Homosexualité dans le music hall et la chanson

Source : Wikipédia

Jean Sablon (25 mars 1906 à Nogent-sur-Marne24 février 1994 à Cannes-la-Bocca)

Chanteur français des années 1930. Il interprète, entre autres, des compositions de Mireille. Il se produisit, notamment, à l’Olympia. Il fut le premier chanteur français à se produire sur scène avec un microphone, en 1935.

Fils du compositeur Charles Sablon, ses frères André Sablon et Marcel, et sa sœur Germaine Sablon firent également carrière dans le monde musical et théâtral. Jean Sablon étudia au lycée Charlemagne à Paris qu’il quitta afin d’entrer au Conservatoire de Paris. Il y arriva cependant trop tard pour s’y inscrire[réf. nécessaire]. Jean Sablon voulant alors concentrer ses efforts sur sa carrière de chanteur, commença, à l’âge de 17 ans, dans des opérettes à Paris. Par la suite, il fut accompagné par la pianiste-compositrice Mireille pour son premier album dont la chanson Couchés dans le foin fut un succès. En 1931, il fit équipe au Casino de Paris avec Mistinguett. Dès 1928, il séjourna au Brésil où ses enregistrements restent encore aujourd’hui populaires.

En 1937, il remporta le grand prix du disque pour la chanson « Vous qui passez sans me voir », écrite à son intention par Charles Trenet, Johnny Hess et Paul Misraki. La même année, il alla aux États-Unis chanter pour la radio NBC et fit plusieurs enregistrements en anglais. À Broadway, il travailla avec des célébrités telles que Cole Porter et George Gershwin. Il revint à Paris pour se produire à l’ABC en 1939 et retourna en Amérique où il habitait depuis 1937. Au cours de ce séjour américain, il se rendit à Montréal et fit la rencontre de la Bolduc, dont le turlutage et les chansons truculentes l’impressionnèrent fortement. Il fit découvrir la Bolduc à Charles Trenet qui fut séduit à son tour et évoquera l’artiste québécoise dans la chanson Dans les rues de Québec où il tente de turluter.

Jean Sablon est devenu l’un des chanteurs français masculins les plus applaudis; de par sa popularité tout au long de sa carrière, il est classé juste après Maurice Chevalier. Ses disques se sont vendus par millions à travers le monde et on a souvent dit [Qui ?] qu’il était l’équivalent en France de Bing Crosby aux États-Unis. Au cours de sa carrière, il enregistra en compagnie de grands musiciens, notamment Django Reinhardt avec lequel il fut le premier chanteur à avoir enregistré, et Stéphane Grappelli. Comptant parmi les premiers interprètes de Francis Lemarque, il a également été auteur lyrique et compositeur. Il fut aussi le premier chanteur français à utiliser un micro, ce qui fit qu’on le surnomma « le chanteur sans voix ».

Jean Sablon a fait quelques apparitions au cinéma et dans de multiples émissions télévisées à travers le monde. Il faillit être choisi, entre autres, à la place de Georges Guétary pour le film Un Américain à Paris. Son dernier passage à New York (au Lincoln Center) date de 1981. En 1982, il effectua ses adieux à Paris (au Pavillon Gabriel) et à Rio de Janeiro (au Copacabana Palace).

Mort en 1994, Jean Sablon repose au cimetière du Montparnasse à Paris avec les siens et aux côtés de son fidèle secrétaire et ami Carl Galm. Sa voix demeure cependant présente par de nombreux CD et au sein de films récents, notamment français ou américains.

 

Reda Caire (de son vrai nom Joseph Gandhour), né au Caire, en Égypte, le 4 février 1905 et mort le 9 septembre 1963 à Clermont-Ferrand, est un chanteur populaire des années 1930.

Bien né, il était le fils de Bey Gandhour, haut fonctionnaire du gouvernement égyptien et d’une héritière de la noblesse belge (sa mère appartenait en effet à la famille des Berner-Renoz de Walden, une des familles les plus anciennes de la noblesse belge).

Son nom de scène est largement inspiré de ses origines égyptiennes (Reda, prénom égyptien, et Caire du nom de sa ville de naissance – Le Caire). Il débute à Lyon dans une troupe d’opérette à 20 ans, puis en fait son métier en 1928. En 1934, après être « monté » à Paris, il enregistre Je voudrais un petit bateau (A. PareraRobert Valaire) et Les Beaux Dimanches de printemps (J. Laurent, G. Gabaroche). Ces deux succès le consacrent roi du music-hall, aux côtés de Maurice Chevalier, qu’il surpassait, paraît-il, en popularité. Il restera populaire jusqu’à la fin des années 1950.

