeste ; Gury cite ces phrases écrites en 1956 et 1957 : « La dérisoire importance qu’on accorde au fait d’user d’un membre autrement que pour pisser et à n’importe quel orifice changé d’usage », « L’homosexualité n’a rien à voir avec l’efféminement. Au contraire, elle résulte d’une virilité si puissante qu’elle ne supporte plus rien qui ne soit d’ordre viril » ou encore « J’estime qu’il n’y a jamais eu que moi comme vrai poète en ce monde »)
L’Âme charnelle, journal 1953-1978 de Guy Dupré

5- Les moments médiatiques
21 janvier 1975 : à la télévision Les Dossiers de l’écran au tour du film de Jean Delannoy Les Amitiés particulières, avec 2 médecins, un prêtre, 4 homosexuels « pas trop folles tordues et sérieux », Roger Peyrefitte, Jean-Louis Bory, Yves Navarre « d’une beauté à faire pâmer les minettes » et André Baudry « chaleureux » et disert, et l’ancien député Paul Mirguet, héraut du fléau social en 1958, qui affirme haut et fort « Il n’y a pas d’homosexuels dans nos villages lorrains »
18 avril 1977, Philippe Bouvard dans « L’huile sur le feu » met face à face Jean-Louis Bory « affligé d’une gestuelle et d’une voix molle » et le Dr Amoroso « psychiatre du paléolithique »
11 juillet 1977, Philippe Bouvard reçoit Elula Perrin et le Dr Amoroso (débat apprécié par Gury)
En mars 1980, le sénateur Joseph Franceschi, député-maire d’Alfortville demande in extremis à André Baudry de rédiger un argumentaire pour son intervention destinée à défendre le point de vue des homosexuels à l’Assemblée nationale, le samedi soir du 29 mars Christian Gury passe aussitôt 4 heures dans les locaux d’Arcadie – un soir de détente – pour rédiger un texte qu’il aura le plaisir de retrouver pour l’essentiel dans le discours du député, avec en particulier ce paragraphe « En quoi l’attentat à la pudeur, surtout commis sans violence, entre deux personnes du même sexe, dont l’une a plus de 15 ans et moins de 18 ans, serait-il sanctionnable alors qu’il ne l’est pas lorsqu’il survient dans les mêmes conditions entre deux partenaires différents ? » ; le samedi 12 avril l’Assemblée nationale s’oppose à la suppression de cet article 331 al.3 « trente pignoufs en séance » note Gury, le président de la commission des Lois se félicité de la sauvegarde des « grandes valeurs de notre civilisation humaine » et en septembre 1983 la journal d’extrême droite Lectures française se souviendra du discours de Joseph Franceschi pour le déstabiliser en tant que secrétaire d’Etat à la Sécurité, titrant : « Le bon exemple ou l’homosexualité au pouvoir , ciblant aussi la secrétaire d’Etat Huguette Bourchardeau interviewée par Gai Pied : « Faites comme Huguette, abonnez-vous ! » et la ministre déléguée Yvette Roudy qui « parle sur le ton d’absolue tendresse » de sa « meilleure amie » le Dr Edith Hakun (dans le Nouvel Observateur du 25 juillet 1981)
En janvier 1982, le journal La Croix fait paraître un article alarmiste installant de la confusion sur le sujet du viol des enfants et l’homosexualité, le responsable de la rédaction du bulletin de David et Jonathan consulte Gury, auteur du livre L’Homosexuel et la Loi, pour argumenter sa réponse
En janvier 1982, au FNAC-Forum table ronde sur L’amour et l’homosexualité avec Jocelyne François, Guy Hocquenghem, Jean-Pierre Joecker, Jacques Girard et Geneviève Pastre (il est question de tout sauf de l’amour homosexuel dit Gury, et Marie-Jo Bonnet brandit son livre Un Choix sans équivoque et se plaint)
15 avril 1982, à la maison de la culture Le Maillon de Strasbourg, un grand débat rassemble 10 intervenants sur le thème Les aspects juridiques et sociaux de l’homosexualité, après la projection du film Word is Out, Gury trouve le film ennuyeux et n’apprécie pas avoir 500 km pour ne parler que 5 mn, aux côtés de Colette Dufour (chercheur sur les couples homosexuels), Guy Ménard (jeune théologien canadien), Jocelyne François et toutes « les officines militantes », Jean-Pierre Joecker, Gérard Ignasse (« que j’avais envoyé promener il y a quelques mois »), un « journaleux local » ayant pris la place d’Odon Vallet, absent, pour animer le débat. Le débat se tient peu de temps après les propos de Mgr Elchinger qualifiant les homosexuels d’« infirmes spirituels », il est vrai que les congressistes de l’IGA (international gay association) interdits de salle paroissiale « n’avait pas eu l’honnêteté de se présenter franchement » écrit Gury, et la manifestation des « nouveaux handicapés » dans la cathédrale de Strasbourg avait conduit Gury à envisager de renoncer à ce voyage à Strasbourg.

6- André Baudry et Arcadie
Baudry est un ancien séminariste, puis professeur de philosophie ; il habite rue Lockroy
Le vendredi soir son Mot du mois du 7 mars 1975 est qualifié de causerie de patronage
En 1958 Arcadie décide d’accueillir les lesbiennes.
En 1973 se tient à Paris le 1er Congrès international d’Arcadie.
En 1976, il lui dit : « Lorsque j’ai lancé Arcadie, j’étais béotien, je ne savais pas ce qu’était réellement le monde homosexuel. Les homophiles, pour qui je me dévoue depuis 25 ans, ne cessent de me décevoir et je ne peux pas le dire. »
Les bals d’Arcadie le samedi soir ferment à 4h du matin
Baudry vit avec Giuseppe Adamo, bon cuisinier (bien utile pour les diners que donne le président d’Arcadie)
« Baudry en grand uniforme de directeur de pèlerinage diocésain, plutôt qu’en général en chef » lors du congrès de 1977
Confidence de Baudry sur les « prélats homophiles » : « Tous mènent une double vie, et sans problème de conscience, sachant faire la part de l’enseignement du Christ et celle des hypocrisies d’Eglise »
Gury lui donne du « M. le directeur »
Baudry pousse Gury à développer son cabinet d’avocat, et ne comprend pas qu’il préfère s’adonner à l’écriture à un moment où les livres se vendent très mal
Pour André du Dognon, en 1977, Baudry a fait « ce que l’abbé Pierre aurait pu faire s’il s’était occupé d’homosexuels plutôt que de sans-abris. » et la revue est « un bulletin paroissial, avec un prêtre de banlieue à sa tête. »
Baudry a dit qu’il n’aurait peut-être pas fondé Arcadie s’il n’avait pas, un jour, débarqué chez André du Dognon, un manuscrit sous le bras.
