Etats-Unis : la tragédie oubliée de la Pride 1973

François Touzain, 12 juin 2013

Un spectacle musical commémore les 32 victimes de l’incendie criminel d’un local gay de la Nouvelle-Orléans. Le drame, qui avait endeuillé le tout jeune mouvement LGBT, a longtemps été passé sous silence.

Dimanche 24 juillet 1973. Quatre ans après les émeutes de Stonewall, à New York, le mouvement de libération gay est plein d’élan. A travers tous les Etats-Unis, des groupes se réunissent pour organiser des événements, déjà sous l’égide de la «fierté gay», la gay pride. C’est le cas à la Nouvelle-Orléans. Ce soir-là, la toute nouvelle Metropolitan Church, une communauté chrétienne LGBT, se réunit au UpStairs, un lounge au premier étage d’un petit immeuble du Quartier français. Une soixantaine de personnes ont dîné sur place, écouté un pianiste de jazz et discuté d’une future fête caritative. Peu avant 20 heures, un des serveurs découvre que l’entrée du bâtiment est en flammes. Seuls une trentaine de personnes arriveront à s’enfuir, certains en se faufilant entre les barreaux des fenêtres pour sauter dans le vide. En 16 minutes, le local se remplit de fumée. Le résultat est un carnage: 29 personnes périront intoxiquées ou brûlées vives. Trois autres clients succomberont à leurs blessures les jours suivants.

Cadavres anonymes
A l’époque, l’incendie – et a fortiori l’homosexualité de la plupart de ses victimes – ont été quasiment passés sous silence dans les médias locaux. Mais tout le monde semblait savoir. Ainsi, plusieurs familles n’ont pas réclamé le corps de leur proche. Il a fallu organiser une collecte au sein de la communauté gay pour enterrer trois des victimes, qui demeurent anonymes. Le lendemain, un pasteur a célébré un service religieux en hommage aux morts de l’UpStairs. Il a reçu une centaine de plaintes et de menaces: «Laissez les pédés brûler», pouvait-on lire dans l’une d’entre elles. En cette année 1973, les églises accueillant des personnes LGBT avaient déjà été la cible de deux incendies volontaires, à Los Angeles et à Nashville

Le probable auteur de l’attaque,un certain Rodger Dale Nunez, a été arrêté, mais jamais condamné. Ce jeune alcoolique, habitué des hôpitaux psychiatriques, aurait confié avoir embrasé du liquide inflammable sur les marches du bâtiment. Il se serait vengé après avoir été jeté dehors de l’établissement. Il est mort l’année suivante, à 27 ans.

Rédemption
Pour commémorer les 40 ans du désastre, un «drame musical» sera créé à la Nouvelle-Orléans. La première d’«Upstairs», signé de Wayne Self, est prévue le 20 juin prochain. La forme d’un spectacle musical, surprenante a priori, est venue naturellement, parce que l’Upstairs était d’abord un lieu où se croisaient le jazz, le cabaret et les chants religieux. «Plus j’ai lu sur cet événement, plus ces gens sont devenus passionnants à mes yeux. Et j’ai réalisé qu’ils étaient bien plus que les victimes d’un incendie», explique l’auteur au site NewsOK. Témoin du brasier quand il n’avait que 3 ans, l’auteur a voulu briser la chape de plomb qui entoure encore l’événement. Inévitablement, la tragédie touche une corde contemporaine: la haine et l’ostracisme dont les LGBT font toujours l’objet. «Ça parle de rédemption et de pardon, conclut Self, et de la possibilité de pardonner un jour.»

http://360.ch/blog/magazine/2013/06/nouvelle-orleans-upstairs-tragedie-oubliee-pride-1973-22688/

Un spectacle musical commémore les 32 victimes de l’incendie criminel d’un local gay de la Nouvelle-Orléans. Le drame, qui avait endeuillé le tout jeune mouvement LGBT, a longtemps été passé sous silence.

Dimanche 24 juillet 1973. Quatre ans après les émeutes de Stonewall, à New York, le mouvement de libération gay est plein d’élan. A travers tous les Etats-Unis, des groupes se réunissent pour organiser des événements, déjà sous l’égide de la «fierté gay», la gay pride. C’est le cas à la Nouvelle-Orléans. Ce soir-là, la toute nouvelle Metropolitan Church, une communauté chrétienne LGBT, se réunit au UpStairs, un lounge au premier étage d’un petit immeuble du Quartier français. Une soixantaine de personnes ont dîné sur place, écouté un pianiste de jazz et discuté d’une future fête caritative. Peu avant 20 heurs, un des serveurs découvre que l’entrée du bâtiment est en flammes. Seuls une trentaine de personnes arriveront à s’enfuir, certains en se faufilant entre les barreaux des fenêtres pour sauter dans le vide. En 16 minutes, le local se remplit de fumée. Le résultat est un carnage: 29 personnes périront intoxiquées ou brûlées vives. Trois autres clients succomberont à leurs blessures les jours suivants.

Cadavres anonymes
A l’époque, l’incendie – et a fortiori l’homosexualité de la plupart de ses victimes – ont été quasiment passés sous silence dans les médias locaux. Mais tout le monde semblait savoir. Ainsi, plusieurs familles n’ont pas réclamé le corps de leur proche. Il a fallu organiser une collecte au sein de la communauté gay pour enterrer trois des victimes, qui demeurent anonymes. Le lendemain, un pasteur a célébré un service religieux en hommage aux morts de l’UpStairs. Il a reçu une centaine de plaintes et de menaces: «Laissez les pédés brûler», pouvait-on lire dans l’une d’entre elles. En cette année 1973, les églises accueillant des personnes LGBT avaient déjà été la cible de deux incendies volontaires, à Los Angeles et à Nashville

Le probable auteur de l’attaque,un certain Rodger Dale Nunez, a été arrêté, mais jamais condamné. Ce jeune alcoolique, habitué des hôpitaux psychiatriques, aurait confié avoir embrasé du liquide inflammable sur les marches du bâtiment. Il se serait vengé après avoir été jeté dehors de l’établissement. Il est mort l’année suivante, à 27 ans.

Rédemption
Pour commémorer les 40 ans du désastre, un «drame musical» sera créé à la Nouvelle-Orléans. La première d’«Upstairs», signé de Wayne Self, est prévue le 20 juin prochain. La forme d’un spectacle musical, surprenante a priori, est venue naturellement, parce que l’Upstairs était d’abord un lieu où se croisaient le jazz, le cabaret et les chants religieux. «Plus j’ai lu sur cet événement, plus ces gens sont devenus passionnants à mes yeux. Et j’ai réalisé qu’ils étaient bien plus que les victimes d’un incendie», explique l’auteur au site NewsOK. Témoin du brasier quand il n’avait que 3 ans, l’auteur a voulu se briser la chape de plomb qui entoure encore l’événement. Inévitablement, la tragédie touche une corde contemporaine: la haine et de l’ostracisme dont les LGBT font toujours l’objet. «Ça parle de rédemption et de pardon, conclut Self, et de la possibilité de pardonner un jour.»