Reda Caire, tout au long de sa carrière, n’abandonna jamais le monde de l’opérette qui l’avait vu débuter. Il fut un Prince Danilo éblouissant dans La Veuve joyeuse, se consacra à un répertoire moderne et de qualité et créa, à Paris, peu avant la Seconde Guerre mondiale, Balalaïka. À la déclaration de guerre, l’Odéon de Marseille (haut-lieu des années auparavant des opérettes dites marseillaises de Henri Alibert, René Sarvil et Vincent Scotto) le vit créer, aux côtés de Pierre Larquey et de Milly Mathis, Destination inconnue, une œuvre d’un de ses auteurs fétiches, Gaston Gabaroche.

Il meurt à l’âge de 58 ans d’un arrêt cardiaque, le 9 septembre 1963 à Clermont-Ferrand. Il avait quelques mois auparavant donné un ultime récital au théâtre du Gymnase à Marseille, en 1962. Il est enterré dans le village de Saint-Zacharie, au cours d’obsèques auxquelles assistera entre autres son ami Fernandel. Il verra ensuite son nom donné à la place principale du village (square Reda-Caire).

Filmographie

Théâtre

Citation

  • « Je me souviens que Reda Caire est passé en attraction au cinéma de la porte de Saint-Cloud », Georges Perec,

Suzy Solidor

Naissance 18 décembre 1900
Saint-Servan-sur-Mer
Décès 30 mars 1983 (à 82 ans)
Cagnes-sur-Mer
Genre musical Chanson

Suzy Solidor, de son vrai nom Suzanne Louise Marie Marion, est une chanteuse, actrice et romancière française, née le 18 décembre 1900 à Saint-Servan-sur-Mer et morte le 30 mars 1983 à Cagnes-sur-Mer.

Figure emblématique des années 1930, symbole de la garçonne des « Années folles », elle a contribué à populariser auprès du grand public le milieu homosexuel parisien, célébrant dans plusieurs de ces chansons les amours lesbiennes (Ouvre, Obsession, etc.).

Biographie

Suzy Solidor nait de père inconnu à Saint-Servan-sur-Mer (commune aujourd’hui rattachée à Saint-Malo) dans le quartier de la Pie. Sa mère, Louise Marie Adeline Marion, âgée de près de trente ans, est alors domestique de Robert Henri Surcouf, avocat, député de Saint-Malo et armateur, descendant de la famille du célèbre corsaire (selon Suzy Solidor, celui-ci serait son véritable père).

Pour échapper à sa condition de fille-mère, Louise Marion épouse le 10 septembre 1907 Eugène Prudent Rocher qui reconnaît la petite Suzanne, alors âgée de sept ans. Celle-ci prend dès lors le nom de Suzanne Rocher. La famille s’installe dans le quartier de Solidor à Saint-Servan, qui inspirera plus tard son nom de scène à Suzy.

Une « garçonne »

Elle apprend à conduire en 1916 et passe son permis l’année suivante, ce qui à l’époque était exceptionnel pour une femme. Peu avant l’armistice de 1918, promue chauffeur des états-majors, elle conduit des ambulances sur le front de l’Oise, puis de l’Aisne1,2.

Après la guerre, elle s’installe à Paris. C’est à cette époque qu’elle rencontre Yvonne de Bremond d’Ars, qui sera sa compagne pendant onze ans et avec laquelle elle s’initie au métier d’antiquaire[réf. nécessaire]. Après leur séparation en 1931, Suzy Solidor a plusieurs liaisons, dont une avec l’aviateur Jean Mermoz2.

Elle se tourne vers la chanson en 1929, et prendra peu après le pseudonyme sous lequel elle est connue. Sa voix grave, quasi masculine (« une voix qui part du sexe » selon Jean Cocteau3), son physique androgyne, ses cheveux blonds et sa frange au carré marquent les esprits. Icône de la chanson « maritime », elle se produit en 1933 avec succès à L’Européen puis ouvre rue Sainte-Anne « La Vie parisienne », un cabaret « chic et cher », lieu de rencontres homosexuelles, où chante entre autres le jeune Charles Trenet.

Sa réputation lui vaut d’apparaître en 1936 dans l’adaptation cinématographique du roman sulfureux de Victor Margueritte, La Garçonne. Elle devient parallèlement l’égérie des photographes des magazines de mode et des peintres, sa silhouette sculpturale inspirant plus de 200 d’entre eux4, parmi lesquels Raoul Dufy, Maurice de Vlaminck, Francis Picabia, Man Ray, Jean-Gabriel Domergue, Jean Dominique Van Caulaert, Kees van Dongen, Arthur Greuell, Foujita, Marie Laurencin, Francis Bacon et Jean Cocteau. Son portrait le plus célèbre est réalisé par Tamara de Lempicka en 1933.