Du Dognon qualifie Arcadie de « tiers-ordre du tiers-sexe » en janvier 1978, ajoutant à l’intention de Gury « A mon avis, Baudry nous prépare sa retraite. Je vous fiche mon billet. »
Du Dognon brocarde oralement la pièce de théâtre Le Procureur de Baudry « une pièce de Courteline corrigée par Pixérécourt et servie par des comédiens dont le patronage de Vanves lui-même n’aurait pas voulu. », mais il l’encense par écrit dans la revue Arcadie
Jean-Pierre Maurice (Chevaly) de moque un peu de lui : « Nous subodorons les préférences d’André Baudry. De petits poulets de grains, mal nourris, auront toujours le pas que les vieux crocodiles tels que moi, hélas ! Heureusement, la jeunesse est un capital fondant que l’on dépense au jour le jour… » (il est vrai que Gury, bien plus jeune que lui – l’un est de 1921, l’autre de de 1950 -, vient d’être coopté comme collaborateur de la revue)
En 1979 Arcadie commande à l’IFOP un sondage « les résultats sont meilleurs que ce que l’on aurait pu penser » dit Gury et André Baudry décide – avec l’aval de du Dognon et de Ricaumont – que c’est le livre de Frédéric Rey qui doit avoir le prix Arcadie (Gury est « écœuré », préférant Ernesto d’Umberto Saba ou sinon Navarre ou Deschodt)
Gury note qu’il y a pas mal d’« allumés » chez Arcadie (le jour où il y invite un jeune homme qui considère que le Christ est un extraterrestre)
En 1979 Gury intervient au banquet annuel d’Arcadie-Lorraine-Alsace.
Gury se fatigue en 1979 des remarques désagréables qui lui reviennent sur sa prétendue acidité, etc. (comme celles de Jean-Pierre Hubac) ; il écrit « sans l’estime que je porte à Baudry, j’enverrais tout promener ». En juin 1980, Gury se lasse du club, il prend la résolution de « Mettre des distances avec Arcadie, sa vision réductrice du monde et, surtout, le manier de crabes des collaborateurs, méchants, courtisans, jaloux les uns des autres »
Les collaborateurs de la revue Arcadie (décembre 1979) : Bernard E., Jean-Noël Segrestaa, Sinclair, Jean-Claude Vilbert et Christian Gury
4 mai 1980, diner annuel des délégués provinciaux d’Arcadie, Baudry parle de prendre prochainement sa retraite d’Arcadie
Le 18 juillet 1980, Baudry décommande à Gury l’écriture de l’Histoire d’Arcadie « parce que son éditeur lui a réclamé le récit de ses souvenirs et que mon livre risquerait dès lors d’apparaître comme une répétition » ; Gury lui répond trois semaines plus tard « « J’ai arrêté net mon travail érudit sur l’Histoire d’Arcadie ; mieux vaut en effet, directement à la source, vivants et frais, vos… ‘Propos secrets’ »
9 septembre 1980 diner des collaborateurs d’Arcadie chez Baudry, il y a Odon Vallet, Jean-Claude Vilbert, le dominicain Michel Blairac et Claude Herbaut (en charge de la commission du monde professionnel)
15 octobre 1980 soirée poétique avec déclamation de textes de 18 Arcadiens par René Dupré pour les absents et plusieurs autres présents (dont Marc Berthomieu et Francis Lescun), Gilles-Miroir déclame des textes de Gury
En octobre 1980 le délégué pour l’Aquitaine Georges Castets écrit : « ce que je consens à accomplir pour Arcadie… je le fais par respect pour l’action d’un homme qui, dans le temps présent, maintient suspendu le rocher de Sisyphe, beau symbole, échelon d’éternité, de la précarité des conquêtes homosexuelles »
Décembre 1980, Baudry censure le compte-rendu de Gury sur une citation du livre de Tony Duvert (L’enfant au masculin) « insultante envers les Arcadiens » ; et en février 1981 Arcadie refuse la publication de son article « Tristes histoires drôles » qui se fait l’écho de « la vulgarité et de la bêtise incommensurable » qui s’exerce à l’égard d’Arcadie
En mars 1981, Gury représente Arcadie à la MJC de Châteauroux sur « Quelles sexualités ? » aux côtés de Simone Iff, présidente honoraire du MF du Planning familial, Jean-Pierre Joecker directeur de Masques, un journaliste de Gai Pied, « un gynécologue paillard, un sexologue antédiluvien, les psy locaux » devant un public qui dénonce les tabous et l’étouffement généralisé
En octobre 1981 les anciens locaux de la revue Der Kreis, en Suisse, sont encombrés d’archives (dont celles de Georges Portal), les principaux collaborateurs d’Arcadie déclinent la proposition de les récupérer
Lorsque Jean-Claude Vilbert donne sa démission en novembre 1981, Baudry rassure Gury « Depuis 30 ans, ce ne sont que brouilles obscures entre collaborateurs. Il se passe en Arcadie, ni plus ni moins, ce qui se produit au sein de toutes les revues, de toutes les rédactions ! »
Novembre 1981, Baudry reçoit à diner Marc Daniel, le pasteur Gagnebin, le Dr Jarricot (qui conseille dans le Figaro Madame de faire l’amour chaque jour), Roger Peyrefitte, Christian Gury et Gabriel Matzneff (qui est allé directement aux « pages qui l’intéressent » dans son livre l’Homosexuel et la Loi)
Janvier 1982, Baudry lors de ses vœux souhaite que les Arcadiens ne se sentent jamais en paix « tant qu’il y aura, quelque part dans le monde, un homme qui ne peut aimer, penser, vivre comme il le voudrait »
Le 25 avril 1982 Gury est invité au banquet d’Arcadie-Lyon, il se désole de constater que la trentaine de participants ne s’intéressent pas aux droits des homosexuels, sujet dont il est venu leur parler
Le 31 janvier 1982 Baudry sollicite Gury pour prendre sa succession à la tête du mouvement : « Voilà. Comme vous le savez, je vais me retirer. Alors si vous le voulez, le club, le mouvement… », « Je fais non avec la tête » écrit Gury, suscitant la colère de son interlocuteur « Mais enfin ! Vous ignorez ce que j’ai l’intention de vous dire ! Laissez-moi parler ! », « A la rigueur, la revue… » répond Gury, « La revue est déficitaire ! » dit Baudry ; Gury lui demande pourquoi ce n’est pas Marc Daniel, le dauphin désigné, qu’il sollicite et Baudry répond : « Je ne l’ai pas consulté. Son travail aux Archives l’absorbe complètement » puis « J’aviserai, s’agissant du sort de la revue, au dernier moment, avec lui… ». Gury se demande « qui serait assez fou pour postuler à la continuation d’une œuvre aussi personnalisée », il apprend que le bail des locaux du Château-d’Eau expire le 30 juin 1982 et en déduit qu’inévitablement le loyer sera revalorisé compte tenu de l’évolution des prix du foncier dans le quartier, rendant bien difficile à son successeur de maintenir à un niveau abordable le prix des consommations… Gury apprendra plus tard que Baudry aurait aimé devenir éditeur et que la revue, sa propriété personnelle, aurait servi de pivot à cette nouvelle activité. (En 1990, Gury se mettra en tête que si la revue ne lui a pas été confiée c’est parce qu’il les hiérarques d’Arcadie étaient maçons et pas lui).