L’Occupation

Durant l’Occupation, son établissement est fréquenté par de nombreux officiers allemands. Suzy Solidor ajoute à son répertoire une adaptation française de Lili Marleen, une chanson allemande adoptée par les soldats de la Wehrmacht (avant de l’être par les armées alliées) qu’elle interprète de façon régulière à la radio. Ses activités (selon André Halimi, « elle mériterait un brevet d’endurance pour l’inlassable activité qu’elle mena pendant l’Occupation, car elle passe d’un cabaret à l’autre, d’une radio à l’autre, d’un music-hall à l’autre »5) lui valent d’être traduite à la Libération devant la commission d’épuration des milieux artistiques, qui lui inflige un simple blâme mais lui impose une interdiction provisoire d’exercer. Elle cède alors la direction du cabaret à la chanteuse Colette Mars, qui y avait fait ses débuts, et part pour les États-Unis.

L’Après-guerre

De retour à Paris, elle ouvre en février 1954 le cabaret « Chez Suzy Solidor », rue Balzac (près des Champs-Élysées) qu’elle dirige jusqu’au début 1960 avant de se retirer sur la Côte d’Azur. Elle s’installe à Cagnes-sur-Mer où elle inaugure la même année un nouveau cabaret, « Chez Suzy », décoré de 225 de ses portraits. Elle s’y produit jusqu’en 1966 avant de prendre la direction d’un magasin d’antiquités, place du château de Haut-de-Cagnes.

En 1973, elle offre à la ville de Cagnes-sur-Mer une quarantaine de ses portraits, qui figurent aujourd’hui parmi les œuvres remarquables du musée de la ville (musée-château Grimaldi)6. Elle meurt le 30 mars 1983 et est enterrée à Cagnes.

Répertoire

  • Dans un port (Suzy Solidor)
  • C’est à Hambourg
  • Je t’espère
  • La Fille des bars
  • Ohé capitaine
  • La Brume sur le quai
  • Le Matelot de Bordeaux
  • Une fille dans chaque port
  • Le Bateau espagnol (Léo Ferré)
  • Tout comme un homme
  • Comme une feuille au vent
  • Obsession (Chaque femme, je la veux), 1933
  • La Belle Croisière, 1934
  • Une femme, 1934
  • Ouvre, 1934 (Edmond Haraucourt – Laurent-Rualten)
  • La Maison des marins, 1934
  • Les Filles de Saint-Malo, 1934
  • La Fille des bars, 1934
  • La Belle Escale, 1935
  • Le Doux Caboulot, 1935
  • Si l’on gardait, 1935
  • La Belle d’Ouessant, 1935
  • Mon légionnaire, 1936
  • Sous tes doigts, 1936
  • La Tonnelle des amoureux, 1936
  • Hawaï nous appelle, 1936
  • La Java du clair de lune, 1936
  • La Chanson de la belle pirate, 1936
  • Nuit tropicale, 1937
  • Mon secret, 1938
  • Johnny Palmer, 1938
  • Si j’étais une cigarette, 1938
  • Escale, 1938
  • La danseuse est créole, 1938 (Jacques PlanteLouiguy)
  • On danse sur le port, 1939
  • J’écrirai, 1939 (Suzy Solidor)
  • Mon cœur est triste sans amour, 1940
  • Je ne veux qu’une nuit, 1941
  • Lily Marlène, 1942
  • La Jolie Julie, 1942
  • À quoi songes-tu ?, 1943
  • Le Soldat de marine, 1943
  • Trois lettres de toi, 1943
  • Le Petit Rat, 1947
  • Un air d’accordéon, 1947
  • Un refrain chantait, 1947
  • Amours banales, 1947
  • L’amour commande, 1948
  • Saïgon, 1948
  • Congo, 1948
  • Nature boy, 1948
  • L’Inconnue de Londres, 1948 (Léo Ferré)
  • Soir de septembre, 1948
  • J’aime l’accordéon, 1949
  • Casablanca, 1949
  • Valsez, Laurence, 1950
  • La Foule, 1951
  • Brasileira, 1951
  • Judas, 1952
  • La Brume, 1952
  • Danse de la corde, 1952
  • La Dame qui chante, 1952
  • Si le Rhône rencontrait la Seine, 1952
  • Amor y mas amor, 1952

Romans

  • Térésine, éditions de France, Paris, 1939 (220 p.)
  • Fil d’or, éditions de France, Paris, 1940 (217 p.) – roman dédié « à ceux du large et à ceux du bled, à tous ceux des avant-postes, à ceux qui tiennent les portes de l’Empire… »
  • Le Fortuné de l’Amphitrite, éditions de France, Paris, 1941 (213 p.)
  • La vie commence au large, éditions du Sablon, Bruxelles-Paris, 1944 (242 p.)

Théâtre

Filmographie

Notes et références

  1. Jean Forget, Louis Libert, Édouard Menguy, Un demi-siècle à Saint-Servan, Dinard, Danclau, 1998.
  2. a et b Alain Gallet, Suzy Solidor, un étrange destin, documentaire.
  3. Cité in Pascal Sevran, Dictionnaire de la chanson française, Carrère, Paris, 1986.
  4. Suzy Solidor et ses portraitistes : Deux cents peintres, un modèle, éd. La Nef de Paris, Paris, 1940. Le « modèle » est évidemment Suzy Solidor.
  5. André Halimi, Chantons sous l’Occupation, L’Harmattan, 2003, p. 101.
  6. Galerie de portraits [archive].

Bibliographie

  • Véronique Mortaigne, « Solidor, furieux baisers », Le Monde no 19552 du mardi 4 décembre 2007
  • Marie-Hélène Carbonel, Suzy Solidor : Une vie d’amours, coll. Temps mémoire, éd. Autres Temps, 2007 (ISBN 284521295X)
  • Didier Eribon (dir.), Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes, Larousse, 2003.

Discographie

  • Martin Pénet (éd.),Chansons interlopes, 1906-1966, Labelchanson, 2006 (2CD)
  • Martin Pénet (éd.), Suzy Solidor au cabaret, enregistrements rares et inédits (1933-1963), Labelchanson, 2007

Documentaire

  • Alain Gallet, Suzy Solidor, un étrange destin, documentaire de 52 minutes, Aligal Production et France 3 Ouest (DVD).

 

Jean Lorrain

Activités Écrivain
Naissance 9 août 1855
Fécamp
Décès 30 juin 1906
Paris
Langue d’écriture Français
Mouvement Parnasse, décadentisme

Œuvres principales

Signature

Paul Alexandre Martin Duval, dit Jean Lorrain, est un écrivain français à très forte tendance parnassienne, né à Fécamp le 9 août 1855 et mort à Paris le 30 juin 1906.

Jean Lorrain a été l’un des écrivains scandaleux de la Belle Époque, au même titre que Rachilde, Hugues Rebell et Fabrice Delphi. Ses œuvres peuvent être rapprochées de la littérature fin de siècle.

Biographie

Fils d’Amable Duval, armateur, et de sa femme née Pauline Mulat, Paul Duval fait ses études au Lycée du Prince impérial à Vanves (18641869) puis comme interne chez les dominicains d’Arcueil au collège Albert-le-Grand (1869). C’est alors qu’il compose ses premiers vers.

En 1873, il rencontre Judith Gautier lors de vacances à Fécamp : elle s’intéressera assez peu à lui, mais le subjuguera littéralement. En 1875, il est volontaire au 12e hussards, à Saint-Germain-en-Laye et à Rocquencourt. Il commence des études de droit à Paris en 1876, mais les abandonne en 1878 et commence à fréquenter les salles de rédaction et les cafés, ainsi que la bohème qui gravite autour de Rodolphe Salis et du cabaret du Chat noir, où il rencontre les Hydropathes et les Zutistes, Jean Moréas, Maurice Rollinat, Jean Richepin, Émile Goudeau, et alii. En 1880, il éprouve ses premières crises de spasmophilie cardiaque et s’installe définitivement à Paris, logeant dans des meublés à Montmartre.

En 1882, il publie à compte d’auteur chez l’éditeur Lemerre son premier recueil de poèmes, Le Sang des dieux et collabore à des revues comme Le Chat noir ou Le Décadent. En 1883, il publie un nouveau recueil de poésies, La Forêt bleue, et fréquente le salon de Charles Buet, où il rencontre Jules Barbey d’Aurevilly, Joris-Karl Huysmans, François Coppée, Léon Bloy, Laurent Tailhade

En 1884, il commence à collaborer au Courrier français dans lequel il publie une série de portraits dont l’un de Rachilde qui marque le début de l’amitié entre les deux auteurs. L’année suivante, il publie un nouveau recueil de poèmes, Modernités, et son premier roman, Les Lépillier, qui scandalise sa ville natale de Fécamp. Il rencontre Edmond de Goncourt avec qui il restera lié jusqu’à la mort de ce dernier en 1896.