Le 2 avril 1982, Baudry dit son dernier « Mot du Mois », ses propos laisse comprendre son prochain départ mais il laisse nombre de participants incrédules
16 mai 1982, Baudry avise Marc Daniel, son « dauphin » officiel, de sa décision de retraite et 2 jours plus tard une circulaire annonce aux collaborateurs de la revue Arcadie le baisser de rideau définitif du petit théâtre de la rue du Château d’Eau « le club n’est plus qu’un dancing » et « ceux auxquels la succession fut proposée l’ont tous refusée » ; Gury reçoit les reproches de certains Arcadiens tel Floréal Durand qui le somme « d’expliquer » son refus de prendre la suite de Baudry ajoutant « les choses ne resteront pas en l’état » et annonçant une réunion destinée à créer une nouvelle association, mais Gury « doute de la réussite d’un ramassis d’individus qui passaient leur temps à tout dénigrer sans rien proposer de constructif ». Gury s’amuse dès lors à observer « les animaux malades du pouvoir » « la grenouille » qui veut se faire aussi grosse que le bœuf, « le chanoine honoraire » qui se prendrait volontiers pour un cardinal, « la mouche du coche » qui se figure qu’elle tire les ficelles, les anges déchus de Sodome, les « collaborateurs » dont Baudry s’est séparés qui cherchent à revenir ; une association est créée l’ARAH (Association pour la Réflexion et de l’Action des Homosexuels) – qui deviendra Présence au cours du mois de juin – avec statuts provisoires « La Bande des Treize » raille Gury qu’on invite « téléphoniquement » à venir, au moins en observateur, à une réunion le 18 juin, destinée à tourner la page Baudry, mais « les agités du bocal » écœurent Gury, d’autant que les 9/10èmes des collaborateurs de Baudry approuvent ce sabordage… Baudry lui parle du « quarteron de lieutenants félons… Quel peuple ! ». Présence sombrera dans des « querelles de personnes »
Le 21 juin 1982 Baudry adresse à Gury une belle lettre « Mon très cher ami, Au moment où tout s’achève pour moi, laissez-moi venir vous dire combien vous fûtes précieux, indispensable, unique, en Arcadie. Votre culture, votre compétence, votre sensibilité, votre intelligence, ont illustré ces dernières années notre revue d’un éclat plus brillant que souvent. »
Le 6 juillet 1982 Baudry « lesté de ses soucis » reçoit à diner Gury et Gilles « pour la 1ère fois sans cravate » ; Baudry qui a beaucoup écrit (pièces de théâtre, essais, articles, lettres) apprend à Gury pour sa part il rédige « trois pages à l’heure sans rature »
Le 24 novembre Odon Vallet dit à Gury qu’il est du même avis que lui, Baudry a bien fait de tourner la page Arcadie
26 novembre, Gury apprend par sa bouche que Baudry brûle ses archives et, en les triant, constate que, en fait, il n’avait pas la foi « Comment ai-je pu tenir si longtemps mon bureau des pleurs ? Il y a 25 ans c’était déjà les mêmes jérémiades ! ». Le 8 décembre Baudry prépare ses valises pour l’Italie, départ prévu au printemps. Il donne quelques documents à Gury, mais Gury apprendra que c’est Jacques Valli qui a hérité du fonds intéressant.
Décembre 1982, André du Dognon songe à fonder une Amicale des anciens d’Arcadie…
16 Février 1983, ultime diner chez André Baudry avec Jean-Noël Segrestaa, Robert Dufaut, Mgr Brien et le couple Gury-Gilles, Adamo a servi des « viandes succulentes » mais, en « ce jour des Cendres », l’ancien prédicateur de Carême à Notre-Dame n’a pas « bronché ».
Gury met en vente, dans sa librairie Clair de Plume, les livres que lui a donné Baudry après avoir enlevé les « dédicaces compromettantes » écrites à Baudry pas « des écrivains aujourd’hui respectés »
En décembre 1983, Baudry écrit à Gury de ne révéler à personne son adresse dans le sud de l’Italie « secret de conclave ». Du Dognon lui dira en février 1984 que Baudry cherche un commerce pour Adamo. Gury saura par un courrier de Baudry en février 1990 qu’il réside à Sant Agata parlant da sa « claustration »
Avec le recul Gury écrira en 2013 que la politesse qu’il manifestait en réponse à « la curiosité de commère-pot de chambre de Baudry et plus encore de son compagnon Adamo, l’a souvent « piégé »
Janvier 1986, Baudry « regrette d’avoir consacré toute sa vie d’adulte à la défense des homosexuels » et « son temps perdu », il ajoute « avec toutes ces histoires de sida, je suis parti d’Arcadie, quand il fallait, au bon moment ! », il aime le sud de l’Italie et même la Mafia « qui donne du travail à tout le monde » ; il pousse cependant Gury à croire davantage en qu’il fait : « la foi ça s’entretient ». 3 ans plus tard, il a renoué avec une petite vingtaine d’amis et d’anciens collaborateurs de la revue.
2 février 1987, Baudry écrit à Gury : « Le sida. Hélas, que de morts. J’en apprends de nouvelles sans cesse. ». Il aimerait que Gury passe le voir à Naples.
En mai 1987 et en juillet 1988, Baudry regrette encore que Gury n’ait pas pris sa succession… En février 1990 encore Baudry regrette dans une lettre que Gury ait refusé « la Tiare »
Fin 1988 Baudry se rend en Espagne pour la 1ère fois, il était sur la liste noire pendant la période franquiste lorsque des amis Arcadiens traduisaient et diffusaient des textes arcadiens
En novembre 1990, Baudry de passage à Paris dit à Gury (avec un air de l’englober dans le « nous ») : « Evidemment, si l’épidémie du sida s’était produite en 1982, nous serions restés à la tête d’Arcadie et nous eussions continué » ; et à la suggestion de venir le voir en Italie il se voit répondre par Gury un « Ja-mais !» très explicite ; pour autant Gury, à distance, manifeste sa déférence (ironique, à la façon de Peyrefitte) au dos d’une carte de vœux en janvier 1991 : « Humblement prosterné pour baiser la mirifique Pantoufle et le sacré Pied, je me déclare, de Votre Sainteté, le fils très obéissant »
En juin 1993 Gury découvre encore des choses intéressantes sur la profession de tel ou tel arcadien collaborateur comme lui de la revue, et regrette que les relations aient été aussi cloisonnées entre les personnes, par la faute de Baudry
En novembre 1997, Baudry dit ne plus vouloir revenir dans la capitale « Je souffre trop avec mon seul poumon en fonction et mes coronaires à angine de poitrine, l’âge n’arrange rien et les différences de températures déclenchent des crises aiguës qui me font terriblement souffrir » (seul Nice trouve grâce à ses yeux, c’est là qu’il a rencontré Frédéric Martel)
En 1998, Baudry considère que la IIIème République était plus « courageuse » que la IVème République en ce qui concerne les homosexuels, comparant son attitude à l’égard de Lyautey au désagrément qu’a ressenti Mendès-France en apprenant que le Préfet de Police dont il a accepté la nomination, André-Louis Dubois était homophile ; celui-ci écrivait dans Arcadie sous le nom d’Yves Cerny ; mais Cocteau dira au contraire que Mitterrand à l’Intérieur et Mendès-France comme chef du gouvernement ont effectué cette nomination en connaissance de cause et sans réticence
En 1998, Baudry dit qu’il a regretté de n’avoir pas fondé la maison d’édition qu’il aurait aimé en 1983-1988 à la suite de la disparition d’Arcadie, mais il dit désormais qu’il ne regrette pas de ne pas l’avoir fait afin de se consacrer « au silence, à la méditation, à la contemplation, à la métaphysique d’autrefois », Gury regrette qu’il ne lui ait pas dit plus tôt : « Quel gâchis d’occasions manquées. »
En septembre 1998, Baudry note qu’il a détruit « un nombre considérable de documents (à tort probablement) » en quittant Arcadie, « lorsque j’ai quitté Paris j’étais pris d’une sainte rage et j’ai détruit le maximum », il se propose d’adresser un reliquat des archives à Gury « sinon tout ira au feu » ; Gury recevra un colis d’archives (coupures de presse, autographes d’écrivains donnant leur accord pour participer au congrès de 1979 ou s’excusant, réponses à une enquête publiée dans la revue)
7 novembre 2001 mort d’Adamo, compagnon d’André Baudry, à Naples, d’un cancer du poumon, Gury le qualifie de « cheville ouvrière (d’Arcadie), s’occupant de la matérielle au quotidien du club, maître-queux des agapes de collaborateurs » sans qui « le directeur d‘Arcadie n’aurait pu mener son œuvre à bien »
Avril 2002, Gury interroge Daniel et Baudry sur Julian Jackson qui prétend écrire une histoire d’Arcadie, il a été lui-même membre d’Arcadie en 1978-1980, il a pu longuement interroger Baudry à Naples, alors que celui-ci « jurait ses grands dieux » qu’on ne le prendrait plus à répondre à des questions depuis sa mauvaise expérience avec Frédéric Martel. Et Daniel, un peu « hypocrite », a lui aussi changé son attitude trouvant ce britannique « brave » professeur de l’Université de Swansea. Gury en a déduit qu’il était déchargé de sa mission d’écrire l’histoire d’Arcadie (mission confiée par lettre d’André Baudry le 31 janvier 1992). Bon prince Gury lui précise que parmi les archives que lui a laissé Baudry « il y a 4 ans » figurent seulement l’affiche et le programme du Procureur, pièce d’André Baudry, la collection du bulletin de liaison de la délégation Arcadie-Alsace 1976-1982, des réponses à des enquêtes publiées dans Arcadie et de nombreuses coupures de presse. Il lui indique qu’en 1979, il a rédigé une 1ère mouture de son Histoire d’Arcadie mais que Baudry lui a demandé d’arrêter ses travaux, compte tenu du texte Condition des homosexuels qu’il écrivait lui-même. En janvier 2003 lorsque Jackson revient à la charge, Gury le reçoit de façon bien peu accueillante « je ne détiens aucun document significatif qui ne soit déjà connu… je suis las des rumeurs me présentant depuis 25 ans comme le dépositaire de je ne sais quels trésors et secrets. »
Marc Daniel lui apprend qu’il va revoir Baudry à Naples pour la 1ère fois depuis la fin d’Arcadie, malgré les couleuvres nombreuses que celui-ci lui a faites avaler, croit comprendre Gury qui en a avalé pas mal lui aussi…

7- Relations avec les GLH, le CUARH, Gai Pied, Masques, pasteur Doucé, etc.
A la permanence du GLH-groupe de base, rue Charlot, Gury apprend qu’il y a 3 GLH (groupe de base, Politique et Quotidien, et 16 février, « date de sa sécession ») « Quel luxe !… Parlotes nombrilistes de prétendus gauchistes… Arcadie m’apparaît une force autrement efficace et structurée » (août 1976)
Gury rencontre un militant du GLH « dans les jardins où l’on drague », le « rapport désirant » cède le pas à « une joute intellectuelle de haute tenue, à fleurets mouchetés », en avril 1978
Le « curieux » pasteur Doucé – non invité – se fait refoulé du congrès d’Arcadie à Metz en 1977 (ce que de la Mauvinière apprécie)
Gury voit en Jean-Pierre Joecker et Jean Le Bitoux des gens qui « le bouche en cul de poule nous regardent de haut » lors du Congrès d’Acadie de mai 1979 à Marseille
Gury est mandaté – quinze jours avant – pour intervenir à la 1ère UEH du 26 juillet 1979 à Marseille, « brebis envoyée au milieu des loups, il faut que je me dévoue pour le casse-gueule » écrit-il « ville sombre et sale, où tous les habitants ont l’air de mauvais garçons. La Canebière bruissante, la chaleur insupportable. ». Jacques Fortin lui dit que le GLH de Marseille est qualifié d’« Arcadie de gauche parce qu’il serait plus ouvert et davantage sérieux que les autres. Mais Arcadie n’est pas une association de droite, c’est un mouvement culturel apolitique ! » ; Gury fait un exposé sur « l’histoire et la méthodologie du mouvement homophile de France », « auditoire sage, normalement attentif » mais « questions à la con : pourquoi Arcadie ne défend-elle pas mieux les pédérastes ? » ; Gury parlera à Baudry de « Journée des Dupes à Marseille » ; Dans Le Monde Christian Colombani titre « La fin des vieilles querelles entre les homosexuels français » et contrebalance son article par « L’université d’été aura-t-elle été le lieu d’une réconciliation ? » mettant face à face les devises « Liberté, égalité, homosexualité » et Travail, homosexualité et patrie » ; début août 1979 Paris-Match publie un dossier sur « La vague homo – La France atteinte à son tour » Gury parle de « dossier racoleur et marronnier… amalgame des homosexuels efféminés et prostitués et drogués et travestis réchauffé à l’intention des fidèles lecteurs et mon intervention une fois de plus résumée à ma boutade sur les homophiles de droite ou de gauche… Il y a encore du boulot à faire… » ; Gury note qu’il a retrouvé cette petite phrase dans le journal anglophone Paris Métro sous la plume de Philip Brooks le 9 octobre 1979 ; Laurent Dispot dans Le Matin de Paris voit en Gury la Madelon d’Arcadie ; dans Rouge du 10 août 1979 Jacques Fortin écrit sous le titre « Homosexualités – rendez-vous à moitié manqué à Marseille » : « La venue et l’expression d’Arcadie – le gros mouvement légaliste de France – sont vues par les uns comme une marotte du GLH de Marseille, comme une concession unitariste ou come un changement réciproque (GLH-Arcadie) important pour l’avenir », dans Masques de l’été 1981 Alain Sanzio remarquera « l’université d’été de Marseille fut incontestablement un succès : Arcadie y envoya même un représentant qui fut, signe des temps, écouté » et Vincent Tardieu dans Gai Pied du 9 juillet 1983 écrira : « Malgré leurs divisions – et la présence de Me Gury, d’Acadie, le signifie bruyamment – les groupes gais présents décrètent l’état d’urgence et se dotent d’un instrument national et fédératif qu’ils souhaitent efficace contre la répression. Le CUARH est né. », il évoque la participation de Ch. Gury à la 1ère UEH de 1979 comme une convergence des groupes gais pour décréter « l’état d’urgence » par-delà les divisions. Mais Gury considère que c’est pour lui davantage une « casserole » qu’autre chose.
Gury converse avec le musicologue Philippe Olivier et son ami dans un hôtel des Pyrénées à l’été 1979, sachant fort bien qu’« à Paris, nous nous fuirions ; gauchistes, ils ne jurent que par la Libérette du journal Libération et comptent Jean Le Bitoux, fondateur du Gai Pied parmi leurs proches… »
30 mai 1980 Gury va s’exprimer à Angoulême à l’initiative du GREC (groupe de recherche et d’étude sur le corps) – GLH de la ville sur le thème Aspects de la presse homosexuelle en France » et A la rencontre des homosexualités » en compagnie du délégué d’Arcadie pour l’Aquitaine, Georges Castets, de Gérard Mauduit de la revue Masques et du CUARH, de Yves Charfe et de Georges Andrieux pour Gai Pied ; dans le train du retour il se retrouve avec Yves Charfe qui l’a qualifié de « représentant des homosexuels aseptisés » et lui demande s’il va bientôt prendre les manettes d’Arcadie, ce qui le fait bondir
Le 2 juillet 1980, Gury dine à la librairie-restaurant Les Mots à la Bouche, JP Joecker qui dine avec l’équipe de Masques « écarquille les yeux, comme s’il n’en revenait pas qu’un collaborateur d’Arcadie se risque dans son antre »
Gury apprécie le dossier réalisé dans Gai Pied en décembre 1980 par Hugo Marsan et Jacques Feuillère sur « Hadrien, Jonathan, Roy et les autres : le personnage homosexuel dans le roman » qui cependant classe les individus entre droite et gauche, du point de vue des individus pour les uns et en fonction des masses pour les autres ; Gury rapproche cela de la sommation faite par Breton et Aragon en février 1929 à 73 intellectuels à « se situer » face à Robert Desnos en particulier qui dans De l’érotisme en 1923 considérait « l’érotique comme une science individuelle »
En janvier 1982, Gérard Bach, responsable de la Commission juridique du CUARH, sollicite les suggestions de Gury en vue de présenter au Garde des Sceaux les desiderata des homosexuels devant la Commission e Révision du Code Pénal, il se prend dans la figure une volée de bois vert « J’ai déjà transmis mes suggestions personnelles au mouvement Arcadie, dont je suis un collaborateur fidèle. »
27 mars 1982 lors du Salon du Livre Gury rencontre Jean-Pierre Joecker qui lui dit « Je crois que nous allons bientôt nous retrouver à Strasbourg », mais Gury note que ce n’est pas si sûr car il souhaite « se désengager d’un débat dont les participants ne me semblent pas tous très catholiques » c’est un débat prévu surtout avec des écrivains (dont Navarre qu’il n’apprécie pas beaucoup), mais l’insistance du délégué d’Arcadie-Alsace qui a demandé à Baudry d’intervenir auprès de Gury, aura raison de ses résistances. Puis il répondra positivement à l’invitation de Jean Boyer-Cavaillès, responsable du GLH de Dijon.