Lorrain se crée un personnage, avec une volonté affichée de provoquer le scandale. Il affiche avec tapage, sous le surnom d’« Enfilanthrope », son homosexualité et son goût pour les lutteurs de foire, n’hésitant pas à paraître au bal des Quat’z’Arts en maillot rose avec le caleçon en peau de panthère de son ami, le lutteur Marseille. Il se veut esthète et dandy en même temps qu’explorateur tapageux du vice et de la vulgarité, curieux assemblage qui verse souvent dans le pire mauvais goût, et qui lui vaut le mépris hautain de Robert de Montesquiou, dont Lorrain, pour sa part, fait volontiers sa tête de turc pour sa prétention à l’élégance et sa chasteté. « Lorrain, écrit Léon Daudet dans ses Souvenirs, avait une tête poupine et large à la fois de coiffeur vicieux, les cheveux partagés par une raie parfumée au patchouli, des yeux globuleux, ébahis et avides, de grosses lèvres qui jutaient, giclaient et coulaient pendant son discours. Son torse était bombé comme le bréchet de certains oiseaux charognards. Lui se nourrissait avidement de toutes les calomnies et immondices. »

Son père meurt en 1886. Il rencontre Sarah Bernhardt, pour qui il écrira sans succès quelques pièces de théâtre, et publie son deuxième roman, Très Russe, qui manque provoquer un duel avec Guy de Maupassant, son camarade d’enfance, détesté, qui a cru se reconnaître dans le personnage de Beaufrilan. Il publie des articles dans La Vie moderne et commence une collaboration avec L’Évènement (1887) et L’Écho de Paris en 1888.

En 1891, son recueil de nouvelles Sonyeuse lui vaut son premier succès de librairie. En 1892, il fait un voyage en Espagne et en Algérie. Sa mère le rejoint à Auteuil et restera près de lui jusqu’à sa mort. L’année suivante, il rencontre Yvette Guilbert, pour qui il compose quelques chansons, mais qui le tiendra à distance. Le docteur Pozzi l’opère de neuf ulcérations à l’intestin, consécutives à l’absorption d’éther.

Portrait par Maurice Delcourt

Il rencontre en 1894 Liane de Pougy, qu’il aidera à se hisser au premier rang de la galanterie. À partir de 1895, il collabore au Journal où il publie ses « Pall-Mall Semaine », devenant l’un des chroniqueurs les mieux payés de Paris. Ses chroniques au vitriol sont goûtées autant que redoutées. En 1896, il figure sur la liste des membres de la première Académie Goncourt.

En 1897, la critique salue son roman Monsieur de Bougrelon comme un chef d’œuvre. Le 6 février, il se bat en duel avec Marcel Proust, à Meudon, après une critique violente des Plaisirs et les Jours. Il effectue en 1898 son premier voyage à Venise où il retournera en 1901 et 1904. En 1900, Jean Lorrain s’installe sur la côte d’Azur et, en 1901, publie son œuvre maîtresse, Monsieur de Phocas.

En 1903, il est mis en cause dans l’affaire des ballets roses1 puis dans l’affaire Greuling2 pour ses fréquentations des inculpés. Dans les deux cas, ses écrits sont incriminés, en marge des procès, pour dégradation de la moralité et incitation au crime. En 1904, pour payer la très lourde amende à laquelle il a été condamné à la suite du procès perdu contre Jeanne Jacquemin, il publie La Maison Philibert.

Sa santé se dégrade sous l’effet de l’abus des drogues – l’éther en particulier – et de la syphilis. Il voyage et effectue plusieurs cures à Peïra-Cava, Le Boréon, et Châtel-Guyon. Il meurt le 30 juin 1906 d’une péritonite, provoquée par une tentative d’administration d’un lavement, à l’âge de cinquante ans dans la clinique du docteur Samuel Pozzi[réf. nécessaire]. Il est inhumé le 4 juillet à Fécamp.