Le 21 avril 1982, aux Mots à la Bouche, Gury se fait interpeller par José V. sur « la perte de vitesse d’Arcadie et la cote en baisse d’André Baudry. Pourquoi restez-vous à Arcadie ? Pour que les gays s’entendent il faudrait que Gury et Le Bitoux couchent ensemble ! »
Le 22 avril 1982 Gury est interviewé sur Fréquence Gaie par Sylvain Guillaume dans l’émission Morsures
15 mai 1982 à Chenove, près de Dijon, Jean Boyer, responsable de Diane et Hadrien (GLH marqué par « une harmonieuse cohabitation de membres venus de tous horizons politiques » note Gury), avoue à Gury faire totalement sien ses propos de conférencier tandis que le collaborateur d’Arcadie Pascal Hoeven, l’un des créateurs de Fréquence Gaie, critique le climat régnant entre homosexuels parisiens
Juillet 1982, Masques consacre un article au livre de Christian Gury, celui-ci lui envoie à Jean-Pierre Joecker une lettre de remerciement
Le 29 juillet Geneviève Pastre de Fréquence Gaie et Alain Leroy de la RHIF (rassemblement des homosexualités en IDF) viennent cueillir Gury à la sortie d’un débat à l’Institut catholique, et proposent d’intervenir le soir-même sur Fréquence Gaie, juste après l’adoption de l’article discriminatoire à l’égard des homosexuels, à Fréquence Gaie Pablo Rouy l’accueille mais il se trouve pris – à froid – dans le feu des affrontements entre Hervé Liffran pour le CUARH et Alain Leroi pour la RHIF, afin de répondre aux questions des auditeurs, puis se fait apostropher sur son refus de succéder à Baudry
Le 30 octobre Jean-Pierre Joecker le rencontre aux Mots à la Bouche « J’ai appris que vous aviez refusé de devenir directeur d’Arcadie… Mais c’est un lieu de pouvoir ! », un lieu de pouvoir ! ces gauchistes sont impayables, écrit Gury. Lorsque Joecker adressera ses vœux en janvier 1983, Gury lui réitèrera son « retrait de la scène homosexuelle. »
En août 1983, Gury discute avec Luc Pinhas, critique littéraire à Masques et à Gai Pied, qui vient de quitter Gai Pied en même temps que Jean Le Bitoux (qui refuse la dérive « vers le futile et le pornographique » du journal) ; en décembre 1986 lorsqu’ils se rencontrent à la librairie Clair de Plume, Luc Pinhas et Gury parlent de leur démotivation commune à la suite de la disparition de Masques et d’Arcadie, qui les a déstabilisés l’un et l’autre
Dans Gai Pied du 4 février 1984 le Dr Lejeune de l’association des médecins gais, « pleure devant l’échec du gala au profit de la recherche contre le sida… Absents les ténors, les demi-mondaines et autres starlettes de la gaytitude… », Gury « sourit » il y voit un remake des difficultés à mobiliser qu’il a connu à Arcadie
En mars 1984 il refuse d’envoyer aux éditions Persona Histoire parallèles, « il est hors de question, ancien collaborateur d’Arcadie, que je me rallie à une mouvance politisée… »
En mai 1984, Jean-Marie Combettes, de Masques, sollicite Gury pour défendre Michel Vincineau – auteur d’une étude sur les droits des homosexuels au regard de la jurisprudence de la Cour européenne des Droits de l’Homme – inculpé de « tenue d’une maison de débauche (un sauna) » et emprisonné à Bruxelles. Vincineau a écrit entre autres Le Droit à la débauche et la débauche du droit dans lequel il fait de multiples références au livre de Gury L’Homosexuel et la loi. En janvier 1985, Vincineau demandera à Gury de venir témoigner à son procès, il se rendra à Bruxelles déjeunera avec lui avant le procès, et, après Renaud Camus, il témoignera pour dire que les homosexuels se retrouvent, en France, banalement dans les saunas. Le 29 mai 1985 Vincineau et relaxé, et remercie Gury pour son témoignage. En appel, il est condamné en janvier 1986 à 1 an de prison avec sursis et à une forte amende pour « tenue d’une maison de débauche », Gury considère qu’il s’est mis lui-même dans la gueule du loup en prenant fait et cause pour son compagnon Rudy qui tenait ce sauna, et « qu’il a fait des pieds et des mains pour sa faire inculper aussi ». L’arrêt de la Cour parle d’une « forme de dérèglement de la sexualité par cela seul qu’elle méconnait la finalité de l’existence de deux sexes différents, finalité dont l’abandon généralisé mènerait à l’extinction de l’espèce humaine » elle enfonce le clou en parlant de « la plus haute inconvenance » pour un universitaire de tenir « une maison de rendez-vous ». En mai 1986 la Cour de Cassation belge casse l’arrêt de la Cour de Bruxelles. En mai 1987 la Cour d’appel de Liège relaxe définitivement Vincineau.
Juin 1984, aux Mots à la Bouche, Jean-Pierre Meyer-Genton avec Gury l’échec de Profils le nouveau magazine lancé par Jean Le Bitoux dans l’espoir de déstabiliser Gai Pied… l’entreprise dérisoire de Jean, sa propre culpabilité de se sentir homosexuel, la gaieté seulement d’apparence. Itinéraire de militance banale, ressemblant beaucoup à d’autres et des eaux d’Arcadie (sans que l’on sache si les propos sont de Meyer-Genton ou de Gury).
Août 1984, Gury amusé de voir Pablo Rouy – animateur de Fréquence Gaie et chroniqueur rock de Gai Pied – au 1er étage du BH, brandissant son briquet
Novembre 1984, Gury se réfère à un article d’Olivier Mauraisin sur un livre d’Hervé Guibert « L’écrivain amoureux » (dans Gai Pied en 1982)
28 mars 1984 Gury intervient dans un colloque à l’Institut du droit canonique de l’université de Strasbourg pour les Journées internationales de jurisprudence canonique sur le thème L’homosexuel devant les droits canonique et étatique ; il rechignait du fait de la présence annoncée de Geneviève Pastre ; il est de prime abord rebuté par le public belges et français d’étudiants « activistes et de lesbiennes gauchistes » et par la présence du pasteur Joseph Doucé (qu’il déteste), face au père Valdrini, doyen de la Faculté de théologie de Paris, et à M. Marie, administrateur à la Cour européenne des Droits de l’Homme, il déstabilise avec son franc-parler sur l’homosexualité tout en se prétendant catholique pratiquant tendance traditionnelle, et l’animateur du colloque le qualifie de « personnalité déconcertante » ; l’enseignante belge Eliane Morissens « licenciée pour avoir publiquement parlé de son homosexualité » très écoutée, lui demande son soutien ; Marie-Thérèse Clerc, l’un des témoins du procès contre Mgr Elchinger, vient le voir pour lui dire combien il l’a fait rire, ainsi que Jean le Bitoux et Marco Lemaire, journaliste de Gai Pied (Gury qualifie alors Le Bitoux comme « grand ennemi d’Arcadie, désormais d’ailleurs sans aucune légitimité »). En juillet 1985 dans les actes du colloque de Strasbourg L’Homosexuel dans les sociétés civiles et religieuses figurent l’intervention de Gury, celui-ci envoie des exemplaires au Pr Guyénot, à Dominique Nidas, André du Dognon, Roger Peyrefitte, Joseph Valynseele, Marc Daniel et André Baudry
Mars 1984, Gury considère que Gai Pied n’est plus qu’un magazine pornographique et de petites annonces, avec son chiffre dérisoire de diffusion (7 000 lecteurs) ; il se gausse des 400 membres du CUARH représentant 123 groupes gais
Juin 1985, Gury lit l’article de Jean Le Bitoux dans Gai Pied qui consacre un paragraphe au livre de Gury L’Homosexuel et la Loi, salue le travail de Me Dominique Jourdain qui a défendu les homosexuels face à Mgr Elchinger et celui des juristes de Aides et conclue que « des idées qui sont en droite ligne de la pensée de Michel Foucault » qui irrigue tout cela.
Gury qui n’a pas trop apprécié l’intervention de Michel Foucault lors du congrès d’Arcadie de mai 1979, en a un peu marre que tout soit ainsi rapporté à Foucault « il serait honnête d’avouer, écrit-il en 1985, que le défunt philosophe avait u côté commère et politicien et que, de ce chef, il avait poussé à la roue de la division des homosexuels, les Arcadiens mis au ban et pas disposés à épouser les « idées » du gauchisme pour autant, le sida Raminagrobis profitant de la situation pour tirer à son seul bénéfice de calamité les marrons du feu. »
Le 23 mai 1986, à Apostrophes de Bernard Pivot figurent Guy Hocquenghem et Laurent Dispot, Gury les trouvent brillants
Août 1986, disparition de la revue Masques, discorde entre les associés, Jean-Pierre Joecker retourne dans l’enseignement, ainsi s’achève « une belle aventure de militants » note Gury.
En janvier 1987, Joecker tire devant Gury un « bilan, balancé de réussites et d’échecs », il souhaite « diriger une collection chez un éditeur bien assis » et « reprendre la publication des albums de Masques… à la gloire des grands écrivains homosexuels du siècle », mais il a aussi des « sanglots étranglés » dans la voix lorsqu’il évoque « ce qu’est devenue la scène gaie ». Gury pense aussi que « l’affreuse maladie » fait son chemin. En septembre 1987 Gury avoue avoir rêvé à la création d’une nouvelle « publication de culture homophile »
2 février 1987, Baudry écrit à Gury, il se demande comment Hugo Marsan qu’il a connu à Arcadie, peux écrire dans Gai Pied Hebdo « cette pourriture que les homophiles achètent ». Devant la menace d’interdiction à l’affichage de Gai Pied Hebdo (brandie par le ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua) Gury raille les journalistes qui jouent les « vierges effarouchées », pour lui : « La vraie question (c’est) : faut-il se battre pour défendre un torche-cul, indigne de représenter les homosexuels ? »
Avril 1987, lors d’un passage au sauna Continental Opéra, Gury entend le pasteur Doucé en peignoir qui de sa « voix de paysans » explique qu’il fait des mariages d’homosexuels et qu’il est éditeur
Le 23 octobre 1989 le décès de Marco Lemaire, journaliste à Gai Pied, est annoncé dans Le Monde, avec crémation au Père Lachaise ; Gury se souvient avec tendresse qu’il avait rendu compte du procès Vincineau dans son journal, et de la fois où il l’a vu « avec sa chemise à fleurs et sa boucle à l’oreille, écroulé de rire en m’écoutant délivrer, à la Faculté de droit canonique de Strasbourg, mon iconoclaste communication sur Les Gais et la loi civile »
Le 8 janvier 1990, Gury parle de son « jumeau astral » Didier, proche de Gai Pied, il parle de l’ambiance funèbre qu’il y a au journal à cause du sida.
En juin 1990 Gury est consterné par les propos de Wanda Bannour, amie de François Châtelet, qui qualifie Jean-Pierre Joecker d’« affolé par les mondanité » et Jean-Marie Gombettes de « soutier de la revue », après voir dit que Masques était « important et un lieu d’amitiés ». Elle « couvre de fleurs » Hugo Marsan qui l’a sollicitée pour son Alphonse Daudet, mais Gury lui répond que cet ouvrage n’a « vraiment rien d’un chef d’œuvre »
La mort dramatique du pasteur Doucé annoncée le 1er août 1990 ne lui inspire aucune pitié : « Lui qui ne savait plus quoi inventer pour qu’on parle de lui, il doit être content. Le voilà dans les journaux, à la une et le fait divers de l’été » ; quelques jours après il ajoute : « Le fait divers et malheureux, tragique ; mais l’homme n’est pas intéressant » il parle encore de ses « relances relatives à ses travaux merdiques, son harcèlement pénible »
Le 2 janvier 1992 Le Monde annonce le décès de Jean-Pierre Joecker, Gury note que celui-ci lui avait « montré de la sympathie. Nos relations devenues courtoises, je m’étais néanmoins tenu à l’écart se son équipe d’homosexuels de gauche, les appels du pied dans ma direction restés sans réponse. »
8 janvier 1992 Jacques Girard, l’auteur de l’Histoire du Mouvement homosexuel en France, sollicite « un témoignage détaillé, un entretien ou une mise à disposition de ses archives » par Gury, aux fins d’écrire une Histoire d’Arcadie, ce dernier le trouve « mielleux, la flatterie à la clé » et lui oppose « une fin de non-recevoir absolue » ne supportant pas sa vision politicienne de ce que fut Arcadie. Gury apprendra que Marc Daniel a aussi refusé de lui répondre dans un 1er temps (mais qu’il « trahira ») ; Baudry le félicite d’avoir opposé un tel refus et lui dit que c’est à lui et « à personne d’autre » d’écrire cette histoire, concluant « venez à Sant’Agata vous serez traité en Dauphin ou en Prince de l’Eglise »