Résidences

Œuvres

Poésie

Romans

Nouvelles et contes

Théâtre

Chroniques et récits de voyage

Bibliographie

  • Thibaut d’Anthonay, Jean Lorrain : miroir de la Belle Époque, Paris, Fayard, 2005.
  • Ernest Gaubert, Jean Lorrain, Paris, E. Sansot & Cie, 1905.
  • Philippe Jullian, Jean Lorrain ou Le satiricon 1900, Paris, Fayard, 1974.
  • Pierre Kyria, Jean Lorrain, Paris, Seghers, 1973.
  • Jean de Palacio, Eric Walbecq (dir.), Jean Lorrain. Produit d’extrême civilisation, Rouen, Publications de l’Université de Rouen et du Havre, 2009.
  • José Santos, L’Art du récit court chez Jean Lorrain, Paris, Nizet, 1995.
  • Phillip Winn, Sexualités décadentes chez Jean Lorrain : le héros fin de sexe, Amsterdam ; Atlanta, Ga., Rodopi, 1997.
  • Christophe CIMA, Vie et œuvre de Jean Lorrain, ou chronique d’une guerre des sexes à la Belle Epoque, Cannes, Alandis Editions, 2010.

 

 

Damia (chanteuse)

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Pour les articles homonymes, voir Damia.

Damia en 1920.

Louise-Marie Damien, née le 5 décembre 1889 à Paris 13e et morte le 30 janvier 1978 à La Celle-Saint-Cloud1, est une chanteuse et actrice française, plus connue sous son nom de scène Maryse Damia, ou simplement Damia. Spécialisée dans les chansons et les rôles tragiques, elle fut très célèbre dans les années 1930.

Biographie

Ses parents étaient originaires des Vosges : son père de Nonville, sa mère de Bleurville. Marie-Louise allait souvent en vacances chez ses grands-parents maternels à Darney, où ils possédaient une ferme, avant que ses parents ne s’installent à Paris, où son père devient agent de police.

À l’âge de 15 ans, Damia fugue de la maison paternelle et trouve un rôle de figuration au théâtre du Châtelet. Elle se fait remarquer par le mari de la « grande » Fréhel, Roberty, qui lui donne des cours de chant et avec qui elle aura beaucoup plus tard une liaison. Dès 1908, elle se produit sur la scène de café-concerts tels que la Pépinière-Opéra, le Petit Casino et l’Alhambra. Elle est la vedette d’un spectacle du « caf’ conc’ » de Félix Mayol. Sacha Guitry prétend qu’il lui a conseillé le fourreau noir, dessiné sa silhouette et imposé un style aux chanteuses réalistes qui lui succèderont, telles Édith Piaf et Juliette Gréco. Mais dans une entrevue radio, elle dit que l’idée de la robe noire est venue de Max Dearly.

Parallèlement, elle tient quelques rôles marquants au cinéma.

Adulée par le public durant l’entre-deux-guerres, elle est occultée après l’Occupation par de plus jeunes idoles. Elle triomphe cependant dans un récital à Pleyel en 1949 et fait une tournée au Japon en 1953. Elle remonte sur les planches à Paris en 1954, à l’Olympia, avec en première partie Jacques Brel, alors débutant, et en 1955.

Baptisée « la tragédienne de la chanson », elle est aussi admirée par des écrivains de tous bords, de Jean Cocteau à Robert Desnos. Plus tard, des cinéastes comme Jean Eustache, Aki Kaurismäki ou Claude Chabrol refont entendre ses chansons.

Plaque du jardin Damia dans le 11e arrondissement de Paris

Damia meurt le 30 janvier 1978, à La Celle-Saint-Cloud, des suites d’une chute accidentelle dans le métro. Elle est inhumée au cimetière de Pantin.

Répertoire sélectifDu gris

1926Hantise

1927

  • La Rue de la joie

1928La chaîne

  • Dis-moi
  • Ploum ploum ploum

1929Les Goélands (paroles et musique de Jean Boyer)

1930 J’ai l’cafard

  • C’est mon gigolo
  • Le Grand frisé

1931 Les Nocturnes

  • Je voudrais que la nuit
  • Complainte de Mackie (tirée de la version française de L’Opéra de Quat’sous de Kurt Weill et Bertolt Brecht)
  • Pour un seul amour
  • Ce n’est pas toujours drôle
  • La plus belle chanson
  • Amours de minuit
  • On ne lutte pas contre l’amour (version française de la chanson allemande Leben ohne liebe kanst du nicht interprétée par Marlene Dietrich)
  • Il ne reste rien
  • La Chanson du passé

1932 Mon matelot

  • Les Inquiets
  • De profundis

1933 La Veuve

  • J’ai bu
  • La Garde de nuit à l’Yser
  • La Suppliante
  • Chansons gitanes – Chanson de route
  • Chansons gitanes – Chanson à boire
  • La Chanson des flots
  • Roule ta bosse
  • Chantez pour moi, violons (version française de Play Fiddle, Play)
  • Pluie
  • Tout le jour, toute la nuit (Version française de Night and day de Cole Porter)

1934 La Guinguette a fermé ses volets

  • En maison
  • Toboggan
  • Moi… j’m’ennuie (musique de Wal-Berg)