Le 6 mai 1995 Gury tombe sur un article de Finkielkraut dans le Monde et le Journal du Sida selon lequel il est réducteur de figer en identité les pratiques sexuelles », un de ces jours on va redécouvrir et ressusciter Arcadie, s’amuse Gury
En mai 1995 Gury découvre que des auteurs font référence à son Les Homosexuels et la Loi, Les Lois de l’amour de Janine Mossuz-Lavau et une communication de Daniel Borrillo (diffusée par les Cahiers Gay Kitsch Camp)
Olivier Jablonski contacte Gury en 1997, pour essayer d’avoir des infos sur les critiques de films dans la revue Arcadie, Gury le renvoie à Sinclair critique des films dans la revue
En mai 1997 Gury ne regrette pas que 95% des archives d’Arcadie aient été détruites devant « le toupet de certains militants gauchistes nous sommant de fournir des renseignements sur la vie d’Arcadie »
Gury n’apprécie pas l’article de Christopher Miles dans la Revue H (dirigée par Jean Le Bitoux) sur Arcadie « Splendeurs et misères » dans lequel Baudry et Daniel en prend pour leur grade tandis que Guérin, d’Eaubonne et Pierre Hahn sont félicités, Jean-Noël Segrestaa et Fontanié sont épargnés, Gury est loué pour ses articles de réflexion
En mai 1998, Hugo Marsan, dans Ex-aequo, rend compte des biographies de Cocteau par Henry Gidel et de Colette par Jean Chalon, il est élogieux à l’égard du Lyautey-Charlus de Christian Gury mais pas complètement le trouvant un peu confus et touffu, ce qui l’agace quelque peu, il y voit un tic chez lui qui avait déjà faite le même reproche au Montherlant sans masques de Pierre Sipriot
29 mai 1998, l’émission télévisée Mémoires Gay présente des témoignages d’homosexuels et de lesbiennes né-es avant la dernière guerre, avec Geneviève Pastre et Thérèse Clerc « l’éternel casting de Jean Le Bitoux » note Gury, mais « heureusement » des « images d’archives d’André Baudry d’il y a vingt ans, très télégénique » et une déposition de Jean-Noël Segrestaa qui « parle avec délicatesse de la chère et défunte association Arcadie », Gury par de « préhistoire… qui n’a rien à voir avec mon itinéraire personnel »
En février 2000, David Lelait journaliste à Illico le sollicite pour un « portrait », Gury décline la proposition, il ne souhaite pas trouver sa signature dans un journal qui fait de la publicité « pour les bordels et les messageries bleues »
En avril 2000 Gury décline une invitation à s’exprimer sur l’homophobie aux côtés de Daniel Borillo et d’un représentant de SOS Homophobie, il ne veut pas être « réactivé, voire récupéré, en souvenir du beau temps d’Arcadie »
Le 24 juin 2000, Gury ne se rend pas davantage à la Gay Pride que les autres années, il se dit « totalement largué » face aux 70% des 15-34 ans qui souhaitent le mariage homosexuel ou l’adoption d’enfants par les couples gais et plébiscitent la Gay Pride
Le 11 novembre 2001, Gury dîne avec Michel Carassou, auteur de Paris Gay 1925, avec le journaliste de Gai Pied Gilles Barbedette et auteur d’une biographie de Crevel, ils parlent de 2 personnes qu’ils ont l’un et l’autre connues, André du Dognon et Jean-Pierre Joecker
En mars 2002, Gury converse avec André L., ex-secrétaire d’Alain Danielou, ils remarquent « la solitude des homosexuels en général et des anciens Arcadiens en particulier… qui ne se reconnaissent pas dans l’artificielle image « gay » que véhiculent les médias de bourrage de crâne d’aujourd’hui : Gay Pride, pacs, bonnes sœurs travelos, homoparentalités ou commerces du quartier du Marais »
3 février 2003 mort de Gérard Bach-Ignasse, Gury se souvient qu’il l’avait mentionné dans son 1er livre et qu’ils s’étaient retrouvés par surprise sur la même estrade à Strasbourg ; il se rappelle aussi d’avoir entendu parlé de son Comité des Bisexuels du Nord-Ouest parisien (Cobinop) ; il note « il avait un an de moins que moi »
18 octobre 2003 Gury assiste à une table-ronde de C’est la faute à Rousseau, Patrick Dubuis parle de la revue Inverses qui a voulu prendre la succession de Inversions, Arcadie et de Masques, Vincent Simonet intervient, Hervé Chevaux démolit longuement le Dictionnaire des cutures gaies et lesbiennes dirigé par Didier Eribon, – auquel il a pourtant collaboré – « quelque chose de people, son petit réseau d’amis, c’est tant de feuillets c’est comme ça » dit Chevaux et dit beaucoup de bien du Dictionnaire de l’Homophobie dirigé par Louis-Georges Tin auquel il a également collaboré

8- Grands événements arcadiens
Congrès du 22-24 avril 1977 à Metz (« congrès réussi »)
16 octobre 1977les jeunes du MRG adopte une résolution en faveur de la dépénalisation de l’homosexualité lors de leur Congrès, de bon augure pour le congrès du MRG à la Rochelle
11 novembre 1977, repas des délégués régionaux d’Arcadie et de quelques collaborateurs de la revue (dont Marc Daniel, Robert Dufaut, Jean-Pierre Maurice (Maurice Chevaly) et André du Dognon)
13 novembre 1977, banquet annuel des adhérents (salle Lancry) 300 couverts avec à la table d’honneur Christian Gury, Jean-Pierre Maurice (Maurice Chevaly) et Jérôme Bernay « le premier détestant le second parce qu’il méprise ses Nouvelles de France, chronique populiste la plus lue de la revue » (reflets des courriers des lecteurs) ; Baudry y fait l’éloge des « jeunes qui prendront la relève » (Jérôme Bernay, Jean-Pierre Hubac et Christian Gury) provoquant une certaine zizanie entre ces éventuels dauphins
Janvier 1978 : Ch Gury se sent intégré à Arcadie grâce à une conférence qu’il fait sur son texte L’Académie de Sodome (étude savante sur les grands personnages homosexuels) le 1er janvier, il prend désormais de l’intérêt aux activités du club ; le 10 janvier il est invité à diner chez André Baudry avec plusieurs « grands » (Marc Daniel, André-Claude Desmon, Jacques Valli, Robert Dufaut, Pierre-Marc Adret (Jean-Pierre Hubac), à l’instigation d’André-Claude Desmon (inspecteur général de l’Education nationale, membre du cabinet du ministre) il décident d’un grand sondage d’opinion, afin de préparer le colloque de leur 25ème anniversaire
Avril 1978, banquet d’une cinquantaine d’Arcadiens « heureux » dans un restaurant de Rennes ; Gury y fait un discours au pied levé, à la lace de Jacques Valli ; il y rencontre une lesbienne grand-mère, mère de 2 homosexuels, l’un postier à Paris, l’autre agriculteur