1935 La Mauvaise prière

  • Mon phono chante

1936 Sombre Dimanche

1937 L’Étranger (musique de Robert Juel et de Marguerite Monnot)

1938 Johnny Palmer

  • Personne (paroles et musique de Michel Emer)
  • C’est dans un caboulot
  • La Malédiction

1939 Tout fout le camp (paroles de Raymond Asso)

1941 Tourbillons d’automne

1942 Mon amour vient de finir (paroles d’Édith Piaf et musique de Marguerite Monnot)

1943 Dans ma solitude

1944 Ma rue

Filmographie

Théâtre

Bibliographie

  • Francesco Rapazzini, Damia, une diva française, Paris, éditions Perrin,‎ 2010, 412 p. (ISBN 978-2-262-03403-0)

 

La Palma (chanteuse)

La Palma est une chanteuse française, née Marie Dalmazzo[réf. nécessaire] à Épinal en octobre 1896 et décédée en octobre 1979. Son père était un lutteur originaire de Marseille. Elle eut une brillante carrière entre les années vingt et cinquante du XXe siècle dans plusieurs salles parisiennes de l’époque.

Parcours

Elle fait ses débuts sous le nom de La Palma qu’elle se choisit en montant pour la première fois sur une scène, celle de l’Apollon, à Bordeaux[réf. nécessaire]. Elle se retrouve à Paris durant la Grande guerre pour aboutir à Marseille après la fin de celle-ci. Sa notoriété grandit dans tout le midi de la France, mais ne s’y limite pas puisqu’elle fait de fréquentes incursions à Paris pour y chanter avec le même succès. Sous l’occupation allemande, elle et son mari, Édouard Jalabert, directeur de l’Apollon, deviennent résistants et seront faits prisonniers. Après la guerre, elle ouvre un café à Marseille tout en se retirant peu à peu du spectacle.

Entre 1930 et 1933, « La Palma de L’Empire », comme certains l’appelleront après son passage à L’Empire, enregistre quelques titres sur disque 78 tours, tels La Chaîne, La Glu, ou encore Je te veux cette nuit, Nous ne sommes pas faits l’un pour l’autre, Tu voudrais me voir pleurer (Bénech et Dumont) ou J’ai peur de savoir.

 

Jean Tranchant

(1904-1972) est un auteur-compositeur-interprète français

Biographie

Honoré Jean Mathieu Tranchant, né à Paris le 4 février 1904, mort à Paris le 7 avril 1972 (à 68 ans)1, écrit d’abord des chansons pour Lucienne Boyer (La Barque d’Yves, Moi j’crache dans l’eau), puis pour Marianne Oswald (Appel, Complainte du Kesoubah, Sans repentir), Marlène Dietrich (Assez) et Lys Gauty. Il utilise aussi comme nom de plume Teleco-Teco1.

Il a partagé la scène notamment avec son épouse Nane Chollet dans le cadre de Les quatre farceurs (1935).

Il connaîtra ensuite le succès en interprétant ses propres chansons, s’inscrivant dans le courant du renouveau de la chanson illustré par Mireille, Pills et Tabet, et Jean Sablon.

Ré-éditions numériques

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Les chansons de Jean Tranchant ont été ré-éditées sur plusieurs CD et anthologies et ses films ré-éditées en VHS ou en DVD1.

Filmographie

Sources et bibliographie

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  • Jean Tranchant, La Grande Roue : chansons et souvenirs, La Table ronde, 1969
  • Serge Dillaz, La chanson sous la IIIe République : 1870-1940 avec un dictionnaire des auteurs, compositeurs, interprètes, Tallandier, 1991 (ISBN 978-2-235-02044-2)

Homosexualité dans la chanson française

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Mode populaire par excellence, la chanson permet à la fois le divertissement et le débat. Il n’est donc pas étonnant que la culture gay et lesbienne en ait fait un médium privilégié d’expression. Mais elle peut être également utilisée pour la railler et/ou la parodier. Le présent article a pour objet de retracer, sans volonté exhaustive, un tableau historique et géographique de cette expression.

La chanson francophone

Déjà présente à une époque où le terme « homosexuel » n’existait pas encore, le thème de l’homosexualité a véritablement éclos dans la chanson française à l’avènement de la Troisième République grâce à l’explosion des cafés-concerts1, lieux de toutes les licences (qu’elles soient alcooliques ou morales) malgré une censure toujours attentive.

Du sous-entendu grivois distillé par Yvette Guilbert, Suzanne Lagier ou Charlotte Gaudet à l’apparition du style tapette popularisé par Mayol (et rapidement parodié de façon subtile… ou pas !), le XXe siècle franchit allègrement le pas. À l’image des milieux littéraires qui voient s’épanouir Marcel Proust, André Gide, Colette ou Jean Cocteau, les music-halls deviennent des pépinières d’artistes « invertis », ainsi que des lieux de drague très courus. C’est le règne de la chanson interlope. Bien sûr, le voile de l’ambiguïté plane toujours la plupart du temps sur les textes, mais la vie privée des vedettes des « années folles » est de notoriété publique : les producteurs Henri Varna et Oscar Dufrenne, le compositeur Gaston Gabaroche, les auteurs Jean Lorrain, Maurice Aubret et Louis Amade ne cachent pas leurs préférences. Le bal du Magic-City, inauguré en 1922 rue de Lappe, organise chaque année au Mardi gras un grand concours de travestis. Charpini ou O’dett triomphent en précurseurs des drag queen dans des parodies d’opérette ou des imitations de comédiennes célèbres. Les chanteurs Réda Caire, Max Trébor, Jean Lumière, André Claveau, Jean Tranchant ou Jean Sablon font rêver les femmes sans qu’elles ne soient dupes. Côté femmes, Fréhel, Damia, Suzy Solidor ou Yvonne George profitent de la brèche ouverte par le roman à scandale La Garçonne de Victor Margueritte pour s’approprier des textes « masculins »2.

La Seconde Guerre mondiale incite à plus de discrétion, qui plus est à partir de la loi du 6 août 1942 sur l’incitation à la débauche3, même si le style zazou de Charles Trenet véhicule toujours quelques sous-entendus. La Libération en revanche est une période de remise aux normes assez brutale que l’arrivée du « rock », symbole de virilité, ne contredira pas. Luis Mariano, Jean-Claude Pascal, Mick Micheyl ou Colette Mars se retranchent prudemment derrière les convenances face à l’expansion d’un discours homophobe sous le masque de la caricature. D’autres comme Gribouille choisiront le suicide.

C’est paradoxalement grâce à des chanteurs « hétéros » que la parole va à nouveau se libérer à partir de 1968. Juliette Gréco et Mouloudji interprètent des auteurs ouvertement « gays » comme Frédéric Botton ou Jean Genet. Charles Aznavour brise définitivement le tabou en 1972 avec Comme ils disent. Les années disco imposent la mode androgyne personnifiée par les Bee Gees ou David Bowie, et les icônes crypto-gays fleurissent, de Patrick Juvet ou Dave aux Village People4, remplacées dans les années 1990 par les boys band. Parallèlement, des artistes plus discrets comme Dick Annegarn ou Yann-Fanch Kemener trouvent également leur terrain d’expression5.

L’épidémie de SIDA qui se répand à partir du milieu des années 1980 chasse les paillettes et le discours devient plus politique. Alors que Mylène Farmer construit sa notoriété sur (entre autres) le thème de la bisexualité, Jean Guidoni choque en développant un univers d’une noirceur et d’une crudité rarement évoquées jusque-là. Ce n’est qu’avec les années 2000 (et la relative normalisation de l’homosexualité grâce à des lois comme le PACS) que, sans renoncer à un certain militantisme, la chanson homosexuelle retrouvera un peu de légèreté grâce à des artistes comme Juliette, Mouron ou Laurent Viel et qu’on verra même apparaître des artistes ouvertement gays dans des milieux jusqu’alors plutôt fermés comme le rock ou le rap, genre qui cristallise également depuis quelques années les attaques les plus homophobes.

Personnalités de la chanson

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Quelques chansons traitant de l’homosexualité

Parodies

Cette section regroupe les chansons abordant l’homosexualité de façon parodique ou stéréotypée.

Chansons ouvertement homophobes

  • 1907 : Chanson de l’armée allemande (P.L. Flers/A. Patusset) par Maurel et Vilbert14
  • 1908 : Scandale teuton (J. Péheu/T. Poret) par Jean Péheu14
  • 2001 : Makoumé, Brilé Yo et Batty Boy Dead Now par Admiral T15
  • 2004 : McDoom Dead par Krys
  • 2009 : Sexion d’Assaut Cessez Le Feu par Sexion d’Assaut

Bibliographie

En français

  • Martin Penet, « L’expression homosexuelle dans les chansons françaises de l’entre-deux-guerres : entre dérision et ambiguïté », Revue d’histoire moderne et contemporaine, no 4 (vol. 53), 2006, pp. 106-127
  • Didier Éribon (dir.), Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes, Larousse, 2003