25ème congrès d’Arcadie en mai 1979 à Marseille autour du thème « Le Regard des Autres », Gury rédige un résumé « Le Congrès au fil des jours », Baudry fait son discours « Quel chemin parcouru depuis 25 ans… Aujourd’hui le ghetto c’est fini. Nous nous sommes réunis en Congrès pour espérer encore et toujours davantage. », interventions de Paul Veyne (sur l’antiquité gréco-romaine), de Michel Foucault (qui souhaite affranchir le plaisir de la loi : « car le plaisir est sans passeport » ; Gury le jugera avec le recul, en 1994, « réticent ou fatigué, regrettant d’avoir à s’exprimer à l’occasion d’un congrès du mouvement homophile de France, gêné de surcroît sous le regard de surveillants des observateurs gauchistes, Jean Le Bitoux et Cie vigilants »), de Jacques Valli (l’homophilie sous le regard des sciences humaines », d’Odette Thibault (la biologie n’a rien à dire sur l’homosexualité), le Dr Tordjman (réduire l’humain à sa relation sexuée relève de l’absurde), le Dr Pierre Simon (auteur du Rapport sur le comportement sexuel des Français, refusant de séparer l’homosexualité de la sexualité en général), le Pr Klotz (qui souhaite rassurer les homosexuels sur leur normalité), le Pr Serviado (de la Sté italienne de Psychanalyse qui considère l’homosexualité comme un simple aspect de la personnalité), le Pr Corraze (sur la diversité des individus homosexuels), le sénateur hollandais Brongersma (le droit fut souvent une science inhumaine), le Pr Deprun (la permanence et l’universalité du fait homophile), le Pr Jacquart (qui note la constante homosexuelle), Robert Merle (« drôle et brillant » sur le Procès d’Oscar Wilde) et une table-ronde animée par Marc Daniel avec Yves Navarre (il n’existe pas d’écriture homosexuelle), le cinéaste Dominique Delouche, André du Dognon (sur l’image homophile dans le théâtre), Georges-Michel Sarotte (toute la littérature américaine se révèle homosexuelle), Dominique Fernandez (de l’homosexualité larvée à l’homosexualité avouée), Geneviève Pastre (le lesbianisme est inséparable du féminisme), Elula Perrin (il n’y a pas de cinéma homosexuel féminin digne de ce nom), Gabriel Matzneff (on doit écrire son amour que l’objet soit un homme, un jeune garçon, une fillette), Pierre Jeancard (qui estime qu’il n’écrit pas un livre homosexuel lorsqu’il parle de l’homosexualité paysanne ou de la formation de l’adolescent), Conrad Detrez (l’homosexualité apparaît aussi suspecte à droite qu’à gauche) ; le colloque se conclut en chanson avec Daniel Roux et le Groupe Arcadie, des délégations étrangères (11 pays d’Europe, USA, Canada, Israël et Roumanie), une conférence de Jean-Paul Aron sur les procès de mœurs du XIXème siècle (mépris, violence, obsession judiciaire) et la proclamation du prix Arcadie du meilleur roman homophile (à La vie téméraire de Frédéric Rey) ; le sénateur Caillavet préside le repas de clôture et Roger Peyrefitte prononce un discours drôle sur la culture
Banquet des délégations de Lorraine et d’Alsace le 28 octobre 1979 (« un réseau d’amis »)
6 septembre 1980, André Baudry est reçu sur France-Culture par Jean de Beer et Francis Crémieux, en même temps que Maria Lago auteur de La Femme homosexuelle, Baudry y dit qu’en « 28 ans d’existence, Arcadie a vu passer en son sein 600 000 homophiles », Gury note que c’est « un super Mot du Mois à destination d’un large public »
Octobre 1980 André Baudry rapporte que l’évêque d’un petit diocèse champenois a convoqué le maître de chant de la chorale de la cathédrale, dont il a appris l’homophile, en lui indiquant la porte de son palais : « Je vous somme, Monsieur, de quitter MA ville ! »
1er-2 novembre 1980 journée d’Arcadie au Palais des Congrès sur Les droits de la personne humaine ; dans cette perspective Arcadie a préparé une Déclaration des Droits de l’Homme et de la Femme en matière sexuelle ; s’y expriment Me Robert Badinter « pessimiste par raison » sur Justice et Homosexualité qui parcourt l’Empire romain, le Code de Justinien, les « Etablissements » de Saint-Louis, rappelle qu’en 1584 le recteur de l’Université de Paris a été convaincu de sodomie et brûlé sur le bûcher, s’inquiète qu’on ait pu brûler 12 000 individus pour sorcellerie depuis le Moyen-Age pour s’apercevoir enfin que la sorcellerie n’existait pas, note que pendant les 40 dernières années de l’Ancien Régime on n’a sanctionné de la peine capitale que les homosexuels coupables par ailleurs d’autres méfaits, souligne que le fichage de Carlier sous le Second Empire a listé 6 342 pédérastes parisiens pour « accouplement social monstrueux » et indique qu’il y a aujourd’hui 200 à 300 condamnations annuelles e une loi qui est dirigée directement contre les mineurs ; ni Françoise Gaspard, ni Me Jean-Denis Bredin n’ont pu être présents mais expriment leur sympathie ; Daniel Mayer, de la FIDH, stigmatise le dernier vote su Sénat « discrimination inadmissible », le président d’Amnesty pour la France souligne que son organisation n’a pas de position sur l’homosexualité mais qu’après un long débat en 1979 le conseil international a décidé de considérer comme prisonnier d’opinion une personne incarcérée pour avoir défendu le principe de liberté homosexuelle (et la section luxembourgeoise a été chargé d’une étude de 3 ans sur cette question) ; le représentant de la CFDT dit que son syndicat n’a pas à prendre parti sur ce sujet mais qu’accepter les différences est une condition fondamentale d’une vie sociale harmonieuse, il ajoute « Nous sommes en train de découvrir la réalité de l’homosexualité » ; le pasteur Dumas considère que les droits ont un caractère immanent ; le Dr Stern donne un témoignage horrifié sur le Goulag : « J’ai vu, dans le camp n°12, près de Karkov, où j’étais enfermé, 350 homophiles vivant à part, séparé des autres condamnés à la cantine et par une cloison, tout le monde ayant le droit de les frapper impunément » ; Lucien Trong explique qu’il a enduré 3 ans et demi de camp de rééducation au Vietnam, il serait mort s’il n’y avait pas rencontré un garçon qui l’a soutenu ; lors du banquet de conclusion en présence du député du 04 François Massot et de Roger Peyrefitte, Baudry retrace l’action du mouvement, s’agace du recours pour usurpation devant la Cour Européenne contre le nom de l’association (qu’ils « ont mis 28 ans à découvrir »), François Massot indique qu’un de ses 1ers actes de parlementaire a été de signer la proposition de loi de Michel Crépeau sur la dépénalisation mais s’est heurté à Jean Foyer président de la commission des lois, et Roger Peyrefitte fait quelques bons mots

9- Les descriptions vaches :
Dans Propos secrets I, Peyrefitte ne craint pas de déblatérer sur ses congénères : « Un groupe de vielles folles titrées et tortillant du croupion, qui profitaient de la circonstance pour attirer des minets, de jeunes provinciaux ou des écrivailleurs ayant un roman à placer… »
Dans Biographie, Yves Navarre s’en donne à cœur joie : « Aux réunions, chez, lui un marquis surnommé la « Sauve-qui-peut », un directeur de cabinet de ministre surnommé « Béant du derrière », lequel ministre a pour surnom « Pompe-le-Mousse ». Il y a aussi la « Folle du Jarret » et quelques autres momies, un prince qui attend le droit de porter son titre… et tout un petit monde de jeunes gens en quête de cravates de chez Charvet, comme dans Proust. Chez Racole-Boches », homme poudré, souriant, exquis, pointilleux, Yves rencontre Carlo Coccioli dont il a lu le roman Fabrizio Lupo et Marcel Jouhandeau. »
Gury s’adresse à Frédéric Rey en 1979 : Vous vous souvenez de de dîner, qui réunissait, chez le directeur d’Arcadie, il y a quelques mois, une tablée d’écrivains, dont vous étiez. Il y avait là : Roger Peyrefitte, très Gloria Swanson de Sodome ; Yves Navarre, en prince de la Neurasthénie ; Gabriel Matzneff, lévrier racé, grand style Romanov ; notre cher André du Dognon, alias Mme Pipelet ; Adamo me faisait remarquer « ils parlent tous, ils s’écoutent parler. Il n’y a que Frédéric Rey dans le lot, qui paraît posé, les pieds sur terre » (l’attribuant au fait qu’il est le seul à avoir un métier principal, enseignant, qui l’oblige à se colleter au réel)